1-Put On Your Sunday Clothes 1.17*
2-2815 A.D. 3.28
3-WALL-E 1.59
4-The Spaceship 1.41
5-EVE 1.02
6-Thrust 0.41
7-Bubble Wrap 0.50
8-La Vie en Rose 3.24**
9-Eye Surgery 0.40
10-Worry Wait 1.19
11-First Date 1.19
12-EVE Retrieve 2.19
13-The Axiom 2.24
14-BNL 0.20
15-Foreign Contaminant 2.06
16-Repair Ward 2.20
17-72 Degrees and Sunny 3.12
18-Typing Bot 0.47
19-Septuacentennial 0.14
20-Gopher 0.40
21-WALL-E's Pod Adventure 1.13
22-Define Dancing 2.23
23-No Splashing, No Diving 0.47
24-All That Love's About 0.37
25-M-O 0.46
26-Directive A-113 2.05
27-Mutiny! 1.29
28-Fixing WALL-E 2.07
29-Rogue Robots 2.02
30-March of the Gels 0.54
31-Tilt 2.00
32-The Holo-Detector 1.07
33-Hyperjump 1.04
34-Desperate EVE 0.56
35-Static 1.43
36-It Only Takes
A Moment 1.07*
37-Down To Earth 5.58***
38-Horizon 12.2 1.27

*Interprété par Michael Crawford
**Interprété par Louis Armstrong
***Interprété par Peter Gabriel
Musique de Peter Gabriel et
Thomas Newman.

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Walt Disney Records
D000174302

Produit par:
Thomas Newman,
Bill Bernstein

Montage musique:
Bill Bernstein

Artwork and pictures (c) 2008 Walt Disney Enterprises Inc./Pixar. All rights reserved.

Note: ***1/2
WALL-E
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
Nouveau né des studios Pixar et nouveau chef-d’oeuvre du film d’animation, « Wall-E » est le troisième film réalisé par Andrew Stanton pour le compte des studios Pixar après « A Bug’s Story » et « Finding Nemo ». « Wall-E » nous transporte cette fois-ci dans la terre du futur, une terre ravagée par la pollution. Le seul être encore vivant sur notre planète est un petit robot baptisé « Wall-E » (« Waste Allocation Load Lifter Earth-Class » ou « Compacteur terrien de déchets »), construit par les humains il y a 700 ans pour nettoyer la Terre entière, les humains ayant déserté notre planète pour se réfugier dans des stations spatiales entièrement automatisées. Au cours de tous ces siècles, Wall-E a développé une forte personnalité et une curiosité extrême : le petit robot a ainsi récolté des milliards d’objets appartenant au monde humain et s’instruit à sa façon pour faire passer le temps, jusqu’au jour où un engin venu de l’espace atterrit sur terre pour y déposer une petite « robote », prénommée EVE (« Extra-Terrestrial Vegetation Evaluator » ou « évaluateur de végétation extra-terrestre »). Pour Wall-E, c’est le coup de foudre immédiat. Amoureux de la petite robote, Wall-E va tout faire pour attirer l’attention d’EVE, mais en vain. Insensible aux gestes de Wall-E, EVE est finalement rappelée dans l’espace après avoir terminé sa mission : recueillir un extrait végétal afin de tester la fertilité du sol terrien et évaluer la viabilité de notre planète pour un hypothétique retour sur terre des humains. Wall-E n’hésite pas une seule seconde et se lance à la poursuite de la petite robote. Il embarque alors avec elle à bord de l’engin spatial et se prépare à vivre une grande aventure afin de retrouver celle qu’il aime.

« Wall-E » est de toute évidence le nouveau prodige des studios Pixar : amusant, léger, poignant et poétique, le film d’Andrew Stanton est une magnifique parabole sur l’humanité et l’amour, mais dans un monde où tout est inversé : les robots ressentent des sentiments et s’aiment, tandis que les humains ont une vie mécanique et entièrement automatisée, sans la moindre once de sentiments. Le film critique ouvertement le consumérisme à outrance en montrant ce qu’est devenue une humanité déchue, totalement convertie au dogme du plaisir facile et sans effort, le tout enveloppé d’une bonne dose d’humour et de dérision. L’argument peut paraître facile, mais le traitement est fort judicieux et particulièrement drôle. Le film étonne pour commencer par son esthétique visuelle, mélangeant plans live et personnages animés avec un souci du réalisme saisissant, à tel point qu’on finit par oublier l’idée même que l’on est en train de regarder un film animé. Avec « Wall-E », Pixar place la barre très haut et dépasse même la qualité visuelle de ses précédentes productions : les décors sur terre sont tout bonnement énormes, tout comme les intérieurs de la station spatiale, avec, au passage, quelques allusions cinématographiques au « 2001 » de Kubrick. Les humains sont volontairement caricaturés, tandis que les robots paraissent plus réalistes dans leur design, une façon de rappeler qu’ici, ce ne sont pas les hommes les vedettes mais bien les machines. Mais le point fort de « Wall-E » réside avant tout dans sa poésie et la grande fraîcheur de son histoire : raconter une histoire d’amour entre deux robots dans un film animé, il fallait oser le faire. Andrew Stanton et son équipe ont réussi à rendre les deux personnages principaux particulièrement attachants. On rit, on plaire, on est séduit par leurs mésaventures et les épreuves en tout genre qu’ils traversent tout au long du film. Ambitieux, frais, sarcastique et poétique, « Wall-E » s’affirme désormais comme le nouveau joyau du film d’animation made in U.S., repoussant les limites du genre avec une fraîcheur peu commune de nos jours : un film désormais incontournable !

La musique de « Wall-E » a été confiée à Thomas Newman, qui retrouve une fois encore l’équipe de Pixar après sa partition pour « Finding Nemo » en 2003. La musique de Newman pour « Wall-E » démontre une fois de plus toute l’étendue du savoir-faire du compositeur, aussi à l’aise dans les ambiances synthétiques fantaisistes que dans les passages mickey-mousing, les moments d’intimité ou les morceaux d’action survoltés. L’ouverture du score (‘2815 A.D.’) permet au compositeur d’introduire l’histoire sur un ton à la fois mystérieux et tout en retenu. La musique évoque alors la déchéance d’un monde livré à la pollution et dépeuplé de toute forme d’humanité. Thomas Newman évite de sombrer dans l’apocalyptique et préfère opter à contrario pour une musique plus subtile, douce et nuancée, avec une pointe de mélancolie dans l’âme. A noter ici l’emploi de la harpe, des cordes et de quelques touches discrètes de synthétiseur. La dernière partie de « 2815 A.D. » se veut plus intime et douce avec les orchestrations minimalistes chères à Newman (on n’est guère loin par moment de l’introduction de « Finding Nemo »). On découvre alors le thème sautillant et espiègle associé au petit robot dans « Wall-E », morceau inventif et amusant tout à fait typique du style plus fantaisiste et frais de Thomas Newman. Une mélodie légère et roublarde confiée à un cor anglais se ballade sur un tapis de pizzicati de cordes et de sonorités électroniques évoquant l’univers du petit robot (à noter l’utilisation amusante de sifflets samplés et d’une voix robotique au début du morceau). Ici aussi, Newman maintient une certaine retenue et un minimalisme qui lui est cher.

Mais le compositeur se décide enfin à rompre cette retenue dans l’agité « The Spaceship » pour l’atterrissage du vaisseau sur terre. A noter ici l’emploi des cuivres qui se veulent plus imposants et des sonorités électroniques qui deviennent plus menaçantes - on notera au passage un travail de sound design qui frôle le FX pur et dur à plusieurs reprises. « Eve » nous permet alors de découvrir un thème plus lyrique et poétique associé à Eve, morceau d’une grande beauté comme seul Newman en possède le secret. On apprécie ici le charme et la poésie rafraîchissante de ce très court morceau qui annonce la future romance entre Eve et Wall-E. A noter, comme toujours chez Newman, une grande fraîcheur apporté aux orchestrations, utilisant plus particulièrement les instruments solistes, comme c’est le cas dans « Bubble Wrap » (flûte, harpe, etc.), où l’on retrouve quelques vagues sonorités électroniques lointaines qui apportent une couleur particulière à ce morceau tout en retenue. Newman s’autorise même quelques touches d’humour en écrivant par exemple un morceau romantique de style lounge/pop kitsch des années 70 dans « First Date », avec ses choeurs masculins volontairement ringards et son instrumentation « seventies » datée (idem pour le jingle kitsch de « BNL »). Le morceau évoque le début de la romance entre Wall-E et Eve, avec une légèreté et une insouciance quasi enfantine. Mais les choses semblent se compliquer davantage avec le sombre « Eve Retrieve », lorsqu’Eve a récupéré un échantillon végétal et s’immobilise mystérieusement. Le compositeur suggère ici un certain sentiment d’urgence en utilisant des cuivres plus massifs et des percussions martiales.

« Foreign Contaminant » accompagne la séquence où Wall-E se retrouve à bord du vaisseau des humains, lorsqu’il est constamment poursuivi par un petit robot censé effacer toutes traces étrangères. A noter ici l’utilisation d’une guitare électrique et de rythmes plus modernes pour accompagner les mésaventures du petit robot à bord de l’immense station spatiale. Le compositeur continue de se faire plaisir avec les touches jazzy de « Repair Ward » où dominent des flûtes samplées, des pizzicati sautillants, un piano et quelques touches électroniques expérimentales, le tout enveloppé dans un certain humour et une légèreté fantaisiste et inventive typique du compositeur. Idem pour « 72 Degrees and Sunny » avec son côté serein et léger tout en retenu.

Un morceau comme « Typing Bot » est tout à fait représentatif de l’inventivité du compositeur qui apporte une légèreté et une fraîcheur indéniable à sa musique dans le film. Les amateurs de musiques d’action ne seront pas en reste avec l’excitant « Wall-E’s Pod Adventure » pour la scène où Wall-E est éjecté dans une capsule de secours hors du vaisseau, suivi de très près par Eve. Newman met ici l’accent sur une écriture de cuivres plus rythmiques et des cordes agitées (sans oublier l’omniprésence des éléments synthétiques associés aux deux petits robots). La partition atteint un nouveau sommet de poésie et de lyrisme avec « Define Dancing », morceau romantique particulièrement touchant pour la scène où Wall-E et Eve dansent ensemble dans l’espace, un morceau qui trouve son aboutissement dans le non moins touchant « All That Love’s About ». La dernière partie du film oscille entre passages plus sombres et agités (« Mutiny ! » et ses sonorités électroniques oppressantes), action (« Rogue Robots », « Tilt », « Hyperjump »), émotion (« Fixing Wall-E » ou le poignant « Static ») et même morceau synthétique rétro tendance années 80 (« March of the Gels »). On retrouve enfin l’ambiance de l’ouverture dans « Horizon 12.2 », le calme étant enfin revenu, l’histoire touchant à sa fin.

Fraîche, légère et inventive, la partition de « Wall-E » permet à Thomas Newman de renouer avec le style de la musique de film animé, un genre qu’il avait déjà abordé avec succès dans « Finding Nemo » et qu’il continue de développer ici à travers une partition rafraîchissante, entre poésie, humour, action et émotion. Le compositeur en profite ainsi pour nous proposer une parfaite synthèse de ses différentes facettes de musicien : de la tendresse toute en retenue bien sûr (avec ce côté minimaliste indissociable du style de Newman), mais aussi des moments d’humour tout en finesse, de la malice et des passages d’action tonitruants et vitaminés. La musique apporte donc un certain charme au film d’Andrew Stanton et accompagne à la perfection les aventures du petit robot et de sa dulcinée dans un monde post-apocalyptique. Sans être LE nouveau chef-d’oeuvre de Thomas Newman, « Wall-E » n’en demeure pas moins une partition de qualité, à recommander chaudement aux aficionados du compositeur et à ceux qui recherchent des BO de films animés plus fraîches et inventives !



---Quentin Billard