1-Six Weeks Ago 4.31
2-Tangiers 7.40
3-Thinking of Marie 3.51
4-Assets and Targets 7.18
5-Faces Without Names 3.31
6-Waterloo 10.38
7-Coming Home 3.19
8-Man Versus Man 5.46
9-Jason is Reborn 4.04
10-Extreme Ways (Bourne's Ultimatum) 4.22*

*Interprété par Moby
Musique et paroles de Moby

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Decca/Universal B0009488-02

Musique produite et arrangée par:
John Powell
Directeurs de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 2007 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
THE BOURNE ULTIMATUM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Troisième volet des aventures de l’intrépide Jason Bourne, ex tueur pour le compte de la CIA en quête d’identité, ‘The Bourne Ultimatum’ (La vengeance dans la peau) permet au réalisateur Paul Greengrass de renouer avec l’esprit de son précédent opus, ‘The Bourne Supremacy’. Toujours inspiré d’une série de romans écrits par Robert Lundlum, ‘The Bourne Ultimatum’ reprend là où le second film s’arrêtait, plus précisément, la fin du 2ème film est en partie reprise dans le 3 mais sous un angle différent. Cette fois-ci, le puzzle mis en place dans les deux précédents opus aboutit enfin à des révélations et toute l’histoire autour du passé et de la réelle identité de Jason Bourne (Matt Damon) trouvent enfin des réponses. Ce dernier, d’abord pourchassé par la police russe à Moscou au début du film, se réfugie à Turin en Italie où il retrouve Martin (Daniel Brühl), le jeune frère de Marie, son ancienne fiancée. Il explique tout à Martin : comment les hommes de la CIA l’ont retrouvés, comment ils ont fait assassiner Marie et tenté de supprimer Bourne, le laissant ainsi pour mort. Aujourd’hui, Jason Bourne est de retour et bien décidé à se venger. Lorsqu’il apprend la création du projet ‘Blackbriar’, un second programme visant à fabriquer une nouvelle génération de tueurs officiant en secret pour le compte de la CIA – au même titre que le programme ‘Treadstone’ – Bourne décide de mettre un terme à cette opération avant que tout ne soit trop tard. Pour cela, il va devoir mettre la main sur de précieux documents compromettants afin de traîner les responsables de ce programme devant la justice. Pendant ce temps, Noah Vosen (David Strathairn), le nouveau chef des opérations, ordonne à tous les tueurs de la CIA de supprimer Jason Bourne. La traque recommence encore, entre Moscou, Paris, Madrid, Londres et Tanger.

Ce troisième opus n’apporte finalement pas grand chose de neuf aux deux précédents, si ce n’est des réponses que l’on connaissait déjà en partie au sujet de l’identité et du passé de Jason Bourne. Du coup, les révélations finales sur le passé de tueur de Bourne font office de coup d’épée dans l’eau : on savait déjà quasiment tout cela auparavant. Paul Greengrass en profite alors pour apporter encore plus d’action à un film survitaminé et au rythme décidément frénétique et sans temps mort. Le réalisateur nous offre ainsi quelques scènes d’anthologie dont une très longue poursuite dans les appartements de Tanger proprement impressionnante ou un affrontement en voiture à couper le souffle. Comme dans ‘The Bourne Supremacy’, Paul Greengrass filme toutes les scènes caméra à l’épaule, utilisant un style proche du documentaire pour mieux placer le spectateur au coeur de l’action. Du coup, sa caméra épileptique secoue l’image dans tous les sens, à tel point que l’on se demande par moment s’il n’aurait pas été plus judicieux d’apporter un peu plus de stabilité à certaines scènes qui ont particulièrement la tremblote sans réelle justification (idéal pour attraper une bonne migraine!), comme par exemple certaines séquences de dialogue dans les bureaux de la CIA. Comme toujours dans ce type de film d’action moderne, les scènes d’affrontement sont filmées de façon très agitée, la caméra secouant là aussi dans tous les sens à tel point que l’image finit par devenir floue et visuellement incompréhensible. Certes, Greengrass ne fait que mettre à profit cette esthétique néo-réaliste/documentaire de certains films d’action d’aujourd’hui, mais avec ‘The Bourne Ultimatum’, il montre aussi clairement les limites de cette esthétique barbante à la longue et visuellement nocive pour l’intelligibilité de ces scènes musclées. Néanmoins, la mise en scène reste très soignée, Matt Damon est toujours en pleine forme et le film reste divertissant de bout en bout, même s’il demeure quand même l’épisode de trop dans la saga (on aurait finalement pu s’arrêter au deuxième opus).

John Powell est lui aussi de retour pour la troisième fois sur la saga Jason Bourne. Avec ‘The Bourne Ultimatum’, le compositeur nous offre une musique encore plus percussive et rythmée, renforçant la tension et l’action du film de Paul Greengrass. Amateurs de subtilité, passez votre chemin, avec ‘The Bourne Ultimatum’, John Powell ne fait pas dans la dentelle et ça s’entend dès le début! On retrouve donc le style musical des deux précédentes partitions de la saga, avec une partie orchestrale réduite au strict minimum – principalement cordes, cuivres (avec un pupitre colossal de 11 cors!), percussions et quelques solistes dont un basson, un piano, un orgue et aussi quelques flûtes ethniques. A cela s’ajoute une pléiade de percussions électroniques et autres loops rythmiques modernes et survoltés. La musique débute au son de ‘Six Weeks Ago’ qui, après une introduction lente et atmosphérique, déploie tout son attirail de percussions ‘action’, de cordes staccato agitées et de cuivres massifs. Harmoniquement, on retrouve le style typique de John Powell, tandis que le travail autour des percussions et de l’orchestre permet de faire le lien avec ‘The Bourne Identity’ et surtout ‘The Bourne Supremacy’. Avec le puissant ‘Tangiers’, Powell nous offre un long morceau d’action de plus de 7 minutes pour la longue scène de course poursuite à Tanger. Le compositeur utilise ici des percussions orientales avec un travail contrapuntique/mélodique très intéressant et complexe autour du pupitre des cordes. Powell offre quasiment un côté dansant à son morceau, musicalement très réussi, alors que sa musique apporte une pulsation indispensable à cette scène de poursuite. A noter que dans le film, les percussions ont été mises en avant dans le mixage, à tel point que la partie orchestrale paraît complètement écrasée par celle des percussions. On retrouve aussi le thème d’action des cordes repris des deux précédents scores de la saga.

Avec ‘Tangiers’, c’est le début d’une longue succession de morceaux d’action tous plus déchaînés les uns que les autres. A contrario, ‘Thinking of Marie’ se veut plus intime et apaisé avec son thème mélancolique de basson solitaire repris là aussi des deux précédents scores, et associé ici aux souvenirs de Marie. A noter la façon plus étonnante dont Powell accompagne la mélodie du basson par un orgue en arrière-fond, qui demeure discret tout en étant néanmoins présent. Son travail d’ordre plus contrapuntique autour du pupitre des cordes reste lui aussi très réussi, rappelant le talent d’écriture de John Powell. Le compositeur nous offre un travail similaire sur le dramatique ‘Faces Without Names’ lorsque Bourne se souvient qu’il a du sang sur les mains, et qu’il veut aujourd’hui tourner définitivement la page. Le travail autour des cordes possède ici un certain classicisme d’écriture étonnant, rappelant quasiment par moment l’esthétique de certaines oeuvres néo-classiques du 20ème siècle. La traque reprend de plus belle dans ‘Assets and Targets’, avec ses rythmes électroniques et son orchestre qui fait monter progressivement la tension, ainsi que le très long ‘Waterloo’ pour la traque dans la gare de Waterloo vers le début du film. Powell nous offre ici un long morceau de plus de 10 minutes dans lequel il reprend le thème d’action et un travail de percussions acoustiques/électroniques similaire à ‘Tangiers’. Puis, le compositeur fait implacablement monter la tension et propulse les rythmes en avant au cours des deux dernières minutes de ‘Waterloo’, intensifiant la sensation de traque impitoyable entre Bourne et les tueurs de la CIA dans cette scène de la gare. Idem pour ‘Man Verses Man’ et ‘Jason is Reborn’, ce dernier se concluant de façon plus intense et dramatique avec l’orchestre, dans un style plus proche de ‘Faces Without Names’, illustrant ici l’entêtante quête d’identité de Jason Bourne et son besoin de tout connaître de son passé.

Assurément, ‘The Bourne Ultimatum’ s’avère être la partition la plus réussie de la trilogie musicale de John Powell. Cette nouvelle BO nous propose un travail autour de l’orchestre plus approfondi et captivant, tandis que la facette percussive/électro reste présente sans jamais écraser la partie symphonique de la musique de John Powell (sauf dans le film, où les percussions sont mixées en peu trop intensément sur les images). A l’inverse du film de Paul Greengrass, la musique de ‘The Bourne Ultimatum’ a réellement quelque chose de plus à apporter à l’univers musical instauré par John Powell depuis ‘The Bourne Identity’ en 2002. Le compositeur développe donc les grands axes de ses précédents travaux et aboutit à une ultime partition assez réussie qui, sans briller d’une originalité particulière, confirme néanmoins le talent de John Powell, assurément l’un des compositeurs les plus talentueux officiant à l’heure actuelle à Media-Ventures alias Remote Control, le studio de Hans Zimmer.


---Quentin Billard