1-Long Ago 0.31
2-The Gospel Truth I/Main Titles 2.24
3-The Gospel Truth II 0.59
4-The Gospel Truth III 1.04
5-Go the Distance 3.13
6-Oh Mighty Zeus 0.46
7-Go the Distance (Reprise) 0.57
8-One Last Hope 3.00
9-Zero to Hero 2.20
10-I Won't Say (I'm in Love) 2.20
11-A Star is Born 2.03
12-Go the Distance (single) 4.41*
13-The Big Olive 1.05
14-The Prophecy 0.54
15-Destruction of the Agora 2.06
16-Phil's Island 2.26
17-Rodeo 0.40
18-Speak of the Devil 1.29
19-The Hydra Battle 3.28
20-Meg's Garden 1.14
21-Hercules' Villa 0.37
22-All Time Chump 0.38
23-Cutting the Thread 3.23
24-A True Hero/A Star is Born 5.34

*Interprété par Michael Bolton.

Musique  composée par:

Alan Menken

Editeur:

Walt Disney Records 60864-2

Album produit par:
Alan Menken

Artwork and pictures (c) 1997 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
HERCULES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Menken
En 1997, la firme Disney commence malheureusement à perdre de sa superbe. Avec un changement de direction à la tête du studio, les productions animées Disney perdent de leur magie et deviennent des produits de consommation bien souvent calibré avec un humour et un look plus proche du jeune public d’aujourd’hui. Le dessin animé ‘Hercule’ se trouve alors à la limite entre deux périodes. Après le succès colossal de ‘The Lion King’ en 1994, la firme s’associe un temps avec Pixar pour produire ‘Toy Story’ en 1995 et nous offre ensuite un nouveau grand classique, ‘The Hunchback of Notre Dame’, sorti en 1996. Le succès est donc à nouveau au rendez-vous. ‘Hercule’ débarque ensuite en 1997 et inaugure une nouvelle ère dans les créations animées des studios Disney. Ainsi, ‘Hercule’ est le premier long-métrage animé de chez Disney qui s’inspire d’un sujet mythologique. Fini les fables féeriques et romantiques, place à une histoire plus épique, guerrière et aventureuse. Du coup, le charme des anciennes productions s’estompe et laisse la place à un humour facile et à une série de gags désopilants, avec au final peu de poésie et d’histoire d’amour comme on pouvait en voir auparavant dans des films tels que ‘Aladdin’ ou ‘Beauty and the Beast’. On aime ou on n’aime pas, mais force est de constater que le film du duo Ron Clements/John Musker (à qui l’on doit les incontournables ‘Aladdin’ et ‘The Little Mermaid’) cherche à rompre peu subtilement avec les productions animées d’antan pour rentrer dans une nouvelle ère qui n’annonce hélas pas que du bon pour les studios Disney.

L’histoire du film se déroule dans la Grèce antique. Tandis que la fête bat son plein en plein cœur du mythique Olympe, Hercule, le fils de Zeus, est protégé par les fées qui se penchent sur son berceau. De son côté, Hades, le dieu des enfers, jaloux du pouvoir de Zeus, cherche à le renverser d’une façon ou d’une autre. Après avoir consulté les sinistres Moires, Hades apprend qu’un alignement de planètes qui surviendra dans 18 ans lui permettra de libérer les Titans, des créatures gigantesques et maléfiques autrefois emprisonnées par Zeus. Pour se faire, Hades doit d’abord éliminer Hercule. Mais pour cela, il doit d’abord le rendre humain pour pouvoir ensuite le tuer sur Terre. Il envoie ainsi ses deux sbires pour faire le travail, mais fort heureusement, le jeune Hercule, devenu mortel, réussit à s’en tirer. Il est recueilli sur Terre par un homme et une femme qui vont ainsi l’élever comme leur propre fils. Devenu adulte, Hercule est un guerrier aux pouvoirs colossaux, capable de soulever une montagne entière. Son seul rêve : devenir un grand héro. Mais il n’arrive pas encore à maîtriser ses pouvoirs et décide de suivre l’enseignement de Philoctetes, l’entraîneur des plus grands héros mythiques du passé.

Comme toujours, le compositeur Alan Menken est de retour sur ‘Hercule’ et signe une nouvelle partition riche et colorée pour le long-métrage animé de Ron Clements et John Musker. On y retrouve les traditionnelles chansons de type comédie musicale, qui viennent entrecouper une partition orchestrale assez énergique. Seule nouveauté ici, le style des chansons qui adoptent l’esthétique du Gospel et la présence de David Zippel qui signe les textes des chansons, après une longue collaboration entre Alan Menken et Howard Ashman, malheureusement décédé en 1991. Dans le film, les chansons permettent aux cinq muses de narrer l’histoire d’Hercule et de ses exploits dans la Grèce antique. Ainsi, ‘The Gospel Truth I – Main Title’ introduit le film avec un quintette féminin aux accents Gospel dans la plus pure tradition du genre. Le thème principal associé à Hercule est annoncé ici par les cuivres lors du générique de début avec choeur et orchestre. Il possède un côté héroïque et majestueux indissociable du héro tout au long du film. ‘The Gospel Truth II’ et ‘The Gospel Truth III’ développent le style amorcé par la chanson introductive, toujours dirigé par le quintette des muses et accompagné par une formation Gospel typique : batterie, guitares, guitare basse, piano, etc.

‘Go To The Distance’ rompt quand à lui avec le style Gospel du début pour renouer avec une ambiance plus rêveuse et lyrique typique d’Alan Menken, développant une mélodie majestueuse et aérienne plus typique du compositeur, mélodie qui se trouve être dérivée du thème d’Hercule. On retrouve ici le style lyrique cher au compositeur, et qui rappelle certaines des plus belles chansons sentimentales de ‘Aladdin’, ‘The Little Mermaid’ ou ‘Beauty and the Beast’. ‘Go To The Distance’ est une chanson Disney dans la plus pure tradition du genre, émouvante, majestueuse, rêveuse, évoquant ici les rêves de gloire du jeune Hercule, et ce même si l’on a l’impression d’avoir déjà entendu ce style de musique des centaines de fois auparavant. Menken se fait plaisir et nous offre ensuite une chanson jazzy rétro absolument savoureuse dans ‘One Last Hope’ et qui rappelle clairement le style de certaines ballades jazzy du Broadway des années 40/50. ‘One Last Hope’ est interprété dans le film par l’infatigable Philoctetes, et évoque sa détermination à faire d’Hercule un héro. On revient ensuite au domaine du Gospel pur et dur avec le très entraînant ‘Zero to Hero’ dominé par le quintette féminin sur un rythme endiablé, style que l’on retrouve dans le très joyeux et triomphant ‘A Star is Born’ pour l’avènement du nouveau héro de la Grèce antique: Hercule en personne. Evidemment, Menken nous offre l’inévitable chanson romantique dans ‘I Won’t Say (I’m in Love)’, oscillant entre pop et Gospel et interprété dans le film par Megara.

Le score d’Hercule est, comme toujours chez Alan Menken, riche mais hélas nettement moins intéressant que les chansons du film. Curieusement, les parties purement orchestrales des musiques Disney de Menken ont toujours souffert d’un léger manque d’idée, comme si le compositeur cherchait à blinder au maximum ses chansons tout en délaissant la partie score, qui, pourtant, possède son importance tout au long du film. C’est ici plus que jamais flagrant dans la BO de ‘Hercule’. Néanmoins, Alan Menken maintient malgré tout une certaine qualité, grâce à des orchestrations comme toujours très soignées et impeccables, privilégiant chaque pupitre de l’orchestre avec une certaine maestria. ‘The Big Olive’ décrit avec énergie le monde de l’Olympe, Menken nous offrant une musique extrêmement vivante et colorée absolument typique de son style symphonique élégant, joyeux et décomplexé. Dans ‘The Prophecy’, le compositeur utilise un mélange orchestre/clavecin/choeurs pour évoquer le monde des enfers de façon impressionnante. ‘Destruction of the Agora’ nous offre un nouveau morceau riche et énergique pour la scène où Hercule commet ses méfaits malgré lui. Menken semble s’être fait plaisir en écrivant ces morceaux entraînants aux orchestrations savoureuses, avec un petit côté ‘americana’ qui rappelle par moment le style symphonique d’Aaron Copland. L’influence de Copland est d’ailleurs très flagrante dans le déchaîné et exubérant ‘Rodeo’, durant la scène où Hercule affronte une créature qui était sur le point de s’en prendre à Megara.

Dans ‘Speak of the Devil’, Menken apporte quelques touches jazzy ironiques au personnage d’Hades, soulignant le côté comique du méchant de service. Et c’est avec ‘The Hydra Battle’ que le compositeur nous offre son premier morceau d’action tonitruant durant la scène où Hercule affronte l’hydre aux nombreuses têtes. A noter que le morceau se conclut sur une reprise triomphante du thème héroïque cuivré d’Hercule, et même une très brève allusion au thème joyeux et sautillant de l’Olympe (entendu dans ‘The Big Olive’). ‘Meg’s Garden’ évoque de son côté les sentiments de la jeune femme à l’égard d’Hercule, Menken reprenant ici la mélodie de la chanson ‘I Won’t Say (I’m in Love)’. Comme toujours, Alan Menken apporte une cohésion totale à sa musique en développant les thèmes de ses chansons au sein de son score orchestral. Certains passages purement mickey-mousing tels que ‘Hercules’ Villa’ prêtent à sourire, tandis qu’un morceau tel que ‘All Time Chump’ traduit parfaitement la facette plus intime et légère du style de Menken. Enfin, ‘Cutting the Thread’ illustre la victoire finale d’Hercules avec un ultime retour triomphant du thème principal.

La partition d’Hercule n’apporte donc rien de bien neuf à l’univers des musiques Disney mais confirme néanmoins le talent d’Alan Menken pour écrire des musiques à la fois énergiques, colorées et exubérantes dans laquelle l’émotion a toujours sa place. Cependant, on sent clairement avec la musique d’Hercule un certain manque de magie. Malgré les qualités d’écriture indéniables de la partition, la musique n’arrive pas à apporter cette poésie que l’on ressentait pourtant tellement dans ‘Beauty and the Beast’ ou ‘The Little Mermaid’. La faute n’est pas tellement à incomber à Alan Menken, qui nous offre un travail tout à fait convenable, mais plus aux concepteurs du film qui nous proposent un spectacle plus proche d’une comédie que d’une production Disney à proprement parler. Ainsi, la musique d’Hercule perd en poésie ce qu’elle gagne en énergie et en vitalité, et à ce sujet, le nouvel opus musical d’Alan Menken ne déçoit pas. Reste qu’on aurait espéré un peu plus de magie et d’émotion sur cette nouvelle grande partition du compositeur fétiche des productions animées Disney!


---Quentin Billard