1-Rambo Theme 3.31
2-No Rules of Engagement 7.09
3-Conscription 2.56
4-The Rescue 4.01
5-Aftermath 2.36
6-Searching for Missionaries 7.03
7-Hunting Mercenaries 2.41
8-Crossing Into Burma 6.57
9-The Village 1.44
10-Rambo Returns 2.42
11-When You Are Pushed 2.26
12-The Call to War 2.50
13-Atrocities 1.41
14-Prison Camp 4.42
15-Attack on the Village 3.02
16-Rambo Takes Charge 2.23
17-The Compound 7.46
18-Battle Adagio 3.07
19-Rambo Main Title 3.26
20-Rambo End Title 2.59

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Lions Gate Records 20014

Score produit par:
Brian Tyler

Artwork and pictures (c) 2008 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***
RAMBO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Après le succès du récent ‘Rocky Balboa’, Sylvester Stallone souhaitait revenir une dernière fois sur l’autre personnage mythique qui a fait sa gloire au cinéma : John Rambo. Il aura finalement fallu attendre plus de 18 ans pour que Stallone rempile à nouveau dans ce quatrième opus qui s’avère être une véritable claque intégrale, rattrapant toutes les tares des deux opus précédents. Si ‘Rambo II’ était une relecture honteuse de la guerre du Vietnam revue à la sauce ‘reaganienne’ et ‘Rambo III’ un navet absolu qui n’a même pas réussi à toucher son public, ‘John Rambo’ est un étonnant retour aux sources pour Stallone qui a décidé de passer derrière la caméra pour l’occasion afin de livrer un dernier opus plus personnel, censé faire ses adieux à son personnage fétiche. Sly avoua dans une récente interview que ‘Rambo III’ n’était pas le film qu’il aurait voulu faire. Cet opus tourné en 1988 s’intéressait à l’origine au conflit en Afghanistan, mais il fut très vite dépassé par la logistique infernale hollywoodienne et l’appât du gain toujours grandissant. C’est pourquoi Stallone tenait finalement à tourner ce quatrième opus lui-même afin de revenir à une vision plus brutale, personnelle et sans concession du personnage de John Rambo. Cette fois-ci, Sly s’est intéressé à l’un des conflits les moins médiatisés au monde, la guerre civile en Birmanie, qui oppose depuis plus de 60 ans les rebelles du peuple karen à la junte militaire qui multiplie les massacres et les génocides, massacres maintes fois condamnés par l’ONU mais qui n’ont jamais pu être refreinés. Avec ‘John Rambo’, Sly voulait avant tout montrer l’horreur de la guerre dans toute son étendue, sans aucun artifice hollywoodien et surtout, sans édulcorant ! Ici, les corps sont mutilés, déchiquetés, éclatés en mille morceaux, le sang et les tripes coulent à flot. Rares sont les films d’action hollywoodiens à avoir eu l’audace de montrer les atrocités de la guerre avec une telle violence. On ne s’attendait surtout pas à cela sur ce quatrième opus des aventures de John Rambo, qui demeure après tout l’icône absolue du film d’action U.S. bête et méchant, parodié à maintes reprises auparavant ! Et pourtant, Sly a su relever le défi avec brio en nous offrant un film d’action radical, barbare, primitif, extrêmement violent et dérangeant.

Dommage cependant que le réalisateur se contente de montrer simplement la violence dans son état brut sans prendre le temps de réfléchir à la portée de ses images. La question reste toujours en suspend et le débat ouvert : suffit-il de montrer la violence pour condamner la violence ? On ressort néanmoins vidé de la vision de ce film sanguinaire dans lequel Rambo s’accorde enfin avec lui-même et reconnaît qu’il a le goût du sang et des tueries en lui, tentant de s’accepter enfin tel qu’il est : un anti-héros absolu, un solitaire abandonné par tous, même par son propre pays, et surtout, un homme droit aux idées figées : pour lui, seul des armes peuvent permettre de changer le monde ; combattre le mal par le mal, voici le credo de John Rambo, un discours typiquement américain bien sûr, mais que Stallone montre ici sans complaisance aucune, et sans aucune forme de jugement moral. Il veut que la violence fasse mal et cela se ressent tout au long du film. A ce sujet, signalons trois scènes d’anthologie à ne pas manquer dans ce film : la séquence éprouvante du massacre des villageois au début du film (Sly va même jusqu’à montrer les militaires birmans jeter des bébés dans des flammes !), la séquence de la gigantesque explosion de la bombe en plein milieu de la jungle, et la bataille finale d’une brutalité inouïe. Dommage cependant que le film paraisse si court, et que le personnage de Rambo soit finalement mis en retrait par rapport aux mercenaires qui l’accompagnent tout au long du film.

Si Jerry Goldsmith était encore de ce monde à l’heure actuelle, il aurait probablement signé la musique de ‘John Rambo’. Mais c’est finalement le jeune Brian Tyler qui fut choisi pour composer la musique de ce quatrième opus ultra violent. Après les récents ‘War’ et ‘Aliens vs Predator Requiem’, Tyler se retrouve sur ‘John Rambo’ pour lequel il signe un nouveau score d’action efficace mais très fonctionnel, d’une grande intensité à l’écran mais à des années lumières de la qualité des précédentes compositions de Jerry Goldsmith. Hommage oblige, Tyler reprend ainsi le célèbre thème principal de Goldsmith associé à Rambo, mélodie poignante qui demeure l’un des plus beaux thèmes écrits par le maestro californien au cours de sa carrière riche et exemplaire. C’est donc avec une certaine émotion que l’on retrouve ce fameux thème de trompette solitaire et mélancolique dans ‘Rambo Main Title’ dès le générique de début du film, toujours accompagné par sa guitare et ses cordes amples. A noter que le morceau enchaîne ensuite avec le nouveau thème original écrit par Brian Tyler pour le film, un thème particulièrement émouvant et élégiaque qui évoque à la fois l’homme blessé et solitaire qu’est John Rambo et le caractère tragique de la guerre. Tyler signe pour ‘John Rambo’ un thème simple mais néanmoins poignant, probablement l’un des plus beaux thèmes que le musicien ait écrit à ce jour pour un film, et ce même si le dit thème est loin d’égaler la beauté de la mélodie d’origine de Jerry Goldsmith. A noter pour finir que Tyler a aussi écrit un motif plus sombre et secondaire associé aux tourments de Rambo, et qui évoque son engagement dans un nouveau conflit qu’il aurait souhaité évité, mais qui s’avère à nouveau inévitable pour lui. Tyler développe plus particulièrement ce thème au cours des morceaux d’action d’une puissance typique des scores action du compositeur.

De l’action, la partition de ‘John Rambo’ n’en manque pas, avec pour commencer un morceau incontournable illustrant la bataille finale, ‘No Rules of Engagement’, 7 minutes de frénésie musicale pure au cours de laquelle Tyler utilise des percussions tribales/exotiques associées aux décors birmans du film et qui renforcent particulièrement à l’écran la violence crue des images. L’orchestre demeure comme toujours chez Tyler dominé par un mélange cordes/cuivres/percussions avec très peu de bois pour colorer les orchestrations. A noter de nombreux rebondissements rythmiques particulièrement excitants – changements de mesure, de tempo, etc. - qui permettent à Brian Tyler de suivre le crescendo de violence de l’ultime confrontation contre les soldats birmans. Niveau thématique, ‘No Rules of Engagement’ développe plus particulièrement le thème sombre de Rambo dans des variantes cuivrées guerrières à souhait. Petite surprise : le retour bien pensée du thème martial de ‘Rambo II’ de Jerry Goldsmith vers la fin du morceau, illustrant la mort du méchant. Dans un genre similaire, ‘The Rescue’ développe plus particulièrement les rythmes de percussions exotiques/tribales pour évoquer la violence des affrontements contre les soldats birmans durant la séquence où Rambo et les mercenaires partent libérer les américains retenus prisonniers dans la jungle. Certains passages comme ‘Searching For Missionaries’ sont plus typiques du côté suspense/atonal de Tyler, avec des passages qui ne sont pas sans rappeler le récent ‘Aliens vs Predator Requiem’. Idem pour ‘Hunting for Mercenaries’ et ses rythmes action à la ‘War’, typiques de Brian Tyler. A noter que ‘Hunting for Mercenaries’ correspond à une incroyable montée de tension pour l’une des scènes d’anthologie du film (l’explosion de la bombe de la seconde guerre mondiale en plein cœur de la jungle). Certains passages plus atmosphériques demeurent comme toujours chez Tyler plus fonctionnels et peu intéressants en soi, tels que ‘Crossing Into Burma’, ‘Prison Camp’ ou ‘The Call to War’ (qui développe un thème de trompettes repris du ‘First Blood’ de Jerry Goldsmith). L’émotion demeure néanmoins présente dans des morceaux tels que ‘Aftermath’, ‘Battle Adagio’ pour le puissant final du film, ou le poignant ‘Attack on the Village’, avec son ralenti élégiaque typique des films de guerre d’aujourd’hui. A noter la reprise du thème élégiaque accompagné ici par une voix féminine plaintive (on ne peut s’empêcher de penser ici au ‘Thin Red Line’ de Hans Zimmer !).

Vous l’aurez donc compris, Brian Tyler signe un score efficace mais très fonctionnel pour ‘John Rambo’. Comme on pouvait s’y attendre, la musique de Tyler est extrêmement différente du style instauré par Jerry Goldsmith sur les trois premiers opus de la saga et demeure techniquement bien pauvre en comparaison du travail colossal fourni par le maestro californien sur les trois premières aventures de John Rambo. Qu’à cela ne tienne, Tyler s’adapte à l’esprit radical et brutal de ce quatrième film et signe un score enlevé, parsemé de grands moments d’émotion (‘Battle Adagio’ et sa puissante reprise poignante du thème élégiaque), de touches exotiques/tribales et de morceaux d’action frénétiques typiques du compositeur. Hélas, comme sur le récent ‘Aliens vs Predator Requiem’, on regrettera le manque total d’ambition et d’idée d’un compositeur à la technique somme toute assez pauvre, accumulant les facilités coup sur coup – un contrepoint peu développé, beaucoup de doublures dans le jeu des instruments et les orchestrations, etc. – Il faut dire que passer après trois partitions monumentales signées Jerry Goldsmith n’était guère chose aisée, d’autant que Brian Tyler n’était certainement pas le compositeur le plus approprié pour ce type de défi (quid de Joel McNeely ou même de James Newton Howard ?). En conclusion, la musique de ‘John Rambo’ apporte un surplus d’énergie et d’émotion à un film extrêmement brutal et éprouvant, mais pêche un peu par ses facilités et son intérêt quelconque, hélas bien trop représentatif d’un style musical hollywoodien moderne qui semble s’essouffler de plus en plus.



---Quentin Billard