1-Writing the Chronicles 3.02
2-So Many New Worlds Revealed 5.11
3-Thimbletack and the Goblins 5.15
4-Hosqueal's Warning
of a Bargain 5.15
5-Discovering
Spiderwick's Secret 3.24
6-Dark Armies from the
Forest Attack 3.06
7-Burning the Book 2.43
8-A Desperate Run Through
The Tunnels 4.47
9-Lucinda's Story 6.01
10-The Flight of the Griffin 6.55
11-Escape from the Glade 4.44
12-The Protective Circle
is Broken 2.07
13-Jared and Mulgarath
Fight for the Chronicles 4.17
14-Coming Home 6.17
15-Closing Credits 8.22

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Lakeshore Records LKS 33980


Album produit par:
James Horner
Simon Rhodes
Montage musique:
Jim Henriskon

Artwork and pictures (c) 2008 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
THE SPIDERWICK CHRONICLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Surfant sur la mode des adaptations de romans illustrés au cinéma, « The Spiderwick Chronicles » nous plonge dans un univers fantastique peuplé de créatures belliqueuses et de trolls bougons. Helen Grace vient de s’installer avec ses trois enfants, Jared, Simon et Mallory dans une nouvelle demeure héritée de leur grand-oncle, le prestigieux naturaliste Arthur Spiderwick. Les Grace démarrent alors une nouvelle vie dans cette grande maison peuplée de mystères insondés, jusqu’au jour où les enfants finissent par faire une découverte étrange : un farfadet se cacherait dans les murs de la maison, protégeant le secret lié à un vieux grimoire entreposé au fond d’une malle dans le grenier. Le grimoire aurait été rédigé par Arthur Spiderwick en personne et détaille tout ce qui a trait au monde merveilleux et invisible qui nous entoure : lutins, farfadets, fées mais aussi gnomes et ogre maléfique. Mais parce qu’il en savait beaucoup trop, Arthur Spiderwick disparut sans jamais laisser de trace. Quelques décennies plus tard, les enfants Grace reprennent le flambeau et décident de braver les interdits en ouvrant le grimoire maudit, déclenchant ainsi la fureur des créatures démoniaques de ce monde invisible aux yeux des humains, créatures commandées par le cruel ogre Mulgarath. Ce dernier cherche à récupérer le précieux grimoire afin de prendre le contrôle de notre monde. Il décide alors de se lancer à l’assaut de la résidence des Grace, épaulé par sa meute de monstres déchaînés, prêts à tout pour mettre la main sur ce livre tant convoité.

« The Spiderwick Chronicles » demeure un spectacle grandement efficace de bout en bout. On y retrouve comme d’habitude le jeune Freddie Highmore, nouvelle coqueluche du cinéma de divertissement pour jeune public, qui enchaîne depuis quelques années des projets similaires à un rythme effréné (on l’a vu récemment dans « Charlie and the Chocolate Factory » ou bien encore « Arthur et les Minimoys »). Le réalisateur Mark Waters est parti d’une série de cinq romans illustrés, cosignés par l’écrivain dessinateur Tony DiTerlizzi et la romancière Holly Black pour créer un univers invisible, mystérieux et intriguant, rempli de secrets, de magie et aussi de terreur. Même si le film s’adresse à un jeune public, il demeure somme toute particulièrement sombre et assez brutal : fort heureusement, on évite le cliché des touches d’humour infantilisantes pour adopter un ton somme toute assez sérieux et magique, un univers qui n’est pas sans rappeler le récent « The Bridge of Terabithia ». Mais le point fort du film réside dans les effets spéciaux, d’une qualité ahurissante. C’est la société ILM qui s’est chargé de créer les nombreux effets numériques du film, avec la participation de l’incontournable Phil Tippett, à qui l’on doit déjà quelques prouesses techniques mémorables sur « Jurassic Park », « Willow », « Robocop » ou bien encore « Starship Troopers ». Au final, « The Spiderwick Chronicles » demeure un film d’aventure intense et captivant, révélant un univers féerique riche, intriguant et terrifiant à la fois. Une belle réussite, en somme !

James Horner s’est vu offrir avec « The Spiderwick Chronicles » l’occasion de revenir à un style qu’il n’avait pas vraiment exploité depuis de nombreuses années : la musique de film d’aventure. L’auteur des partitions musicales de « Willow » et « Krull » renoue sur le long-métrage de Mark Waters avec un grand style symphonique à l’ancienne, riche et raffiné, une grande bouffée de fraîcheur dans un paysage musical hollywoodien décidément bien pauvre ces derniers temps. Les fans de l’inénarrable James Horner seront donc ravis d’apprendre que le compositeur est en pleine forme sur « The Spiderwick Chronicles », sortant l’artillerie lourde pour une grande partition symphonique mélangeant action, émotion et grandes envolées orchestrales. Le score de « The Spiderwick Chronicles » s’affirme d’emblée comme une sorte de grande partition de musique classique écrite pour un film. Horner s’inspire du style de maîtres du genre (Prokofiev, Dukas, Debussy) pour créer une texture symphonique qui n’est pas sans rappeler la magie de « The Pagemaster » ou la fantaisie légère de « Casper ». Dès « Writing the Chronicles », Horner annonce la couleur : orchestre agité et très coloré (tous les pupitres instrumentaux sont utilisés, incluant le traditionnel célesta pour le côté « magique » du film) avec quelques touches synthétiques discrètes et mystérieuses, de quoi permettre au compositeur d’introduire l’histoire du grimoire d’Arthur Spiderwick sur un ton un peu léger et mystérieux à la fois. Les quelques touches électroniques permettent au compositeur de suggérer l’ambiance fantastique/aventure du film. On y découvre aussi le premier thème du score, une sorte de motif énigmatique de 3 notes avec un glissando descendant très bref de cordes, motif qui sera associé tout au long du film aux secrets du grimoire tant convoité.

Dès lors, Horner installe tranquillement sa thématique dans « So Many New Worlds Revealed » où l’on retrouve le style agité et coloré du début avec une certaine virtuosité dans le maniement de l’écriture orchestrale - et toujours à la manière des grands maîtres, chose rare de nos jours à Hollywood ! « So Many New Worlds Reveald » évoque l’émerveillement du jeune enfant lorsqu’il découvre les secrets du grimoire de Spiderwick, Horner nous offrant pour l’occasion une belle envolée lyrique et magique assez savoureuse. Le compositeur n’hésite pas à verser dans la fantaisie pure avec « Thimbletack and the Goblins » pour la rencontre entre Jared et le petit gnome invisible. Quelques touches de mickey-mousing plein de fraîcheur et une utilisation inattendue et sautillante d’un clavecin permettent à James Horner d’évoquer avec légèreté la rencontre entre l’enfant et le farfadet. On nage ici en pleine fantaisie musicale, un genre dans lequel le compositeur a toujours particulièrement excellé. La dernière partie du morceau, plus agressive et dissonante, nous permet de découvrir la seconde facette de la partition de « The Spiderwick Chronicles » : une musique plus atonale et violente, qui renoue avec les moments sombres de « Jumanji » ou même de passages martiaux à la « Aliens ». Horner évoque de façon très menaçante les monstrueuses créatures de Mulgarath. Malgré tout, il ne délaisse pas la fantaisie pour autant en nous offrant dans « Hoqsqueal’s Warning of a Bargain with Mulgarath » une sorte de petite marche joyeuse et un peu grotesque, qui évoque le personnage de Hoqsqueal, la créature à tête de cochon. On retrouve ici la dérision d’un Stravinsky tendance « Petrouchka » et les couleurs orchestrales d’un Moussorgsky. Horner se fait plaisir et cela s’entend. A noter le mélange tuba/harmonica dans les orchestrations de la marche grotesque de Hoqsqueal, un cocktail étonnant qui fonctionne aussi bien musicalement qu’à l’écran.

L’action prend rapidement le dessus avec le martial et agressif « Dark Armies from the Forest Attack », qui illustre avec fougue l’attaque des créatures maléfiques de Mulgarath. A noter ici l’utilisation habituelle des enclumes et autres percussions métalliques chères à James Horner, et qui rappellent ici aussi ce mélange entre « Jumanji » et « Aliens ». La musique demeure étonnamment sombre et agressive pour une production familiale de ce genre, preuve que le film de Mark Waters s’avère être décidément bien noir pour n’être qu’un simple conte de fée. La tension de l’affrontement avec les monstres s’amplifie dans « Burning the Book » où l’on retrouve le motif de clavecin ironique du farfadet, tandis que les cuivres résonnent de façon plus menaçante avec les percussions métalliques et martiales qui suggèrent l’idée d’une armée de monstres prête à tout dévaster sur son passage pour retrouver le précieux livre et ses secrets. Du coup, « A Desperate Run Through the Tunnels » n’est que la conclusion logique de cette montée de tension pour la séquence de la poursuite dans les tunnels, nouveau morceau d’action explosif et particulièrement intense, qui ravira les fans du genre (offrant à Horner l’occasion de revenir à un style plus martial et musclé hérité d’Aliens ou « Willow »). A contrario, « Lucinda’s Story » calme le jeu en reprenant le thème intime de la famille Grace. On découvre aussi un autre thème majeur de la partition d’Horner, une sorte de mélodie nostalgique et mélancolique de hautbois associé aux enfants Grace, suggérant avec finesse le fossé qui sépare les trois enfants de leur mère, obligé d’élever seule ses trois rejetons (on appréciera une très belle reprise de ce thème au piano à la fin du morceau). Seule ombre au tableau, aussi touchant qu’il soit, ce thème mélancolique est repris note pour note d’un thème que James Horner avait écrit pour le film « Casper ». Comme d’habitude, le compositeur n’hésite à puiser dans les mélodies de ses œuvres du passé pour recycler des musiques préexistantes, un concept que le musicien a mis lui-même en place dès ses début dans les années 80, concept qui tourne hélas en rond depuis bien trop longtemps maintenant.

« The Flight of the Griffin » permet à Horner d’écrire une grande envolée orchestrale majestueuse, aérienne et triomphante lorsque les enfants embarquent sur le dos du griffon et partent à la rencontre d’Arthur Spiderwick. « The Flight of the Griffin » demeure incontestablement l’un des moments-clé du score de « The Spiderwick Chronicles », où l’on découvre un nouveau thème de cordes ample et aérien associé au griffon, apportant une grande d’espoir entre deux morceaux d’action sombres et agressifs. Les créatures de Mulgarath attaquent à nouveau dans le tonitruant « The Protective Circle is Broken », illustrant avec férocité l’attaque finale de la maison des Grace. Horner joue une fois de plus avec les différents pupitres de son orchestre et nous offre une musique particulièrement riche et colorée, bourré de rebondissements, de rythmes haletants et de trouvailles mélodiques astucieuses. La musique demeure particulièrement intense à l’écran, amplifiant le sentiment de climax de la bataille finale avec une violence rare chez le compositeur. « Jared and Mulgarath Fight for the Chronicles » n’hésite pas à basculer dans la dissonance pure pour la confrontation finale entre l’ogre et le jeune Jared, morceau d’action explosif qui nous renvoie aux passages les plus sombres de « Willow » et « Aliens », à grand renfort de clusters, de cuivres massifs et d’enclumes. Horner en profite ainsi pour renforcer le côté totalement démesuré de cette bataille finale sur le toit de la maison, avec une intensité constante. Les idées mélodiques s’entrechoquent comme pour rappeler l’idée du combat entre le bien et le mal. « Coming Home » nous permet finalement de retrouver les principaux thèmes du score dans une conclusion plus joyeuse et paisible : la marche grotesque et amusante de Hogsqueal pour commencer, puis le thème familial, le thème mélancolique à la « Casper » (qui devient plus présent sur la fin du film), le motif de clavecin du farfadet et le thème aérien du griffon, thème qu’Horner reprendra en ouverture de « Closing Credits » pour une coda sans grande surprise.

« The Spiderwick Chronicles » demeure au final une bien belle surprise de la part d’un James Horner que l’on n’avait pas entendu aussi inspiré depuis près d’une décennie maintenant. Les dernières partitions du compositeur étaient bien loin de faire l’unanimité, à tel point que l’on se demandait même si James Horner n’était plus qu’un has been bon à mettre à la retraite. « The Spiderwick Chronicles » inverse ainsi la tendance pour une partition ô combien fraîche, intense, riche et inventive. Certes, le compositeur s’inspire du style classique des musiciens russes du 19ème siècle (ses sources d’inspiration habituelles) et reprend une mélodie qu’il avait déjà écrite pour un autre film (« Casper »), mais la musique apporte une telle vitalité et une telle énergie au long-métrage de Mark Waters que l’on peut qu’apprécier l’effort fourni par le compositeur qui, sans chercher à se renouveler, parvient encore à nous étonner avec une partition qui respire la magie, le mystère et le frisson. Sans être un grand chef-d’oeuvre du genre, « The Spiderwick Chronicles » s’apparente pourtant à un véritable double exploit : réussir enfin à faire sortir James Horner de la léthargie musicale dans laquelle il s’est englué depuis ces 10 dernières années, et renouer avec un grand style symphonique classique savant, riche et raffiné, c’est un record pour un compositeur extrêmement critiqué, à qui on reproche aujourd’hui de tout faire pour éviter de se remettre en question. C’est fort possible, et pourtant, le résultat est là : James Horner nous livre une partition d’aventure magique, sombre et féerique, une partition symphonique à l’ancienne qui devrait réconcilier les béophiles avec un compositeur qui, décidément, n’a pas dit son dernier mot !


---Quentin Billard