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1-Cops or Criminals 2.01
2-344 Wash 2.03 3-Beacon Hill 2.36 4-The Faithful Departed 3.01 5-Colin 2.09 6-Madolyn 2.14 7-Billy's Theme 6.58 8-Command 3.15 9-Chinatown 3.16 10-Boston Common 2.53 11-Miss Thing 1.45 12-The Baby 2.48 13-The Last Rites 3.05 14-The Departed Tango 3.38 Musique composée par: Howard Shore Editeur: New Line Records NLR 39078 Album produit par: Howard Shore Artwork and pictures (c) 2006 Warner Bros. Pictures. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE DEPARTED
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Howard Shore
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Remake U.S. du polar hongkongais ‘Infernal Affairs’, ‘The Departed’ (Les infiltrés) permet à Martin Scorsese de renouer avec le style des films de gangster/policier qu’il affectionne tant. En réalisant ‘The Departed’, Scorsese avoue avoir voulu rendre hommage à certains grands réalisateurs de polars américains tels que Don Siegel, Robert Aldrich ou bien encore Samuel Fuller. Le réalisateur reprend ainsi les grandes lignes du scénario de ‘Infernal Affairs’ et nous plonge en plein coeur de la lutte entre la police de Boston et la pègre irlandaise qui règne sur les quartiers de la ville, dirigée par le parrain Frank Costello (Jack Nicholson). Afin de piéger et d’arrêter Costello, la police décide d’infiltrer son gang par un ‘bleu’ venu des bas quartiers, Billy Costigan (Leonardo DiCaprio). Pendant ce temps, Colin Sullivan (Matt Damon), qui vient tout juste de rentrer dans la police au sein de l’Unité des Enquête Spéciales, se voit confier la mission d’arrêter Costello. Mais en réalité, Sullivan est le fidèle informateur de Frank Costello et travaille en tant qu’agent double, espionnant la police afin de mettre régulièrement au courant Costello des moindres faits et gestes des policiers. Billy et Colin mènent chacun une existence très dangereuse, contraints de mener une double vie avec le risque constant d’être démasqué. Et de fil en anguille, après moult traques et opérations de contre-offensive, chaque camp comprend qu’il héberge une taupe. Billy et Colin s’engagent alors dans une redoutable course contre la montre avec un seul objectif : découvrir l’identité de l’autre sous peine d’être définitivement éliminé. Filmé de façon assez académique, ‘The Departed’ s’avère être un polar très captivant, un véritable jeu du chat et de la souris dans lequel Scorsese évoque l’univers de la pègre irlandaise et de la corruption policière. Leonardo DiCaprio et Matt Damon apportent un souffle particulier à leurs personnages, avec, au milieu, un Jack Nicholson magistral comme d’habitude, l’acteur ayant d’ailleurs improvisé une bonne partie de ses scènes dans le film. Au final, ‘The Departed’ s’avère être un polar complexe et intense, une très grande réussite qui confirme encore une fois le statut de Martin Scorsese en tant que cinéaste majeur du cinéma hollywoodien d’aujourd’hui!
‘The Departed’ marque les retrouvailles entre Martin Scorsese et Howard Shore après ‘Gangs of New York’ et ‘The Aviator’. Pour ‘The Departed’, Shore change complètement de style et nous livre une partition principalement constituée de guitares (acoustiques et électriques) et de rythmes hispanisants. Scorsese a voulu ainsi éviter le traditionnel style orchestral hollywoodien sur son film et a préféré opter pour une approche musicale plus minimaliste, Howard Shore n’ayant d’ailleurs jamais vraiment eu à composer ce style de musique pour un film auparavant. Avec ‘Cops or Criminals’, Shore annonce le thème principal, un tango aux accents latino/hispanisants sur fond de guitares, percussions et cordes, apportant une énergie particulière aux images du film de Scorsese. Ce thème de tango sera véritablement au coeur de la partition d’Howard Shore, quasiment présent dans la plupart des morceaux du score de ‘The Departed’. La musique prend ici une certaine distance par rapport aux images. A titre de comparaison, on est loin de l’esthétique mélodramatique et synthético-orchestrale de la musique de ‘Infernal Affairs’, Howard Shore ayant préféré opter sur ‘The Departed’ pour une approche plus minimaliste et distancée des images. Néanmoins, un morceau comme ‘344 Wash’ traduit bien le suspense du film, avec des nappes de synthétiseur glauques et une guitare électrique inquiétante aux ambiances plus urbaines. Mais l’utilisation du tango s’avère être proprement étonnante de la part d’Howard Shore, preuve que sa collaboration avec Martin Scorsese le pousse continuellement à suivre d’autres voies musicales toujours différentes à chaque projet sur lequel il oeuvre. Le second thème de la partition, confié à une guitare sèche sur fond de cordes, est associé au personnage de Billy Costigan. Le ‘Billy’s Theme’ étonne par sa simplicité mélodique et sa douce mélancolie qui se dégage du jeu raffiné de la guitare dans le registre aigu. La guitare sèche devient très rapidement un élément musical récurrent dans la partition de ‘The Departed’ comme le confirment des morceaux tels que ‘Beacon Hill’ ou ‘The Faithful Departed’ (qui mélange guitare acoustique et électrique). ‘Madolyn’ utilise même une guitare solo, rappelant l’économie de moyens et le ton minimaliste voulu par Shore sur le film de Scorsese. ‘Colin’ et ‘Command’ reprennent quand à eux le thème principal du tango introductif et accompagnent le film pour évoquer de façon subtile une sorte de jeu du chat et de la souris entre les deux infiltrés, l’un chez les flics, l’autre chez les truands. ‘Chinatown’ utilise quand à lui une guitare électrique plus funky, proche ici d’un jeu à la Jimmi Hendrix, un morceau une fois de plus proprement étonnant de la part d’Howard Shore qui n’avait jamais réellement composé ce style de musique auparavant. La seconde partie du morceau utilise des synthétiseurs plus glauques pour une scène où les deux taupes se suivent dans la rue. A noter ici l’utilisation d’un ostinato rythmique électronique entêtant basé sur un son métallique étrange, un morceau un brin expérimental et dissonant qui crée une très grande tension à l’écran. On remarquera au passage ici une brève reprise du thème de l’infiltration dans une version plus sombre et tendue aux contrebasses. La guitare solitaire revient dans ‘Boston Common’ avant de céder la place à son homologue électrique dans ‘Miss Thing’ qui reprend le thème de l’infiltration (dérivé de la mélodie du tango), alors que les jeux sont faits et que les masques sont tombés. Dans ‘The Baby’, Shore évoque la partie plus intime de l’histoire pour la relation entre Colin et sa petite amie tombée enceinte. Mais lorsque cette dernière découvre les mensonges de son compagnon, elle prend peur et le quitte. La musique traduit ici la tourmente dans laquelle se retrouve plongé Colin Sullivan. A noter que l’on retrouve ici ces touches hispanisantes à la guitare sèche, idées que reprend Shore dans le sombre et mélancolique ‘The Last Rites’ pour l’ultime affrontement final sur le toit de l’immeuble. Pour un peu, on se croirait presque plongé ici dans une musique de western à l’ancienne. Enfin, last but not least, Howard Shore nous propose une ultime reprise du ‘The Departed Tango’ dans une version de 3.40 particulièrement savoureuse. Si ‘The Departed’ reste au final un effort mineur de la part d’Howard Shore, force est de constater que sa collaboration avec Martin Scorsese s’avère être toujours aussi rafraîchissante et étonnante. Shore nous offre ici une musique aux accents hispanisants et intimes surprenante de la part d’un musicien qui n’avait jamais encore eu l’occasion d’écrire ce style de musique pour un film. L’ensemble s’écoute avec beaucoup de plaisir, la distanciation musicale vis à vis des images permettant ainsi à la partition d’Howard Shore de posséder ses qualités intrinsèques d’écoute hors images, chose bien souvent trop rare dans le monde de la musique de film. Incontestablement, on est bien loin ici d’une approche musicale hollywoodienne conventionnelle, et la musique apporte une ambiance particulière aux images sans jamais en faire de trop. Ainsi donc, ‘The Departed’ s’avère être une jolie surprise qui, à défaut de laisser un souvenir impérissable, confirme au moins la bonne tenue de la collaboration Howard Shore/Martin Scorsese. ----Quentin Billard |