1-Hymn To The Fallen 6.10
2-Revisiting Normandy 4.06
3-Omaha Beach 9.15
4-Finding Private Ryan 4.37
5-Approaching The Enemy 4.31
6-Defense Preparations 5.54
7-Wade's Death 4.30
8-High School Teacher 11.03
9-The Last Battle 7.57
10-Hymn To The Fallen (Reprise) 6.10

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Dreamworks Records
DRMD-50046

Produit par:
John Williams
Directeur en charge de la musique pour Dreamworks pictures:
Todd Homme
Montage de la musique:
Ken Wannberg

Artwork and pictures (c) 1998 Dreamworks L.L.C and Paramount Pictures and Amblin Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
SAVING PRIVATE RYAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Après « Empire of the Sun », l’inoubliable « Schindler’s List » et le moins bon « Amistad », Steven Spielberg continue dans sa lignée des films historiques/humanistes en évoquant cette fois-ci le débarquement du 6 Juin 1944 dans « Saving Private Ryan » (Il faut sauver le soldat Ryan). Cette date historique marque le débarquement des forces alliées en Normandie et le début de la libération de l’Europe et de l’Ouest. Lorsque les soldats de la Résistance débarquent sur les plages d’Omaha Beach au matin du 6 juin 1944, ils ignoraient encore qu’ils allaient devoir affronter la redoutable 352ème division d’infanterie allemande. Le capitaine John H. Miller (Tom Hanks), chef d’un groupe de rangers, fait partie, lui et son équipe, de la première vague d’assaut censée prendre position de la plage. Il est accompagné du sergent Michael Horvath (Tom Sizemore), du tireur d’élite Richard Reiben (Edward Burns), du soldat de 1er classe Daniel Jackson (Barry Peper) et d’autres soldats appartenant au groupe de Miller. Le débarquement tourne alors très vite au cauchemar, une véritable boucherie, alors que les soldats doivent traverser un gigantesque déluge de tirs ahurissant. Miller parvient à s’en tirer miraculeusement avec une partie de son équipe. Ils ressortent profondément bouleversés de cette épreuve. Après avoir nettoyé la plage et assuré la jonction avec Utah Beach, le capitaine Miller se voit confier une nouvelle mission : retrouver le soldat de second classe James Francis Ryan (Matt Damon) et le ramener à sa famille en vie. Tous les frères de Ryan sont morts, et le petit James est le dernier garçon de la famille. Miller organise alors une expédition pour partir à sa recherche à travers le bocage normand. Le capitaine et ses hommes se posent malgré tout une question importante : pourquoi risquer la vie de plusieurs hommes pour retrouver un individu en particulier ? « Saving Private Ryan » relate ainsi cet épisode tristement célèbre de la deuxième Guerre Mondiale, vu ici à travers le regard d’un groupe de soldats américains lors du débarquement en Normandie en 1944. Le film de Spielberg a repoussé les limites du film de guerre en nous proposant une mise en scène incroyablement réaliste et choquante. Le film de Spielberg s’avéra tellement réaliste qu’on raconte même que certains vétérans de la guerre ayant vécus eux-mêmes le débarquement en Normandie il y a plus de 50 ans furent traumatisés par les 20 premières minutes du film qui relate l’événement en question. Jamais encore un réalisateur n’avait montré la guerre de cette façon auparavant au cinéma, de façon aussi crue et sans compromis, d’une violence et d’une sauvagerie rare, bien loin des conventions hollywoodiennes du genre. Le résultat est bien plus qu'un simple film de guerre. Il s'agit bel et bien d'un pur chef-d'oeuvre. « Saving Private Ryan » est une expérience unique, de loin le plus grand film de guerre de toute l'histoire du cinéma, récompensé par 5 Oscars 1998 et 2 Golden Globes 1999. C’est un film violent, terrifiant, choquant, dans lequel Spielberg reproduit le plus fidèlement possible toute la réalité de ce terrible débarquement : un carnage sanguinaire, des scènes très crues, des images choquantes et bouleversantes, des hommes confrontés à l'horreur des combats : la scène du début restera pour à jamais gravé dans les mémoires, cette scène impossible à décrire tant son étendue émotionnelle est au-delà des mots (le magazine Empire la considéra d’ailleurs comme « meilleure scène de bataille de tous les temps »). En bref, « Saving Private Ryan » est un film bouleversant qui remet véritablement en cause toute notre conception de la seconde Guerre Mondiale, un chef-d’oeuvre, tout simplement !

John Williams retrouve encore une fois Steven Spielberg et nous livre pour « Saving Private Ryan » une partition symphonique assez spéciale pour ce film : sans tomber dans des banalités, John Williams a opté pour une approche musicale très spéciale sur ce film : comme le souhaitait d’ailleurs Spielberg, Williams a dû écrire une musique plutôt retenue en usant d’une certaine économie de moyens et qui ne représente nullement le débarquement. Le film contient d’ailleurs très peu de musique, Spielberg ayant ainsi considéré qu’il vaudrait mieux, pour le réalisme du film, limiter le plus possible l’utilisation de la musique dans le film. Ainsi, le maestro américain n’aura composé en tout qu’à peine 30 minutes de musique pour « Saving Private Ryan ». La musique traite en réalité des souvenirs du soldat Ryan de cette terrible guerre. C’est pourquoi, pour souligner l’idée d’un souvenir estompé par le temps, la musique crée une sorte de décalage sur les scènes qu'elle traite. Et puis, étrangement, la musique n’a rien de véritablement bouleversant ou d’émouvant dans le film, elle demeure plutôt douce et retenue, incroyablement calme, trop calme d'ailleurs, faisant ressortir par contraste la dureté de l'histoire. Bref : point de patriotisme ici ou même de grandes envolées orchestrales, et encore moins de passages martiaux. Le score se compose essentiellement de plusieurs morceaux très longs tournant essentiellement autour d'incessants dialogues de cordes/cuivres pour la plupart des morceaux du film. A noter tout de même quelques pièces plus sombres comme « Defense Preparations » ou « Tthe Last Battle ».

Cette approche originale de la musique aurait put réussir au film si John Williams avait su donner une plus grande force ou une plus grande profondeur à ses morceaux. Malheureusement, une bonne partie du score s'enlise dans des mouvements orchestraux interminables et ennuyeux (faisant parfois plus de 8 ou 10 minutes !), la musique s’avérant curieusement assez inefficace sur certaines scènes du film. En bref, c'est reposant, trop reposant, et aussi très ennuyeux, car si la musique reste toujours bien écrite - comme toujours chez John Williams - la musique semble trahir un manque d’idée flagrant, une monotonie décevante de la part du maestro. On retrouve tout au long de ces morceaux une mélodie faisant office de thème et entendu tout au long du film, mais qui ne renvoie nullement à la dureté poignante du film, la musique s’avérant alors peu parlante sur les images. A vrai dire, certains passages du film possèdent une intensité telle qu’il aurait été tout simplement inapproprié d’utiliser une musique à cet endroit. C'est donc ici une grande exception qui s'opère dans le film de Spielberg : l'emprise des images sur la musique et non l'emprise de la musique sur les images : décevant !

Fort heureusement, aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est au moment où l’on s'y attend le moins que le compositeur nous offre une bien belle surprise ! Le générique de fin nous révèle enfin l’un des plus beaux morceaux et aussi l’un des thèmes les plus magnifiques que John Williams ait jamais écrit pour un film de Steven Spielberg : il s'agit bien entendu du magnifique et célèbre « Hymn to the Fallen », écrit en mémoire aux milliers de soldats américains tombés au combat et qui se sont battus pour la France afin de libérer l’Europe de l’Allemagne nazie. Le morceau commence sur une fanfare délicate et mélodieuse. Puis petit à petit, l'élément symbolisant les soldats apparaît enfin. Une chorale discrète fait alors son apparition. On assiste dans le morceau à une magnifique progression émotionnelle. Après une incroyable ascension grandiose de l'orchestre et des choeurs, on atteint enfin le paroxysme : la chorale chante alors de toutes ses forces. Impossible dès lors de ne pas ressentir le moindre frisson à l’écoute de ces passages plus grandioses de « Hymn to the Fallen ». Rarement un film nous aura donné à entendre une musique aussi poignante et bouleversante, d’une beauté aussi extrême. John Williams représente dans ce morceau la guerre et la souffrance des pertes humaines. Dans un recueil élégiaque des plus bouleversants, le maestro rend personnellement hommage à la mémoire de tous ces soldats tombés au champ d'honneur et mort pour la France. La fin de l'Hymne revient enfin sur le thème développé pendant tout le film à la trompette. Dommage cependant qu’il faille attendre le générique de fin pour enfin entendre un grand morceau digne de ce nom dans « Saving Private Ryan » !

En bref, pour conclure, si il y'a une seule raison qui vaille le coup d'acheter cet album, ce serait la présence du magnifique hymne : John Williams n'a pas composé sa partition la plus inspirée ni sa plus géniale pour le film de Spielberg, mais rien qu’à lui seul, l’hymne vaut clairement le coup d'être hissé au rang des plus grands chefs-d'oeuvre de la musique de film, une musique absolument magnifique et bouleversante, qui rappelle encore une fois le talent et la sensibilité d’un compositeur au sommet de son art, ayant atteint une maturité étonnante tout au long de ces décennies au service de la musique de film et du cinéma de Steven Spielberg !



---Quentin Billard