1-Rush Hour Main Title 2.04
2-Fight At The Harbor 1.20
3-Soo Yung's Theme 3.17
4-Soo Yung's Abduction 0.54
5-Lee Arrives In L.A. 1.29
6-Jumping The Bus 2.08
7-Won Ton For Two 1.50
8-Explosive Situation 1.19
9-Lee At The Mansion 2.18
10-Restaurant Poison 2.15
11-Battle at Juntao's 2.20
12-Greasy Egg Rolls 0.56
13-Chasing Sang 2.36
14-$50 Million Ransom 1.51
15-On Juntao's Heels 4.09
16-Asian Art Convention 1.48
17-Lee's Sadness 1.47
18-High Tension 2.29
19-Sweet and Sour 2.09
20-Chinese Street Music 2.03
21-Carter Chases Clive 1.32
22-The British Menace 1.26
23-Rush Hour End Title 3.22

Musique  composée par:

Lalo Schifrin

Editeur:

Aleph Records 005

Album produit par:
Lalo Schifrin, Brett Ratner
Monteur musique:
Steve McCrosky

Artwork and pictures (c) 1998 New Line Cinemas. All rights reserved.

Note: ***1/2
RUSH HOUR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Lalo Schifrin
« Rush Hour » est un énième buddy-movie surfant sur une formule mise en place depuis les années 80 avec des films tels que « 48 Hours », « Beverly Hills Cop » ou bien encore la tétralogie « Lethal Weapon », à savoir un film dans lequel un flic doit faire équipe avec un coéquipier sidekick d’origine totalement différente. L’inspecteur Lee (Jackie Chan) est sur le point de démanteler un important réseau de criminels hongkongais. Après une opération policière réussie, Lee, expert en arts martiaux, se retrouve confronté à une mission encore plus difficile : retrouver la trace de Soo Yung, 11 ans, la fille du consul de Chine aux Etats-Unis qui a été kidnappée par les hommes d’un maître du crime hongkongais responsable de la mort de l’ancien coéquipier de Lee. Ce dernier saute alors dans un avion et se rend aux Etats-Unis afin de retrouver la fillette et de stopper les agissements des ravisseurs. C’est alors que le FBI lui adjoint un policier américain grande-gueule, James Carter (Chris Tucker), qui sera chargé de l’aider dans son enquête. « Rush Hour » est l’archétype même du buddy-movie par excellence : deux flics que tout oppose obligés de faire équipe sur une même enquête qui les amènera à mettre de côté leurs différences pour mieux réussir leur mission. D’un côté, Jackie Chan, le Bruce Lee comique d’Asie, et Chris Tucker, la grande gueule de l’Ouest, un duo qui fait des étincelles à l’écran et qui nous renvoie clairement aux grandes heures du tandem Danny Glover/Mel Gibson dans « Lethal Weapon ». Le réalisateur Brett Ratner mélange ainsi action et comédie avec un rythme toujours très soutenu, quelques scènes de combat d’une efficacité redoutable et bien sûr, un humour omniprésent. Et cerise sur le gâteau : un bêtisier hilarant pour le générique de fin du film !

Mais la plus grande surprise de « Rush Hour » provient sans aucun doute de la présence du grand Lalo Schifrin à la musique du film. Le compositeur s’était fait discret depuis la fin des années 80, ne composant quasiment plus qu’une seule musique de film par an (Schifrin n’a d’ailleurs rien écrit durant l’année 1994). C’est le réalisateur Brett Ratner qui l’avait déjà choisi en 1997 pour faire la musique de son film « Money Talks », et qui décidera finalement de reprendre Schifrin sur « Rush Hour », pour lequel le compositeur argentin nous livre une partition survitaminée qui nous renvoie à la grande époque des scores d’action du Schifrin des années 70. Fidèle à son style musical d’antan, Lalo Schifrin renoue avec le passé et lorgne ici du côté du funk urbain de « Dirty Harry » et des touches asiatiques de « Enter The Dragon ». Le thème principal de « Rush Hour » (dont les notes rappellent curieusement le thème de « McQ » d’Elmer Bernstein) accompagnera tout au long du film les exploits de Lee et Carter avec un style toujours très musclé et finement orchestré. Ainsi donc, le « Rush Hour Main Title » dévoile pour le générique de début du film le thème accompagné par une batterie, des synthétiseurs kitsch très « seventies » (on pense ici aux synthés de l’ouverture de « Magnum Force »), une guitare électrique et un orchestre dominé ici par les cuivres, les cordes et les instruments asiatiques, instruments que Schifrin utilisera tout au long du film pour évoquer les origines de l’inspecteur Lee (alias Jackie Chan). C’est d’ailleurs cette utilisation des sonorités asiatiques qui rappelle beaucoup le travail de Schifrin sur « Enter The Dragon », un travail qui semble donc avoir trouvé écho dans la bande son du film de Brett Ratner. Toujours est-il que le « Main Title » de « Rush Hour » est un pur moment de bonheur pour tous les fans de Lalo Schifrin : un grand thème avec une instrumentation très rétro à la sauce « 70s », comme si la personnalité musicale du compositeur n’avait pas changé d’un poil en l’espace d’une vingtaine d’années !

« Fight At The Harbor » pose ensuite les bases de la partition avec un premier morceau d’action énergique et intense, faisant la part belle aux percussions diverses, aux cuivres musclés et aux touches asiatiques pour la scène de la fusillade dans le port hongkongais au début du film. Schifrin nous rappelle ainsi qu’il est un maître des musiques d’action à l’ancienne, avec, comme toujours chez le compositeur, des orchestrations très riches et soignées, et un style musical très soutenu, qui s’éloigne d’ailleurs beaucoup des scores d’action plus industriels de chez Media-Ventures que l’on entend constamment aujourd’hui ! Schifrin se fait même plaisir et nous offre un très joli thème pour la jeune Soo Yung dans « Soo Yung’s Theme », confié aux instruments asiatiques et à un orchestre samplé, le seul problème venant ici de la qualité quelconque des samples qui font résonner le morceau comme une vulgaire démo (d’ailleurs, pour quelle raison « Soo Yung’s Theme » est l’unique morceau samplé du score de « Rush Hour » ? Mystère !). Très vite, c’est l’action qui reprend le dessus avec l’excitant « Soo Yung’s Abduction » avec ses percussions en tout genre, ses traits instrumentaux rapides et ses orchestrations toujours aussi riches et soignées (à noter l’utilisation très efficace du xylophone avec les instruments à vent). Schifrin fait un clin d’œil à « Enter The Dragon » en reprenant ses fameux rythmes funky urbain rétro dans « Lee Arrives In L.A. » à grand renfort de batterie/basse/guitare/orchestre et instruments asiatiques, pour la scène où Lee arrive à Los Angeles pour mener son enquête sur la disparition de Soo Yung.

Les morceaux d’action ne manquent pas et parcourent l’ensemble de la partition de « Rush Hour », qu’il s’agisse de l’excitant « Jumping The Bus » avec ses rebondissements rythmiques réussis (et une utilisation de rythmiques synthétiques très réussie que l’on retrouve dans « Carter Chases Clive » !), « Battle At Juntao’s » avec ses percussions frénétiques ou bien encore « Chasing Sang » et ses cuivres massifs. Schifrin n’oublie pas non plus de faire des références à la musique chinoise dans « Won Ton For Two » qui imite la musique traditionnelle de Chine ou « Chinese Street Music » et « Greasy Egg Rolls » (qui sont utilisés dans le film en tant que « source music »). Enfin, on pourra aussi relever quelques beaux passages de suspense comme le sombre « $55 Million Ransom » qui illustre la scène où le bad guy réclame une nouvelle rançon au consul chinois, le morceau - plus dissonant - utilisant un waterphone aux sonorités plus inquiétantes. On appréciera la reprise plus lente du thème principal aux cordes dans le sombre « Asian Art Convention » qui annonce la bataille finale à venir dans le musée d’art chinois, débouchant sur « The British Menace » et le très agité « High Tension » et ses cordes virtuoses. Lalo Schifrin nous rappelle aussi qu’il sait écrire de très beaux passages d’intimité pure comme le poignant « Lee’s Sadness » (scène où Lee a échoué sa mission et s’en veut pour ce qui risque d’arriver à la jeune Soo Yung), qui reprend le thème de la fillette dans une version lente et minimaliste avec quelques cordes émouvantes. Enfin, Lalo Schifrin nous propose une dernière reprise de son thème principal dans le très funky « Rush Hour End Titles », du Schifrin rétro à 100% totalement savoureux !

« Rush Hour » demeure au final une partition d’action très réussie et agréable à écouter, servie par un thème principal de qualité et un côté rétro qui nous renvoie clairement à l’époque du Lalo Schifrin des années 70. Le compositeur argentin n’a donc rien perdu de son talent et continue de nous offrir quelques belles pages musicales, et ce même si sa musique s’est considérablement épurée et que le compositeur semble avoir mis au placard tout son goût pour les expérimentations sonores qui firent son succès dans les années 60/70. La plus grande qualité de cette musique provient sans aucun doute de ce côté rétro authentique honnête et totalement assumé, qui apporte un petit plus aux images du film de Brett Ratner. A une époque où le public commence à s’habituer aux musiques d’action modernes de l’écurie à Hans Zimmer, Lalo Schifrin, lui, propose une alternative en revenant à un style plus ancien, où la musique symphonique et les rythmes funky urbains étaient encore de la partie - à l’instar de certaines musiques de séries TV policières des « seventies ». Il règne donc dans la bande originale de « Rush Hour » un agréable parfum de nostalgie pour toute une époque où Lalo Schifrin brillait par une personnalité musicale exceptionnelle assez unique en son genre. Car, si le score de « Rush Hour » n’atteint évidemment pas les sommets des oeuvres d’antan du compositeur, il n’en demeure pas moins riche et diablement accrocheur, idéal pour retrouver le musicien en pleine forme sur un buddy movie somme toute très sympathique !



---Quentin Billard