1-Die Another Day 4.38*
2-James Bond Theme 4.05**
3-On the Beach 2.51
4-Hovercraft Chase 3.49
5-Some Kind of Hero? 4.32
6-Welcome to Cuba 2.07
7-Jinx Jordan 1.29
8-Jinx & James 2.04
9-A Touch of Frost 1.52
10-Icarus 1.23
11-Laser Fight 4.35
12-Whiteout 4.55
13-Iced Inc. 3.08
14-Antonov 11.52
15-Going Down Together 1.34

*Interprété par Madonna
Ecrit par Madonna et
Mirwais Ahmedzai.
**Ecrit par Monty Norman
Remix de Paul Oakenfold.

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

Warner Bros. 93624-8389-2

Produit par:
David Arnold
Montage musique:
Dina Eaton

Artwork and pictures (c) 2002 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
DIE ANOTHER DAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
20ème épisode de la saga James Bond, « Die Another Day » (Meurs un autre jour) reprend les formules traditionnelles des tous premiers opus avec Sean Connery, avec de nouveau Pierce Brosnan dans le rôle de l’agent 007 face à de nouveaux méchants et une nouvelle aventure plus sombre et plus agitée que la précédente. Lee Tamahori signe un nouvel opus rapide et high-tech qui revient aux bases de la saga. Cette fois-ci, l’agent 007 se retrouve en pleine Corée du Nord, menant une opération secrète particulièrement dangereuse. Mais la mission est alors compromise par un traître non identifié. Bond réussit alors à s’enfuir à bord d’un hovercraft et affronte le colonel Moon et son lieutenant Zao. La poursuite se termine avec la mort du colonel, tandis que Zao est grièvement blessé. Bond est ensuite jeté dans les geôles nord-coréennes et torturé. Au bout de quelques mois, le directeur de la NSA réussit à négocier la libération de Bond en échange d’un autre prisonnier qui n’est autre que Zao. 007 est alors démis de ses fonctions. Bien décidé à retrouver la trace de Zao et du traître qui a fait échouer sa mission, Bond va mener sa propre enquête et croiser la route de la belle et séduisante Jinx (Halle Berry), qui semble travailler dans le même camp que lui. L’ex-007 fera aussi la rencontre de Gustav Graves, un homme d’affaire mégalomane qui a crée une puissante arme redoutable dans un palais de glace islandais.

« Die Another Day » reprend les grandes lignes directrices des premiers épisodes de la saga. Très peu de changement donc ici, en navigue en pleine terre connue : les gadgets high-tech, les James Bond girls, les méchants aux physiques déformés, la chanson du générique de début, le sempiternel prologue explosif et même la célèbre introduction animée de la silhouette de Bond qui tire dans le trou, introduction qui rendit - avec le thème de Monty Norman - la saga extrêmement célèbre et populaire. Une seule petite nouveauté ici : Bond est cette fois-ci démuni de ses fonctions par sa hiérarchie et doit mener lui-même sa propre enquêter pour retrouver la trace d’un traître. Comme d’habitude, « Die Another Day » est filmé à un rythme d’enfer, les scènes d’action d’anthologie s’enchaînant les unes à la suite des autres à une vitesse ahurissante : course-poursuite en hovercraft, bataille dans un avion en flamme, duel d’escrime, poursuite en voiture sur la glace et même surf sur des gigantesques vagues : Bond affronte de multiples péripéties, et ce pour notre plus grand plaisir. Lee Tamahori nous offre quelques petits clins d’œil à « Dr. No » (plan très sexy où Halle Berry sort de l’eau en bikini, clin d’œil à une séquence similaire célèbre avec Ursula Andress dans « Dr. No »). Certes, c’est bien souvent invraisemblable. Certes, c’est trop calculé au millimètre près pour qu’on y croit vraiment ! Bref, c’est gros, lourd et dantesque : c’est du James Bond, 20ème du nom !

A la musique, on retrouve de nouveau David Arnold, qui a signé la partition des deux précédents opus : « Tomorrow Never Dies » et « The World is not Enough ». Le score de « Die Another Day » n’apporte rien de bien neuf à la saga et s’inscrit dans la continuité directe des précédents opus musicaux : morceaux d’action dantesques, reprises high-tech du célèbre thème de Monty Norman (très présent tout au long du film, comme pour rappeler l’enracinement de cet opus dans les fondements de la saga instauré par « Dr. No » en 1963) et même passages romantiques du plus bel effet. Rien de bien neuf à l’horizon : Arnold prolonge le style qu’il a imposé dans les deux précédents films et le rend plus intense sur « Die Another Day ». Le thème de Monty Norman revient en grande pompe dès « On the Beach » avec le petit plus Arnold : rythmes électroniques, orchestrations soignées (toujours signées Nicholas Dodd), pour laisser ensuite la place à un premier morceau d’action pour le début du film : cuivres massifs, rythmes synthétiques entêtants, cordes agitées et reprise du thème de James Bond : la routine, en somme ! Plus impressionnant, « Hovercraft Chase » est la première grande séquence d’action du score, basé sur des développements du thème de Monty Norman avec son lot de percussions électroniques habituelles et de cuivres « Bondiens ». David Arnold semble en pleine forme et nous le prouve avec ce morceau qui lorgne quelque peu vers l’électro, même si la partie orchestrale demeure constamment présente et particulièrement imposante : à noter ici quelques effets électroniques apportés sur la partie orchestrale, qui permettent de renforcer le côté « high-tech » de la musique durant cette séquence de poursuite en hovercraft au début du film. Les fans des musiques James Bond en auront donc pour leur argent avec ce premier morceau qui s’apparente à un développement du thème de l’agent 007 dans la continuité du fameux « Back Seat Driver » de « Tomorrow Never Dies ».

« Some Kind of Hero ? » devient soudainement plus sombre et nuancé, avec quelques touches martiales associées aux méchants du film, un élément musical récurrent dans le score de « Die Another Day ». Plus fun, « Welcome to Cuba » permet au compositeur de changer de registre et de faire de la musique latino-américaine pour la séquence de l’arrivée de Bond à Cuba. « Jinx Jordan » cède alors la place à une atmosphère plus intime et ambiguë pour la relation entre Bond et Jinx, morceau dominé par des cordes amples et un brin mystérieuses. Arnold évite le piège de la musique romantique simplette et préfère opter pour une approche musicale plus retenue et nuancée. Idem pour la scène d’amour qui semble faire référence à John Barry (« Jinx and James ») et qui conserve aussi cet espèce de lyrisme un peu sombre et ambigu, une musique qui semble cacher ses sentiments, comme pour suggérer la personnalité énigmatique de Jinx (sensuelle Halle Berry). David Arnold nous offre aussi quelques beaux passages de suspense typiquement « ambiance espionnage » comme « A Touch of Frost » qui suggère la présence d’un traître dans l’équipe de Bond et sa mission d’infiltration du palais glacé de Gustav Graves. A noter l’utilisation ici d’un piano plus intime qui semble là aussi suggérer un bref Love Theme entre Bond et Frost (incarnée par la très charmante Rosamund Pike).

Arnold nous offre ensuite une belle surprise avec « Icarus », morceau démesuré pour chœur et orchestre, qui n’est pas sans rappeler le style de certaines partitions pour les films de Roland Emmerich (« Independence Day », « Stargate »). Les chœurs apportent ici une dimension épique puissante aux séquences où l’on aperçoit Icare, l’arme superpuissante de Gustav Graves. L’action reprend le dessus pour la scène de l’affrontement aux lasers (« Laser Fight ») dans lequel le thème de Jinx refait quelques apparitions, le temps d’un déchaînement orchestral de qualité. A noter ici l’utilisation très soutenue de rythmes électro/techno de qualité, qui renforcent une fois de plus le côté « high-tech » du film et de la musique, apportant une touche résolument moderne à la partition de David Arnold (et un petit « plus » à l’écran). Dès lors, l’action s’intensifie pour la dernière demi heure du film, qu’il s’agisse de l’excitant « Whiteout » avec ses reprises fun du thème de James Bond, « Iced Inc. » et ses rythmes électro/techno intenses, sans oublier le mastodontesque « Antonov » pour la bataille finale dans l’avion, plus de 11 minutes d’action pure et dure qui s’apparente à une grande montée de tension débouchant sur un final « action » assez énorme et démesuré. La partition se conclut sur « Going Down Together » qui nous permet de retrouver une dernière fois le thème mystérieux et sensuel de Jinx pour le final plus apaisé du film. Quant à la chanson-titre de ce 20ème opus, elle a été cette fois-ci confiée à Madonna, qui signe une chanson pop/électro sans grande envergure et particulièrement décevante (sans aucun doute l’une des plus mauvaises chansons entendues pour un film de l’agent 007 !). A noter que Madonna fait d’ailleurs une brève apparition dans le film, dans le rôle du professeur d’escrime de Gustav Graves.

Au final, « Die Another Day » n’apporte pas grand chose de neuf à l’univers musical de la saga James Bond mais s’affirme néanmoins par son fun communicatif et les indéniables qualités d’écriture de David Arnold, qui maîtrise aussi bien l’orchestre que la partie électronique, décidément très présente tout au long de sa partition. Certes, on pourra toujours reprocher au score de n’être qu’une variante à peine plus améliorée des partitions de « Tomorrow Never Dies » ou « The World is not Enough ». Cela n’en demeure pas moins une bien belle réussite, aussi excitante et prenante que ne l’est le film de Lee Tamahori, qui a réussi l’exploit de revenir aux racines des premiers épisodes de la saga en offrant à 007 une nouvelle jeunesse dans cette aventure high-tech particulièrement sombre et agitée. Si vous avez apprécié les précédents travaux d’Arnold sur les anciens opus de la saga, vous apprécierez sans aucun doute sa nouvelle partition musclée pour « Die Another Day », du grand David Arnold version James Bond, en somme !



---Quentin Billard