1-Main Title 5.04
2-The Asylum 3.55
3-Clarice 3.03
4-Return to The Asylum 2.35
5-The Abduction 3.01
6-Quid Pro Quo 4.41
7-Lecter in Memphis 5.41
8-Lambs Screaming 5.34
9-Lecter Escapes 5.06
10-Belveder, Ohio 2.20
11-The Moth 7.02
12-The Cellar 7.02
13-Finale 4.50

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

MCA Soundtracks
MCAD-10194

Album produit par:
Howard Shore
Montage musique:
Suzana Peric

Artwork and pictures (c) 1991 Orion Pictures Corp. All rights reserved.

Note: ***
THE SILENCE OF THE LAMBS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Plusieurs années après le 'Manhunter' de Michael Mann qui mettait déjà en scène le Docteur Hannibal Lecter (Brian Cox) (adapté du roman de Thomas Harris, 'Red Dragon') revoilà une nouvelle adapation cinématographique d'un autre grand roman de Thomas Harris sur l'un des plus célèbres psychopathe du cinéma: 'The Silence of The Lambs' (Le Silence des Agneaux). Réalisé par un Jonathan Demme maître de son film, The Silence of The Lambs est un thriller psychologique terrifiant, mené par un script ingénieux et une mise en scène inquiétante, terrifiante et vraiment captivante. La jeune agent du FBI Clarice Starling (Jodie Foster) reçoit un jour la mission de retrouver une femme disparue et de la sauver d'un sinistre psychopathe surnommé 'Buffalo Bill' (il arrache les peaux de ses victimes), un malade mental qui a déjà laissé plusieurs cadavres atrocement mutilés derrière lui. Dans l'espoir de retrouver la trace de ce psychopathe, son chef Jack Crawford (Scott Glenn) l'envoie parler à un autre psychopathe, le docteur Hannibal Lecter (Anthony Hopkins, qui donne une magistrale leçon d'acteur dans ce rôle), un psychiatre très intelligent enfermé dans une prison sous haute surveillance . Avec l'aide de Lecter, Clarice va tenter de reconstituer le puzzle et d'arrêter le tueur avant qu'il ne tue la nouvelle fille qu'il a kidnappé et enfermé quelque part. Le jeu du chat et de la souris commence alors entre Clarice et Hannibal qui oblige la jeune et vulnérable Clarice à jouer à un petit jeu psychologique, le 'dis moi qui tu es, je te dirais qui je suis'. Clarice va donc tenter d'apprivoiser Hannibal afin que ce dernier se livre à elle et lui révèle l'identité exacte du tueur. Mais Hannibal est un brillant manipulateur et ce n'est qu'au bout d'une douloureuse torture psychologique que Clarice va enfin retrouver le tueur. Personne ne peut oublier ces plans fixes sur le regard hypnotisant et troublant d'Anthony Hopkins lorsque ce dernier s'adresse à Clarice en lui parlant du cri des agneaux. C'est à partir de ce souvenir douloureux que la métaphore de l'histoire apparaît et rejoint le titre du film: Clarice veut accomplir cette mission jusqu'au bout afin qu'elle puisse retrouver "l'agneau" (la fille kidnappée) qu'elle a autrefois abandonné étant petite, pour qu'elle puisse enfin retrouver la paix et ne plus entendre le cri des agneaux. A travers la mission que le FBI lui a confié, Clarice recherche donc le silence des agneaux. Le parallèle entre la mission de Clarice et ce souvenir d'enfance douloureux qu'Hannibal lui a fait resurgir au grand jour est très astucieux et montre que The Silence of The Lambs est sous plus d'un point un thriller psychologique hautement maîtrisé et abouti, d'autant plus réussi qu'Anthony Hopkins interprète là l'un de ses meilleurs rôle de toute sa carrière. Un thriller captivant devenu un véritable chef d'oeuvre incontournable dans don domaine.

Après plusieurs scores sinistres pour David Cronenberg (The Brood, Scanners, Videodrome, The Fly, Dead Ringers, etc...) et d'autres partitions mineures, Howard Shore marquait une fois de plus le coup avec le glacial score de 'The Silence of The Lambs', un score sombre, lent et dramatique à la fois évitant les clichés de la musique atonale habituelle pour se concentrer autour d'une musique au tempo lent, très rarement agité et assez dramatique d'esprit. Entièrement orchestrale sans utiliser le synthétiseur, la partition de Shore se construit autour d'un seul et unique thème, un motif de 8 notes en forme d'arche qui intervient durant tout le film pour suivre la longue et pénible mission de Clarice Starling. Dès le Main Title, Shore pose les bases. Cordes, cuivres graves et vents sont de la partie pour créer une atmosphère lente, plutôt dépressive, le générique de début permettant au compositeur d'amorcer son thème principal. Plutôt glaciale, la musique de Shore crée un climat morose et sombre à la fois, une atmosphère plutôt dépressive dépourvu de toute émotion, si ce n'est une certaine forme d'inquiétude. En évitant certains clichés traditionnels de musique de thriller (Craig Armstrong procédera un peu de la sorte pour 'The Bone Collector'), Shore arrive à créer une atmosphère déprimante très forte dans le film. En évitant tout tempo rapide ou toute agitation orchestrale, le compositeur canadien arrive à restituer l'ambiance dramatique du film sans oublier l'aspect psychologique qui se fond à travers la musique de Shore (après tout, Clarice se bat pour oublier 'le cri des agneaux' à travers cette mission difficile. Tout l'intérêt dramatique de sa mission réside autour de cette femme fragile et vulnérable, soumise à la peur mais néanmoins déterminée à aller jusqu'au bout.). Que ce soit au début du film (on pense à la scène où Clarice retrouve la tête de l'un des anciens patients d'Hannibal Lecter où Shore développe particulièrement le thème principal au sein de son écriture orchestrale favorisant des sonorités sombres et froides en même temps) ou vers le dénouement de l'histoire, le score de Shore conserve toujours cette atmosphère de lenteur vaguement moribonde qui devient de plus en plus forte au sein du film.

La musique se veut par moment plus inquiétant sans jamais céder le pas à la terreur pure et dure. C'est avec un travail orchestral important (cordes froides bien mises en avant et sonorités plus sombres à l'aide de bassons, cors, etc.) que Shore arrive à retranscrire l'inquiétante scène de l'asile au début du film ou la fragilité du personnage de Clarice Starling à qui le thème principal semble être dédiée comme une sorte de leitmotiv du personnage. Lorsque Buffalo Bill enlève la fille dans la camionnette, la musique devient un peu plus sombre, plus insistante. Le seul véritable moment de terreur est illustré durant la scène où Hannibal s'échappe de sa prison en tuant sauvagement les deux gardes. C'est le seul véritable moment de terreur du score. N'oublions pas non plus de mentionner la musique très tendue accompagnant la confrontation finale entre Clarice et le tueur dans le sous-sol obscure de sa maison. Shore arrive à faire progressivement monter la tension à l'aide d'un crescendo orchestral insistant digne de ce que sera le futur score de Se7en, 'The Silence of The Lambs' amorçant déjà le style thriller de Shore dans le milieu des années 90.

Le finale du film est probablement le morceau le plus inquiétant du score. Développant une écriture orchestrale troublante (arpèges de vents basés sur les premières notes du thème principal avec des cordes aiguës assez froides et inquiétantes à la fois), le 'Finale' du score apporte une touche troublante à la conclusion de cette atmosphère musicale lente et sombre que Shore a crée pour ce film. La musique accompagne la conclusion du film alors qu'Hannibal est dans un autre pays et qu'il suit la trace de sa future victime. Sinistre, inquiétant et sombre à la fois, ce final aux cordes extrêmement froides conclut le score de manière très sombre, tout en laissant cette histoire en suspend. Aucun happy-end ici, on reste sur une note plutôt sombre, en adéquation avec le climat musical très fort dans le film.

Troublante, inquiétante, parfois tendue et toujours lente, sombre et dramatique en même temps, la musique de 'The Silence of The Lambs' n'est pas une BO très facile d'accès. A part un seul et unique thème principal qui risquera de passer clairement inaperçu à la première écoute, il n'y aucun repère particulier auquel se raccrocher à l'écoute de ce score si ce n'est aux orchestrations très réussies et à l'atmosphère plutôt étouffante que la musique crée dans le film. Indissociable de la réussite de la mise en scène, la musique contribue à renforcer l'atmosphère morose et sombre du film avec le style typique de Shore pour ce genre de film. Assez psychologique et lente, la musique du compositeur canadien reste un modèle du genre, et ce même si le score ne brille pas d'une originalité particulière.



---Quentin Billard