1-Ave Maria 2.04
2-I Take Out The Trash 2.23
3-The Belicoff Assassination 2.24
4-Roses for Nika 3.09
5-Random Complication 2.52
6-New Suit 1.17
7-Train Station
(Bite Your Tongue) 4.36
8-Istanbul 1.45
9-Table 26 2.25
10-Best Laid Plans 1.38
11-Undress Me 2.42
12-I Need You To Die 2.10
13-My Number Is 47 2.27
14-Trust Unto God
(Udre's Funeral) 2.22
15-Rubber Duckie 1.32
16-Righteous Buttkicking 2.11
17-Denouement 3.28

Bonus Track

18-Ave Maria 4.11*

*Interprété par Christina England.

Musique  composée par:

Geoff Zanelli

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1064

Produit par:
Geoff Zanelli
Musique additionnelle:
Ryeland Allison,
Bobby Tahouri

Assistant mixage musique:
Greg Vines

Artwork and pictures (c) 2007 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: **1/2
HITMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Geoff Zanelli
« Hitman » est une énième adaptation cinématographique d’un jeu vidéo à succès. Réalisé par le français Xavier Gens, et co-produit par la Fox et Europa Corp. (la boîte de production de Luc Besson), « Hitman » reprend les grandes lignes directrices du jeu d’origine avec un Timothy Olyphant assez épatant dans le rôle de l’agent 47. L’acteur mêle froideur extrême et charisme ambigu dans un rôle de composition qui lui sied comme un gant. L’ambiance générale du film s’inspire des thrillers géopolitiques des années 80, alors que l’histoire se déroule essentiellement dans les pays de l’Est. Le scénario de Skip Woods renoue avec celui du jeu d’origine : l’agent 47 est un mystérieux tueur professionnel totalement insaisissable. Arborant un costume noir, une chemise blanche et une cravate rouge, l’homme en question, crâne rasé avec un code barre tatoué sur la nuque, s’occupe d’un contrat en Russie lorsqu’il comprend que quelqu’un a essayé de le piéger. A l’origine, 47 devait assassiner un certain Belicoff, candidat politique aux élections russes. Mais lorsqu’il comprend que c’est Belicoff lui-même qui lui a tendu un piège, le tueur à gage décide de bousculer ses propres règles et de découvrir la vérité coûte que coûte. Pendant ce temps, des policiers d’Interpol continuent de le traquent avec acharnement, en même temps que les services secrets russes et les tueurs de sa propre agence.

Au final, que reste-t-il vraiment du film, en dehors de quelques scènes d’action explosives et virtuoses ? Pas grand chose…les dialogues sont d’une nullité affligeante, le scénario demeure confus et l’interprétation des acteurs laisse parfois à désirer (avec un Dougray Scott en tête, qui semble ne pas vraiment y croire !). Certes, c’est violent, c’est rapide, cela s’inspire des films de techno espionnage du moment (qui a dit « Jason Bourne » ?), mais le film n’a aucune personnalité et ne retient jamais vraiment l’attention, un fait somme toute très décevant lorsqu’on sait que le jeune cinéaste Xavier Gens, auteur du très réputé « Frontières », est capable de faire bien mieux que cela. Une fois encore, force est de constater que l’exercice de l’adaptation cinématographique d’un jeu vidéo est toujours un genre extrêmement périlleux pour les artisans du cinéma. Et ce ne sont hélas pas les dernières adaptations en date (« Max Payne ») qui viendront nier cet état de fait.

A la musique de « Hitman », on retrouve Geoff Zanelli, plus connu pour avoir été pendant longtemps l’un des compositeurs de musique additionnelle pour les productions musicales « Remote Control/Media-Ventures » (made in Hans Zimmer). Pour information, Zanelli n’a eu qu’une dizaine de jours pour écrire la musique du film de Xavier Gens, avec le soutien de ses camarades de « classe » (Ryeland Allison et Bobby Tahouri à la musique additionnelle). Autant dire que le résultat final est logiquement proportionnel à la durée de gestation de la musique : décevant ! Zanelli accumule tous les clichés habituels des musiques d’action made-in MV pour un score fonctionnel et générique comme on en entend à la pelle aujourd’hui à Hollywood. La partition de « Hitman » utilise tout le lot habituel d’effets électroniques modernes, de samples électro et de partie orchestrale conventionnelle. L’unique surprise vient ici de l’arrangement du célèbre « Ave Maria » de Schubert qui introduit le générique de début avec une certaine émotion. Geoff Zanelli nous propose un remix électro assez efficace du morceau de Schubert, interprété par une voix angélique et fragile. Le morceau accompagne les images du générique de début, suggérant l’enfance corrompue de ces individus que l’on forme pour devenir de parfaites machines à tuer. A noter que le morceau a aussi été utilisé dans la bande-annonce du film.

« I Take Out The Trash » pose ainsi les bases du score de Zanelli avec des cordes sombres, une basse de synthé obsédante et quelques nappes électros mystérieuses, ambiance qui se prolonge dans « The Belicoff Assassination » où le thème principal fait son apparition, un motif entêtant d’une dizaine de notes joué aux cordes. Zanelli nous propose ici un arrangement plus électro/techno à l’aide de chœurs samplés et de quelques touches sonores évoquant les pays de l’est. Les cordes sont constamment présentes, soutenues par des rythmes électroniques suggérant la tension lors de la séquence de l’assassinat de Belicoff. Seule ombre au tableau : on se croirait ici en plein « Bourne Identity » de John Powell ! Zanelli reprend les formules musicales du score de Powell, à tel point que le thème lui-même rappelle celui de la saga « Jason Bourne ». Dès lors, Zanelli pose les bases de sa partition et continue de développer ses atmosphères musicales oscillant entre suspense (« Roses for Nika », « New Suit ») et action (« Random Complication » et l’explosif « Train Station » pour la scène de l’affrontement dans la gare).

L’omniprésence du thème, qui se ballade d’un morceau à un autre, permet d’apporter à la partition de « Hitman » une cohérence musicale forte, bien qu’on pourra parfois regretter le côté un peu trop répétitif du dit thème - le thème est associé dans le film à l’agent 47, évoquant sa détermination et son côté insaisissable. Un morceau comme « Train Station » nous propose en tout cas une série de développements minutieux autour de ce thème, traversé de rythmes électro/techno et de samples de chœur. Fort heureusement, Zanelli offre une alternative à sa mélodie principale en créant un Love Theme pour le très beau « Istanbul », illustrant la romance tourmentée entre agent 47 et la belle Nika (Olga Kurylenko). Ici aussi, on ressent l’influence flagrante de John Powell dans la mélodie intime de Zanelli, une influence probablement dû aux temp-tracks du film...Le Love Theme demeure assez peu présent tout au long du film, mais permet néanmoins de respirer entre deux morceaux d’action/suspense. A noter l’utilisation de voix féminines sensuelles dans « Undress Me », lors d’une scène dans laquelle Nika tente de séduire l’agent 47 par le langage du corps, mais en vain. On retrouve ensuite le mystérieux motif de 3 notes de « I Take Out The Trash » ainsi que le thème principal toujours joué aux cordes. L’action reprend alors le dessus dans l’excitant « I Need You To Die » avec ses rythmes techno survoltés illustrant les exploits de 47, sans oublier le massif « Righteous Buttkicking » où le thème atteint son apogée au cours de l’affrontement final dans la cathédrale. L’accalmie survient enfin grâce à « Denouement » où Geoff Zanelli résume l’essentiel de sa partition en reprenant le motif mystérieux de 3 notes et le thème principal de cordes.

La musique de « Hitman » remplit donc parfaitement le cahier des charges mais demeure incroyablement peu inspirée, et ce de bout en bout. Zanelli applique les recettes du score synthético-orchestral à la règle mais prouve une fois encore à quel point le style action Media-Ventures/Remote Control semble décidément tourner en rond depuis ces cinq dernières années. Le score apporte son lot de tension, d’action et de suspense au film de Xavier Gens mais sans jamais réussir à sortir de son caractère indubitablement fonctionnel – pour ne pas dire simplement alimentaire. Le fait même que la partition ait été écrite dans l’urgence n’arrange rien à l’affaire, bien au contraire. La musique de « Hitman » souffre d’une pauvreté d’idées musicales assez impressionnante, même si l’on se surprendra à siffloter de temps à autre le thème principal, rabâché ad nauseum tout au long du film. Mais pour une production aussi bateau, on aurait pu s’attendre à bien pire ! Au final, le score de Geoff Zanelli pour « Hitman » atteint ses objectifs dans le film mais ne laissera aucun souvenir particulier à l’auditeur/spectateur, un score extrêmement fonctionnel à réserver en priorité aux inconditionnels des musiques action de chez MV !



---Quentin Billard