1-The Little Things 3.26*
2-Success Montage 3.31
3-Fraternity Suite 3.28
4-Wesley's Office Life 5.15
5-The Scheme 1.44
6-Fox in Control 2.16
7-Welcome to the Fraternity 4.29
8-Fox's Story 3.29
9-Exterminator Beat 2.52
10-Rats 3.28
11-The Train 3.58
12-Revenge 4.33
13-Fox's Decision 2.29
14-Breaking the Code 1.21
15-Fate 1.46

*Ecrit et interprété par
Danny Elfman.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Lakeshore Records
LKS 340212

Produit par:
Danny Elfman, Bill Abbott

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2008 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
WANTED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Premier film hollywoodien du réalisateur russe Timur Bekmanbetov (auteur du très remarqué « Night Watch »), « Wanted » est un film action ultra moderne, s’inspirant d’une tendance à la surenchère visuelle/clipesque post-Matrix. Le film reprend la technique du bullet-time breveté par les frères Wachowski et l’amplifie jusqu’à plus soif, pour un film ultra speed aux cascades invraisemblables. On suit l’histoire de Wesley Gibson (James McAvoy), un homme ordinaire malheureux, qui vit entre une patronne tyrannique, une petite amie infidèle et un ami faux-cul. Véritable loser, Wesley est victime d’angoisses récurrentes, qui l’obligent à ingurgiter régulièrement des tranquillisants, et ce à 25 ans. Mais un jour, sa vie bascule alors qu’une mystérieuse femme nommée Fox (Angelina Jolie) débarque en plein milieu d’un magasin et l’entraîne dans une aventure improbable, pourchassé par un tueur énigmatique. Wesley découvre alors que Fox est une tueuse d’élite faisant partie d’une secte secrète nommée « La fraternité », et dont les membres se sont eux-mêmes désignés instrument du destin, exécutant des personnes suivant les mystérieuses indications d’une toile. Wesley apprend alors que son père faisait autrefois partie de cette organisation mais qu’il a été tué par l’un des meilleurs assassins de la fraternité, qui fait aujourd’hui bande à part. Prêt à venger la mort de son père, Wesley va d’abord devoir subir un entraînement intensif et découvrir la bête qui est en lui, et des aptitudes dont il ne soupçonnait même pas l’existence jusqu’à aujourd’hui. Placé sous la tutelle de Fox et Sloan (Morgan Freeman), énigmatique leader de la fraternité, Wesley va devenir à son tour un redoutable assassin. Fort de ses nouveaux pouvoirs qu’il contrôle désormais à loisir, le jeune homme comprend aussi qu’il va devoir choisir lui-même sa propre destinée, et apprendre à découvrir qui il est réellement.

Inspiré du comic de Mark Millar édité en 2003, « Wanted » met en scène un James McAvoy peu habitué à ce type de film, face à une Angelina Jolie aussi sexy que dangereuse. C’est aussi l’occasion pour le réalisateur russe Timur Bekmambetov de se voir ouvrir les portes du tout Hollywood avec ce film d’action mené à cent à l’heure, qui joue à fond sur la surenchère de cascades les plus invraisemblables (l’homme qui se jette d’un immeuble tête baissé au début du film afin d’abattre ses assassins), des effets spéciaux pas toujours crédibles et des scènes de gunfight explosives que ne renierait pas John Woo. Hélas, la profusion d’effets de bullet-time et de séquences invraisemblables plombent le film d’une certaine lourdeur, et ce même si « Wanted » demeure un divertissement estival honnête mais sans une once de psychologie. En gros : on y flingue du quidam à tout va ! Du basique 100%. Même le personnage d’Angelina Jolie semble totalement dépourvu de la moindre once d’émotion ou de psychologie. Les personnages n’ont aucune consistance et agissent comme des bêtes, et ce malgré une explication tardive et un rebondissement scénaristique bien venu. Malgré tout, « Wanted » se laisse voir et s’apprécie surtout pour son ton insolent, ses excès, son envie d’aller toujours plus loin, de faire toujours plus fort, quitte à dépasser totalement les frontières de la réalité (certains éléments du film appartiennent au registre du film fantastique). Le côté « BD » est très bien retranscrit à l’écran, même si l’on a parfois l’impression de jouer à un jeu vidéo bien gras et décérébré, un « shoot’em up » moderne et ultra speed un peu trop inspiré de « Matrix ». En bref, un film d’action spectaculaire et irrévérencieux, à réserver en priorité aux amateurs du genre !

Afin de conserver le côté totalement déjanté et violent du film, le réalisateur souhaitait engager un compositeur particulier à la musique du film. Et c’est donc en toute logique que Danny Elfman s’est vu proposer l’écriture du score de « Wanted », pour lequel il nous offre une partition synthético-orchestrale moderne mais dans la continuité de ses précédents travaux sur des scores d’action tendance « Spider-Man » ou « Hulk ». Certes, « Wanted » n’est pas un film de super-héros à proprement parler, mais la musique d’Elfman semble avoir été composé en ce sens : certains passages rappellent les bonnes heures de « Spider-Man » et le compositeur s’autorise même quelques développements thématiques inventifs et percutants qui ne sont pas sans rappeler certaines mesures de sa formidable partition pour « Mission : Impossible ». Le score s’articule autour d’une pléiade de thèmes et de motifs de grande qualité, à commencer par le thème héroïque et entraînant de Wesley (« Success Montage »), un motif plus mystérieux et quasi religieux pour la fraternité (« Fraternity Suite ») et un motif plus sensuel et sombre rattaché au personnage de Fox (« Fox’s Story »). On pourra aussi entendre un quatrième thème, un motif de 4 notes associé à Wesley et que l’on entend dans certaines séquences d’action telles que le massif « The Train ».

Premier morceau-clé du score : « Success Montage », pour la séquence où Wes s’entraîne dur pour devenir un redoutable tueur. Elfman développe pendant plus de 3 minutes le thème principal d’abord introduit par des cordes et passant ensuite d’un instrument à un autre. Curieusement, cette mélodie possède un côté européen d’esprit aux accents quasi baroque, le compositeur n’hésitant pas à développer ce thème jusqu’à des formes contrapuntiques frôlant la forme d’une fugue à la J.S. Bach, le tout sur fond d’instrumentation inventive et de sonorités électroniques judicieusement choisies. Elfman semble s’être fait plaisir avec ce thème à la fois héroïque et déterminé qui rappelle ses musiques de super-héros, avec une certaine forme d’ironie un peu grinçante sur les images. Les sonorités électro-techno du synthétiseur apportent une touche résolument moderne à la musique de « Wanted », renforçant l’atmosphère urbaine du film. Avec « Fraternity Suite », Elfman introduit un chœur aux accents grégoriens de façon assez inattendue, développant le thème de la fraternité en rappelant les origines ancestrales de cette très vieille confrérie secrète. A noter que le chœur chante ici les paroles du « Libera Me » latin, comme si les voix cherchaient à évoquer ici le personnage de Wesley, prêt à se libérer de l’emprise de la fraternité pour chercher à accomplir lui-même sa propre destinée. Avec « Success Montage » et « Fraternity Suite », Danny Elfman pose des bases solides pour sa partition et annonce un score agité et explosif.

Avec « Wesley’s Office Life », Elfman évoque la vie de Wes dans le quotidien médiocre de sa vie de tous les jours au bureau. Le compositeur utilise des sonorités électroniques déformées, quelques guitares électriques, une basse et des cordes ambigües et agitées, traduisant l’ennui du jeune homme et la médiocrité de sa vie, et ce avec un second degré toujours constant dans la musique d’Elfman. La seconde partie du morceau bascule alors dans l’action pure et dure, à grand renfort de rythmes martelés, de cuivres massifs et dynamiques (une marque de fabrique du compositeur) et de percussions électro-techno survoltées. Les cuivres résonnent ici de façon dissonance, les percussions apportant une certaine agressivité à la musique dans le film, qui sied à merveille à l’atmosphère brutale et contemporaine de « Wanted ». Le motif de 4 notes de Wes apparaît dans « The Scheme » où l’orchestre côtoie une guitare électrique et des synthétiseurs, tandis que « Fox in Control » apporte un rythme plus cool au personnage d’Angelina Jolie avec ses ostinatos de cordes, son rythme de batterie et ses cuivres dissonants, traduisant parfaitement son côté à la fois sensuel et dangereux. « Fox’s Story » développe alors le thème de Fox avec l’utilisation d’un duduk aux sonorités mystérieusement orientales et de voix féminine lointaine, alors que la tueuse raconte sa triste histoire à Wesley. « Fox’s Story » apporte un côté dramatique et tragique au personnage d’Angelina Jolie, un des rares passages d’émotion du score de « Wanted ». Très vite, le fun reprend le dessus puisque le morceau se conclut de façon plus explosive avec orchestre, guitare électrique et même choeur soudainement épique.

Elfman se fait plaisir en nous offrant de gros morceaux d’action tout à fait typique de sa patte orchestrale moderne : l’excitant « Rats » et ses développements thématiques multiples (dont celui de Wesley et celui de la fraternité) pour la séquence des rats explosifs, « The Train » et ses rythmes martelés, « Revenge » et ses rythmiques électro-techno survoltées à grand renfort de guitare électrique saturée, sans oublier « Fox’s Decision », autre grand moment d’émotion du score pour la scène où Fox prend une décision cruciale à la fin du film. On retrouve ici le thème de Fox interprété ici par une voix féminine éthérée de toute beauté, aux résonnances toujours aussi tragique. L’apparition d’un choeur à la fin du morceau apporte une dimension quasi religieuse à cette scène-climax du film. A noter que le thème de la fraternité est aussi repris une dernière fois dans ce même morceau. Et comme si cela ne suffisait pas, Elfman s’est même payé le luxe d’écrire une chanson pour les besoins du film, « The Little Things », qu’il interprète lui-même, une sorte de retour aux sources pour ce papy du rock…

Sans être pour autant le nouveau chef-d’œuvre de Danny Elfman, « Wanted » est un score agréable et inventif, qui, à défaut de révolutionner le genre, prouve que le compositeur a décidément plus d’un tour dans son sac et qu’il n’a pas fini de nous étonner. Sa partition pour « Wanted » apporte une dose d’ironie, d’énergie, de thèmes et de rythmes modernes au film de Timur Bekmambetov, boostant les scènes d’action avec le savoir-faire habituel d’un compositeur décidément très à l’aise dans l’action. Son score est une parfaite synthèse du style d’Elfman : les recherches électroniques de « Planet of the Apes », les thèmes héroïques à la « Spider-Man », les déchaînements orchestraux à la « Mission : Impossible », etc. Même si l’ensemble n’a rien d’extrêmement mémorable, le score de « Wanted » s’écoute malgré tout de façon agréable et nous permet d’entendre un nouveau Elfman « action » autrement plus probant que ce que le compositeur a fait récemment sur un « The Kingdom » de bien triste mémoire !


---Quentin Billard