1-Charlie Wilson 3.03
2-Telex Machine 1.32
3-Jailbait 1.06
4-Refugee Camp 5.11
5-It's Up To Me 2.48
6-The Belly Dancer 2.41
7-Turning the Tide 8.33
8-Where's It At, Charlie? 1.12
9-Balcony 1.29
10-Honoured Colleague 6.09

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6870

Produit par:
James Newton Howard
Montage musique:
Jim Weidman

Artwork and pictures (c) 2007 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
CHARLIE WILSON'S WAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Quatre ans après le très sulfureux « Closer », Mike Nichols nous livre un nouveau film un peu grinçant, « Charlie Wilson’s War », satirique politique qui relate le combat d’un sénateur américain pour la cause du peuple Afghan. Inspirée d’une histoire vraie, le film nous ramène au début de l’année 1980. Charlie Wilson (Tom Hanks) est le délégué du Deuxième District du Texas, un bon vivant connu pour ses scandales, son goût immodéré pour les femmes et l’alcool. Mais derrière son côté noceur invétéré, Charlie cache aussi un formidable stratège de la politique, un fin connaisseur de la scène internationale et un combattant des causes perdues. Un jour, son amie Joanne Herring (Julia Roberts), une richissime anticommuniste, réussit à le convaincre de la nécessité de porter secours aux Moudjahidin d’Afghanistan, alors envahie par les Russes. Charlie et Joanne sont d’accord sur le fait que les Etats-Unis sont complètement effacés par rapport au conflit opposant les Afghans et les Russes. Pour eux, il est grand temps d’agir. Charlie décide alors d’engager à ses côtés l’agent de la CIA Gust Avrakotos (Philip Seymour Hoffman), un homme modeste snobé par ses supérieurs et qui partage avec Charlie et Joanne sa haine contre l’empire soviétique. Usant de diplomatie et de charme, le trio réussira finalement à nouer une alliance inédite entre l’Israël, l’Egypte et le Pakistan tout en motivant la commission de la Défense d’allouer les fonds nécessaires pour pouvoir armer les Moudjahidin et les aider à lutter contre les Russes.

Voilà en tout cas un film drôle et nécessaire qui relate un épisode complexe sur l’interventionnisme américain et les conséquences de certaines politiques internationales qui délaissent souvent les problèmes qu’elle a elle-même crée. Mais bien loin de tomber dans les jugements de valeur facile et les leçons de morale, le film de Mike Nichols adopte le ton de la comédie satirique pour arriver à ses fins, avec un Tom Hanks époustouflant comme d’habitude, un Philip Seymour Hoffman charismatique à souhait et une Julia Roberts toujours aussi séduisante. Le scénario fait la part belle aux dialogues corrosifs et aux répliques malicieuses, décortiquant avec une minutie rare les dessous de la politique américaine entre glamour (les jeunes filles de Charlie - clin d’œil humoristique à « Charlie et ses drôles de dames ») et la dérision. Les acteurs semblent s’en être donné à cœur joie et le résultat est tout bonnement épatant : une bonne surprise pour ce film malin et captivant !

James Newton Howard signe la partition de « Charlie Wilson’s War », pour lequel le compositeur n’a écrit qu’à peine 30 minutes de musique. La partition musicale de JNH est donc utilisée à bon escient dans le film, demeurant discrète mais néanmoins présente, surtout lors des scènes-clé de l’histoire. JNH utilise l’orchestre habituel auquel il ajoute quelques guitares et une pléiade d’instruments ethniques pour les parties se déroulant en Afghanistan. Le morceau « Charlie Wilson » impose d’emblée le ton de la musique en alternant partie atmosphérique sombre aux sonorités orientales et guitares qui évoquent les origines texanes de Charlie Wilson. Le thème principal est alors énoncé par les guitares puis repris par une trompette solennelle sur fond de cordes. Le thème de Charlie Wilson possède un côté éminemment patriotique, évoquant le combat du sénateur pour la lutte Afghane et la détermination de ses engagements contre l’oppression Russe : un très beau thème patriotique, tout à fait typique de la facette plus émotionnelle du style musical de James Newton Howard ! « Telex Machine » permet au compositeur de poursuivre son mélange sonorités orientales/guitares bluegrass, toujours associées dans le film au personnage de Tom Hanks. JNH joue sur une certaine retenue, la musique n’en faisant jamais de trop par rapport aux images, tout en demeurant malgré tout assez présente.

« Refugee Camp » nous plonge alors dans la facette plus orientale/arabisante de la musique de « Charlie Wilson’s War ». Pendant plus de 5 minutes, JNH laisse ses instrumentistes développer une musique arabe méditative et sombre pour la séquence où Charlie se rend au camp de réfugiés Afghans. On retrouve ici un mélange de percussions ethniques, voix orientales, violons et instruments à vent pour un morceau qui n’est pas sans rappeler ce qu’a fait JNH sur le film « Blood Diamond » (2006). « Refugee Camp » évoque aussi les souffrances du peuple Afghan, à la façon de celles des africains dans « Blood Diamond », rappelant à quel point le compositeur semble prendre de plus en plus goût à la composition de ce genre de musiques ethniques/orientales. JNH se fait plaisir et nous offre une autre pièce de musique arabe dans « The Belly Dancer » pour la scène de la danse du ventre, avec vocalises féminines envoûtantes, oud et violon arabe. Alternant les ambiances avec une certaine habileté, JNH revient au thème de Charlie Wilson pour un morceau plus intime et doux dans « It’s Up To Me » où le thème est développé par des vents et des cordes. Mais le score atteint son apogée avec « Turning the Tide », lors de la séquence où les Moudjahidin contre-attaquent et réussissent à détruire les hélicoptères Russes. JNH reprend les percussions ethniques de « Refugee Camp » et amplifie son travail autour des sonorités arabes en y incorporant de façon surprenante des segments du morceau choral « And He Shall Purify » extrait du « Messie » de Georg Friedrich Händel. Le mélange entre musique religieuse baroque et musique arabe crée ici un métissage musical surprenant pour une production hollywoodienne, mais qui apporte un punch et une énergie particulière à cette scène-clé du film - preuve que le compositeur possède décidément plus d’un tour dans son sac (au passage, « Turning the Tide » n’est pas sans rappeler l’album « Bach to Africa » qui fonctionnait déjà sur le même principe). Enfin, « Where’s It At, Charlie ? » et « Balcony » reprennent des bribes du thème principal dans des variations plus intimes et émouvantes, sans oublier le grand final de « Honoured Colleague », solennel à souhait.

Avec « Charlie Wilson’s War », James Newton Howard s’est fait plaisir en nous concoctant une partition éclectique alternant entre musique arabe/ethnique et passages intimes et solennels. La musique de JNH évoque toute la détermination et la passion du personnage principal campé à l’écran par Tom Hanks avec une certaine retenue et quelques moments forts typiques du compositeur - dont un mélange musique baroque/musique arabe inattendu et très réussi. « Charlie Wilson’s War » n’est certes pas LE nouveau chef-d’œuvre de JNH, mais cela n’en demeure pas moins une petite partition réussie, preuve du talent de l’un des meilleurs compositeurs hollywoodiens du moment !


---Quentin Billard