1-City of Ember Main Title 3.29
2-Lina Mayfleet 1.29
3-Assignment Day 2.18
4-Job Exchange 2.28
5-Blue Sky 1.09
6-First Day 2.06
7-Message for Clary 0.51
8-Tunnels 6.58
9-The Mayor 2.00
10-The Box of Ember 2.51
11-Blackout 1.56
12-Map and Mole 4.57
13-Room 351 3.10
14-Proof 4.31
15-Fugitives 3.07
16-Loris' Bike 4.03
17-Interlocking Keys 0.41
18-Clockworks 5.41
19-Control Room 4.35
20-Water Wheel 2.52
21-The Mayor Retreats 1.07
22-Stalagmite Trance 0.47
23-Escape to Sunrise 4.57
24-One Last Message 3.05

Musique  composée par:

Andrew Lockington

Editeur:

Verve B001234702

Album produit par:
Andrew LockingtonMontage musique:
Zigmund Gron, Kenneth Karman,
Jeremy Raub

Artwork and pictures (c) 2008 Walden Media

Note: ****
CITY OF EMBER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andrew Lockington
Adaptation cinématographique du roman éponyme de l’écrivaine Jeanne DuPrau, « City of Ember » (La Cité de l’ombre) nous transporte dans l’univers d’une cité souterraine qui abrite bon nombre de mystères que deux jeunes gens vont tenter de découvrir ensemble à l’issue d’une grande aventure. Deuxième long-métrage de Gil Kenan (plus connu pour avoir réalisé le film animé « Monster House » en 2006), « City of Ember » raconte l’histoire de la cité d’Ember, dans laquelle des hommes et des femmes mènent une vie paisible et bien organisée sous les millions de lumières qui illuminent l’ensemble de la cité, et ce depuis plus de 200 ans. Mais cela fait maintenant plusieurs jours que des coupures de courant se produisent de façon régulière, menaçant de plonger la ville dans l’obscurité totale. Lina (Saoirse Ronan), une jeune étudiante, travaille en tant que messagère pour la ville et s’occupe en même temps de sa grand-mère et de sa petite sœur. Son ami Doon (Harry Treadaway) est le fils de l’un des plus grands inventeurs de la cité (Tim Robbins). Doon n’a qu’une seule idée en tête : trouver une solution pour empêcher le générateur qui alimente la cité de s’éteindre. Lorsque Lina découvre chez elle une vieille mallette métallique contenant des indices codés, elle et Doon décident de se lancer dans une grande aventure pour reconstruire le puzzle et découvrir le secret de cette mystérieuse boîte. Mais hélas, ceux qui connaissent la vérité sont prêts à tout pour les empêcher de percer des secrets bien gardés depuis longtemps, des secrets qui pourraient pourtant permettre de sauver aujourd’hui leur cité.

« City of Ember » est un bon divertissement qui nous entraîne dans un univers claustrophobique et sombre, une immense cité souterraine qui cache bien des mystères. Gil Kenan aborde cette fois-ci le registre du film live après avoir tourné un film animé à ses débuts en 2006. Epaulé par un casting très éclectique (les jeunes Saoirse Ronan et Harry Treadaway, avec des vétérans comme Bill Murray, Tim Robbins et Martin Landau), « City of Ember » promet son lot d’aventure, de mystères, d’action et de rebondissements. Certes, on pourra toujours trouver le traitement un brin trop « familial » et « gentillet » pour le coup, l’univers du film rappelant pourtant des pointures telles que Tim Burton ou Terry Gilliam, mais l’on demeure néanmoins captivé par cet intéressant jeu de piste servi par un duo de jeunes acteurs convaincants et des décors grandioses. L’histoire n’est guère loin par moment de celle de « Logan’s Run », où il était aussi question de deux jeunes gens qui tentaient de trouver le moyen de sortir d’une cité gouvernée par des lois dictatoriales. On se serait ainsi attendu à quelque chose d’un peu plus fou, d’un peu plus déjanté, et malgré quelques touches d’humour apporté par l’inénarrable Bill Murray, l’ensemble demeure un peu trop gentillet (production Walden Media oblige !), mais qu’importe, le film est bien rythmé et suffisamment captivant pour nous maintenir en haleine pendant plus d’1h30.

Après son récent travail sur « Journey to the Center of the Earth 3D », le compositeur Andrew Lockington retrouve les producteurs de Walden Media sur « City of Ember », pour lequel il signe à nouveau une grande partition symphonique solide et mémorable. Le compositeur utilise donc l’orchestre habituel, toujours épaulé par l’orchestrateur Nicholas Dodd, auquel s’ajoutent un chœur et quelques sonorités synthétiques bien trouvées. Le score de « City of Ember » s’articule autour d’un thème fédérateur et puissant associé à la cité et à la quête des deux enfants. Thème d’aventure à la fois grandiose et un peu sombre dévoilé dès le début du film dans « City of Ember Main Titles », cette mélodie sera omniprésente tout au long du score, développé sous la forme de multiples variantes qui lui permettront de s’ajuster à l’ambiance des différentes scènes du film. Deuxième thème présent dans le score, un thème plus optimiste et léger associé à Lina, entendu dans « Lina Mayfleet », et qui évoque l’idée d’espoir incarné par la quête de la jeune fille et de son ami Doon. Ce thème d’espoir deviendra par moment plus solennel, tout comme le thème principal, et ce au fur et à mesure que Lina et Doon se rapprocheront de la vérité.

Dès le « Main Title », Lockington annonce clairement la couleur : percussions, rythmes de cordes martelé et pupitre de cuivres massifs - incluant les « Wagner Tuben », crées par Richard Wagner en 1853 pour son cycle d’opéras « L’anneau des Nibelungen », un instrument rare combinant les attributs d’un cor et ceux d’un tuba. Comme toujours chez Lockington, les orchestrations demeurent très soignées, révélant le savoir-faire d’un jeune compositeur fraîchement sorti de la grande école des orchestrateurs (il travailla autrefois pour Mychael Danna). Le compositeur se montre aussi très inventif dans l’utilisation de sonorités électroniques, un élément qu’il avait mis plus ou moins en retrait dans sa précédente partition pour « Journey to the Center of the Earth », mais qui reste très présent dans « City of Ember ». Si le début du score est encore assez retenu et nuancé (« Assignment Day », « Job Exchange », « Blue Sky »), certains éléments nous permettent déjà d’entendre les premières bases thématiques de la partition avec ses deux thèmes récurrents et les sonorités électroniques, qui créent un sentiment d’urgence et d’inquiétude, comme pour rappeler que l’immense technologie déployée pour bâtir la cité d’Ember est sur le point de rendre l’âme et qu’il faut désormais faire vite pour trouver une solution. On appréciera un morceau énergique et déterminé comme Lockington les affectionne tant dans « First Day » illustrant la scène où Doon débute son nouveau métier de technicien dans le système de tuyauterie de la cité. A noter ici le rôle des cordes et des cuivres qui développent un motif déterminé qui suggère à l’écran l’organisation très carré des ouvriers. De son côté, Lina court et s’éclate dans son nouveau métier de messagère au son de l’enjoué « Message for Clary » où l’on retrouve les cordes rythmiques du début et de « First Day » (permettant ainsi d’unir subtilement la scène de Doon et celle de Lina, rappelant habilement l’amitié entre les deux individus).

« Tunnels » assombrit considérablement le score de « City of Ember » en utilisant un ensemble de sonorités électroniques glauques et claustrophobiques assez inventives. A noter ici l’utilisation d’un son évoquant le « tic-tac » d’une montre, comme pour suggérer le temps qui passe et l’idée d’urgence, d’un danger imminent. Il s’agit ici de l’un des plus longs morceaux du score de Lockington (près de 7 minutes), illustrant la scène où Doon explore des tuunels et découvre l’immense pièce du réacteur au moment où une catastrophe oblige les techniciens à quitter précipitamment les lieux. La musique se veut à la fois plus massive, chaotique et épique avec l’utilisation de choeurs grandioses pour la scène du réacteur, et ce sur fond de sonorités électroniques quasi expérimentales et assez inquiétantes. A noter que le thème est toujours présent, joué à la fois par les cordes et les cuivres sur fond de percussions plus massives. Autre morceau intéressant pour son jeu de sonorités synthétiques : « Box of Ember », qui développe un sentiment d’énigme et de mystère autour de la boîte que découvre Lina chez elle. L’action est au rendez-vous dans le terrifiant « Map and Mole » qui illustre la séquence de l’attaque de l’immense taupe avec son lot de sursauts orchestraux, de cordes dissonantes et de percussions agressives. L’action se prolonge dans « Proof » avec ses percussions électroniques, puis l’excitant « Fugitives », alors que les deux jeunes héros sont poursuivis par les hommes du maire. On notera la façon dont le compositeur développe habilement ses deux thèmes principaux tout au long du morceau, en utilisant différentes variantes - rythmiques, lentes, rapides, etc. La dernière partie du score semble alors prendre une tournure plus énergique et frénétique avec « Clockworks », « Control Room » et le massif « Water Wheel » et ses choeurs épiques. L’aventure touche à sa fin avec les magnifiques « Escape to Sunrise » et « One Last Message », qui reprend le thème principal dans une version enfin optimiste, solennelle et triomphante, d’une grande beauté : frissons garantis !

Andrew Lockington signe donc une nouvelle grande partition symphonique intense et riche pour « City of Ember », peut être moins accrocheuse que celle de « Journey to the Center of the Earth », mais toute aussi soignée et inspirée. Décidément, le jeune Lockington continue de nous prouver qu’il a décidément l’étoffe d’un grand compositeur capable de rivaliser avec les plus grands. Sa partition pour le film de Gil Kenan apporte action, mystère et émotion à cette aventure souterraine, et ce pour notre plus grand plaisir. Si vous avez aimé « Journey to the Center of the Earth », foncez écouter le dernier opus orchestral d’Andrew Lockington pour « City of Ember », vous ne le regretterez pas !


---Quentin Billard