1-Imoogi 2.19
2-The Legend Awakes 5.57
3-Village Attack 5.40
4-Love Theme 1.40
5-Yeouijoo 2.57
6-General And His Army 1.00
7-Second Life 1.18
8-Destiny 2.55
9-Battle In The Sky 2.24
10-Hypnosis and Flashback 2.32
11-Cafe Attack 1.58
12-Rooftop Showdown 2.31
13-The Altar 2.22
14-Buraki 2.52
15-D-War 2.01
16-Farewell 2.41
17-Arirang (Traditional) 3.16

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Milan/Sony BMG SB90109C

Produit par:
Steve Jablonsky
Musique additionnelle:
Pieter A. Schlosser,
Jay Flood

Artwork and pictures (c) 2007 Younggu-Art Movies. All rights reserved.

Note: ***1/2
D-WAR : DRAGON WARS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
Avec le succès des récents « Reign of Fire » et « Eragon », le film de dragon est revenu au goût du jour dans le cinéma américain. C’est d’ailleurs au tour du cinéma coréen de s’emparer du mythe avec « D-War », une superproduction du réalisateur Hyung-rae Shim, auteur de « 2001 Yonggary », qui mettait déjà en scène une grosse bête lézarde inspirée de Godzilla. Dans « D-War », le réalisateur retrouve un univers à peu près similaire, entre le « Godzilla » de Roland Emmerich et le récent « Reign of Fire ». « D-War » raconte l’histoire d’une légende coréenne qui prend vie dans le Los Angeles d’aujourd’hui. Tous les 500 ans, des dragons légendaires du monde céleste s’affrontent pour le contrôle du monde. Imoogi est le protecteur du monde, face à son némésis absolu, Buraki, qui cherche au contraire à détruire le monde. Imoogi est relié à un esprit humain, une jeune fille de 20 ans, l’élue qui permettra de vaincre Buraki. Et pour calmer la colère du dragon, on raconte que cette jeune fille doit être sacrifiée. Mais il y a 500 ans, en Corée, l’élue réussit à s’échapper avec la complicité de son fiancé. Aujourd’hui, le monstre est de retour à Los Angeles, alors que la jeune Sarah Daniels (Amanda Brooks) se trouve être la réincarnation de l’ancienne élue, et le jeune journaliste Ethan Kendrick (Jason Behr) celle de son fiancé. Ethan et Sarah finissent par se retrouver et doivent désormais faire vite : Buraki est de retour et commence à ravager une bonne partie de la ville de Los Angeles à la recherche de Sarah, aidé dans sa folie destructrice par les créatures de l’armée d’Atrox (Jesse Jam Miranda), un redoutable chef de guerre au service du dragon maléfique. « D-War » permet ainsi au cinéma coréen de nous rappeler qu’il a décidément de l’ambition, capable de rivaliser avec les plus grosses productions U.S. C’est d’ailleurs dans ce but précis que le réalisateur Hyung-rae Shim a fait son film, s’entourant pour l’occasion d’un casting quasi exclusivement américain, avec des effets spéciaux impressionnants pour une production coréenne.

A vrai dire, « D-War » reste l’un des blockbusters les plus chers du cinéma coréen, avec un budget de plus de 30 millions de dollars (très peu par rapport à la moyenne hollywoodienne actuelle mais très élevé pour un film coréen !). Dès le début du film : le ton est très vite donné : « D-War » s’annonce fort, épique et monumental. Qu’en est-il réellement au final ? Hélas, c’est une déception majeure. Pour commencer, le script est d’une faiblesse incroyable, alignant tous les clichés possibles et imaginables. La maigreur du scénario n’est qu’un prétexte à une déferlante de scènes de bataille démesurées, avec pour commencer la spectaculaire attaque du village coréen au début du film, la confrontation finale et surtout, la longue bataille dans les rues de Los Angeles vers le milieu du film, séquence visuellement très impressionnante et assez jouissive. Hélas, cela ne suffira pas à sauver le film de son statut de nanar coréen luxueux, avec des acteurs qui semblent s’ennuyer ferme (mention spéciale à Jason Behr, totalement insipide ici, rivalisé de très près par la jolie Amanda Brooks en look-alike d’Alison Lohman, bien peu convaincue par ce qu’elle joue !) et des effets spéciaux sympas (l’animation des dragons) mais pas toujours très convaincants (les incrust’ pourris de la longue séquence finale). Hélas, même si ses effets spéciaux s’avèrent être impressionnants, le film copie les grands succès épiques hollywoodiens sans grande imagination - « Godzilla » pour commencer, mais aussi « Lord of the Rings » (la séquence de fin), « Jurassic Park », « Transformers » (l’ahurissante bataille dans les rues de Los Angeles) et même « King Kong » (la scène où Buraki grimpe sur l’immeuble). Au final, « D-War » reste un des plus gros succès du cinéma coréen mais a échoué un peu partout dans le monde, qu’il s’agisse des Etats-Unis ou même du Japon. Massacré par les critiques, « D-War » aura finalement été un coup d’épée dans l’eau, un film ambitieux qui se mort finalement la queue (pour un film avec des gros lézards volants, c’est un comble !). A trop vouloir fanfaronner devant le cinéma hollywoodien, Hyung-rae Shim a échoué en nous livrant une série-B pétaradante mais sans grand relief, tout juste bon à amuser les fans de grosses bêbêtes numérisées et de séquence de bataille inspirées des grands classiques américains.

Poursuivant dans sa volonté de nous offrir un spectacle digne des productions hollywoodiennes, Hyung-rae Shim a fait appel au compositeur Steve Jablonsky pour écrire la musique du film. Jablonsky est surtout connu pour ses partitions pour Michael Bay, « The Island » et surtout « Transformers ». Chose amusante : ce n’est pas la première fois que Jablonsky s’expatrie hors du contient U.S. puisqu’il avait déjà écrit la musique d’un film animé japonais, « Steamboy » (2004) de Katsuhiro Otomo. Avec « D-War », c’est la première fois que le compositeur collabore à un film coréen et nous offre un score d’action aux accents épiques dans la lignée de « Transformers ». On y retrouve ainsi les sonorités habituelles de Jablonsky, avec ses orchestrations toujours très pâteuses (cordes/cuivres), ses choeurs épiques et ses percussions électroniques massives. Le thème principal est dévoilé dès le générique de début du film, un thème ample et solennel dans la lignée des mélodies « anthemic » chères à Steve Jablonsky et aux productions Media-Ventures/Remote Control. Impossible ici de ne pas penser à certains thèmes épiques de « Transformers » en écoutant « Imoogi ». Jablonsky mélange ici ses cordes avec un choeur majestueux et les percussions. A noter que l’idée principale du thème vient du contrechant de trois notes constamment répété par-dessus la mélodie, et qui apporte une certaine identité sonore agréable à ce très bon thème assez prenant mais sans grande surprise. Avec cet « anthem » typique des productions M-V, Jablonsky résume déjà parfaitement la teneur épique et grandiose du film. Dès « The Legend Awakes », Jablonsky rentre dans le vif du sujet avec une musique plus ample, dramatique et sombre. Un motif de 4 notes entêtantes parcourt l’ensemble du morceau - rappelant assurément le contrechant du thème de « Imoogi ». Ici aussi, Jablonsky renoue avec un style solennel et prenant hérité de « Transformers », pour la séquence introductive de la légende au début du film. Le compositeur joue ainsi parfaitement sur des recettes qui lui sont familières et qui fonctionnent parfaitement, à l’instar de la musique du film de Michael Bay. A noter que « The Legend Awakes » nous permet d’entendre aussi quelques touches asiatiques discrètes avec l’utilisation d’une shakuhachi pour apporter une couleur ethnique au film. Enfin, « The Legend Awakes » vaut surtout par son atmosphère plus dramatique qui apporte une certaine émotion au début du film.

L’action débute enfin avec « Village Attack », pour lequel le compositeur dévoile le thème associé à Buraki et aux troupes d’Atrox, un thème que le compositeur a emprunté au célèbre « Dies Irae » grégorien, un air religieux médiéval cité constamment par les compositeurs, qu’il s’agisse de la musique classique (la « Symphonie Fantastique » d’Hector Berlioz) ou de la musique de film (« Poltergeist » de Jerry Goldsmith, « Demolition Man » d’Elliot Goldenthal, etc.). « Village Attack » accompagne avec fureur la séquence de l’attaque du village au début du film, à grand renfort de percussions synthétiques agressives, de cuivres massifs et de rebondissements rythmiques excitants. La musique se veut ici plus grandiose et plus massive, avec la présence constante des choeurs qui apportent ici un sentiment plus tragique et poignant à cette scène d’attaque. Sans originalité aucune, la musique de cette scène d’attaque arrive néanmoins à apporter une certaine puissance aux images - et ce malgré le fait que la musique soit injustement sous-mixée sur les images. Dommage cependant que les morceaux d’action du score, tout aussi prenants soient-ils, trahissent comme d’habitude les limites techniques de l’écriture orchestrale de Steve Jablonsky, à savoir une grande faiblesse dans les orchestrations, souvent pâteuses et monolithiques. Mais si les passages d’action comme les frénétiques « Battle in the Sky », « Cafe Attack », « The Altar », « Buraki » ou « D-War » rappellent à la fois les qualités et les défauts du style de Steve Jablonsky, ce sont les passages plus dramatiques et émotionnels qui attireront ici notre attention. Ainsi, le « Love Theme » (peu utilisé dans le film) décrit la romance entre Ethan et Sarah dans un style à la fois poignant et élégiaque, comme pour rappeler l’idée d’un amour impossible. Dans un registre similaire, on appréciera le poignant « Farewell » pour la scène d’adieu finale, morceau dans lequel Jablonsky rappelle le thème principal de façon à la fois grandiose et émouvante - toujours accompagné de son motif de trois notes aigues ascendantes et de ses choeurs puissants et angéliques.

Le film se conclut avec « Arirang », qui se trouve être une célèbre chanson folklorique coréenne, très populaire en Corée et dans le monde entier. Jablonsky nous propose un arrangement absolument grandiose et époustouflant de cette mélodie populaire pour conclure le film en beauté. Le compositeur associe ainsi à l’air coréen son style orchestral/percussif avec ses choeurs grandioses et son motif de 3 notes ascendantes - décidément omniprésent tout au long de la partition de « D-War ». Ici aussi, impossible de ne pas penser aux envolées hymniques prenantes de « Transformers », « Arirang » concluant ainsi l’aventure de façon assez magistrale et ultra grandiose. On raconte d’ailleurs que le réalisateur aurait ainsi souhaité lui-même que le film se termine sur cet air populaire afin de séduire plus facilement le public coréen par ses vertus patriotiques. Quoiqu’il en soit, cette conclusion tombe à point nez et permet de refermer les pages d’une partition peu originale mais somme toute très rythmée, grandiose et aussi très prenante - dommage cependant que la musique souffre d'un mixage absolument atroce dans le film, la rendant quasiment inexistante sur les images ! Moins inspirée que « Transformers » et surtout moins aboutie dans sa thématique, la musique de « D-War » devrait séduire les fans de Steve Jablonsky et des amateurs de grosses musiques d’action épiques. Quand à ceux qui recherchent des musiques mieux écrites et plus subtiles et sophistiquées, passez votre chemin ! En conclusion, Steve Jablonsky nous offre donc un score tout à fait convaincant pour « D-War », qui permet d’ailleurs d’oublier la médiocrité du film de Hyung-rae Shim.



---Quentin Billard