1-My Name is Robert Neville 2.51
2-Deer Hunting 1.17
3-Evacuation 4.27
4-Scan Her Again 1.42
5-Darkseeker Dogs 2.17
6-Sam's Gone 1.48
7-Talk To Me 0.56
8-The Pier 5.17
9-Can They Do That? 2.09
10-I'm Listening 2.10
11-The Jagged Edge 5.16
12-Reunited 7.50
13-I'm Sorry 2.22
14-Epilogue 4.13

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 878 2

Produit par:
James Newton Howard,
Jim Weidman

Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Doug Frank, Gary LeMel,
Carter Armstrong

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2007 Warner Bros. Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
I AM LEGEND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Décidément, l’ère est plus que jamais aux remakes des grands classiques du cinéma dans le paysage hollywoodien d’aujourd’hui. ‘I am Legend’ est à l’origine une célèbre nouvelle fantastique du romancier américain Richard Matheson, écrite en 1954 et adaptée par la suite au cinéma en 1964 (‘The Last Man on Earth’) puis en 1971 (‘The Omega Man’). Cela faisait depuis plus de 10 ans que le projet d’un remake de ‘I am Legend’ traînait dans les tiroirs des producteurs hollywoodiens. Prévu à l’origine pour Ridley Scott avec Arnold Schwarzenegger dans le titre principal, le projet sera finalement abandonné avant de passer la main au réalisateur Rob Bowman puis à Michael Bay. Il faudra finalement attendre 2005 pour que le projet se concrétise enfin avec la participation du réalisateur Francis Lawrence et du scénariste Akiva Goldsman. C’est l’acteur Will Smith qui a finalement été choisi pour incarner Robert Neville, le dernier homme sur terre. Après la création d’un virus expérimental censé être à l’origine un remède miracle contre le cancer, le monde bascule dans le chaos absolu lorsque le dit virus contamine la population entière de la planète. Robert Neville, un savant de grande renommée, se retrouve seul à errer dans les rues de New York. Cela fait maintenant depuis près de trois ans qu’il est à la recherche d’autres survivants, lançant régulièrement des messages radios dans l’espoir d’être retrouver d’autres survivants, mais en vain. Accompagné de sa fidèle chienne Abbey, Neville se retrouve bientôt confronté à un danger bien plus grave : les attaques répétées des « infectés », des créatures vampires qui rôdent dans l’obscurité et s’abreuvent de sang humain et de chair fraîche. Les « infectés » sont d’anciens humains qui ont été contaminés par le virus et se sont transformés en zombis déchaînés. Désormais, Neville doit faire vite : il sait que son sang contient le remède capable de détruire le virus, et il va devoir tout faire pour tenter de synthétiser un vaccin avant qu’il ne soit trop tard. ‘I am Legend’ s’avère être au final un film impressionnant, de par son ambiance claustrophobique et solitaire – on avait encore jamais vu au cinéma des avenues entières de New York totalement dépeuplées du moindre être vivant – et l’interprétation poignante de Will Smith, unique survivant d’une catastrophe mondiale. Hélas, si la première partie du film s’avère être une réussite sur tous les points (avec une scène de suspense pure assez anthologique, entièrement filmée dans le noir et éclairée par une lampe torche), la seconde partie – qui bascule dans le film de zombi à la ’28 Days Later’ – demeure plus décevante, bien que techniquement tout aussi réussie. Seule ombre au tableau : des zombis entièrement réalisés en images numériques, pour un rendu finalement très peu crédible dans le film : n’était-il donc pas possible d’utiliser de vrais acteurs pour interpréter les monstres du film ? Malgré ses quelques défauts, ‘I am Legend’ demeure une belle surprise : l’attente n’aura donc pas été vaine ! Francis Lawrence et toute son équipe ont relevé le défi avec panache !

James Newton Howard, décidément très prisé en ce moment à Hollywood, signe une partition orchestrale à la fois élégiaque et sombre pour ‘I am Legend’. On retrouve dans cette partition très brève tout le style habituel du compositeur, avec une prédominance pour un thème principal lyrique et poignant associé à Robert Neville et à son combat désespéré pour retrouver des survivants et libérer le monde du virus mortel, le tout entrecoupé de quelques morceaux d’action aux rythmes électroniques plus modernes et agressifs. A noter que le compositeur a écrit très peu de musique pour le film, le réalisateur ayant voulu privilégier le silence durant une bonne partie du film afin de renforcer les sentiments de désespoir et de solitude liés à la condition du personnage de Will Smith – JNH a donc écrit en tout un peu plus de 44 minutes de musique originale pour le film de Francis Lawrence, une surprise pour ce type de grosse production hollywoodienne moderne qui compte bien souvent plus de 90 ou 100 minutes de musique originale. Précisons néanmoins que le réalisateur a décidé de n’utiliser qu’à peine 20 minutes de musique, rejetant une bonne partie de la partition de JNH. Grâce à l’album récemment publié par Varèse Sarabande, les auditeurs pourront enfin découvrir le nouvel opus symphonique de James Newton Howard dans sa version intégrale. Le score de ‘I am Legend’ s’articule autour d’un thème principal de toute beauté, une mélodie qui évoque à la fois l’espoir de Robert Neville de retrouver un jour des survivants et de trouver un remède contre le virus. JNH utilise ainsi l’orchestre traditionnel couplé à un piano intime et délicat et quelques chœurs qui dégagent une certaine émotion tout au long de la partition du film. A noter que la mélodie est introduite vers le début du film dans ‘My Name is Robert Neville’ par une trompette solitaire et quasi solennelle. Ce thème sera omniprésent tout au long de l’histoire, apportant une dimension émotionnelle remarquable aux images, dans un style qui rappelle beaucoup certaines musiques du compositeur pour les films de Night M. Shyamalan.

Avec ‘Deer Hunting’ (scène de la chasse vers le début du film), on bascule dans un registre plus sombre et atmosphérique. JNH utilise ses traditionnelles percussions électroniques et crée une certaine tension à l’écran. A contrario, ‘Evacuation’ se veut plus dramatique pour illustrer de façon intense la séquence de l’évacuation de la ville après la contamination du virus. Les choeurs sont à nouveau présents pour évoquer le drame humain, le tout baignant dans une écriture de qualité (à noter le soin apporté au pupitre des cordes et aux harmonies) et une atmosphère élégiaque et particulièrement poignante au cours de laquelle le compositeur développe son thème de façon plus ample et puissante, ‘Evacuation’ s’affirmant comme l’un des premiers morceaux incontournables de la partition de ‘I am Legend’. Le compositeur n’oublie pas pour autant la partie plus sombre et horrifique du film, avec des morceaux d’action particulièrement agressifs et agités tels que ‘Darkseeker Dogs’ ou le frénétique ‘The Jagged Edge’. La scène de l’attaque des chiens (‘Darkseeker Dogs’) lui permet de nous offrir un morceau basé sur une série de percussions électroniques/acoustiques de qualité, avec des cuivres massifs et dissonants. Les percussions véhiculent parfaitement à l’écran un sentiment de danger et de menace quasi constante au cours de ces scènes d’action. Néanmoins, c’est la partie plus dramatique et humaine qui domine tout au long de la partition, comme le confirme un morceau plus sombre mais néanmoins élégiaque comme ‘The Pier’, où se combinent orchestre et choeurs pour un morceau puissant et solennel au cours duquel les voix apportent une dimension quasi religieuse aux images. JNH développe de façon plus émouvante cette dimension religieuse et solennelle dans ‘Reunited’, qui véhicule un très fort sentiment d’espoir et d'humanité avec ses choeurs élégiaques et ses orchestrations amples (Neville a enfin découvert le vaccin contre le virus) pour l’un des autres morceaux incontournables de la partition de ‘I am Legend’. Enfin, ‘Epilogue’ conclut l’histoire en reprenant une dernière fois le thème principal dans toute sa splendeur. Seul reproche que l’on pourrait formuler à l’égard du dit thème : sa quasi omniprésence tout au long des morceaux, JNH ayant tendance à l’utiliser un peu trop souvent jusqu’à satiété.

Au final, ‘I am Legend’ demeure une bien belle surprise de la part d’un compositeur qui semblait être tombé depuis quelques temps dans les scores fonctionnels et sans âme (‘Michael Clayton’, ‘The Lookout’, etc.). James Newton Howard confirme qu’il est toujours l’un des compositeurs hollywoodiens les plus talentueux et les plus inspirés du moment, un musicien qui n’a de cesse de nous prouver son goût pour des thèmes mémorables, une maîtrise de l’écriture orchestrale et un lyrisme toujours très personnel. ‘I am Legend’ apporte ainsi une véritable émotion au long-métrage de Francis Lawrence, même si au final, la musique de JNH a été honteusement sous-utilisée dans le film. Du coup, l’auditeur ne pourra se faire une idée précise du travail du compositeur qu’à l’écoute de l’album publié par Varèse Sarabande. Voilà en tout cas un score de qualité idéal en attendant le nouvel opus symphonique de James Newton Howard pour ‘The Happening’, le prochain Shyamalan !



---Quentin Billard