1-Mamono-Tachi No Yoru/
Night of Demons 4.20
2-D fukkatsu/Resurrection of D 2.09
3-D zetsumei/Death of D 2.48
4-Kyuuketsuki Lee hakushaku
(Toujou)/Earl Lee, The Vampire (Entrance) 4.15
5-Kizoku no konrei/
Marriage of Nobles 1.31
6-Kyuuketsuki Lee hakushaku (shi)/
Earl Lee, The Vampire (Death) 7.40
7-D no teema (toujou)/
Theme of D (Entrance) 3.39
8-Yakusoku (Part I)/
Promise (Part I) 3.07
9-D no teema (Doris no ai)/
Theme of D (Doris's Love) 3.22
10-Doris dakkai/Rescuing Doris 5.19
11-D no teema (wakare)/
Theme of D (Parting) 3.26
12-Yakusoku (Part II)/
Promise (Part II) 3.10

Musique  composée par:

Tetsuya Komuro

Editeur:

Epic/Sony 328H-59

Album produit par:
Tetsuya Komuro

(c) 1985 CBS Sony Group Inc/Movic. All rights reserved.

Note: ***
VAMPIRE HUNTER D
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tetsuya Komuro
Considéré à juste titre comme l’un des grands classiques du cinéma d’animation japonais des années 80, « Vampire Hunter D » fut aussi l’un des premiers animes japonais à être exporté aux Etats-Unis et en Europe. L’histoire se déroule dans un futur lointain post-apocalyptique dominé par une race de vampires aristocrates qui font régner la terreur sur les terres paysannes. Doris Lang, une jeune adolescente de 17 ans dont le père était un chasseur de loup-garou, est attaquée en pleine nuit par le comte Magnus Lee, un vampire qui semblait avoir disparu pendant un certain temps. Une rumeur raconterait d’ailleurs que le mystérieux comte serait probablement âgé de plus de 10000 ans. Marquée par une morsure au cou, Doris se retrouve alors rejetée par ses semblables et harcelée par le comte qui veut faire d’elle sa nouvelle fiancée zombie. C’est alors que Doris croise la route du mystérieux D, un chasseur de vampires taciturne, ultime descendant de la race des dhampirs, des êtres mi-humains mi-vampires. Il appartient ainsi à deux mondes différents et se retrouve aujourd’hui engagé pour traquer le terrifiant comte Magnus Lee et ses créatures des ténèbres. S’engage alors une bataille opposant D et le comte, bataille à laquelle viendront se mêler Ramika, la fille du comte, Rei Ginsei, le cruel bras droit de Magnus Lee, sans oublier l’irascible Greco Rohman, le fils du maire du village qui cherche à avoir Doris pour lui tout seul. Adapté du roman d’Hideyuki Kikuchi et sorti en 1985, « Vampire Hunter D » permet ainsi au réalisateur Toyoo Ashida de nous plonger dans un univers horrifique et gothique inspirée des films de vampires de la Hammer, et plus particulièrement ceux mettant en scène Christopher Lee dans le rôle du comte Dracula. Ce n’est d’ailleurs certainement pas pour rien si le grand méchant du film s’appelle Lee (en hommage au célèbre acteur britannique). Le film inspirera aussi tout particulièrement la saga des jeux vidéos « Castlevania » (dont le premier opus sortira un an après le film, en 1986). Visuellement, « Vampire Hunter D » a pris un bon petit coup de vieux mais s’avère pourtant être très impressionnant pour l’époque, entièrement animé à l’ancienne. Le film s’impose surtout par son ambiance gothique ténébreuse et ses personnages complexes - comme le mystérieux D, tiraillé entre ses deux origines tout au long du film. Quand à la jeune Doris Lang, elle apporte un parfum d’érotisme certain au long-métrage de Toyoo Ashida, objet de tous les désirs dans ce film (elle nous rappelle aussi que le mythe des vampires a toujours été chargé d’une forte connotation sexuelle). Enfin, « Vampire Hunter D » s’impose aussi par sa violence extrême et ses nombreuses scènes gore dignes des plus grands films d’horreur d’Hollywood. Considéré à juste titre comme un film culte de l’animation japonaise, « Vampire Hunter D » mélange donc efficacement gore, frissons, action et érotisme avec une maestria rare, tout simplement incontournable !

La musique synthétique de Tetsuya Komuro renforce parfaitement tout au long du film l’atmosphère sombre et gothique du film de Toyoo Ashida, une musique qui tente de reproduire avec ses synthétiseurs très 80s les sonorités d’un orchestre. Dès le début du film, le score nous plonge dans l’ambiance avec un mystérieux motif de 4 notes que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film, et qui évoque clairement l’univers des vampires. L’essentiel de la partition de « Vampire Hunter D » repose sur une série de thèmes plus ou moins présents dans le film, avec, pour commencer, un Love Theme qui évoque les sentiments de Doris pour D (« Doris’s Love »), un thème plutôt héroïque pour D (« Theme of D ») et un thème plus menaçant pour le comte Lee (« Earl Lee, The Vampire »). Tetsuya Komuro manipule donc ses différentes sonorités synthétiques extrêmement eighties pour développer une atmosphère sombre et rythmée dans le film. Avec « Resurrection of D » et « Death of D », le compositeur manipule des sonorités proches du son des cordes et retranscrit la tension de la scène où D, après avoir été tué, ressuscite grâce aux pouvoirs de sa main-démon. Le compositeur met ici l’accent sur des sonorités électroniques plus sombres et indissociables de l’ambiance du film. Le piano synthétique de « Death of D » rappelle incontestablement l’âge de la partition, mais qu’importe, l’ambiance reste là aussi très réussie dans le film. A noter que Komuro s’amuse aussi à glisser des bruitages dans sa musique afin d’amplifier l’intensité de la musique dans le film.

Avec « Earl Lee, The Vampire (Entrance) », le compositeur développe une atmosphère plus menaçante et gothique, associée au maléfique comte Lee. Ses nappes synthétiques obscures sont ici parsemées de percussions entêtantes, et ce alors que les sonorités synthétiques développent tout au long du morceau le sinistre thème du vampire. Un morceau comme « Marriage of Nobles » étonne par ses percussions échantillonnées et ses violons synthétiques kitsch, mais c’est « Earl Lee, The Vampire (Death) » qui permet à la partition d’atteindre un certain climax, lors de la bataille finale contre le comte dans son château. Après une première partie aux rythmes martiaux entêtants, Tetsuya Komuro - qui reprend quelques bribes du thème romantique pour Doris Lang - ne tarde pas à mettre en avant des cuivres synthétiques pour développer le thème du comte Lee. Le morceau se conclut de façon quasi dramatique avec des sonorités imitant un orgue pour la destruction du château. Dommage cependant que l’utilisation des synthétiseurs kitsch atténue bien souvent l’impact réel de la musique sur les images, une musique qui, bien que possédant un certain potentiel, à bien du mal à s’épanouir complètement avec ses synthétiseurs datés. On appréciera néanmoins le thème de D dans « Theme of D (Entrance) », développé ici sur un ostinato rythmique léger. Ce thème héroïque possède une certaine fraîcheur mélodique tout à fait appréciable, bien que peu utilisée dans le film (on l’entendra surtout pour le générique de fin). Evitant toute forme d’envolée musicale, le thème suggère l’héroïsme du personnage avec son côté très nonchalant, stoïque, noble et déterminé. Même chose pour « Theme of D (Parting) » pour la conclusion de l’aventure, morceau pour lequel le compositeur développe son thème dans son intégralité, de façon plus ample et majestueuse. N’oublions pas non plus le très beau « Love Theme », lui aussi présent dans cette coda, et qui rappelle la relation entre Doris et D tout au long du film.

Enfin, le compositeur nous offre un peu d’émotion - en dehors du très beau Love Theme - dans le très touchant « Promise », dominé par un piano électrique et quelques synthétiseurs. Le morceau est entendu dans le film lorsque D a accepté son contrat avec Doris et lui promet de l’aider à combattre le comte qui fait régner la terreur sur les terres paysannes. Le morceau possède une certaine émotion qui aurait méritée là aussi d’être mieux exploitée dans le film. On le retrouve ainsi au piano dans « Promise (Part II) », une pièce intime de toute beauté. Au final, la bande originale de « Vampire Hunter D » s’impose surtout par son atmosphère synthétique sombre et ses thèmes présentés de façon plus distincte sur le CD que dans le film (où, curieusement, les leitmotive de la partition paraissent plus diffus et mal exploités). Comme souvent avec les albums de musique de film, certains morceaux sont absents du CD (le générique de début avec ses 4 notes mystérieuses par exemple), mais l’ensemble demeure tout à fait convaincant, surtout grâce à ses différents thèmes de qualité. Dommage cependant que l’ensemble reste trop figé dans un style électronique années 80 qui semble avoir pris un sacré coup de vieux. Mais pour les fans de « Vampire Hunter D » et ceux qui voudraient se replonger dans l’univers sombre et gothique du film de Toyoo Ashida, ce score s’avère être hautement recommandé !



---Quentin Billard