1-Max Attacks 3.53
2-Investigation 3.29
3-Payneful Piano 2.16
4-Colvin Quivers 3.33
5-Dethlab 2.32
6-Storming the Office 1.53
7-No Respects For You 2.37
8-Lupino Spreads His Wings 1.50
9-Max Returns Home 2.03
10-Factoring Max 1.47
11-Window Payne 3.32
12-Dark Heaven 2.47
13-Vote For Dennis 2.05
14-BB's Maxim 2.46
15-Max Marches On 2.23
16-Heaven To The Max 1.46
17-Topless Fanfare 3.10

Musique  composée par:

Marco Beltrami/Buck Sanders

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1080

Album produit par:
Marco Beltrami,
Buck Sanders

Artwork and pictures (c) 2008 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
MAX PAYNE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami/Buck Sanders
Après le récent « Hitman », c’est au tour du jeu vidéo « Max Payne » d’être adapté sur grand écran. Le film de John Moore reprend les grandes lignes du jeu d’origine, à savoir l’histoire d’un flic brisé prêt à tout pour retrouver ceux qui ont sauvagement assassiné sa femme il y a quelques années. Obsédé par sa quête de vengeance, Max mène sa propre enquête en descendant régulièrement dans les bas-fonds new-yorkais. Mais alors qu’il accumule les indices, Max se retrouve très vite confronté à de dangereux criminels qui consomment une drogue hallucinogène, la « Valkyrie ». Max va devoir affronter à son tour ses propres démons s’il espère mener à bien sa quête de vengeance et découvrir l’identité des assassins. C’est Mark Wahlberg qui incarne Max Payne dans le film. Comme d’habitude, l’acteur apporte une certaine profondeur à son personnage, mélangeant tristesse, colère et détermination avec brio. Niveau casting, on retrouve une Olga Kurylenko décidément très prisée ces derniers temps (vue récemment dans « Hitman » et « Quantum of Solace »), la charmante Mila Kunis dans le rôle de la gangster Mona Sax, sans oublier Beau Bridges dans la peau de l’ancien mentor de Max Payne (un Beau Bridges qui semble un peu paumé dans le film !).

Visuellement, le film étonne par son esthétique et sa plastique froide et glaciale, inspirée de celle du jeu d’origine. Il faut dire que « Max Payne » avait su innover dès sa sortie sur Playstation en proposant aux joueurs une atmosphère oscillant entre polar/film noir et aventure onirique/cauchemardesque. « Max Payne » était aussi le premier jeu à proposer le principe du bullet-time, crée par les frères Wachowski dans la trilogie « Matrix », une technique à laquelle le réalisateur John Moore fait d’ailleurs référence dans son film, en utilisant un nouveau procédé de caméra numérique Phantom qui permet de filmer plus de 1000 images/secondes. Le réalisateur joue sur les couleurs grisâtres, l’utilisation d’un filtre rouge lors d’une scène particulièrement violente, les images numériques pour les séquences d’hallucinations avec les démons ailés, etc. Seule ombre au tableau : l’histoire met pas mal de temps à démarrer et les dialogues sont d’une nullité affligeante. On se demande aussi quel était l’intérêt d’appeler un personnage principal « BB », sachant qu’une fois prononcé, cela ressemble soit à « baby » en V.O., soit à « bébé » en français - ridicule ! Bref, malgré une esthétique visuelle impressionnante et une interprétation sans faille de la part de Mark Wahlberg, on se lassera très vite de cette histoire de vengeance qui sent le déjà-vu à plein, d’autant que la qualité de certaines images numériques laisse quelque peu à désirer !

Marco Beltrami s’est associé cette fois-ci avec son acolyte Buck Sanders pour écrire la musique de « Max Payne », signant ici sa troisième collaboration avec John Moore après « Flight of the Phoenix » et « The Omen ». Pour « Max Payne », Beltrami a préféré mettre de côté l’approche orchestrale traditionnelle en optant pour une musique plus expérimentale et bruitiste, basée sur un long et minutieux travail de sound design. Pour se faire, les deux compositeurs ont utilisés toute une série d’effets électroniques déformés et triturés dans tous les sens afin de mieux faire ressentir à l’écran les tourments de Max Payne et l’univers visuel si particulier du film de John Moore. L’introduction (« Max Attacks ») est ainsi très représentative de l’ambiance de la partition de Beltrami et Sanders : nappes synthétiques glauques et obsédantes, cordes froides, basse électronique obsédante, jeu sur la stéréo, loop électro, tout semble avoir été mis en oeuvre pour décontenancer l’auditeur dès les premières minutes du film. A noter ici l’utilisation de cordes staccatos qui, mélangées sur fond de loop électro, apportent un certain punch à la scène où Max affronte le meurtrier de sa femme à la fin du film (curieusement, le premier morceau de l’album est aussi l’un des derniers à être entendu à la fin du film !). « Max Attacks » résume parfaitement l’ambiance musicale du score de « Max Payne » avec une intéressante fusion orchestre/synthétiseurs et ses rythmes modernes.

« Investigation » reprend les sonorités électroniques glauques de « Max Attacks » et les amplifie pour créer une ambiance plus sombre et noire en adéquation avec les images froides et délavées du film. A noter quelques touches musicales de pays de l’est pour le personnage de Natacha, un élément que l’on retrouvera plus ou moins tout au long du score. Beltrami en profite pour nous proposer ici un travail assez original sur les cordes du piano, utilisant quelques techniques inhabituelles afin de créer des sonorités inédites. La musique renforce par la même occasion le caractère onirique/cauchemardesque de certaines scènes du film, d’où l’omniprésence du sound design de Buck Sanders tout au long du film, et d’une approche anti-conventionnelle sur les images. « Payneful Piano » (à noter ici un jeu de mot dans le titre du morceau - un truc typique de Marco Beltrami !) nous propose quand à lui de nouvelles techniques de jeu autour du piano pour accompagner la mélodie mélancolique associée dans le film à Max Payne, et qui fait office de thème principal. L’utilisation d’un piano légèrement désaccordé rappelle curieusement ici certaines musiques du Ennio Morricone des années 70, un son délavé et sale qui pourrait quasiment faire penser aux vieux pianos de saloon du far-west américain. Poursuivant son exploration de sonorités inédites, Beltrami nous offre un morceau d’action sombre et agressif dans « Colvin Quivers », où sont passées en revue différentes techniques de jeu de cordes (staccato, clusters, glissandi en quart de ton, pizzicati, col legno, etc.) avec des cuivres massifs et des rythmes électroniques entêtants. La musique évoque ici aussi l’obsession de Max Payne, prêt à tout pour retrouver les assassins de sa femme. A noter ici quelques effets de doublures instrumentales des cordes particulièrement intéressant (marimba, instruments samplés, etc.), créant une sonorité particulière dans la musique comme à l’écran.

Beltrami et Sanders poursuivent ce travail de sonorités expérimentales dans « Dethlab » et ses cuivres rageurs/saturés (élément qu’on retrouve dans le très sombre « Lupino Spreads His Wings »), ou « Storming The Office » pour une très impressionnante scène de fusillade vers la fin du film. On retrouve ici la basse/loop électro/trance de « Max Attacks » avec des cordes sombres et agitées. Le compositeur n’en oublie pas pour autant la partie plus humaine et tragique de l’histoire de Max Payne avec le mélancolique « No Respects For You » dans lequel se combinent cordes/harpe et sonorités électroniques étranges et envoûtantes. On retrouve ici aussi une atmosphère onirique assez impressionnante et nuancée, comme pour suggérer que le souvenir de sa femme disparue continue d’hanter perpétuellement l’esprit de Max Payne (une idée développée à nouveau dans le tragique et torturé « Max Returns Home »). La musique devient alors plus agressive et menaçante dans « Factoring Max » pour la scène de la fusillade dans l’usine où se cachent Lupino et ses compères. On retrouve le motif de cordes staccatos de « Max Attacks » dans un nouveau morceau d’action aux rythmes électroniques soutenus. Idem pour « Max Marches On » qui évoque la détermination finale du héros, qui sait qu’il ira jusqu’au bout, et ce quel qu’en soit le prix. Beltrami et Sanders concluent leurs expérimentations avec l’étrange « Topless Fanfare » qui reprend le motif action de Max Payne et les loops électro du début dans une version particulièrement sombre, agressive et torturée. A noter pour finir un grand moment d’émotion dans la reprise du thème tragique de « Dark Heaven », un thème mélancolique de cordes comme Marco Beltrami sait si bien en faire !

Au final, si la partition de « Max Payne » ne laisse pas un souvenir impérissable, elle n’en demeure pas moins réussie de bout en bout bien qu’assez peu mise en valeur dans le film (où on la remarque assez peu finalement !). Beltrami et Sanders nous offrent un beau panel de possibilités sonores en oscillant entre bidouillages électroniques et techniques instrumentales originales. Certes, les deux musiciens n’innovent pas particulièrement mais ont quand même réussi à sortir de l’approche orchestrale habituelle pour nous offrir une musique plus complexe, torturée et nuancée, une musique expérimentale où le concept même du sound design prend véritablement son essor, renforçant par la même occasion l’esthétique visuelle sombre et étrange du film de John Moore. Voilà en tout cas un score sombre et étonnant qui devrait ravir les amateurs d’atmosphères cafardeuses et de sonorités expérimentales !



---Quentin Billard