1-Prologue 0.44
2-O Verona 1.28
3-The Montague Boys 1.03
featuring Justin Warfield
of One Inch Punch
4-Gas Station Scene 1.52
5-O Verona (Reprise) 1.35
6-Introduction to Romeo 2.07
7-Queen Mab Interlude 0.22
8-Young Hearts Run Free
(Ballroom Version) 3.27
performed by Kym Mazelle,
Harold Perrineau & Paul Sorvino
9-Kissing You (Love Theme
From "Romeo + Juliet") 3.33
Instrumental Version
10-Balcony Scene 5.22
11-When Doves Cry 4.06
written by Prince,
performed by Quindon Tarver
12-A Challenge 1.24
13-Tybalt Arrives 1.48
featuring Butthole Surfers
and the Dust Brothers
14-Fight Scene 3.10
15-Mercutio's Death 3.39
16-Drive of Death 1.25
17-Slow Movement 12.44
18-Morning Breaks 2.36
19-Juliet's Requiem 1.57
20-Mantua 1.17
21-Escape from Mantua 3.57
featuring Mundy
22-Death Scene 4.13
23-Liebestot (from
"Tristan und Isolde") 1.28
composed by Richard Wagner
performed by Leontyne Price
24-Epilogue 0.31

Musique  composée par:

Craig Armstrong/
Nellee Hooper

Editeur:

Capitol Records
7243 8 55567 2 2

Musique additionnelle de:
Craig Armstrong et
Marius De Vries
Performances vocales spéciales de Leonardo Di Caprio,
Claire Danes, Jesse Bradford,
John Leguizamo, Miriam Margolyes,
Harold Perrineau, Paul Sorvino,
Pete Postlethwaite, Dash Mikoh
and Edwina Moore
Album produit par:
Nellee Hooper
Producteur exécutif de l'album:
Nelee Hooper, Baz Luhrmann,
K.Rachtman

Producteurs associés:
Craol Dunn, Sandy Dworniak
Directeur en charge de la musique pour 20th Century Fox:
M.Walden, L.Ziffren
"Young Hearts Run Free"
(Ballroom Version)

written by David Crawford,
performed by Kym Mazelle
"Kissing You"
(Love Theme from Romeo + Juliet)

written by Des'ree and
Tim Atack
"When Doves Cry"
written by Prince Rogers Nelson,
performed by Quindon Tarver
and Beverly Skeet
"Tybalt Arrives"
includes extracts from "Cough Syrup"
performed by Butthole Surfers
and "Torcivia"
performed by The Dust Brothers
"Escape from Mantua"
includes extracts from
"To You I Bestow"
performed by Mundy
"Liebestod"
from Tristan and Usolde by
Richard Wagner,
performed by Leontyne Price

Artwork and pictures (c) 1996 Twentieth Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ****
ROMEO + JULIET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Craig Armstrong/
Nellee Hooper
« Romeo + Juliet » est l’adaptation cinématographique de la légendaire pièce de théâtre de William Shakespeare, transposée cette fois-ci dans les temps modernes, où les armes à feu, la violence, le tabac, les voitures luxueuses et les costumes branchés ont remplacé les vieilleries du 17ème siècle. Et afin de respecter au mieux l’esprit de l'oeuvre d’origine, le réalisateur australien Baz Luhrmann a décidé de conserver tous les dialogues originaux de la pièce (et ce même si le texte a été raccourci partiellement pour les besoins du film), rendant ainsi un brillant hommage moderne au récit mythique de Shakespeare. L’histoire change aussi de décor, puisqu’après Vérone dans le livre d’origine, le récit de « Romeo + Juliet » se déroule cette fois-ci à Verona Beach, un quartier chaud des Etats-Unis au 20ème siècle. Les Montaigue et les Capulet sont deux familles mafieuses qui luttent depuis toujours pour prendre le contrôle de la ville. Le jeune Romeo (Leonardo DiCaprio), fils du parrain Montaigu, est entraîné par son ami Mercutio (Harold Perrnieau) dans une fête donnée par les Capulet. C’est là qu’il rencontre la belle Juliette (Claire Danes) dont il tombe immédiatement amoureux. Mais alors que Romeo et Juliette se jurent un amour éternel, leurs deux familles respectives se déchirent et s’entretuent. Ce sera l’escalade de la violence jusqu’à l’inexorable issue tragique, la réunion des deux amants qui, n’ayant pas pu s’aimer sur terre, se retrouveront pour toujours dans la mort. Ici, le coryphée traditionnel est remplacé par une speakerine qui narre le récit à la télévision, et les épées sont remplacées par des armes à feu. La mise en scène reste, quand à elle, résolument moderne, entre les tragédies hollywoodiennes, les films romantiques flamboyants et les films d’action typiquement américains. Evidemment, une histoire aussi incroyable ne pouvait être racontée sans grands interprètes, et à ce sujet, Baz Luhrmann a véritablement marqué un point sur son film, réunissant ainsi le couple Leonardo DiCaprio (Romeo)/Claire Danes (Juliette), un duo extrêmement émouvant où l’alchimie fonctionne parfaitement à l’écran. Les deux acteurs apportent une sensibilité touchante et un romantisme incroyable à leurs scènes d’amour, entourés d’acteurs de qualités tels que Brian Dennehy, John Leguizamo, Pete Postlethwaite, Paul Sorvino, Vondie Curtis-Hall, M. Emmet Walsh, Diane Venora, Harold Perrineau et Jamie Kennedy. Le résultat final est tout bonnement splendide : Baz Luhrmann nous propose un dépoussiérage saisissant de la plus célèbre histoire d’amour de tous les temps, une version modernisée exécutée d’une main de maître par un cinéaste qui maîtrise complètement son sujet et nous offre un regard neuf sur la pièce de Shakespeare.

« Romeo + Juliet » a permis de réunir un trio de compositeur afin d’offrir une certaine richesse à la musique du film de Baz Luhrmann. A noter qu’à la sortie du film, un premier album a été édité, un album qui ne contenait d’ailleurs que les chansons du film. Puis, peu de temps après, un deuxième album vit le jour, avec le score original de « Romeo + Juliet ». Ainsi donc, c’est le compositeur écossais Craig Armstrong qui a été choisi par la production pour écrire la musique du film, entouré de ses deux complices Nellee Hooper et Marius De Vries. Le premier est un compositeur/mixeur/producteur bien connu pour son travail avec des artistes tels que Björk, Gwen Stefani, Madonna, U2, Soul II Soul ou bien encore Massive Attack. Le second est un compositeur/producteur anglais habitué à travailler à son tour avec Nellee Hooper depuis quelques années déjà. Et avec ces deux musiciens, Craig Armstrong, qui signa avec « Romeo + Juliet » sa toute première musique de film en 1996, le succès de la bande originale du film de Baz Luhrmann lui ayant ainsi permis de se faire connaître dans le milieu du cinéma. A noter que Craig Armstrong a aussi orchestré et arrangé une bonne partie de la musique du film. Le mot d’ordre semble donc avoir été ici : l’éclectisme. Avec une approche musicale à la fois riche et varié, Armstrong, Hooper et De Vries ont mélangé les styles et nous propose un véritable cocktail musical largement dominé par une approche symphonique plutôt dramatique et romantique, à la fois classique et moderne. Le score débute dans le film au son du puissant choeur latin « O Verona », une magnifique pièce épique, dramatique et grandiose calquée sur le célèbre et incontournable « O Fortuna » du « Carmina Burana » de Carl Orff, source d’inspiration sans fin pour les compositeurs de musique de film. Ce choeur dramatique et démesuré ouvre le film avec brio, accompagné par les musiciens du prestigieux London Session Orchestra et les chanteurs du Metro Voices lors du monologue d’introduction qui permet de poser les bases du récit. Armstrong personnifie ainsi à travers ces voix grandioses toute l’intensité dramatique et tragique de cette célèbre histoire d’amour. A noter qu’ici, la « Fortuna » d’Orff a été remplacée par « Verona », en référence au nom de la ville dans laquelle se déroule l’histoire. Signalons pour finir que le magnifique et épique « O Verona » a connu un certain succès par la suite, à tel point que le morceau a été utilisé à de très nombreuses reprises dans des bandes-annonces de film et autres publicités en tout genre. Le groupe Evanescence a même samplé une partie de « O Verona » ainsi que le morceau « Juliet’s Requiem » dans une de leur démo de la chanson « Whisper ». Quoiqu’il en soit, « O Verona » fait incontestablement partie des morceaux incontournables de la partition de « Romeo + Juliet », un morceau qui a sans aucun doute contribué au succès de la bande originale du film de Baz Luhrmann, et qui résume d’une façon plutôt classique toute la richesse dramatique et la splendeur tragique du célèbre roman de William Shakespeare.

Après une ouverture proche de la musique classique (« O Verona »), on enchaîne directement avec « Montague Boys », qui change radicalement de style pour l'arrivée des garçons de la famille Montaigue au son d’un rythme survolté de batterie hip-hop, pour souligner la frime extrême des caïds dans leurs voitures ultra-luxueuses. A noter que le morceau continent un passage vocal interprété par Justin Warfield, du groupe de hip-hop U.S. One-Inch-Punch (qui apporte ainsi un côté résolument moderne et « branché » à cette scène). Et avec « Gas Station Scene », le compositeur se fait plaisir et nous offre un brillant hommage à Ennio Morricone et à ses magnifiques musiques de western-spaghetti des années 60. Ici, le passage de la fusillade dans la station essence parodie le style des grands airs western de Morricone, avec ses cuivres vengeurs, sa trompette et ses choeurs héroïques, ses percussions intenses et ses riffs de guitare électrique très 60s. Ainsi donc, dès le début du film, le score de « Romeo + Juliet » s’impose ainsi par son éclectisme rafraîchissant et son approche originale pour une interprétation résolument moderne de l’oeuvre de Shakespeare. Quelques morceaux nous permettent ensuite d’introduire les personnages du film (avec entre autre un morceau trip-hop réalisé par Nellee Hooper dans « Introduction to Romeo »), avec toujours cette variété d’ambiances plutôt étonnante, aussi bien dans le film que sur l’album. Puis, c’est finalement le somptueux « Love Theme » du film qui attirera ici notre attention, la chanson « Kissing You » que l’album du score nous présente ici dans sa version instrumentale. Ecrite par Nellee Hooper, cette magnifique chanson représente clairement le puissant amour qui unit Romeo et Juliette, un amour rendu impossible par le simple fait que leurs deux familles respectives se détestent et ne cessent de s’affronter perpétuellement. Le morceau, interprété ici dans un magnifique arrangement pour cordes et piano, apporte une poésie et un romantisme poignant aux scènes plus intimes entre les deux amants, un « Love Theme » lyrique et émouvant repris dans le très apaisé « Balcony Scene » pour la scène romantique du balcon. Après « O Verona », « Kissing You (Instrumental) » apparaît indéniablement comme l’autre morceau majeur de la partition de « Romeo + Juliet ».

Certains morceaux oscillent ainsi entre rythmes hip-hop/rap et techno survoltée, comme c’est le cas dans « A Challenge » ou dans l’énergique « Tybalt Arrives », morceau soutenu par les performances du groupe électro californien The Dust Brothers et du groupe de rock alternatif Butthole Surfers. Un morceau comme le survolté « Drive of Death » évoque le très violent affrontement en voiture entre Romeo et Tybalt après que ce dernier ait assassiné Mercutio, morceau soutenu ici par des rythmes techno complètement survoltés et enragés, traduisant à l’écran la fureur des deux adversaires dans un combat sans merci. Dans un même ordre d’idée, « Escape to Mantua » réutilise ces puissants rythmes technos mélangés avec le choeur et l’orchestre, sans oublier ici la partie vocale du chanteur irlandais Mundy. Tous ces morceaux alternent dans le film avec les passages symphoniques de Craig Armstrong, apportant ainsi un éclectisme saisissant et moderne au film de Baz Luhrmann.

Avec « Mercutio’s Death », on rentre alors dans une atmosphère plus tragique et élégiaque. « Mercutio’s Death » reflète alors la douleur de Romeo après la mort de Mercutio. Un choeur tragique fait alors son apparition vers la fin du morceau afin de renforcer la teneur dramatique de cette scène à partir de laquelle tout va basculer. « Juliet’s Requiem » illustre quand à lui les tourments et la souffrance de Juliette, déchirée entre le besoin de respecter sa famille en honorant la mémoire de son cousin Tybalt tué par Romeo, et son amour interdit pour le fils de la famille Montaigue. Le choeur de « Mercutio’s Death » refait ici son apparition, illustrant ainsi de façon poignante la souffrance de Juliette au son d’un Requiem tragique et déchirant. Enfin, « Death Scene » nous permet d’entendre une pièce plus élégiaque et poignante accompagnant la séquence finale du film. Les deux amants se retrouvent enfin sur l'autel. Romeo est mort : il s'est suicidé en buvant du poison, croyant que sa promise, Juliette, était morte, alors qu'elle dormait profondément. Et lorsque Juliette se réveille, c'est le drame. La jeune fille des Capulet, dans une séquence proprement bouleversante, empoigne le revolver de Romeo et se tire une balle dans la tête. Les deux amants peuvent ainsi se retrouver dans la mort. La scène est alors accompagnée avec émotion par le chant d'une soprano illustrant l’idée de la résignation et de la mort, chant élégiaque et funèbre qui n’est pas sans rappeler le magnifique « Agnus Dei » du « Lento » de « Alien 3 » d’Elliot Goldenthal (1992). Enfin, le film se termine avec le célèbre « Liebestod » extrait de l’opéra « Tristan et Isolde » de Richard Wagner, véritable monument de la musique postromantique opératique du 19ème siècle que le réalisateur a décidé d’utiliser pour la fin de son film, afin d’apporter un lyrisme bouleversant à cette conclusion tragique. Il est même assez amusant de constater qu’au final, tout éclectique soit elle, la musique de « Romeo + Juliet » converge finalement vers un style purement classique, symphonique et vocal pour les 20 dernières minutes du film.

Rappelons pour finir que l’oeuvre de William Shakespeare a souvent été adaptée par le passé au cinéma, avec une partition particulièrement célèbre de Nino Rota pour la version de Franco Zeffirelli en 1968 (sans oublier moult oeuvres classiques de Berlioz, Prokofiev, Tchaïkovski ou Gound). Passer derrière de telles grandes œuvres n’était guère chose aisée pour Craig Armstrong, Nellee Hooper et Marius De Vries, mais le résultat s’avère pourtant être tout bonnement splendide. Le trio a offert au film une musique d’une très grande richesse, aux ambiances multiples et variées, d’un éclectisme moderne assez rafraîchissant, une partition très originale et aussi très inspirée - mais face à une histoire aussi mythique, qui ne le serait pas ? Au final, « Romeo + Juliet » s’avère bel et bien être une pure réussite en son genre, une partition extrêmement riche et variée qui a d’ailleurs connu un très grand succès tout au long des années 90. Incontournable !



---Quentin Billard