1-Beowulf Main Title 0.53
2-First Grendel Attack 1.50
3-Gently As She Goes 1.36*
4-What We Need Is A Hero 1.40
5-I'm Here To Kill Your Monster 1.46
6-I Did Not Win The Race 2.15
7-A Hero Comes Home 1.08*
8-Second Grendel Attack 4.02
9-I Am Beowulf 4.33
10-The Seduction 4.03
11-King Beowulf 1.44
12-He Has A Story To Tell 2.42
13-Full of Fine Promises 1.11
14-Beowulf Slays The Beast 6.02
15-He Was The Best Of Us 5.23
16-The Final Seduction 2.24
17-A Hero Comes Home
(End Credits Version) 3.11**

*Interprété par Robin Wright-Penn
Ecrit par Alan Silvestri
Paroles de Glen Ballard
**Interprété par Idina Menzel
Composé par Alan Silvestri
Paroles de Glen Ballard.

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Warner Bros. 372924

Score produit par:
Alan Silvestri, David Bifano
Coordination du score:
David Bifano
Montage musique:
Ryan Rubin
Assistant montage:
Jeannie Marks
Superviseur montage:
Kenneth Karman

Artwork and pictures (c) 2007 Warner Bros. Pictures. All rights reserved.

Note: ***
BEOWULF
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Pour son nouveau film très attendu, Robert Zemeckis renoue avec le style du film d’animation qu’il avait déjà expérimenté avec ‘Polar Express’, dans lequel il avait mis en place un tout nouveau procédé : la technique du performance capture, dans lequel il s’agit de recréer de façon quasi parfaite les moindres gestes des comédiens grâce à l’infographie. ‘Beowulf’ s’accompagne d’ailleurs d’une nouvelle amélioration technologique : le procédé du OEG (‘Electro Oculography’), dans lequel il s’agit de retranscrire toujours par infographie les expressions des yeux des acteurs. Cela fait depuis près de 10 ans que le projet était à l’étude, avec à l’origine un scénario signé Roger Avary et Neil Gaiman en 1997, mais qui n’avait pas pu aboutir, jusqu’à ce que Robert Zemeckis prenne le relais grâce à sa nouvelle technologie du performance capture. Le résultat est au final purement et simplement spectaculaire : malgré quelques défauts, les personnages paraissent d’un réalisme confondant pour un film animé. Le scénario, quand à lui, s’inspire d’un très célèbre poème épique de la littérature anglo-saxonne, ‘Beowulf’, œuvre qui date du 8ème siècle. L’histoire se déroule dans des contrées lointaines du Nord de l’Europe, où les hommes côtoyaient les monstres. Un jour, le royaume du roi Hrothgar (Anthony Hopkins) fut attaqué par un monstre féroce et terrifiant nommé Grendel (Crispin Glover). A la suite d’un nouveau carnage perpétré par l’ignoble créature, le roi décida de faire appel à des guerriers valeureux qui n’auraient pas peur d’affronter le monstre. Le vaillant viking Beowulf (Ray Winstone) fut le seul à répondre à l’appel. Accompagné de ses camarades, il lutta contre Grendel et réussit à le tuer. Depuis ce jour, on chante partout dans le royaume la gloire et la bravoure de Beowulf. Après la mort de Grendel, le roi se suicida mystérieusement et céda tous ses biens à Beowulf, qui devint roi à son tour. Mais un jour, le jeune souverain se laissa tenter par l’appel de l’inquiétante mère de Grendel (Angelina Jolie) et hélas, sa fragilité d’homme le fit succomber à la séduction de la mère de Grendel. Depuis ce jour là, Beowulf traîne avec lui un très lourd secret inavouable, jusqu’au jour où, des années plus tard, un nouveau monstre surgit des profondeurs pour terroriser à nouveau le royaume en proie à de nombreuses guerres. Le roi Beowulf sait qu’il doit désormais faire face aux erreurs de son passé et tenter de rattraper sa faute par tous les moyens. ‘Beowulf’ s’avère être une fresque épique et barbare assez violente et rythmée, Zemeckis utilisant sa caméra de façon virtuose même si l’ensemble demeure somme toute assez léger d’un point de vue scénaristique. A noter une fin radicalement sombre qui s’éloigne clairement de celle du poème d’origine.

Alan Silvestri retrouve donc Robert Zemeckis pour leur 12ème collaboration ensemble sur ‘Beowulf’, pour lequel le compositeur a travaillé pendant près d’un an pour nous concocter une partition symphonique épique et héroïque dans la veine du film. Le score de ‘Beowulf’ s’affirme ainsi clairement dans la continuité de partitions telles que ‘Van Helsing’ ou ‘The Mummy Returns’. On y retrouve donc les orchestrations massives et cuivrées chères au compositeur avec ses grands thèmes épiques, ses chœurs d’hommes guerriers et une utilisation hélas un peu moins convaincante de synthétiseurs parfois un brin ‘cheap’. Evidemment, comme toute bonne partition d’Alan Silvestri qui se respecte, ‘Beowulf’ contient un thème parfaitement mémorable, exposé fièrement dès le ‘Beowulf Main Title’, avec ses cuivres massifs, sa basse synthétique très ‘années 80’ et ses chœurs guerriers implacables. En seulement 54 secondes, Silvestri capte toute l’essence même du film de Zemeckis et nous le retranscrit avec force et conviction. Dès lors, la partition de ‘Beowulf’ va alterner entre envolées guerrières et morceaux plus sombres et mystérieux. ‘First Grendel Attack’ illustre par exemple la première scène d’attaque de Grendel au début du film avec ses percussions électroniques martelées reprises de ‘Van Helsing’ et ses chœurs plus sombres et mystérieux. Si la première partie du morceau laisse planer une ombre de doute sur les intentions du monstrueux Grendel, la partie finale vire au massif pur et dur. ‘What We Needs Is a Hero’ reprend ainsi le thème guerrier de Beowulf avec ses voix d’hommes belliqueuses qui évoquent le courage et la détermination du héros et de ses vaillants camarades, venus pour tuer Grendel. ‘I’m Here to Kill Your Monster’ confirme d’ailleurs clairement épique/héroïque de la partition avec ses percussions électroniques action reprises de ‘Tomb Raider II’ et ‘Van Helsing’ et ses allusions guerrières au thème de Beowulf. Idem pour ‘I Did Not Win The Race’ lorsque Beowulf relate ses exploits contre des créatures marines à grand renfort de chœurs guerriers et de cuivres massifs - à noter ici l’apparition d’un nouveau motif héroïque de 7 notes qui reviendra dans les moments les plus épiques du film.

La partition de ‘Beowulf’ prend un tournant avec l’apparition du second thème majeur du score de Silvestri, ‘A Hero Comes Home’, interprété dans le film par l’actrice Robin Wright Penn (interprète de la reine dans le film), accompagné par une harpe et une flûte, morceau écrit dans le style d’un refrain populaire médiéval aux accents mélancoliques. Silvestri a aussi écrit la chanson ‘Gently as She Goes’ dans un registre similaire, le tout sur des paroles de Glen Ballard. Ce thème d’inspiration plus intimiste et mélancolique évoque la solitude intérieure de Beowulf, rongé par un secret inavouable auquel il restera lié à vie. Il évoque parfaitement son statut de héros tragique hanté par un secret douloureux. La seconde partie du film permettra d’ailleurs à Alan Silvestri de développer ce thème intime et mélancolique de façon plus intense, dès lors que Beowulf est devenu le nouveau roi. On continue de retrouver certains gros morceaux d’action frénétiques et puissants tels que le déchaîné ‘Second Grendel Attack’ pour la confrontation contre Grendel, avec ses percussions synthétiques agressives, ses chœurs quasi apocalyptiques et ses cuivres déchaînés typiques du compositeur - on est une fois de plus très proche ici du style de ‘Van Helsing’ et ‘The Mummy Returns’. Les amateurs du compositeur pourront apprécier au passage quelques belles envolées héroïques assez impressionnantes à l’écran, même si l’on est loin ici de l’héroïsme rétro et jouissif de ‘Mummy Returns’, Silvestri préférant opter sur ‘Beowulf’ pour une approche somme toute sombre et massive. Dans ‘I Am Beowulf’ et ‘The Seduction’, Silvestri introduit une nouvelle ambiance musicale à l’aide de harpe en écho, de cordes mystérieuses, de synthétiseurs discrets et de chœurs envoûtants et doux. Le compositeur évoque ici la séduction de la mère de Grendel de façon intrigante, dans un style qui n’est pas sans rappeler certains passages mystérieux de ‘What Lies Beneath’. Avec ‘He Has a Story to Tell’, le thème intime et mélancolique du roi Beowulf revient de façon plus dramatique pour rappeler le côté tragique des secrets qui hantent le héros, apportant un peu d’émotion à un score somme toute très sombre et agressif.

La partition de ‘Beowulf’ atteint enfin son apothéose avec l’excellent ‘Beowulf Slays the Beast’, déchaînement orchestral/choral de plus de 6 minutes durant lequel Silvestri accompagne avec brio la longue séquence de l’affrontement entre Beowulf et le nouveau monstre de la mère de Grendel. On retrouve ici aussi le style frénétique, cuivré et épique de ‘Second Grendel Attack’ en dix fois plus puissant. Les rythmiques électroniques à la ‘Tomb Raider II’ deviennent ici aussi plus présentes afin d’amplifier le côté apocalyptique et extrêmement intense de ce morceau d’action grandiose qui devrait ravir tous les inconditionnels d’Alan Silvestri. A noter pour finir qu’outre les chœurs épiques et les percussions électroniques, on retrouve ici aussi le motif héroïque du début afin d’accompagner les exploits désespérés de Beowulf, prêt à tout pour détruire le monstre qui n’a de cesse de pourrir son existence. Voilà en tout cas un morceau totalement incontournable de la partition de ‘Beowulf’, épique, apocalyptique, héroïque et surpuissant, 100% Silvestri garanti ! Le thème dramatique revient une dernière fois dans ‘He Was The Best of Us’ dans une ultime version poignante et élégiaque pour chœur et orchestre (et qui n’est pas sans rappeler le final dramatique de ‘Van Helsing’ dans un registre similaire). Le compositeur nous gratifie enfin d’une chanson pour le générique de fin, ‘A Hero Comes Home’, reprise de la chansonnette médiévale de Robin Wright Penn adaptée ici dans un arrangement pop étrangement kitsch, là aussi curieusement très connoté ‘eighties’. Silvestri reprend le thème dramatique du roi Beowulf interprété avec brio par la chanteuse Idina Menzel sur un accompagnement synthétique un brin cheap sur les bords (pourquoi utiliser des samples d’orchestre plutôt qu’un vrai orchestre pour l’accompagnement instrumental de la chanson ? On frôle ici la faute de goût difficilement excusable de la part d’un maître tel qu’Alan Silvestri !).

‘Beowulf’ apparaît au final comme une nouvelle grande partition symphonique épique signée Alan Silvestri. Hélas, si les thèmes du score s’avèrent être de très grande qualité, l’ensemble demeure malgré tout un poil en dessous de ce que le compositeur a pu faire auparavant sur des films tels que ‘The Mummy Returns’, ‘Judge Dredd’ ou ‘Van Helsing’, pour en rester au registre aventure/action. La musique apporte un souffle épique puissant aux images du film de Robert Zemeckis mais sans pour autant apporter une quelconque originalité à l’ensemble. Si le style d’Alan Silvestri y est reconnaissable dès les premières secondes de la musique, on regrettera le recours à certaines facilités comme une utilisation pas toujours très convaincante de percussions synthétiques ou l’usage un brin répétitif des thèmes qui finissent par lasser à la longue. Il manque à ce ‘Beowulf’ un petit « plus », une certaine magie que l’on retrouvait pourtant dans ‘Van Helsing’ et surtout ‘The Mummy Returns’, qui débordait d’un souffle symphonique assez exceptionnel dans son genre. Quoiqu’il en soit, il ne fait nul doute qu’Alan Silvestri a signé une nouvelle grande œuvre musicale pour le dernier film animé de Robert Zemeckis, car sans être un sommet de la collaboration Silvestri/Zemeckis, ‘Beowulf’ n’en demeure pas moins une partition de qualité, inspirée et accrocheuse, chose somme toute très rare de nos jours à Hollywood, en pleine période de marasme créatif ! Du coup, on attend avec impatience les nouveaux opus symphoniques d’Alan Silvestri pour les prochains films de Robert Zemeckis et Stephen Sommers !



---Quentin Billard