1-O Saya 3.34*
2-Riots 1.59
3-Mausam & Escape 3.53
4-Paper Planes 3.23**
5-Paper Planes (DFA Remix) 5.49**
6-Ringa Ringa 4.15***
7-Liquid Dance 2.59+
8-Latika's Theme 3.09++
9-Aaj Ki Raat 6.07+++
10-Millionaire 2.44#
11-Gangsta Blues 3.42##
12-Dreams on Fire 4.08+++
13-Jai Ho 5.19###

*Ecrit par A.R. Rahman et
Mathangi Arulpragasam
Interprété par A.R. Rahman et MIA
**Ecrit par Mathangi Arulpragasam, Topper Headon,
Mick Jones, Wesley Pentz,
Paul Simonon et Joe Strummer
Interprété par MIA
***Ecrit par A.R. Rahman
et Raqueeb Alam
Interprété par Alka Yagnik et Ila Arun
+Ecrit par A.R. Rahman
Interprété par Palakkad Sriram
et Madhumitha
++Ecrit par A.R. Rahman
Interprété par Suzanne D'Mello
+++Ecrit par Shankar Mahadevan,
Ehsaan Noorani, Loy Mendonsa
et Javed Akthar
Interprété par Sonu Nigam,
Mahalakshmi Iyer et Alisha Chinai
#Ecrit par A.R. Rahman
Interprété par Madhumitha
##Ecrit par A.R. Rahman
et Lakshmi Raman
Interprété par BlaaZe et Tanvi Shah
###Ecrit par A.R. Rahman
et Sampooran "Gulzar" Singh Kalra
Interprété par Sukhwinder Singh,
Tanvi Shah et Mahalakshmi Iyer.

Musique  composée par:

A.R. Rahman

Editeur:

Interscope Records
B001250202

Album produit par:
A.R. Rahman
Musique arrangée par:
A.R. Rahman
Montage musique:
Niv Adiri

Artwork and pictures (c) 2008 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
SLUMDOG MILLIONAIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by A.R. Rahman
Triomphe absolu aux oscars 2009, « Slumdog Millionaire » est le nouveau film de Danny Boyle, qui, à la surprise générale, nous livre ici un film inspiré des productions Bollywood, la célèbre industrie cinématographique indienne. Cela fait depuis plusieurs décennies que le cinéma indien tente de percer en Occident, avec plus ou moins de succès. Avec Danny Boyle derrière la caméra, les producteurs du film possédaient d’emblée un gage de qualité. Adapté d’un roman indien de Vikas Swarup, « Slumdog Millionaire » raconte les aventures d’un jeune indien de 18 ans, Jamal Malik (Dev Patel), orphelin originaire des taudis de Mumbai, qui participe au célèbre jeu télévisé « Qui veut gagner des millions ? » et est sur le point de remporter 20 millions de roupies. C’est alors que la police l’arrête et l’embarque pour le questionner, Jamal étant alors soupçonné de tricherie. Soumis à un interrogatoire musclé, le jeune homme est sommé de justifier ses bonnes réponses. Il raconte alors toute sa vie aux deux policiers, son enfance dans la rue, la vie avec son frère et cette fille - Latika (magnifique Frieda Pinto) - dont il était tombé amoureux et qu’il a ensuite perdue. Aujourd’hui, avec un peu de débrouillardise et de détermination, Jamal se retrouve sur cette émission TV où il s’apprête à devenir multimillionnaire (il ne lui reste plus qu’une seule question). Le jeune homme finira par expliquer ce qui l’a réellement poussé à participer à l’émission. « Slumdog Millionaire » est donc un film métissé parfaitement réussi, soutenu par un montage très speedé tendance clip MTV et une interprétation rafraîchissante. A la fois course contre la montre, histoire d’amour et drame social, « Slumdog Millionaire » est une bien belle réussite comme on aimerait en voir plus souvent. Certes, le film s’avère être bien moins subtil et surtout bien moins nuancé que le roman d’origine duquel il s’inspire, mais le résultat est quand même là : voilà un hommage vibrant au cinéma indien populaire, un film à la fois entraînant, rapide, drôle, émouvant, une expérience visuelle dans laquelle les concepteurs du film en font des tonnes pour notre plus grand plaisir. C’est aussi l’un des rares films à évoquer la vie dans les bidonvilles et la survie des jeunes mendiants dans les rues indiennes (une facette du tiers-monde certes un peu stéréotypée mais pourtant bien réelle). Le mélange explosif des styles et des émotions fait au final de « Slumdog Millionaire » un film unique en son genre, à ne surtout pas manquer !

La musique du film de Danny Boyle a été confiée à A.R. Rahman, célèbre compositeur de Bollywood qui a écrit la plupart des musiques des grosses productions indiennes de ces 10 dernières années. Le compositeur a écrit la musique de « Slumdog Millionaire » en l’espace d’une vingtaine de jours, avec son mélange habituel de chansons pop-techno et d’atmosphères synthétiques/électro pour le score du film. On retrouve ici un style récurrent dans les dernières BO d’A.R. Rahman, qu’il s’agisse de « Lagaan » (2001) ou du récent « Yuwraaj » (2008), pour lequel Rahman avait écrit à l’origine la chanson « Jai Ho », chanson qui a finalement été abandonnée pour ce film et utilisée dans « Slumdog Millionaire » (elle accompagne la scène de danse finale, typique de Bollywood). A ce sujet, « Jai Ho » est sans aucun doute LE tube de la BO de « Slumdog Millionaire », une chanson pop/électro indienne typique d’A.R. Rahman qui a déjà connu un bon succès commercial en vente d’album et de single, interprétée par la star Sukhwinder Singh, qui avait déjà travaillé avec Rahman sur la chanson « Chaiyya Chaiyya » pour la musique du film « Dil Se » en 1998 - une chanson qui avait déjà connue un très beau succès à l’époque, à tel point que Spike Lee la réutilisera dans son film « Inside Man » en 2006.

La musique de Rahman épouse ainsi toutes les différentes facettes du film de Danny Boyle, qui voulait que la musique évoque le côté moderne et urbain de l’Inde contemporaine, une musique à la fois rythmée et ancrée dans le quotidien. L’accent est mis ici sur les chansons, qu’il s’agisse donc de « Jai Ho », mais aussi de « O…Saya », chanson d’ouverture interprétée par Rahman et MIA, chanteuse anglo-indienne de hip-hop que Danny Boyle lui-même a recommandé personnellement à A.R. Rahman pour les besoins de la bande originale du film. Autre chanson qui apporte là aussi un petit plus d’énergie et de rythme aux images déjà bien speed du film, « Paper Planes », écrite par MIA, et qui renforce là aussi l’évocation de la vie urbaine dans l’Inde moderne. On pourra aussi évoquer « Ringa Ringa » qui accompagne une scène où l’on voit Jamal se rendre avec son frère en plein coeur de la ville. La chanson de Rahman est confiée au duo féminin Alka Yagnik/Ila Arun dans un style plus proche de la musique hindou traditionnelle. Dans le même ordre d’idée, « Liquid Dance » est intéressant, avec son imitation de rythmes de percussion en onomatopées, le tout sur fond d’électro/dance moderne et de cordes samplées. Enfin, les amateurs de musique techno seront servis avec « Millionaire », musique que l’on entend donc durant une séquence où Jamal participe à la célèbre émission TV « Qui veut gagner des millions ? » version indienne.

Le score du film est représenté sur le présent album par trois morceaux de très bonne facture, à commencer par « Riots » qui accompagne une scène agitée dans les bidonvilles au début du film. A.R. Rahman utilise ici des percussions électroniques diverses et des ambiances synthétiques sombres pour accompagner les mésaventures du jeune Jamal et de ses amis, confrontés à la bêtise humaine et à l’obligation de survivre avec leurs propres moyens. Plus intéressant, « Mausam and Escape » est un solide mélange entre guitares, loop électro, sitar indien, cordes, choeur et vocalises de la chanteuse Suzanne D’Mello. Energique et diablement entraînant, « Mausam and Escape » développe un motif mélodique aux consonances typiquement indiennes pendant près de 4 minutes pour accompagner une scène de poursuite - sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux du score de « Slumdog Millionaire ». Mais Rahman parvient aussi à nous toucher plus profondément avec le magnifique « Latika’s Theme », qui s’avère être le thème romantique du film. Interprétée avec beaucoup de douceur et de chaleur par Suzanne D’Mello, cette mélodie entêtante et rêveuse est LE Love Theme parfait qu’il fallait pour évoquer l’histoire d’amour entre Jamal et Latika dans le film, un thème nostalgique, poétique et rafraîchissant de toute beauté (qui ne fait finalement que refléter l’incroyable beauté de l’actrice Frieda Pinto). Rahman se fait plaisir et nous offre d’ailleurs une adaptation vocale de ce thème dans « Dreams On Fire », toujours interprété par Suzanne D’Mello avec beaucoup de conviction et de poésie ici aussi, pour les retrouvailles finales entre Jamal et Latika.

Au final, la BO de « Slumdog Millionaire » s’impose comme une belle surprise et une bonne réussite, même si l’on peut toujours contester le fait qu’A.R. Rahman ait gagné l’Oscar de la meilleure musique de film alors qu’il y avait des compositeurs qui auraient 100 fois plus mérité de gagner à sa place. Toujours est-il que la musique de Rahman apporte une énergie et un tonus tout particulier au film de Danny Boyle, et même si l’on pourra regretter le fait que le score soit finalement peu présent au détriment des chansons dans le film, l’ensemble demeure somme toute très convaincant et accrocheur, un résumé intéressant du style d’A.R. Rahman qui permettra peut-être au public occidental de découvrir la musique de ce compositeur indien très prolifique à Bollywood depuis plusieurs années déjà.


---Quentin Billard