1-Natsuzora - Opening Theme 2.57
2-Sketch 1.11
3-Aria (Variations Goldberg)
J.S. Bach 3.10
4-Karakuri Tokei - Time Leap 0.51
5-Shoujo no Fuan 2.46
6-Sketch (Full Version) 4.37
7-Daylife 2.09
8-Daiichi Hensoukyoku
(Variations Goldberg) J.S. Bach 1.15
9-Mirai no Kioku 1.51
10-Seijaku 6.45
11-Insert Song
"Kawaranai Mono"
(Strings Version) 4.48*
12-Natsuzora - Ending Theme 2.37
13-Time Leap (Full Version) 3.17
14-Natsuzora (Full Version) 5.17
15-Theme Song "Garnet"
(Yokoku You Short Version) 2.02*

*Interprété par Hanako Oku

Musique  composée par:

Kiyoshi Yoshida

Editeur:

Pony Canyon PCCR-434

Album produit par:
Kiyoshi Yoshida

Artwork and pictures (c) 2006 TOKIKAKE Film Partners. All rights reserved.

Note: ****
TOKI WO KAKERU SHÔJO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Kiyoshi Yoshida
Véritable révélation de l’année 2007, « Toki Wo Kakeru Shôjo » (La traversée du temps) est un petit trésor de l’animation japonaise, produit par le studio Mad House à qui l’on doit déjà « Vampire Hunter D », « Metropolis » ou bien encore « Tokyo Godfathers » pour ne citer que les plus connus. « La traversée du temps » est l’adaptation d’un célèbre roman de l’écrivain japonais Yasutaka Tsutsui datant de 1965, qui avait déjà connu une adaptation cinématographique en 1983, réalisée par Nobuhiko Obayashi. Dans cette nouvelle version animée, le réalisateur Mamoru Hosoda nous raconte l’histoire de Makoto, une jeune lycéenne d’un quartier populaire de Tokyo qui entame sa deuxième année. Makoto n’est pas une bonne élève, ses notes sont souvent très basses et elle ne travaille pas beaucoup, préférant passer son temps à jouer au baseball avec ses deux amis, Chiaki et Kôsuke. Mais un jour, la jeune lycéenne acquiert mystérieusement le pouvoir de voyager dans le temps, modifiant ainsi le cours des choses en changeant son quotidien comme bon lui semble. Mais à force de bouleverser l’avenir, Makoto va très vite se rendre compte que ses choix vont affecter plus cruellement la vie de certains de ses proches. La jeune fille se retrouve alors face à ses propres choix, obligé de trouver une solution pour réparer ses erreurs.

Cette adaptation d’un classique de la littérature nippone nous transporte donc dans une aventure mélangeant comédie, romance et science-fiction avec une aisance rare. Mamoru Hosoda apporte une poésie rafraîchissante à son film, traitant des conséquences des voyages dans le temps sur l’entourage de la jeune héroïne. La phrase clé du film, « Time Waits For No One » (Le temps n’attend personne) représente l’essence même de l’histoire racontée avec brio et délicatesse par Mamoru Hosoda : une magnifique fable initiatique sur le temps et les premiers amours adolescents. Ici, pas de niaiserie superflue, le réalisateur évite tout écueil sentimentaliste en apportant une fraîcheur et un humour constant à son récit, qui sait aussi se faire sérieux, profond et dramatique lorsqu’il le faut. A l’instar du « Back To The Future » de Robert Zemeckis (auquel est parfois comparé « La traversée du temps »), le film d’Hosoda évoque les conséquences des sauts dans le temps et les changements que peuvent engendrer ces voyages, en bien comme en mal. A ce sujet, l’histoire d’amour finale prend des proportions poignantes, quasi bouleversantes, sans fioriture, sans effets mélodramatiques, une histoire racontée avec une pudeur extrême particulièrement touchante. L’animation demeure très réussie et sobre, les décors soignés et les personnages particulièrement attachants. Au final, voilà un film d’animation poétique et rafraîchissant, à voir sans hésiter !

La musique de Kiyoshi Yoshida apporte à son tour une poésie et une fraîcheur incomparable au film de Mamoru Hosoda. Le score de « La traversée du temps » oscille ainsi entre une petite formation instrumentale incluant un piano, des cordes, et quelques touches d’électronique tendance new-age discret. « Natsuzora - Opening Theme » nous permet d’entendre dès le début du film le thème principal de « La traversée du temps », quelques accords de piano lumineux et nostalgiques associés à la jeune Makoto et sa romance naissante avec l’un de ses amis. L’électronique rejoint très rapidement des accords de piano qui tournent en boucle, alors que la musique finit par prendre son envol avec des cordes plus lyriques et nostalgiques évoquant cette sensation de doux émerveillement, le tout avec une grande finesse et une certaine retenue. « Sketch » s’impose quand à lui par l’utilisation de pizzicati synthétiques sautillants (pour la facette plus humoristique/comédie du film) sur lesquels se baladent quelques notes de piano et un triangle, le tout dans un minimalisme parfaitement agréable.

A noter que le film utilise à plusieurs reprises l’Aria des célèbres « Variations Goldberg » de Jean-Sébastien Bach, un morceau qui devient une sorte d’indicatif musical entêtant tout au long du film, et que l’on entend à plusieurs reprises lorsqu’on voit un étudiant le jouer sur un piano au lycée. La célèbre mélodie de Bach apporte un côté austère à certaines séquences du film, et renforce le climat délicat, sobre et rafraîchissant de la musique de « La traversée du temps » - le réalisateur lui-même a choisi cette musique alors qu’il l’écoutait régulièrement pendant la conception de son film. Yoshida prolonge quand à lui l’utilisation de l’électronique dans « Karakuri Tokei - Time Leap », abordant un style toujours très minimaliste qui rappelle certaines partitions plus anciennes du Joe Hisaishi des années 90. Quelques synthétiseurs et quelques notes de cordes répétées suffisent à évoquer ici les scènes de saut dans le temps. Les cordes lentes et émouvantes de « Shoujo No Fuan » et leurs harmonies typiquement japonaises apportent quand à elles un éclairage intime plus chaleureux aux images, alors que Makoto commence à se rendre compte des conséquences néfastes de ses nombreux sauts dans le temps. On retrouve ici aussi une accélération rythmique des cordes, toujours associé au voyage dans le temps.

Poursuivant son approche poétique et minimaliste, le compositeur nous offre sur « Daylife » une belle respiration avec un piano intime et aéré, aux accords lumineux et incroyablement doux. Ici aussi, on retrouve une certaine nostalgie paisible associée dans le film à Makoto et son amour naissant pour son ami Chiaki. Le piano devient plus présent dans le poignant « Mirai No Kioku », avec ses harmonies raffinées plus classiques d’esprit - sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score de « La traversée du temps ». Inversement, un morceau comme « Seijaku » semble apporter une certaine mélancolie aux images du film, alors que la jeune lycéenne commence à se rendre compte des conséquences néfastes de ses sauts à répétition dans le temps. Un piano solitaire et quasi funèbre suffit à exprimer ici une profonde mélancolie et une tristesse sous-jacente. Enfin, on retrouve le très beau thème principal de piano « Natsuzora » pour le final du film, sans oublier un autre morceau électronique associé aux sauts dans le temps, « Time Leap (Full Version) » et ses notes ascendantes de cordes répétées, et, cerise sur le gâteau, une très belle chanson interprétée par Hanako Oku, « Garnet », une sorte de ballade japonaise rafraîchissante et poétique chantée avec sobriété par la jeune Hanako Oku accompagnée simplement par un piano (attention : la chanson est présentée ici dans une version courte !).

Au final, « La traversée du temps » est une partition minimaliste d’une sobriété exemplaire, touchante et rafraîchissante, un bon bol d’air et une musique agréable de bout en bout, servie par un magnifique thème principal d’une grande beauté, évoquant cette histoire d’amour et de temps avec une grande délicatesse, une musique à la fois fine et élégante qui apporte une poésie indéniable aux images du film de Mamoru Hosoda. Une bien belle surprise signée Kiyoshi Yoshida, à découvrir en même temps que le film !


---Quentin Billard