1-Main Title 2.34
2-Paul & Samantha 1.03
3-BB's Happy Times 1.24
4-Sam Moves 1.15
5-Paul The Genius 1.39
6-Dark Possibilities 3.00
7-Basketball Game 0.49
8-Deadly Moment 1.07
9-Neighbors 0.42
10-Metal Mental 1.28
11-BB's Chant 1.41
12-Murderously Yours 1.26
13-What's Up? 1.19
14-Sam Revenge 0.43
15-Grab Bag 2.15
16-Hyper Tensions 1.35
17-Bad Company 1.31
18-Stealth 1.12
19-Lasting Effects 1.20
20-Inner Workings 1.28
21-End Credits 2.03
22-Song: BB's Chant
"Where Are You Tonight?" 2.09

Interview with Charles Bernstein
and Wes Craven

23-How Charles Got the Film 1.58
24-Lullaby Theme 2.25
25-Alternate Ending 1.19
26-Scoring the Film 7.14
27-Musical Background 1.50
28-Recording the Score 4.53
29-Themes 5.45
30-Inspiration 6.48
31-Current and Future Projects 2.21
32-Sign Off 0.17

Musique  composée par:

Charles Bernstein

Editeur:

Perseverance Records
PRD LCSE 018

Produit par:
Charles Bernstein


Note: ***1/2
DEADLY FRIEND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Charles Bernstein
Série-B d’épouvante modeste, « Deadly Friend » (L’amie mortelle) est aussi un film méconnu de Wes Craven. Le réalisateur de « Scream » et « Freddy » a connu une carrière en dent de scie, plus particulièrement durant les années 80, où il enchaînera série-B et série-Z, toutes plus décevantes les unes que les autres. C’est en 1986 que sort « Deadly Friend », film d’épouvante adapté d’un roman de Diana Henstell. On y suit l’histoire de Paul Conway (Matthew Laborteaux), un petit génie scientifique de 15 ans qui vient de mettre au point un robot à l’intelligence artificiel baptisé BB (ou « Bibi »). Paul et sa mère viennent de s’installer dans une petite banlieue américaine tranquille, en compagnie de BB. Très vite, Paul se lie d’amitié avec Tom (Michael Sharrett), un jeune livreur de journaux, et tombera amoureux de la jolie Samantha (Kristy Swanson), sa voisine maltraitée par un père violent et alcoolique. Hélas, Paul voit sa vie basculer dans le chaos lorsque, à la suite d’une mauvaise farce lors d’une soirée d’Halloween, il perdra BB, abattu par une voisine paranoïaque et misanthrope. Et comme si cela ne suffisait pas, la pauvre Samantha -avec qui Paul commençait à flirter- se retrouve à l’hôpital, à la suite d’une terrible chute dans des escaliers (poussée accidentellement par son père durant une violente dispute). Samantha décède à l’hôpital dès suite d’un état de mort cérébrale. Bouleversé, Paul se dit qu’il existe encore un moyen de sauver Samantha et de la ramener à la vie : il décide alors de dérober le corps de la jeune fille pour lui greffer le microprocesseur de BB dans le cerveau. Samantha revient alors à la vie, mais son comportement a totalement changé : elle imite alors tous les mouvements du robot et va commencer à se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal.

« Deadly Friend » est au final une variante sympathique du thème de « Frankenstein » adapté à la sauce Wes Craven. Hélas, le film ne convainc pas toujours, en particulier à cause du design ridicule du robot BB, avec tout ce qui va avec (vision subjective pixellisée très « années 80 », borborygmes systématiques et incompréhensibles en dehors du nom « BB » que le robot répète constamment, etc.). La très craquante Kristy Swanson se retrouve alors obligée d’interpréter un robot de façon caricaturale pendant les dernières 40 minutes. Et que dire de l’interprétation totalement insipide de Matthew Laborteaux dans le rôle de Paul (l’acteur étant plus connu pour avoir joué dans la série « La petite maison dans la prairie »), qui ne réussit pas à remonter le niveau du film. Et pourtant, malgré tous ces éléments qui frôlent le ridicule, « Deadly Friend » parvient à insuffler quelques éléments horrifiques épatants, comme une scène particulièrement gore durant laquelle Samantha explose la tête de la voisine à coup de ballon de basket, ou celle où elle brûle le visage de son père dans une chaudière (sans oublier deux scènes de cauchemar typiques du réalisateur !). Wes Craven revient alors à un style plus proche de « Freddy » et arrive même à insuffler un souffle tragique vers la fin du film, lorsque Samantha retrouve enfin sa partie humaine et que le spectateur comprend l’horreur tragique de la situation. Hélas, l’ensemble manque réellement de conviction, et le film navigue trop entre second degré et épouvante sanguinolente pour parvenir à nous conquérir pleinement.

La musique de Charles Bernstein apporte quand à elle une tension et un suspense impressionnant aux images du film, renforçant chaque moment d’épouvante avec brio. Le compositeur - qui avait déjà signé la musique du premier « Freddy » en 1984 - nous livre pour « Deadly Friend » un score horrifique typiquement années 80, avec son lot de sursauts orchestraux chaotiques et de synthétiseurs kitsch. Le « Main Titles » permet au compositeur d’introduire le thème principal associé à BB, mélodie en apparence innocente, parsemée de quelques vagues touches de dissonances qui annoncent clairement que quelque chose de grave va se produire. L’inévitable Love Theme apparaît ensuite dans « Paul & Samantha », joué par un mélange ample entre cordes, piano et harpe assez savoureux - typique des grands thèmes romantiques hollywoodiens des années 80. La première partie du score se veut ainsi encore apaisée et même enjouée, comme le confirme la reprise du thème principal dans « BB’s Happy Times » entièrement joué par des synthétiseurs eighties kitsch, évoquant le robot et ses moments heureux en compagnie de son créateur et de ses amis. « Sam Moves » vient alors casser le côté paisible et mélodique du début en apportant une touche plus noire à la partition, un fait confirmé par « Dark Possibilites » qui développe une atmosphère électronique « 80’s » particulièrement glauque, dans la lignée de la musique de « A Nightmare on Elm Street ».

Dès lors, Charles Bernstein développe une atmosphère sombre et oppressante tout au long du film, entrecoupé de moments plus apaisés (« Basketball Game », « Neighbors ») qui sont très vite coupés par des moments de fureur orchestrale comme « Deadly Moment » et son mélange orchestre dissonant et agressif/synthétiseur menaçant, qui évoquent les accès de violence sanguinaire de BB dans le film. Certains passages plus synthétiques permettent de développer l’atmosphère musicale propre au robot comme « Metal Mental » ou l’étrange « BB’s Chant », dans lequel le nom de « BB » est répété constamment par des voix samplées étranges sur fond de synthétiseur atmosphérique pour l’un des morceaux les plus expérimentaux de la partition de « Deadly Friend » (et aussi l’un des plus intriguant !), morceau qui hélas, dans le film, n’échappe pas à ce côté ridicule dans lequel Wes Craven sombre à plusieurs reprises. Heureusement, certains morceaux comme « Murderously Yours » reprennent très vite les choses en main avec ses élans orchestraux agressifs et ses clusters dissonants et chaotiques illustrant encore une fois les sombres méfaits de BB. Idem pour « Sam’s Revenge » et ses rythmes de cuivres martelés (sur fond d’effets de col legno aux cordes et de synthétiseurs inquiétants) qui évoquent l’implacable vengeance orchestrée par BB, morceau qui débouche sur le non moins agressif « Grab Bag » - sans aucun doute l’un des morceaux de terreur le plus impressionnant de toute la partition de Charles Bernstein avec « Lasting Effects » et ses dissonances parfois extrêmes entre l’orchestre et les synthétiseurs ! Certains passages plus électroniques paraissent inévitablement datés (« Stealth ») mais font toujours leur petit effet dans le film.

Au final, « Deadly Friend » est une partition horrifique somme toute typique de ce que faisait Charles Bernstein sur les films d’horreur des années 80. Plus ambitieuse et un peu plus inventive que la BO de « A Nightmare on Elm Street », la musique de « Deadly Friend » apporte une noirceur, une tension et une atmosphère de terreur pure au film de Wes Craven, entrecoupé de moments plus intimes et émouvants qui renforcent le côté dramatique/tragique de l’histoire. La récente réédition du score complet publié par Perseverance Records nous permet enfin d’entendre l’intégralité de la partition de Charles Bernstein et d’apprécier chaque détail de la musique, l’album étant accompagné d’une longue interview audio du compositeur expliquant son travail sur le film de Wes Craven. En tout cas, les amateurs des musiques de film d’épouvante « eighties » devraient sans aucun doute se procurer cet album tout à fait représentatif du travail du compositeur dans le domaine !


---Quentin Billard