1-Star Trek 1.03
2-Nailin' The Kelvin 2.09
3-Labor of Love 2.51
4-Hella Bar Talk 1.55
5-Enterprising Young Men 2.39
6-Nero Sighted 3.23
7-Nice To Meld You 3.13
8-Run and Shoot Offense 2.04
9-Does It Still McFly? 2.03
10-Nero Death Experience 5.38
11-Nero Fiddles, Narada Burns 2.34
12-Back From Black 0.59
13-That New Car Smell 4.46
14-To Boldy Go 0.26*
15-End Credits 9.11*

*Contains Theme from
"Star Trek" TV Series
Composed by Alexander Courage and
Gene Roddenberry.

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 966 2

Produit par:
Michael Giacchino
Producteurs exécutifs album:
J.J. Abrams, Bryan Burk
Directeur de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Producteur pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Montage musique:
Stephen M. Davis
Assistant montage:
Alex Levy

Artwork and pictures (c) 2009 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
STAR TREK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Onzième épisode de la célèbre saga spatiale, « Star Trek » permet au réalisateur J.J. Abrams (créateur à succès des séries « Lost » et « Alias ») de renouer avec l’esprit de la série d’origine instaurée par Gene Roddenberry en 1966. Cet opus nous permet cette fois-ci de revenir sur les origines de l’aventure de l’U.S.S. Enterprise, le vaisseau spatial dernier cri de la Starfleet Academy. Après la destruction de l’U.S.S. Kelvin, l’académie met au point l’Enterprise et s’apprête déjà à recruter un nouvel équipage qui sera chargé de repartir dans l’espace afin de stopper les agissements d’un mystérieux individu nommé Nero (Eric Bana), qui menace de détruire la planète Vulcain et la Terre. Désormais, le sort de ces deux mondes est entre les mains de deux jeunes hommes que tout oppose : James Kirk (Chris Pine), jeune recrue tête brulée originaire de l’Iowa, et Spock (Zachary Quinto), originaire de la société vulcaine dans laquelle toute forme d’émotion est proscrite au profit de la logique pure. D’abord antagonistes, Kirk et Spock vont apprendre à coopérer ensemble afin d’empêcher le plan diabolique du maléfique Nero. « Star Trek » s’avère être au final une bien belle surprise que nous livre le surdoué J.J. Abrams, un réalisateur qui offre avec ce film un hommage vibrant à la saga mythique de Gene Roddenberry. En plus d’être un film de fan parfait pour les « trekkies », « Star Trek » vise aussi un public plus large en rendant les codes de la saga clairement intelligibles et appréciables par tous : outre des séquences d’action spectaculaires, des scènes purement grandioses et des effets spéciaux titanesques, le film nous offre aussi une brochette de jeunes acteurs au sommet et quelques touches d’humour bien placées. Si Chris Pine demeure convaincant - bien qu’un peu fade - dans le rôle du jeune Kirk, c’est incontestablement Zachary Quinto qui s’impose tout au long du film dans le rôle du jeune Spoke (volant quasiment la vedette à Kirk !). L’acteur dégage un charisme et une présence assez incroyable à l’écran, Quinto s’étant d’ailleurs fait connaître du grand public pour son rôle du redoutable Sylar dans la série TV « Heroes ». A noter que Leonard Nimoy en personne fait une apparition dans le film dans la peau d’un vieux Spoke ayant remonté le temps afin de prêter main forte à son ami de toujours, Kirk. « Star Trek » s’impose au final par sa richesse d’idées et la qualité de ses effets spéciaux (signés ILM) : on retiendra quelques scènes mémorables comme la poursuite avec les créatures aliens sur la planète de glace, la bataille finale dans le vaisseau de Nero, la destruction du Kelvin au début du film (grand moment d’émotion), etc. Les fans de « Star Trek » en avaient rêvé, J.J. Abrams l’a fait !

Michael Giacchino retrouve le réalisateur de « Lost » sur ce onzième épisode de la saga « Star Trek » pour lequel le musicien nous offre une partition symphonique énergique et épique. Succéder à Jerry Goldsmith après quelques scores monumentaux pour la saga (dont l’anthologique « Star Trek The Motion Picture ») n’était guère chose aisée. Giacchino a déjà fait ses preuves à plus d’une reprise au cinéma (« Speed Racer », « Mission : Impossible 3 ») mais jamais encore il n’avait eu à mettre en musique un blockbuster aussi énorme, épique et démesuré. Aidé d’un orchestre conséquent (atteignant les 107 musiciens avec, en prime, un choeur de 40 choristes), Giacchino suit les traces de ses prédécesseurs en nous offrant un score explosif portant la patte orchestrale chère au compositeur. On y retrouve ainsi les percussions habituelles du compositeur, les rythmes syncopés et complexes qu’il allie bien souvent à un travail orchestral assez poussé, et bien sûr, de grands thèmes qui parcourent l’ensemble de la musique du film, car, qui dit « Star Trek » dit avant tout thème fédérateur, et ce « Star Trek » version 2009 ne déroge ainsi pas à la règle. Giacchino nous offre ainsi un nouveau thème majestueux et puissant associé à l’U.S.S. Enterprise et son jeune équipage, introduit dès les premières secondes du film par un cor (« Star Trek ») et développé dans un tutti orchestral puissant pour l’apparition du titre du film. Le nouveau thème principal de « Star Trek » n’a peut être pas la classe de l’immortel thème de Jerry Goldsmith ou celui, plus frais, d’Alexander Courage, mais il n’en demeure pas moins très réussi et parfaitement évocateur des aventures spatiales de l’Enterprise - le thème rappelle par moment celui de James Horner pour « Star Trek II », avec un côté majestueux vaguement similaire. Giacchino nous propose une grande reprise du thème dans l’excellent « Enterprising Young Men », lors du départ inaugural de l’Enterprise, avec, à son bord, les jeunes recrues fraîchement admises à la Starfleet Academy. A ce thème dominé par des cuivres guerriers et des cordes majestueuses vient se greffer un motif rythmique de cordes/percussions plutôt bien trouvé, évoquant le dynamisme et l’énergie des jeunes explorateurs de l’espace (à noter d’ailleurs la façon dont Giacchino s’amuse à greffer ce motif en contrepoint de la mélodie principale, jouant habilement sur la cohabitation des deux mélodies avec une certaine agilité). On retrouve par la même occasion les orchestrations très soignées chères au musicien, utilisant comme toujours le pupitre des percussions avec une certaine inventivité.

Hormis le nouveau thème principal, Giacchino nous offre une pléiade de nouveaux thèmes de qualité pour « Star Trek », à commencer par un thème majestueux et émouvant pour Spock, caractérisé par la présence inattendue d’un erhu, célèbre violon chinois constamment utilisé dans les films de wu-xia et que Giacchino utilise ici pour personnifier la musique des vulcains, la musique d’un autre monde (une sonorité qui rappelle un peu ce qu’avait fait James Horner sur « Star Trek III »). On est loin ici de l’inventivité instrumentale des passages vulcains du « Star Trek The Motion Picture » de Goldsmith, mais qu’importe, Michael Giacchino nous prouve qu’il possède décidément plus d’un tour dans son sac et crée la surprise en détournant les codes habituels de l’utilisation souvent très (trop) connotée de l’erhu pour le personnage du jeune Spock. Autre thème majeur dans la partition de « Star Trek », un motif de 5 notes menaçant associé au maléfique Nero - inévitable thème de méchant - et un thème plus dramatique entendu dans la dernière partie du film lors de la confrontation finale contre Nero. A noter que le thème du méchant - dominé par des gros cuivres menaçants et guerriers un brin rétro - rappelle certains motifs de méchant de Goldsmith pour d’anciens épisodes (le motif des borgs dans « Star Trek First Contact » par exemple). Encore une fois, Giacchino surfe sur les références tout en conservant son propre style, évitant la citation en optant pour une approche « référentielle » bien plus subtile et nuancée, assumant ainsi la continuité de sa partition dans l’univers musical de la saga « Star Trek ». Certes, les nouveaux thèmes de la partition de Giacchino ne valent peut être pas ceux des sieurs Goldsmith ou Horner, mais ils apportent néanmoins une force incontestablement à la musique du film de J.J. Abrams, soulignant les motivations et sentiments des principaux personnages de l’histoire.

Comme dans les précédents opus, la musique de « Star Trek » nous apporte son lot d’action, avec, pour commencer le massif « Nailin’ The Kelvin » pour la destruction du vaisseau au début du film : percussions guerrières diverses, cuivres démesurés, cordes amples, tout est mis en oeuvre pour retranscrire à l’écran la violence de l’affrontement, avec, une première apparition du thème menaçant de Nero aux cuivres. « Nailin’ The Kelvin » débouche alors sur un premier grand moment d’émotion dans la partition de Giacchino, « Labor of Love », qui accompagne la très belle scène introductive de la mort du père de Kirk (magnifiée par une quasi absence de bruitages et de dialogues durant la scène). Le compositeur utilise ici des cordes à fleur de peau au cours de cette scène pour un morceau sobre et émouvant, entre optimisme (bébé Kirk est sauvé) et regret (le père de Kirk doit se sacrifier pour accomplir sa tâche et sauver sa famille) : malgré le côté un peu trop simpliste de ce morceau (les harmonies utilisées sont assez banales), « Labor of Love » nous offre quand même quelques frissons à la clé ! Le thème principal est ensuite repris dans « Hella Bar Talk » avec des percussions discrètes, lorsque Kirk se rend au pont d’envol de l’Enterprise, débouchant sur l’incontournable « Enterprising Young Men ». Les scènes d’action du film nous permettent d’entendre quelques beaux déchaînements orchestraux comme « Nero Sighted », « Run and Shoot Offense » avec la reprise du thème dramatique (morceau qui rappelle beaucoup certains passages action de « Mission Impossible 3 »), sans oublier le climax du film, « Nero Death Experience », morceau démesuré de plus de 5 minutes alliant orchestre et choeurs opératiques dans un style proche du « Lord of the Rings » d’Howard Shore. Il s’agit du premier morceau de la saga « Star Trek » écrit pour choeur, apportant une dimension épique assez redoutable à la séquence de l’affrontement final contre Nero. Giacchino nous propose une confrontation assez efficace entre les différents thèmes du score - le thème principal, le thème de Spock et le thème de Nero. Enfin, le final du film nous permet d’entendre avec joie le célèbre thème d’Alexander Courage pour la série TV de 1966, avec la fameuse fanfare de « To Boldy Go », débouchant sur la suite du générique de fin qui reprend le thème de Courage dans une version épique pour choeur et orchestre absolument grandiose (« End Credits ») : un grand moment de bonheur pour tous les amoureux de l’univers musical de « Star Trek » ! Le « End Credits » permet aussi à Michael Giacchino de développer ses principaux thèmes pendant plus de 9 minutes, un morceau parfait pour conclure le score en beauté !

« Star Trek » s’impose ainsi comme une nouvelle grande réussite du toujours très inspiré Michael Giacchino, un score qui, à défaut d’atteindre le niveau et l’inspiration des partitions de Jerry Goldsmith (ou même celles de James Horner), confirme le talent et le savoir-faire d’un nouveau maître de la musique symphonique hollywoodienne qui apporte au film de J.J. Abrams son lot d’action, d’aventure et de danger ! Entre le thème majestueux de l’Enterprise et l’erhu mystérieux et envoûtant de Spock, la partition de Giacchino apporte ainsi une nouvelle pierre à ce véritable édifice musical que représente l’univers musical de la saga « Star Trek ». Sans être un chef-d’oeuvre impérissable, la partition de « Star Trek » s’impose au final comme un nouvel opus musical de qualité dans la saga, et ce même si, encore une fois, force est de constater que, quoique les compositeurs hollywoodiens fassent, Jerry Goldsmith restera à jamais inégalé dans son domaine. En conclusion, un score à découvrir sans plus tarder !


---Quentin Billard