1-Opening Titles 1.38
2-The Crossing 2.34
3-The Pool 0.54
4-The House 1.29
5-The Boathouse 2.02
6-Getting Stoned 1.05
7-In The Woods 3.40
8-Are You Ready To Be A Man? 2.28
9-Killing Paige 1.00
10-After The Assault 3.19
11-Dead In The Water 2.13
12-Candles 3.55
13-Saving Mari 3.58
14-Going To The Guest House 2.50
15-Looking For Krug 3.27
16-John vs. Krug 2.30
17-The End 4.07
18-Opening Titles
(alternate version) 1.34

Musique  composée par:

John Murphy

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1092

Musique produite par:
John Murphy

Artwork and pictures (c) 2009 Rogue Pictures/Midnight Entertainment. All rights reserved.

Note: **
THE LAST HOUSE ON THE LEFT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Murphy
Poursuivant dans les productions de remake de ses propres films, Wes Craven s’intéresse cette fois-ci à « The Last House on the Left » (La dernière maison sur la gauche), film d’horreur qu’il réalisa en 1972 et qui était déjà inspiré d’un autre film précédent, « La Source » d’Ingmar Bergman réalisé en 1960. Pour ce remake de « The Last House on the Left », Wes Craven a décidé de confier la réalisation à Dennis Iliadis, auteur d’un « Hardcore » inédit sorti en 2004. L’histoire est similaire à la version de 1972 : les Collingwood viennent tout juste d’aménager dans leur nouvelle maison au bord d’un lac paisible. Un soir, leur fille Mari (Sara Paxton) décide de partir en ville pour rendre visite à sa copine Paige (Martha MacIsaac). Les deux jeunes filles croisent alors la route d’un mystérieux jeune homme timide, Justin (Spencer Treat Clark), qui décide de les inviter dans sa chambre d’hôtel pour fumer quelques joints. C’est alors que débarquent subitement les membres de sa famille : son père Krug (Garret Dillahunt), un dangereux repris de justice, sa petite amie Sadie (Riki Lindhome) et son frère Francis (Aaron Paul). Ces trois dangereux psychopathes kidnappent alors Mari et Paige et décident de les emmener dans les bois, où les deux jeunes filles seront brutalisées et violées. Seule Mari survit. Laissée pour morte après avoir réussi à s’échapper, Mari tente désormais de rejoindre sa maison pour alerter ses parents, John (Tony Goldwyn) et Emma (Monica Potter). C’est alors que les trois psychopathes atterrissent chez les Collingwood au beau milieu de la nuit pour y chercher un coin tranquille afin d’y passer la nuit. John et Emma ignorent encore qu’ils sont les tortionnaires de leur fille, mais lorsque Mari ressurgit subitement ensanglantée et dans un piteux état sur le pavillon de la maison, les rôles s’inversent : bouleversés, les Collingwood décident finalement de venger leur fille en supprimant à leur tour les trois psychopathes, et ce par n’importe quel moyen possible. « The Last House on the Left » permet ainsi à Dennis Iliadis de nous offrir un film choc, aussi dérangeant que la version d’origine de 1972. Réalisé avec un budget plus conséquent, « The Last House on the Left » est une plongée angoissante dans la noirceur de l’âme humaine, où quand la violence engendre la violence - la proie devient ainsi le prédateur : ici, pas de gentil ou de méchant. Chacun trouve une raison (légitime ou non) d’avoir recours à la violence pour arriver à ses fins, un portait bien pessimiste et extrêmement noir des comportements humains. Le film vaut surtout par son suspense extrêmement intense et par la violence parfois insoutenable de certaines scènes (très crues !). Sans faire de concession au système hollywoodien, le réalisateur nous livre un film dur et éprouvant, un électrochoc d’une brutalité extrême.

Le compositeur John Murphy signe un score assez intense pour « The Last House on the Left », une musique épousant parfaitement le suspense éprouvant du film de Dennis Iliadis. Murphy mélange tout au long de sa partition orchestre symphonique traditionnel avec synthétiseurs atmosphériques afin de créer dans le film un sentiment de malaise et d’angoisse pur. Et pourtant, le début du film commence de façon relativement calme et apaisée, ne laissant pas encore présager du cauchemar à venir. Néanmoins, le générique de début introduit une musique assez sombre et mystérieuse avec ses cordes planantes et sa guitare synthétique (« Opening Titles ») mais sans élément réellement agressif ou horrifique. En revanche, « The Crossing » met davantage l’accent sur les nappes synthétiques sombres et atmosphériques parsemées de quelques dissonances ponctuelles et inquiétantes - premier grand morceau de suspense glauque du film pour la séquence du meurtre des deux policiers au début du film, nous introduisant sans équivoque aux trois psychopathes de l’histoire. En revanche, « The Pool » ramène le calme avec ses harmonies de cordes plus réservées pour évoquer la vie de Mari chez ses parents. Même chose pour « The House » et ses orchestrations plus chaleureuses mélangeant bois, cordes et harpe dans un style quasi pastoral, le calme avant la tempête - ambiance prolongé dans « The Boathouse » avec ses rythmiques électros plus cool.

Néanmoins, les choses semblent changer dans « Getting Stoned ». John Murphy met ici l’accent sur des sonorités électroniques plus atmosphériques et modernes, et c’est avec « In The Woods » qu’il confirme enfin l’orientation suspense/épouvante de sa partition. Les nappes synthétiques deviennent ici plus menaçantes, synonymes de danger, accompagnées de quelques cordes sombres. Rien de bien neuf en somme, même si la musique remplit parfaitement son rôle dans le film (on regrette juste le manque de substance d’un score hyper fonctionnel qui ne tient guère la route hors des images). « In The Woods » se conclut de façon plus chaotique avec une sorte de magmas sonore de clusters synthétiques dissonants et de cordes angoissantes, pour un morceau 100% atonal et extrêmement tendu (les deux jeunes filles tentent alors de s’échapper du bois, mais en vain). La partie finale de « In The Woods » nous ferait presque penser à du Christopher Young par moment, l’inspiration en moins. Et c’est donc sans surprise que John Murphy continue de développer ses atmosphériques électroniques brumeuses dans « Are You Ready To Be A Man ? » et ses nappes de contrebasses/synthétiseurs particulièrement inquiétants, créant un malaise certain lors de la scène du viol. « After The Assault » tente d’apaiser un peu la tension en suggérant un climat plus amer et dramatique avec ses notes de piano éthéré et ses cordes sombres - le final nous permet d’ailleurs d’entendre l’un des rares morceaux d’action, un morceau qui tombe hélas dans un style « percussions synthétiques » plutôt kitsch et peu efficace à l’écran (John Murphy manque souvent d’imagination dans l’utilisation de ses différentes sonorités électroniques !).

La musique conserve ce côté éminemment atmosphérique et sombre dans des morceaux tels que « Dead in the Water » ou « Candles », des morceaux lents où règne une certaine latence assez pesante. Néanmoins, la musique semble enfin décoller avec « Saving Mari », dans lequel Murphy expérimente davantage sur ses différentes sonorités électroniques pour la scène où John et Emma sauvent Mari et s’apprêtent à affronter Francis, le frère de Krug. Le compositeur met ici l’accent sur des sonorités électroniques plus industrielles - qui rappellent parfois les travaux expérimentaux de Tyler Bates sur « The Devil’s Rejects » ou « Dawn of the Dead » par exemple. Ici aussi, John Murphy élabore une atmosphère sonore lourde et pesante qui apporte une tension assez impressionnante à l’écran - même si la musique se limite purement et simplement à tenir des sons longs et angoissants, sans aucune petite surprise particulière (on frôle souvent ici le sound-design pur !). « Saving Mari » s’avère être en tout cas l’un des morceaux de suspense les plus impressionnants du score de « The Last House on the Left », une pièce d’une noirceur absolue dans le film. Le suspense est à son comble avec « Going to the Guest House » avec ses cordes extrêmement dissonantes pour la scène où John Emma s’apprêtent à tuer Krug et Sadie, une atmosphère qui se prolonge dans le macabre « Looking for Krug » et qui aboutit au sinistre « John vs. Krug » (avec ses percussions synthétiques assez kitch là aussi !). Finalement, « The End » conclut l’histoire sur une touche à la fois dramatique et sombre, dont la noirceur est uniquement tempérée par un passage central de piano/cordes plus mélancolique et résigné.

« The Last House on the Left » est au final un score de suspense atmosphérique assez intense dans le film mais très limité musicalement parlant. John Murphy se contente bien souvent d’enchaîner les nappes synthétiques et le sound-design pour souligner le malaise et la tension constante dans le film. Hélas, sa musique parvient difficilement à s’élever au-delà de son simple statut de musique purement fonctionnelle, et échoue à susciter le moindre intérêt ou la moindre excitation sur l’album. C’est d’ailleurs un problème qui revient souvent de nos jours dans les musiques de film d’épouvante modernes, une tendance au sound-design électronique le plus élémentaire qui soit : on est bien ici de la classe d’un Christopher Young ou d’un Marco Beltrami - même un compositeur autrefois très inspiré comme Elia Cmiral semble prendre le pli maintenant ! « The Last House on the Left » devrait donc séduire pleinement les amateurs d’atmosphères noires et suffocantes, mais décevoir tous ceux qui recherchaient ici une partition plus sophistiquée avec davantage de substance.



---Quentin Billard