1-The Huddle 2.22
2-The Eggs Hatch 0.39
3-Birth of Mumble 1.43
4-Wives Ho! 4.07
5-Singing Lessons 2.18
6-The Skua Birds 2.30
7-In My Room 1.22
8-Graduation 1.35
9-Fish 1.42
10-Leopard Seal 3.01
11-Adelieland 3.02
12-Bob's LED 1.33
13-Finding Aliens 1.47
14-Lovelace's Pile 3.03
15-If I Could Sing 0.45
16-Exile 2.18
17-The Leader of the Pack 1.25
18-Finding Lovelace 2.39
19-Gloria Joins 3.04
20-The Hill 1.21
21-Fun Food Storm 5.19
22-Killer Whales 2.52
23-The Alien Ships 4.46
24-In The Zoo 3.20
25-First Contact 1.46
26-Mumble Returns 1.34
27-Tap Versus Chant 2.56
28-The Helicopter 0.53
29-Communication 1.58

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:


Album produit par:
John Powell
Montage musique:
Tom Carlson, Simon Leadley,
Tim Ryan

Arrangements musicaux:
James McKee Smith, Gavin Greenaway
Producteur chanson:
Gavin Greenaway

Artwork and pictures (c) 2006 Warner Bros Pictures. All rights reserved.

Note: ****
HAPPY FEET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
« Happy Feet » reste sans aucun doute l’un des films animés les plus impressionnants de ces dix dernières années. Cette affirmation peut paraître exagérée à première vue, et pourtant, le résultat est bel et bien là : l’australien Georges Miller (à qui l’on doit la trilogie « Mad Max ») nous offre un film animé d’une beauté à couper le souffle. Techniquement réussi, doté d’une animation virtuose, « Happy Feet » est avant tout un conte initiatique se déroulant dans l’univers de la banquise en Antarctique. Mumble est un petit manchot qui n’a pas de chance : à l’inverse de tous ses camarades, il ne sait absolument pas chanter, mais en revanche, il pratique les claquettes de façon virtuose. Hélas, pour continuer d’exister dans la société des manchots, il faut savoir chanter, car seul le chant permet aux pingouins de trouver l’âme soeur et d’assurer la reproduction de l’espèce. Norma Jean, la mère de Mumble, apprécie le don de son fils, en revanche, son père Memphis, considère que cela n’est pas acceptable de la part d’un pingouin de ne pas savoir chanter. Mumble réussit malgré tout à se lier d’amitié avec la belle Gloria, la meilleure chanteuse de toute la banquise. Hélas, la société des manchots est en danger : le poisson se raréfie de plus en plus, et les vieux de la tribu commencent à accuser Mumble et son « anormalité » d’en être les principaux responsables. Banni de sa tribu, Mumble descend alors vers les Terres Adélie, où il va se lier d’amitié avec un groupe de pingouins latinos dirigés par l’exubérant Ramon. Avec l’aide de ses nouveaux compagnons, Mumble décide de quitter les terres afin de découvrir qui leur vole tout le poisson. « Happy Feet » apparaît donc comme une fable initiatique avec un message écologique indispensable : assurer la survie de la banquise et de sa faune est devenu un enjeu écologique de taille, à une époque où l’on parle de plus en plus de réchauffement de la planète et de la fonte des glaces. Produit par la Warner Bros, le somptueux film animé de Georges Miller doit beaucoup au succès de « La Marche de l’Empereur », fameux documentaire animalier sorti en 2005 et qui réhabilita au cinéma l’image - assez peu exploitée traditionnellement dans les médias - des pingouins de l’Antarctique, et ce même si « Happy Feet » a été conçu bien avant « La Marche de l’Empereur ». Mélangeant différents styles avec bonheur (comédie musicale, conte initiatique, film d’aventure, comédie dramatique, etc.), Georges Miller a aussi tenu à soigner le réalisme des images et des animaux, en évitant tout le côté « cartoon » habituel grâce à ses images numériques de haut niveau. Certaines séquences sont ainsi proprement hallucinantes, qu’il s’agisse de la poursuite avec le léopard des mers, des scènes de glissade ou de la séquence avec le bateau de pêcheur vers la fin du film.

« Happy Feet » vaut aussi pour l’importance accordée à la musique, Georges Miller ayant décidé de baser une bonne partie de son film sur les chansons qu’interprètent les pingouins tout au long de l’histoire. Pour se faire, il s’est entouré d’un casting vocal de qualité, réunissant ainsi Elijah Wood, Brittany Murphy, Nicole Kidman, Robin Williams (qui interprète 2 personnages dans le film), Hugh Jackman, Hugo Weaving, Anthony LaPaglia, Miriam Margolyes, etc. Signalons aussi que pour la VF, en plus de Clovis Cornillac, Marion Cotillard, Sophie Marceau, Kad Merad, Anthony Kavanagh et Marianne James, certaines séquences musicales ont été interprétées par cinq candidats de la « Star Academy 6 » qui s’en sont donné à coeur joie sur ces scènes de chant. Parmi les nombreuses chansons qu’interprètent - souvent en medley - les pingouins de « Happy Feet », on retrouve des tubes d’artistes tels que Prince, Stevie Wonder, Freddie Mercury, Paul Anka, John Lennon, Paul McCartney, Lionel Richie, et parmi les genres musicaux abordés, de la pop traditionnelle en passant par le funk, le gospel, le rap et même l’opéra. A noter que les arrangements musicaux ont été assurés par John Powell, qui signe aussi le score du film de Georges Miller. La BO de « Happy Feet » alterne donc entre les chansons et la partie instrumentale signée John Powell, un habitué des musiques de film animé et qui nous livre sur ce long-métrage une partition belle, émouvante, énergique et colorée. Powell utilise toutes les ressources du traditionnel orchestre symphonique avec un choeur qui évoque l’immense tribu des manchots, et tout un ensemble de solistes qui parcourent l’ensemble de la musique du film. Le score se mêle bien souvent aux chansons du film, à tel point qu’il devient parfois difficile d’entendre où s’arrêtent les chansons et où commencent le score.

« The Huddle » introduit ainsi le très beau thème principal associé à la quête de Mumble avec un choeur d’hommes puissant marquant un rythme soutenu (avec quelques vocalises féminines), et accompagné d’un orchestre ample pour une introduction somme toute extrêmement grandiose et majestueuse. Plus léger, « The Eggs Hatch » et « Birth of Mumble » accompagnent la naissance de Mumble à l’aide de bois sautillants, de cordes légères et une nouvelle reprise - plus furtive - du thème principal dans « The Eggs Hatch ». Comme toujours chez John Powell, on appréciera ici le soin tout particulier apporté aux orchestrations, le compositeur jouant ici avec divers instruments solistes avec une fluidité rare, qu’il s’agisse des guitares, des vents comme la clarinette ou même des voix. Le thème revient dans l’excellent « Wives Ho ! » chanté ici par un choeur féminin sur fond de rythme électro, guitare électrique rock et orchestre dominé par des trompettes puissantes. A l’instar du film lui-même, Powell mélange un peu des styles différents et renforce à l’écran la beauté et l’extrême vitalité des images et de l’histoire elle-même. « Wives Ho ! » fait preuve d’une certaine finesse et d’une fraîcheur d’écriture rare, nous prouvant à quel point John Powell semble s’être bien amusé sur ce film. Les guitares « à la russe » de la scène du cours de chant (« Singing Lessons ») apportent un éclairage vaguement humoristique à cette séquence (avec, comme toujours, l’omniprésence des choristes), tandis que le très beau « In My Room » apporte un peu de poésie et de légèreté avec un chant d’une grande pureté interprété par des enfants durant une scène de pratique vocale à l’école des manchots. « Fish » accompagne la scène de la pêche aux poissons de façon grandiose à l’aide d’un choeur majestueux, d’un orchestre énergique (dominé ici par des bois virevoltants), tandis que « Leopard Seal » verse dans l’action tonitruante typique du compositeur, à grand renfort de percussions électroniques, de cuivres massifs et de cordes agitées pour la très spectaculaire scène de la poursuite avec le léopard de mer.

Toujours inventive, fraîche et entraînante, la musique de Powell continue de jouer ainsi sur le mélange et l’alternance des ambiances, avec pour « Adelieland » (scène où Mumble et ses nouveaux amis arrivent en Terre Adélie) une samba absolument savoureuse où l’instrumentation latino traditionnelle fait la part belle aux percussions, aux choristes, à l’orgue électrique et à une section de cuivres endiablés (on pense par moment à certains passages de « Antz »). Idem pour l’excitant « Bob’s LED » avec ses rythmes de percussions latinos trépidants et ses trompettes à la mexicaine (ambiance musique de mariachi festive) pour l’impressionnante séquence où Mumble et ses amis glissent le long de la montagne. Powell et ses musiciens s’amusent comme des petits fous, et l’énergie qui se dégage de la musique sur les images est tout simplement communicative en diable ! Le compositeur s’amuse même à pasticher du funk sexy rétro 70’s à la Barry White dans « Lovelace’s Pile » avec ses choristes féminines sensuelles et son orgue électrique pour la scène avec Lovelace. « Exile » s’avère être bien plus dramatique, accompagnant la scène de l’exil de Mumble avec une reprise du thème principal et l’omniprésence des choeurs (débouchant sur la très belle ballade mélancolique « The Leader of the Pack » avec son duo vocal et sa guitare latino). A noter l’utilisation de castagnettes hispanisantes dans « The Hill » et de rythmiques électro dans « Fun Food Storm » accompagnant une scène où Mumble et ses amis traversent une tempête de neige pour trouver un refuge dans les glaces. Le morceau donne alors l’occasion à John Powell de nous offrir une superbe reprise du thème principal dans une version orchestrale épique, solennelle et puissante (dans un style « anthemic ») illustrant la détermination des héros prêt à tout pour accomplir leur quête. L’action reprend le dessus dans l’excitant « Killer Whales » ou « The Alien Ships » (et ses envolées orchestrales grandioses) illustrant la scène du bateau des humains avec une certaine puissance. Powell se fait plaisir et nous offre enfin un beau duel de claquettes / chant dans « Tap Versus Chant » après le retour de Mumble dans la tribu, débouchant sur les conclusifs « The Helicopter » et « Communication ».

Vous l’aurez probablement compris, « Happy Feet » est un score d’une énergie assez impressionnante, une musique fraîche, grandiose, exubérante, émouvante et pleine de vie, toute à l’image du film de Georges Miller. Si le score, à la première écoute, ne laisse pas un souvenir impérissable, il n’en demeure pas moins cohérent de bout en bout, riche, varié, extrêmement coloré, et ce même si l’on regrettera le fait que la thématique soit réduite ici à son strict minimum (un seul thème pour Mumble et sa quête). John Powell fait encore une fois preuve d’une très grande inventivité dans le maniement de ses instruments et des différentes ambiances musicales avec lesquelles il joue constamment tout au long du film (classique, action, latino, funky, etc.). Le score fait de nombreux vas-et-viens entre la musique originale et les chansons du film, et ce avec une aisance rare, fruit d’un travail murement réfléchi. En conclusion, voici un nouveau et magnifique score de John Powell à découvrir sans plus tarder, en même temps que le film de Georges Miller : vous ne le regretterez pas !


---Quentin Billard