1-Journey Theme 1.16
2-Morning Routine 1.13
3-Max's Things 1.55
4-Iceland 2.28
5-Hannah & The Institue 1.11
6-Climbing Sneffels 1.30
7-Trapped 2.56
8-Rope Descent 2.10
9-The Generator 2.26
10-Mine Car Adventure 2.37
11-Diamonds and Muscovite 1.53
12-Water Drop 3.10
13-The Center of the Earth 4.44
14-Mushroom House and Artifacts 3.52
15-Goodbye Max 2.44
16-Building The Raft 3.45
17-Storm 3.24
18-The Search for Sean 4.00
19-Magnetic Rocks 3.45
20-Meet At The River 3.12
21-Dinosaur! 2.59
22-Skull Rescue 2.00
23-Volcano 4.00
24-The Return 4.00

Musique  composée par:

Andrew Lockington

Editeur:

Silva Screen SILCD1269

Score produit par:
Andrew Lockington
Supervision musicale:
Lindsay Fellows
Producteur exécutif:
Eric Brevig
Montage musique:
Stephen Lotwis
Directeur de la musique pour
New Line Records:
Jason Linn
Direction du score:
Sandeep Sriram

Artwork and pictures (c) 2008 New Line Productions Inc./Walden Media LLC. All rights reserved.

Note: ****
JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andrew Lockington
Après une première version en 1960, revoici « Journey to the Center of the Earth » (Voyage au centre de la terre), adaptation cinématographique du célèbre roman de Jules Verne réalisé par Eric Brevig, un grand spécialiste des effets spéciaux à Hollywood qui signe ici son premier long-métrage. Pour cette nouvelle version 2008, il s’agissait d’offrir à l’histoire de Jules Verne un éclairage nouveau en utilisant la technologie 3D afin d’offrir au spectateur une expérience visuelle complète et totale. Ainsi, le film a été exploité à travers deux versions, une, normale, et l’autre, en relief 3D tout bonnement spectaculaire, inspiré des films IMAX. « Journey to the Center of the Earth » s’inspire donc de l’histoire du roman d’origine et nous propose un univers totalement nouveau et imaginaire, en plein cœur du centre de la terre, à plus de 6 kilomètres sous la surface du sol. A noter qu’il s’agit du premier film à utiliser le Fusion System, un système de caméra totalement révolutionnaire, qui permet d’utiliser des images 3-D en ultra haute définition tout en offrant une maniabilité sans précédent pour les cinéastes. Au casting : l’indécrottable Brendan Fraser, un habitué des films d’aventure familiaux, décidément très prolifique ces derniers temps.

Si l’on met maintenant de côté l’aspect technique du film, qu’en est-il réellement de la qualité du produit final ? Hélas, on n’y croit pas une seule seconde, tant le film accumule les invraisemblances à une vitesse ahurissante. Comment peut-on par exemple justifier que des personnages se trouvent dans une caverne à plus de 120 degrés sans qu’ils brûlent ou qu’ils continuent de se déplacer comme si de rien n’était ? Comment peut-on croire une seule seconde que Max - le frère du héros dans le film - ait pu être enterré dans une caverne alors qu’il était seul dans ce lieu (Il aurait ressuscité pour s’enterrer lui-même ?). Bref, si le postulat de départ du film partait d’un bon sentiment - offrir un spectacle 3D total au public - « Journey to the Center of the Earth » échoue par son aspect visuel grotesque, son humour nunuche (le film est clairement orienté « public familial ») et son manque total de cohérence. Certes, c’est une fiction imaginaire, mais pour pouvoir s’immerger dedans, le public a aussi besoin d’y croire un minimum, d’autant que les effets spéciaux sont loin d’être réussi - on dirait une série-B d’aventure kitsch des années 90 !

C’est le jeune Andrew Lockington qui signe la musique de « Journey to the Center of the Earth ». Le compositeur canadien s’était déjà remarquer il y a quelques temps en signant la musique de « Skinwalkers » en 2006 après avoir écrit quelques musiques pour la série « 1-800-Missing ». Lockington sort l’artillerie lourde pour « Journey to the Center of the Earth » et nous offre une grande partition symphonique à l’ancienne. L’essentiel du score de Lockington s’articule autour du magnifique « Journey Theme » qui ouvre le film avec brio : une grande mélodie majestueuse et entraînante pour cuivres, cordes et choeurs, suggérant le début d’une grande aventure épique et spectaculaire, avec un côté un brin héroïque. A noter le soin apporté aux orchestrations (Lockington fut pendant longtemps orchestrateur pour Mychael Danna). Si l’on n’évite pas les traditionnelles touches de mickey-mousing plus ordinaires (« Morning Routine », « Max’s Things »), « Iceland » annonce le début de l’aventure avec quelques variations autour du thème principal dans des formules mélodiques plus lentes et douces aux vents. On ressent ici un certain sentiment d’excitation, de départ à l’aventure, lorsque Trevor et son jeune neveu Sean partent ensemble en Island sur les traces de Max, le frère de Trevor disparut au cours d’une expédition au centre de la terre. L’envolée majestueuse de « Climbing Sneffels » permet au compositeur d’évoquer la grandeur de la montagne Islandaise que gravissent ensemble Trevor, Sean et leur guide Hannah (Anita Briem), l’aventure étant toujours au rendez-vous. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de dévoiler le thème de l’exploration, qui sera présent tout au long du score.

La musique prend une tournure soudainement plus sombre avec « Trapped » lorsque le trio se retrouve piégé en plein milieu d’une caverne souterraine. Lockington utilise ici des cordes plus sombres et quelques variantes minorisées du thème afin de suggérer le danger et la menace qui pèsent sur les trois héros. L’action débute enfin avec « Rope Descent » avec ses rythmes excitants et ses percussions endiablées lors de la descente en rappel dans l’immense crevasse. La tension continue de monter d’un cran jusqu’à l’explosion finale du morceau, plus chaotique d’esprit, démontrant un savoir-faire évident de la part du compositeur dans le domaine des déchaînements orchestraux. « Mine Car Adventure » nous offre quand à lui plus de 2 minutes d’action pour la scène des wagons dans la mine. Excitante et intense, la musique laisse l’orchestre s’exprimer pleinement, Lockington privilégiant tous les pupitres de l’orchestre avec un savoir-faire rafraîchissant : on croirait entendre à plus d’une reprise du David Arnold (ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si l’on retrouve l’infatigable Nicholas Dodd aux orchestrations du score !). Au final, « Mine Car Adventure » est le premier morceau d’action-clé du score de « Journey to the Center of the Earth », apportant une intensité remarquable aux images du film.

L’ambiance se veut plus nuancée et contemplative dans « Diamonds and Muscovite » où les choeurs reviennent dans une atmosphère plus grandiose et onirique, lors de la découverte de la caverne aux diamants. Lockington continue de développer le thème de l’exploration, un thème majestueux et ample qui intervient à plusieurs reprises dans le film lors des grandes séquences d’exploration du film. Le compositeur continue de se faire plaisir en nous offrant des morceaux d’action démesurés et déchaînés comme « Water Drop » et ses quelques rythmes électroniques (morceau qui rappelle certains scores action de John Debney) ou le tonitruant « Storm » pour la traversée du lac souterrain, morceau épique qui reprend le thème d’action à grand renfort de cuivres massifs. « Storm » demeure indiscutablement l’un des morceaux incontournables du score de « Journey to the Center of the Earth », avec ses envolées héroïques/épiques du plus bel effet pour chœurs et orchestre - frissons garantis ! Dans le même ordre d’idée, « Building The Raft » (autre morceau incontournable du score) accompagne la séquence de la construction de la barque avec une série de développements puissants et musclés autour du thème principal. Le morceau illustre la détermination des héros à sortir de la galère dans laquelle ils se trouvent en se serrant tous ensemble les coudes. Lockington apporte à sa musique un sentiment fédérateur assez puissant et prenant, avec ses cors massifs à la David Arnold. Le morceau apporte aussi un sentiment d’espoir dans lequel on retrouve quelques envolées héroïques/grandioses qui annoncent clairement la grandeur de « Storm ». On sent à quel point le compositeur s’est fait plaisir en variant les ambiances, qu’il s’agisse des moments de danger, d’action ou de grandes envolées solennelles et aventureuses, à l’ancienne.

Des morceaux comme « The Center of the Earth » ou « Goodbye Max » et son piano délicat nous permettent de respirer un peu, apportant un peu d’émotion et d’intimité à un score somme toute très agité. A noter l’utilisation de quelques touches un peu impressionnistes grandioses au début du très prenant « The Center of the Earth », lorsque les trois héros découvrent le centre de la terre, émerveillés par tant de beauté et de mystères. La dernière partie du film nous permet d’entendre les derniers grands morceaux d’action de « Journey to the Center of the Earth » : « Magnetic Rocks » et ses sonorités sombres et menaçantes, « Dinosaur ! » et ses cuivres tonitruants, ou bien encore « Skull Rescue » et « Volcano », avec sa montée de tension pour la scène de l’évasion dans l’immense crâne (on retrouve ici aussi un style orchestral cuivré qui rappelle indubitablement David Arnold). Enfin, « The Return » marque la fin de l’aventure sur un ton plus léger et positif : cordes sautillantes pour commencer, puis reprise finale du thème principal dans une version à la fois joyeuse, légère et triomphante, idéal pour conclure la partition d’Andrew Lockington en beauté !

« Journey to the Center of the Earth » nous rappelle que les grandes partitions symphoniques à l’ancienne ont toujours leur mot à dire à Hollywood, et qu’il existe encore des compositeurs capables de maîtriser amplement l’écriture orchestrale à la façon des grands maîtres. Si Andrew Lockington n’est pas encore connu du grand public, il y a fort à parier que sa magnifique partition symphonique pour « Journey to the Center of the Earth » devrait lui ouvrir les portes d’Hollywood, un compositeur qui, bien qu’encore soumis à moult influences (David Arnold, John Debney, Danny Elfman), n’en demeure pas moins inspiré et manifestement très doué. On lui souhaite de réussir sa carrière à Hollywood et d’éviter les pièges de la facilité des musiques alimentaires, un piège dans lequel tombent trop souvent de jeunes compositeurs qui débutent dans la jungle hollywoodienne. C’est en tout cas tout le mal qu’on peut lui souhaiter !


---Quentin Billard