1-Graduation 3.15
2-Honex 2.50
3-The Pollen Jocks 1.32
4-Barry Flies Out 5.35
5-Vanessa Intervenes 2.03
6-Sugar Sugar 2.47*
7-Assault on Honey Farms 2.35
8-Ken 2.29
9-Barry Turns The Screws 3.13
10-Monty Slanders and
Adam Stings 2.14
11-Hearts, Flowers and
Hive Closures 2.36
12-Honey Round Up 1.40
13-Rooftop Consequences 1.52
14-Land That Plane 6.41
15-Here Comes the Sun 3.00**

*Interprété par The Archies
**Interprété par Sheryl Crow

Musique  composée par:

Rupert Gregson-Williams

Editeur:

Sony Classical 88697-10934-2

Score produit par:
Hans Zimmer
Musique additionnelle:
Lorne Balfe, Ryeland Allison,
Halli Cauthery, Michael Levine,
Mark Russell, Heitor Pereira

Artwork and pictures (c) 2007 Dreamworks LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
BEE MOVIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Rupert Gregson-Williams
Nouveau petit prodige technique des studios Dreamworks, ‘Bee Movie’ est un film d’animation qui, à défaut de révolutionner le genre, apporte une véritable fraîcheur et un humour implacable au genre. Réalisé par Simon J. Smith et Steve Hickner, le projet est surtout né grâce à l’indispensable collaboration de Jerry Seinfeld, célèbre comique américain plus connu pour sa série TV ‘Seinfeld’ et véritable roi du stand up aux USA. Pour l’humoriste américain, ‘Bee Movie’ est une première dans sa carrière : après avoir prêté sa voix le temps d’un épisode pour la série animée ‘Dilbert’ en 2000, Seinfeld s’est mis une bonne fois pour toute au film d’animation en assurant le scénario, l’interprétation et la production de ‘Bee Movie’. L’humoriste s’est investi à fond dans ce film, assurant une véritable direction d’acteur avec son casting de rêve : Renée Zellweger, Matthew Broderick, Patrick Warburton, John Goodman, Chris Rock, Kathy Bates, Barry Levinson, Larry King, Ray Liotta, Sting, Oprah Winfrey, Rip Torn, Larry Miller, Megan Mullally, etc. A noter que l’ensemble est supervisé par Steven Spielberg en personne. Seinfeld s’est amusé comme un petit fou sur ce film et cela se sent : il interprète l’abeille Barry B. Benson (un clin d’œil au nom du personnage qu’il interprétait dans la série ‘Benson’ en 1980), qui vient tout juste d’être diplômé et se prépare à travailler à Honex, l’immense fabrique de miel. Mais un jour, il se met en tête de quitter la ruche et de suivre l’escadron d’élite chargé de recueillir le pollen dans les fleurs. Dès sa sortie de la ruche, Benson viole l’une des règles absolues du monde des abeilles : il parle à un être humain ! Benson se lie alors d’amitié avec la charmante Vanessa Bloome, une jeune fleuriste new-yorkaise qui lui a un jour sauvée la vie. Un jour, la petite abeille découvre que les humains consomment en très grande quantité le miel des abeilles en exploitant ses semblables de façon scandaleuse. Benson décide alors de réagir et d’intenter un procès à toutes les plus grandes marques de fabrique de miel américaines. ‘Bee Movie’ est un véritable délire du début jusqu’à la fin. Outre la performance technique incroyable, la virtuosité de certaines séquences (scène sur la balle, scène sur le pare-brise du camion, etc.) et la qualité de l’animation, ‘Bee Movie’ est avant tout un pur régal d’humour, du moins pour tout ceux qui apprécient les facéties de l’inénarrable Jerry Seinfeld : on retrouve ici l’humour habituel du comique américain, avec des private jokes à la pelle, des clins d’œil astucieux, d’apparition surprise (Oprah Winfrey en juge, Larry King dans sa version abeille, etc.) et des blagues à la mode stand-upiste réellement hilarantes (scène où l’acteur Ray Liotta explose en plein milieu du tribunal, scène où Seinfeld se moque de l’industrie hollywoodienne, etc.). Pour une production Dreamworks, on est bien loin ici du style caricatural et tarte à la crème de ‘Shrek’. ‘Bee Movie’ s’avère réellement drôle car Seinfeld n’y va pas par quatre chemins et oscille entre absurde, humour satirique et second degré, bien qu’il y ait à fort à parier que le public plus jeune aura du mal à comprendre certaines blagues d’initiés. De l’absurdité, il y en a à revendre dans le film, comme cette scène où Benson drague Vanessa (c’est sans aucun doute la première fois que l’on voit une abeille faire la cours à une humaine aux formes sexy dans un film animé produit par Dreamworks !) ou certaines scènes plus visuelles comme l’atterrissage de l’avion porté par un immense essaim d’abeilles à la fin du film. Drôle et inventif, ‘Bee Movie’ est un pur régal d’humour et de divertissement, une belle surprise pour un film qui s’annonçait pourtant bien lisse et conventionnel, mais qui au final, étonne par sa très grande fraîcheur de ton, la spontanéité de ses blagues, de ses dialogues et de certaines scènes…assez cocasses!

Rupert Gregson-Williams (frère de Harry) se voit à nouveau confier l’écriture de la musique d’un film animé après ‘Over The Hedge’ en 2006, le tout toujours placé sous la supervision de Hans Zimmer. Le score de ‘Bee Movie’ n’apporte rien de bien neuf au genre mais dévoile une certaine fraîcheur qui permet à Rupert Gregson-Williams de suivre les traces de ses camarades de Media-Ventures, dans un style vivant et coloré à mi-chemin entre HGW version ‘Shrek’/’Antz’, John Powell version 'Happy Feet' et Steve Jablonsky pour le côté rythmique léger à la ‘Desperate Housewives’. Dès le début du film (‘Graduation’), le compositeur dévoile tout le côté vivant et coloré de sa partition avec des orchestrations très riches incluant un groupe de saxophones, une batterie, un marimba, des percussions en tout genre, des guitares, etc. (à noter que les orchestrations sont assurées en partie par Rupert Gregson-Williams lui-même, preuve du savoir-faire d'un jeune compositeur prêt à assurer la relève à Media-Ventures aka Remote Control!). ‘Graduation’ dévoile un thème principal majestueux et aérien qui évoque avec frénésie la ruche des abeilles dans un style très coloré et débordant de vie. Seule ombre au tableau, Rupert Gregson-Williams s’inspire massivement ici d’un thème du ‘Steamboy’ de Steve Jablonsky qu’il reprend note pour note sans aucune modification particulière. Après la vivacité orchestrale et exubérante de ‘Graduation’, on assiste au décollage du héros dans l’héroïque ‘The Pollen Jocks’ et son thème aérien qui n’est pas sans rappeler le score de ‘Remember The Titans’ de Trevor Rabin (surtout dans l’utilisation des percussions et des cordes). Le thème héroïque de ‘The Pollen Jocks’ accompagne l’escadron qui part recueillir le pollen sur les fleurs, atmosphère d’héroïsme pur et fun confirmée dans l’exubérant ‘Barry Flies Out’ lorsque Benson sort pour la première fois de la ruche et découvre la nature à l’extérieur, sans aucun doute l’un des premiers sommets de la partition de ‘Bee Movie’. On retrouve le thème associé au jeune héros, dans une atmosphère héroïque et majestueuse assez grisante et survitaminée, 5 minutes 34 de bonheur pur ! La musique représente à l’écran la magie de la découverte du monde extérieur, le sentiment de liberté et de découverte totale. A contrario, un morceau comme ‘Vanessa Intervenes’ se veut plus doux et intime avec sa reprise lente et tendre du thème de Benson au piano pour la rencontre entre la jeune femme et l’abeille.

L’action reprend de plus belle dans l’exubérant ‘Assault on Honey Farms’ où Rupert Gregson-Williams parodie le style des musiques de ‘James Bond’ lorsque Benson prend d’assaut la fabrique de miel pour découvrir ce que les humains manigancent. Le compositeur réutilise vaguement quelques sonorités de film d’espionnage dans un style qui rappelle quelque peu par moment le récent ‘Casino Royale’ de David Arnold, apportant un petit plus humoristique à cette scène du film. A noter l’utilisation d’un choeur qui vient accentuer la puissance des images. ‘Ken’ s’avère être quand à lui plus dans l’esprit mickey-mousing traditionnel pour la scène avec le prétendant stupide de Vanessa, le malmené Ken. Gregson-Williams verse ici aussi dans l’humour en utilisant une mandoline « à l’italienne » pour illustrer le côté charmeur ringard et nigaud de Ken. Visiblement, le compositeur semble s’être bien fait plaisir sur ce film et cela s’entend au fil des morceaux ! On appréciera un nouveau morceau d’action assez frénétique et déchaîné dans le massif ‘Monty Slanders and Adam Stings’ avec son utilisation très Elfmanienne des choeurs surpuissants. Plus intime et réservé, ‘Hearts, Flowers and Hive Closures’ évoque le dysfonctionnement de la nature après la victoire de Benson au tribunal. La musique se veut ici plus douce et mélancolique, avec sa très belle partie de violon soliste, son piano, sa guitare et ses chœurs fredonnant délicatement en fond sonore à bouche fermée. Le compositeur continue de s’amuser en nous offrant dans ‘Honey Round Up’ (scène où le miel retourne dans les ruches des abeilles après la décision finale du tribunal) un morceau très rythmé aux accents pop/funky un brin kitsch, tendance « seventies ». La partition de ‘Bee Movie’ atteint finalement son dernier point culminant dans ‘Land That Plane’ pour la séquence ahurissante de l’atterrissage surréaliste de l’avion porté par l’essaim d’abeilles. On retrouve le thème héroïque de l’escadron du pollen dans un morceau de bravoure orchestrale pur et dur de plus de 6 minutes !

Rupert Gregson-Williams suit de très près les traces de son frère Harry Gregson-Williams avec ‘Bee Movie’, pour lequel il signe une partition symphonique très riche, vivante et colorée, apportant une énergie et un fun indispensable au film, mais qui hélas n’apporte rien de bien neuf au genre et déçoit un peu par la facilité de certains thèmes qui sentent l’inspiration des temp-tracks à plein nez (‘Steamboy’, ‘Remember The Titans’, etc.). On retrouve un style musical bien connu qui rappelle bon nombre de partitions musicales pour des productions animées Dreamworks, style ‘Shrek’, ‘Chicken Run’, ‘Over The Hedge’ ou bien encore ‘Antz’. Le compositeur s’est fait manifestement bien plaisir en écrivant la musique de ‘Bee Movie’, et ce plaisir, il nous le transmet morceau après morceau. D’ailleurs, la musique s’écoute aussi bien dans le film que sur l’album CD. Mais si l’on ressort assez conquis par l’écoute de cette nouvelle partition énergique et survitaminée pour un film animé Dreamworks, l’ensemble demeure somme toute un poil en dessous de tout ce qui a déjà été fait précédemment dans le genre, et ce en terme d’inspiration : Rupert Gregson-Williams manque encore cruellement de personnalité musicale et reste toujours sous influence. Dommage, d’autant que la musique de ‘Bee Movie’ possède une très grande richesse et demeure un petit trésor d’exubérance et d’énergie pour ce qui s’avère être LE dessin animé américain du moment !


---Quentin Billard