1-Main Title/As The Crow Flies 2.15
2-Delivered 1.48
3-Message from Mom/Room 3 1.38
4-Room 3 (Revisited) 3.04
5-House of Broken Dreams 1.50
6-Staplin' Uncle Mike 2.51
7-Frannie 2.26
8-Boogeymused 1.57
9-Cutting Through 1.34
10-Helping Frannie/Getting Loose 4.05
11-A Nasty Spill 0.52
12-On The Swings 2.30
13-Losing Loves/
Ready for the Man 1.23
14-Visit to the Shrink 1.27
15-How Do You Stop? 4.56
16-The Sentinel 2.56
17-Uncle Mike's Message 1.16
18-Plasmatized 1.17
19-Anybody Home? 4.29
20-The Missing 1.01

Musique  composée par:

Joseph LoDuca

Editeur:

La La Land Records
LLLCD1090

Produit par:
Joseph LoDuca

Artwork and pictures (c) 2005 Ghost House Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
BOOGEYMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph LoDuca
Modeste production du duo Sam Raimi/Rob Tapert, « Boogeyman » est une série-B d’épouvante sans grande envergure, mettant en scène Tim (Barry Watson), un jeune homme ordinaire, aux prises avec une terrible angoisse qui le hante depuis son enfance. Parce qu’il a été témoin de la disparition terrifiante de son père lorsqu’il avait 8 ans, Tim est aujourd’hui harcelé par des angoisses liées aux placards et autres recoins sombres. Depuis qu’il a vu son père se faire aspirer à travers le placard de sa chambre pour ne plus jamais en ressortir, Tim prend soin de fermer minutieusement chaque placard de sa maison, qu’il n’approche plus par peur de revivre ces évènements dramatiques. Mais lorsque sa petite amie Jessica décide de l’emmener chez elle pour y faire la connaissance de ses parents, Tim rebascule à nouveau dans un univers d’angoisse alors que le cauchemar recommence à nouveau. « Boogeyman » est une variante somme toute très basique sur le thème du croque-mitaine, ce fameux personnage qui hante les histoires que l’on raconte parfois aux enfants. Ce personnage (appelé ‘boogeyman’ aux Etats-Unis) est l’incarnation de toutes les peurs universelles : le noir, l’obscurité, l’inconnu, etc. Le réalisateur Stephen T. Kay a fait de son film une sorte de conte initiatique dans lequel un jeune homme va devoir affronter ses propres peurs pour pouvoir surmonter tous ses obstacles. Ici, pas d’effets gores et autres effusions sanguinolentes : « Boogeyman » fait la part belle au suspense et aux sursauts en jouant à fond la carte du suspense psychologique dans un style manifestement inspiré des films d’épouvante asiatiques mettant en scène des fantômes ou des revenants - films qui ont inspiré toute une ribambelle de remake U.S. à n’en plus finir, qu’il s’agisse de « The Grudge », « The Eye » ou bien encore le récent « The Uninvited ». Hélas, « Boogeyman » ne parvient jamais à convaincre, et ce dès le début : voir un homme disparaître dans le placard d’une maison, en quoi est-ce censé faire peur ? Dès lors, le réalisateur tente de nous convaincre du bien-fondé de son récit mais en vain : les scènes de suspense sont souvent bien trop longues, interminables et ennuyeuses ! La scène où Tim revient chez lui et tente d’affronter ses peurs et un modèle d’ennui rare : il ne se passe rien pendant de longues minutes et l’on se demande parfois même à quel moment la séquence va se terminer pour pouvoir enfin passer à quelque chose d’un peu plus effrayant. Stephen T. Kay n’a pas compris que ce n’est pas en filmant un type qui a peur de tout (une ombre, un placard, une porte, etc.) qu’il réussira à susciter la peur chez le spectateur. Et même si l’on appréciera la bonne facture de certaines scènes de suspense psychologique, les 10 dernières minutes basculent malheureusement dans le piège facile de l’épouvante conventionnelle que le film avait pourtant réussi à éviter soigneusement jusque là.

Le compositeur Joseph LoDuca semble être le seul à avoir vraiment cru au potentiel du film de Stephen T. Kay, puisqu’il nous livre pour « Boogeyman » un score somme toute très impressionnant et assez expérimental, à des années lumières de la nullité et de l’ennui abyssal du film. La présence de LoDuca sur le film n’est certainement pas due au hasard, puisque le compositeur a déjà travaillé par le passé avec Sam Raimi sur la trilogie « Evil Dead » et sur les séries télévisées « Hercules The Legendary Journeys », « American Gothic », « Young Hercules » et « Xena : Warrior Princess ». C’est donc en toute logique que Raimi a une fois de plus confié la musique de « Boogeyman » à son fidèle complice de toujours sur lequel LoDuca nous prouve encore une fois à quel point il maîtrise parfaitement le registre des musiques de film d’horreur. Utilisant un orchestre conventionnel auquel s’ajoutent des voix et quelques synthétiseurs mystérieux, le score de « Boogeyman » apporte une noirceur et un suspense assez impressionnant aux images du film (bien plus impressionnant que le film lui-même à vrai dire !). Le « Main Title » est ainsi très représentatif de l’ambiance musicale du score de LoDuca : quelques notes vaporeuses de piano sur fond de cordes et autres sonorités de boîte à musique évoquent l’univers de l’enfance angoissée de Tim, le compositeur se montrant ici assez inventif dans son instrumentation, mélangeant acoustique et électronique avec un certain tact (à noter par exemple l’utilisation d’un violon électrique un peu étrange à la fin du morceau). Toujours aussi inventif, un morceau comme « Delivered » utilise un choeur d’enfants un peu lointain, évoquant des chants ethniques mystérieux et apaisants à la fois (et qui sont évidemment associés aux angoisses infantiles de Tim). A noter que l’on entend d’ailleurs ces voix lorsque Tim retourne à la maison familiale 15 ans après le drame.

« Room 3 (Revisited) » est plus représentatif du climat angoissant de la musique de LoDuca, mettant ainsi en avant des cordes dissonantes avec des sonorités synthétiques sombres et quelques petites percussions discrètes, le tout baignant dans une atmosphère cauchemardesque quasi surréaliste. Le compositeur évoque les angoisses du jeune héros lorsque ce dernier retourne dans la chambre du motel où se trouvait sa fiancée peu avant qu’elle ne disparaisse subitement dans la salle de bain. La musique apporte une tension constante à l’écran et un suspense étouffant, avec une inventivité toujours constante dans le maniement des sons électroniques/instrumentaux. Ces morceaux de suspense glauque alternent tout au long du film avec des passages plus intimes comme « House of Broken Dreams » qui évoquent les souvenirs mélancoliques de Tim dans la maison familiale avec une utilisation toujours constante de ces chants ethniques auxquels s’ajoutent une flûte exotique et des chants divers, le tout avec une inventivité toujours constante (vocalises féminines, berceuse fredonné par un enfant au loin, etc.). Certains passages de terreur/action comme « Staplin’ Uncle Mike » demeurent un peu plus décevant car plus conventionnel et aussi légèrement plus « cheap ». On entend clairement ici l’apport très « musique de série-B d’épouvante » des synthétiseurs et la présence d’un orchestre somme toute très modeste (notamment dans le pupitre des cuivres), et ce même si l’on retrouve encore une fois ce côté très expérimental, notamment dans la façon dont LoDuca interrompt soudainement sa musique par des bruits de porte et autres trouvailles sonores intéressantes. Un morceau comme « Frannie » et sa reprise fantomatique du thème principal permet de prolonger le travail du compositeur autour de ses différentes sonorités qui se mélangent ici avec brio : guitare, cordes en sourdine/harmonique aigues, synthétiseurs divers, violon électrique, etc. LoDuca s’amuse même à nous offrir un peu de rock/électro dans « Cutting Through ». Les passages de terreur aux ambiances fantomatiques se poursuivent dans « Helping Frannie/Getting Lose » ou « Losing Loves/Ready For The Man », morceau impressionnant dans lequel LoDuca développe son travail autour d’effets de cordes dissonantes avant-gardistes qui rappellent bon nombre de scores horreur/thriller à la Christopher Young ou ce que LoDuca fit en 1981 sur « Evil Dead ». La tension monte encore d’un cran dans « How Do You Stop ? », « Plasmatized » ou l’agressif et dissonant « The Sentinel » et ses sonorités chaotiques, expérimentales et cauchemardesques (sans oublier la cacophonie des cris d'enfants dans le dérangeant « The Missing », un sommet de bizarrerie sonore bien peu conventionnel pour un film hollywoodien de ce genre!).

La partition de Joseph LoDuca pour « Boogeyman » confirme encore une fois le talent du compositeur pour les scores d’horreur/suspense, apportant une noirceur et une tension permanente au film de Stephen T. Kay. Malgré son côté très fonctionnel, la musique de « Boogeyman » parvient à captiver notre attention grâce à son mélange de sonorités hétéroclites et d’ambiances glauques et cauchemardesques à souhait. Tour à tour intense, sombre, expérimentale ou mélancolique, la musique de LoDuca réussit à convaincre là où le film échoue, et s’inscrit dans la continuité des précédents travaux du compositeur dans son domaine de prédilection : la musique d’horreur ! Un score somme toute très intéressant, à découvrir grâce à la récente édition chez La La Land Records !


---Quentin Billard