1-Intro 1.42
2-The Fifth Victim 3.04
3-Marine's Montage 3.43
4-Emergency Exit 4.13
5-Unspoken Love 3.10
6-Taking Photos 1.30
7-Apartment Attack 2.17
8-Broken Mirror 1.23
9-Nathan's Theme 1.26
10-Where's Marine 0.50
11-Going To Prison 1.42
12-Lost Contact 1.13
13-Marine's Demise 1.56
14-The Tunnel & Lament 2.42
15-Nightmare 4.55
16-Kill The Killer 1.55
17-Unspoken Love (Piano) 2.57
18-Aftermath 4.49

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

La Bande Son
LBS A00002-2

Monteur de la musique:
Mike Flicker
Assistant montage et
préparation de la musique:
Thomas Bartke
Album produit par:
Elia Cmiral
Producteur exécutif:
Patrick Aumigny

Artwork and pictures (c) 2000 Les films Alain Sarde/La Bande Son. All rights reserved.

Note: ****
SIX-PACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Thriller français de Alain Berbérian, plus connu pour être un spécialiste des comédies comme le fameux 'La Citée de La Peur', film-parodie lourdingue avec les Nuls, 'Six-Pack' met en scène Richard Anconina et Frederic Diefenthal, deux flics français aux prises avec un redoutable serial-killer américain nommé Blade (Jonathan Firth). Adapté du roman homonyme de Jean-Hugues Oppel, Le film est plutôt surprenant, réalisé à la manière d'un thriller américain, soutenu par une mise en scène nerveuse conservant quand même le côté terre-à-terre français. Descendu par la critique qui a reproché au film d'Alain Berberian de loucher un peu trop vers les standards hollywoodiens du genre, et ce sans aucune imagination, effaçant ainsi toute la crédibilité du film, 'Six-Pack' se regarde comme un exercice de style louable à l'intérêt cependant très limité, un thriller très conventionnel qui ose prouver que les français peuvent eux aussi faire des thrillers à la manière des USA, tout en évitant certains artifices hollywoodiens bien évidemment (le budget n'est pas le même aussi). On pourra reprocher à Alain Berberian de ne pas être allé jusqu'au bout de ses idées, de filmer sans aucune originalité, accumulant les recettes du genre avec une banalité qui sent la routine à pleine nez (les ruelles sombres, les courses poursuites dans la rue, le piège tendu au tueur, les scènes de suspense traditionnelle, etc.). Le scénario aurait mérité à être approfondi, le film étant finalement assez court, laissant le spectateur sur sa faim. Malgré un bon premier quart d'heure (l'ouverture sur fond de couleur sang est assez saisissante), 'Six-Pack' s'essouffle vite, d'autant que l'exercice de style du 'thriller à l'américaine' devient très vite laborieux et pas crédible pour un sou. Une déception, en somme!

Alain Berberian a commandé directement son score aux Etats-Unis auprès du compositeur d'origine tchèque Elia Cmiral, connu pour sa précédente musique pour 'Ronin' de John Frankenheimer. Le réalisateur français s'exprime ainsi au sujet de la musique de son film:

"La réussite d'un thriller réside aussi en grande partie dans le choix de la musique exigeant une grande adéquation aux personnages, à l'ambiance du film et aux mécanismes de suspense. C'est en regardant Ronin de John Frankenheimer que j'ai découvert la musique de Elia Cmiral. J'ai écouté par la suite la BO du film, rêvant d'une partition de cette qualité pour mon nouveau film "Six-Pack". Rêve devenu réalité aujourd'hui avec cette bande originale qui maintient la tension et le suspense du générique à l'inévitable confrontation finale. Elia a composé divers thèmes, mélancolique pour le personnage solitaire de Nathan, mélange subtil romantique et tragique pour Marine avec des pointes d'angoisse, cauchemardesque pour Blade et de la rythmique pour les scènes de poursuite. Chaque thème est très mélodique, chaque ambiance suggère la peur et l'angoisse, chaque note soutient la tension des personnages et de l'image (...)"

Alain Berberian résume très bien la musique de 'Six-Pack'. Elia Cmiral a ainsi composé plusieurs thèmes, celui de Nathan, triste et doux, révélant le caractère solitaire du personnage mais aussi son amour caché et non révélé pour Marine (Chiara Mastroianni). La douceur d'un piano solitaire associé aux cordes et aux vents affiche le caractère plutôt romantique du thème de Nathan, tandis que 'Marine's Montage' se concentre dans le film à suivre l'isolement du personnage de Marine, transformée en 'chèvre' chargée d'appâter le tueur, piège organisé par Nathan et son coéquipier Philippe. La musique suggère à la fois l'isolement de Marine durant cette dangereuse mission, mais aussi son angoisse et sa peur de mourir. Elia Cmiral développe essentiellement sa musique autour du thème de Blade, qui reste le thème principal de 'Six-Pack', énoncé dans l'inquiétante 'Intro' qui nous plonge immédiatement dans l'atmosphère glauque du film pour le générique de début, rappelant 'Se7en' ou 'Alien Resurrection'. Ce sinistre motif de cinq notes tout en demi tons maintient la tension et suggère la peur qu'inspire le redoutable tueur.

Ainsi, 'The Fifth Victim' est probablement le passage le plus réussit de toute la BO de 'Six-Pack', morceau tendu et cauchemardesque, avec des pointes de synthétiseur lugubres illustrant le cinquième meurtre que commet le tueur au début du film. On notera ici l'utilisation des percussions électroniques qui rappellent incontestablement 'Ronin', avec son atmosphère atonale dissonante, son lot de cordes stridentes et glaciales, ses clusters orchestraux massifs et ses cuivres agressifs et dissonants. On sent ici à quel point Elia Cmiral est allé puisé son inspiration du côté de Christopher Young, dont l'ombre semble planer sur la partition de 'Six-Pack', à tel point que les deux thèmes principaux du score sont carrément inspirés des deux thèmes du 'Copycat' de Christopher Young (autre film de serial-killer), à savoir le thème de Nathan et le thème de Blade. On imagine ainsi sans mal à quel point le compositeur a du se conformer à un modèle d'origine pour écrire sa musique pour le film d'Alain Berberian, et quoi de plus naturel que de faire référence au maître incontesté des musiques de thriller qu'est Christopher Young pour écrire la musique d'un thriller?

La tension est toujours omniprésente dans cette sinistre partition, les scènes de poursuite étant superbement illustrés par des pièces mélangeant orchestre déchaîné, synthétiseurs et percussions sauvages limites tribales. Beaucoup de pièces telles que 'Emergency Exit', 'Broken Mirror' ou 'Apartment Attack' contiennent ces rythmiques de percussions brutales et surexcitées, imposant un climat d'action et de danger excitant à l'écran. 'Where's Marine' contient un motif de poursuite entendu plusieurs fois tout au long du score, renforçant les nombreuses scènes de poursuite en évoquant ici un sentiment d'urgence et de danger dans la scène où Marine disparaît durant l'opération visant à appâter Blade. Elia Cmiral a beaucoup travaillé ses différentes ambiances musicales, passant par la tristesse et la mélancolie jusqu'à la peur et la terreur pure et dure, sans oublier la thématique importante dans cette musique, chose qui commençait à se faire de plus en plus rare de nos jours dans les musiques de thriller et de film d'horreur -les musiques d'ambiance devenant de plus en plus monotonématique, mélodique ou harmonique, ou bien dénué de thème. Le motif de Blade reste véritablement inquiétant et angoissant, rappelant un motif similaire entendu dans le 'Copycat' de Young, même si Cmiral garde toujours son propre style, hérité ici de 'Ronin', mais sans laisser de côté ses influences.

On pourra formuler un petit reproche à l'égard de la partition de 'Six-Pack': Elia Cmiral a réutilisé la plupart de ses morceaux tout au long de sa BO. Par exemple, les plages 1 et 16 sont les mêmes, ainsi que les plages 4 et 14. Du coup, à cause de ces nombreuses répétitions, le compositeur n'a pas écrit beaucoup de musique pour le film, se contentant de reprendre ou de modifier légèrement ses principales pièces, ce qui est plutôt dommage étant donné la qualité de cette composition. Cependant, si 'Six-Pack' s'avère être très répétitif, le score gagne en force et en énergie ce qu'il perd en surprise et en relief. On trouve ici beaucoup d'énergie dans ses excitantes musiques de poursuite, des ambiances de peur sans surprises mais toujours très efficaces pour les montées de tension et de suspense et des thèmes accrocheurs. On appréciera en tout cas la pertinence de la musique à l'écran, la musique créant un climat de noirceur et de suspense parfait pour le film de Berberian. Le score tend à son tour à renforcer le côté 'thriller à l'américaine' de 'Six-Pack'.

'Six-Pack' demeure finalement une solide partition thriller très réussie à l'écran, qui prouve une fois de plus tout le talent d'Elia Cmiral dans la composition de musique d'action/suspense. Si vous êtes fans des musiques d'horreur/thriller du grand Christopher Young, la composition de Cmiral pour 'Six-Pack' ne devrait pas vous laisser indifférent. On retrouve ici les formules orchestrales/électroniques héritées du score de 'Ronin', Cmiral développant ici un style plus personnel saupoudré de quelques références au 'Copycat' de Chris Young. Avec deux thèmes de qualité, des morceaux d'action frénétiques et des pièces à suspense de très grande qualité, 'Six-Pack' est une excellente partition thriller, un score d'une qualité inattendue pour une production française de ce genre, et qui prouve à quel point les cinéastes français d'aujourd'hui expriment plus que jamais l'envie d'aller vers un style américain plus éloigné du cinéma français d'antan, une démarche qui a du bon et du mauvais. Toujours est il que 'Six-Pack' n'en demeure pas moins une belle surprise à découvrir, surtout si vous vous intéressez à Elia Cmiral!


---Quentin Billard