1-Opening Titles 1.44
2-Creation 4.14
3-Thief in Thebes 3.23
4-Kill The Baby 3.25
5-Baby's Ship #1 2.22
6-Hand of God 2.02
7-Evil Minos 2.47
8-Bad Bear 1.28
9-Bird Monster Attack 1.12
10-Arena 1.30
11-Love Theme 1.22
12-Hercules "River" Theme 3.07
13-Hercules Breaks Chains 4.12
14-Ariana's Boat 1.18
15-Old Circe 0.48
16-Isla of Thera 0.23
17-Hell's Theme 2.57
18-Hand of Destiny 4.41
19-Near Inferno 0.28
20-The Inferno 2.47
21-Approach Temple 2.26
22-The Temple 1.19
23-Baby's Ship #2 1.32
24-Centaur 2.05
25-Thera's Labyrinth 2.53
26-Prison Captives (Film Version) 2.37
27-Prison Captives (LP Version) 3.06
28-Cassiopia's Descent 1.57
29-True Love & Closing Titles 3.18
30-Theme from "Hercules" 3.47

Musique  composée par:

Pino Donaggio

Editeur:

Intrada Signature Edition
ISE 1013

Album produit par:
Douglass Fake, Pino Donaggio

Artwork and pictures (c) 1983 Cannon Group. All rights reserved.

Note: ***1/2
HERCULES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Pino Donaggio
L’inénarrable duo Menahem Golam/Yoran Globus frappa à nouveau en produisant en 1983 ‘Hercules’, film navrant nous proposant une relecture totale hautement fantaisiste de l’histoire d’Hercules, célèbre héro de la mythologie grecque. Après la création de l’univers, Zeus et les autres dieux décidèrent de créer un être vivant sur Terre qui serait encore plus fort et intelligent que tous les autres : Hercule (Lou Ferrigno). Après l’assassinat de ses parents à Thèbes, le jeune Hercule fut sauvé in extremis par une de ses nounous et recueilli par un couple qui l’éleva comme leur enfant. Des années plus tard, Hercules est devenu un homme fort et vaillant, mais les forces du mal grondent. Le roi Minos et sa fille Ariane ont pris le pouvoir à Thèbes, et le roi maléfique utilise les pouvoirs de sa complice Dédale pour envoyer des créatures mécaniques détruire Hercule et ses proches. Le héro réchappe de justesse à cette attaque qui coûte malheureusement la vie à ses parents adoptifs. Peu de temps après, Hercule fait la connaissance de Cassiopée, qui deviendra sa fiancée. Hélas, la belle est capturée par Ariane et Minos puis emmené sur l’île de Théra. Aidé par sa nouvelle complice, la belle sorcière Circée, Hercule se rend sur l’île de Théra grâce au chariot de Prométhée en traversant les enfers, afin d’y livrer un ultime combat et de sauver sa promise.

Vous aurez sans aucun doute compris que le scénario de ‘Hercules’ vire au n’importe quoi absolu de A à Z. Le réalisateur Luigi Cozzi - qui emprunte ici le pseudonyme Lewis Coates - est un grand spécialiste du nanar italien 70/80s (‘Starcrash’ reste un sommet du nanar de science-fiction totalement ringard !). Avec ‘Hercules’, le réalisateur reprend le héro de la mythologie grecque et l’intègre dans un univers étrange et atrocement kitsch oscillant entre la science-fiction et le péplum ringard post 70s. Ne vous attendez donc pas à retrouver ici l’histoire traditionnelle d’Hercule : ici, le célèbre colosse musclé affronte des robots, utilise une épée qui jette des éclairs et envoie même un ours dans l’espace – donnant ainsi naissance à la constellation de la grande ourse. Non, ce n’est pas une blague, c’est ce que l’on trouve réellement dans ce film ! Visiblement, Lou Ferrigno n’avait pas peur du ridicule pour oser tourner dans un film pareil! Le fameux culturiste américain fan de Steve Reeves est plus connu pour avoir incarné Hulk dans la célèbre série TV homonyme. Sa participation à ‘Hercules’ n’était motivée que par son envie d’interpréter à l’écran un grand héro de la mythologie grecque. Hélas, le résultat est réellement en dessous de tout : monologues introductifs pompeux, effets spéciaux atrocement kitsch, costumes de mauvais goût - cf. décolleté de l’actrice Sybil Danning digne d’une prostituée - décors en carton-pâte, scénario fourre-tout et indigeste, jeu d’acteur inexistant (le pauvre Lou Ferrigno n’arrive même pas à jouer correctement la tristesse et l’émotion – son jeu se limite à hurler et à faire gonfler ses muscles), scènes incroyablement ridicules (cf. le moment où Hercule nettoie les écuries en balançant des rochers au fond d’un ravin pour boucher la rivière – la seconde d’après, l’eau est miraculeusement remontée 200 mètres plus haut comme par enchantement et a nettoyé les écuries, sans laisser ensuite une seule goutte d’eau !), etc. Visiblement, les concepteurs du film n’avaient que faire de la vraisemblance de leur film et nous offrent un nanar incroyablement ridicule et ringard, typique de la mauvaise période des productions de la Cannon Group dans les années 80!

Le compositeur Pino Donaggio a écrit pour ‘Hercules’ une partition symphonique rétro oscillant entre héroïsme, aventure et action, dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre. Le film de Luigi Cozzi permettait ainsi au compositeur d’aborder le genre de l’heroic-fantasy, alors très en vogue dans le cinéma américain et italien du début des années 80. Visiblement, Donaggio s’est fait plaisir en signant pour ‘Hercules’ un thème principal héroïque et mémorable, dans la lignée des grandes mélodies chevaleresques d’Hollywood. Annoncé par une fanfare cuivrée dans ‘Opening Titles’, le thème d’Hercules évoque parfaitement un univers d’épopée mythologique, avec ses cuivres nobles et ses rythmes triomphants. On remarque d’emblée ici la qualité des orchestrations, Donaggio favorisant chaque pupitre de l’orchestre avec une science d’écriture remarquable, à la façon des grandes partitions épiques du Golden Age hollywoodien. Le thème accompagnera les exploits d’Hercule tout au long du film de façon constante. Le début du film nous permet d’assister à la création de l’univers mis en musique dans le somptueux ‘Creation’, qui dévoile un nouveau thème ample et colossal développé pendant plus de 4 minutes. Donaggio utilise ici un langage harmonique plus contrasté et heurté, proche de la musique savante du début de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. On n’est guère loin par moment ici du style de certains poèmes symphoniques de Richard Strauss. A l’image, la musique semble planer mystérieusement dans les airs, les instruments se succédant par vague les uns à la suite des autres comme pour mieux renforcer le mystère et la magie de la création de l’univers au cours de ce prologue. A noter l’utilisation discrète de quelques éléments électroniques typiquement ‘eighties’ entendu de temps à autre en arrière-fond sonore. Le thème de l’univers conclut alors de façon grandiose ce bref poème symphonique qu’est ‘Creation’. Dès lors, Pino Donaggio pose le ton classique et « old fashion » de sa partition, rappelant à certaines reprises le travail de Laurence Rosenthal sur ‘Clash of the Titans’ (1981).

‘Thief in Thebes’ évoque la prise de pouvoir du roi Minos avec l’utilisation d’un instrument majeur dans la partition d’Hercule : l’orgue. Donaggio utilise l’orgue pour évoquer tout au long du film le caractère maléfique des méchants tout en apportant un côté religieux/mythologique/gothique assez impressionnant à sa partition. On retrouve cette idée de l’orgue maléfique dans ‘Bad Bear’, qui illustre la confrontation contre l’ours avec un mélange curieux d’orchestre et de percussions électroniques datées. On retrouve ensuite l’orgue dans les sombres et agités ‘Centaur’ et ‘Thera’s Labyrinth’, et qui rappelle par moment certaines partitions d’aventure de Bernard Herrmann qui utilisaient de façon similaire l’orgue pour arriver à ses fins (‘Journey to the Center of the Earth’ par exemple). Le compositeur n’hésite pas à verser dans le martial avec l’intense ‘Kill the Baby’ qui rappelle beaucoup certaines partitions péplum du grand Miklos Rozsa. Donaggio confirme d’ailleurs clairement l’orientation péplum de sa musique d’Hercule avec ‘Arena’, séquence durant laquelle le vaillant Hercule affronte une troupe de gladiateurs avec sa seule force et sa ruse à toute épreuve. Plus étonnant, l’évasion du jeune Hercule sur sa barque est illustrée par un ‘Baby’s Ship’ mélangeant de façon originale orchestre et éléments électroniques pour une pièce sombre et massive évoquant les dangers qui guettent le jeune bébé, tout juste sauvé de la noyade par l’intervention magique de la main de Zeus. Cette scène trouve d’ailleurs un éclairage particulier avec ‘Hand of God’, où l’électronique devient plus présente comme pour évoquer le monde des dieux - on remarquera d’ailleurs l’intensité dramatique et épique qu’apporte la musique de Donaggio à l’écran, là où la mise en scène extrêmement pauvre et datée de Luigi Cozzi ne parvient à aucun moment à nous faire ressentir un quelconque sentiment d’héroïsme et de bravoure. Evidemment, Donaggio n’oublie pas pour autant la partie romantique du film en nous offrant un très beau ‘Love Theme’ pour la romance entre Hercule et Cassiopée, thème romantique extrêmement raffiné et d’une grande tendresse, idéal entre deux morceaux d’action agités.

Si les morceaux d’action sont légions, le compositeur n’oublie pas pour autant d’illustrer les exploits héroïques d’Hercule avec de très belles envolées thématiques et cuivrées telles que ‘Hercules River Theme’ (scène où notre héro fait déborder la rivière pour nettoyer les écuries) ou ‘Hercules Breaks Chains’. Mais ces envolées héroïques contrastent plus sévèrement avec des morceaux sombres et brutaux tels que ‘Hell’s Theme’, thème associé aux enfers que traversent Hercule et Circée vers le milieu du film pour rejoindre l’île de Théra sur laquelle est retenue prisonnière Cassiopée. A noter ici ces accords dissonants de cuivres martelés à la Bernard Herrmann et ces percussions métalliques qui créent ici une atmosphère infernale parfaite sans virer pour autant à la cacophonie pure. Le résultat demeure somme toute assez intense à l’écran. Plus mystérieux et quasi expérimental, ‘Hand of Destiny’ évoque les décisions des dieux sur le destin d’Hercule avec une section entièrement électronique extrêmement connoté années 80, qui rompt radicalement avec le style orchestral du reste de la musique d’Hercules. Enfin, le héro triomphe au son des glorieux ‘Near the Inferno’, ‘The Inferno’ et ‘The Temple’, basés sur une série de variations autour de la tête du thème d’Hercules. Ces morceaux apportent un punch et une énergie nécessaire à ces ultimes scènes d’action aux envolées héroïques. Enfin, ‘True Love & Closing Titles’ ramène la paix avec une ultime reprise du thème romantique et du thème triomphant et musclé d’Hercule. En guise de bonus, l’album publié par Intrada contient une reprise inédite du ‘Theme from Hercules’, avec un accompagnement rythmique/synthétique soutenu, une reprise fort sympathique et idéal pour conclure la partition du film de Luigi Cozzi en beauté.

Sans s’imposer pour autant comme une partition majeure de la filmographie de Pino Donaggio, la bande originale de ‘Hercules’ possède une grande richesse, un charme et une énergie remarquable autant musicalement que dans le film. La partition symphonique concoctée par le musicien apporte un souffle épique indispensable au film de Luigi Cozzi, surfant sur les références hollywoodiennes (Bernard Herrmann, Laurence Rosenthal, etc.), avec le talent de mélodiste du compositeur en plus. Mais bien plus qu’une simple partition péplum héroïque un brin daté, la musique d’Hercules contient aussi quelques moments plus étonnants et quasi expérimentaux, dans lesquels Donaggio oscille entre un orgue gothique pour l’univers mythologique du film et des synthétiseurs kitsch pour suggérer le monde immatériel des dieux de l’olympe. L’interprétation de l’orchestre s’avère être somme toute très convaincante pour une production de ce genre, avec une direction impeccable de Natale Massara. Visiblement, les musiciens ont offert le meilleur d’eux-mêmes malgré un jeu somme toute un brin daté et typique de ces gros orchestres de studio des productions hollywoodiennes 80s. Ainsi donc, Pino Donaggio signe sans aucun doute l’une de ses partitions les plus massives et les plus ambitieuses pour ce nanar produit par le duo Golam/Globus, une musique qui évoque parfaitement dans le film l’univers mythologique et les exploits musclés d’Hercules tout en évoquant la magie et le charme d’antan de ses aventures fantastiques, objectif que le film lui-même ne parvient même pas à atteindre. Visiblement, Donaggio est le seul à y croire et cela fait vraiment plaisir à entendre!


---Quentin Billard