1-Overture 1.20
2-Little Nemo 2.37*
3-First Dream 2.25
4-Circus Parade 1.58
5-Dirigible Ride 1.04
6-Fun and Laughter 1.29*
7-Slumberland Princess 0.56*
8-Flip's Theme 2.02
9-Etiquette 2.51*
10-Coronation Procession 1.01
11-Hoedown 1.20
12-Off To Save The King 1.29
13-Boomps Song and March 2.24*
14-Battle Of Nightmareland 2.09
15-Little Nemo Is Alive 2.15
16-Slumberland 4.06*
17-Circus Parade (Reprise) 1.20
18-Finale Medley 3.50

*Chanson écrite par
Richard M. Sherman et
Robert B. Sherman.

Musique  composée par:

Steve Rucker/Thomas Chase

Editeur:

Continuum Records 19212-2

Produit par:
Thomas Chase, Steve Rucker

(c) 1992 Continuum/STAMP Records. All rights reserved.

Note: ****
LITTLE NEMO :
ADVENTURES IN SLUMBERLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Rucker/Thomas Chase
Chef-d’oeuvre pionnier du monde de la bande-dessinée américaine, « Little Nemo » fut le principal titre de gloire du dessinateur Winsor McCay, apparu dès 1905 dans l’hebdomadaire New York Herald et le New York American, une oeuvre visionnaire et surréaliste assez stupéfiante pour l’époque - avec une double lecture tout à fait étonnante malgré le côté enfantin des histoires. Le succès de « Little Nemo » débouchera ainsi sur toute une série d’adaptations et de produits dérivés en tout genre. C’est en 1982 que commence alors la production du film animé « Little Nemo : Adventures in Slumberland », une production qui s’éternisera ainsi pendant toute une décennie avant d’aboutir au résultat final. A l’origine, le producteur Fujioka Yutaka voulait faire un film qui puisse connaître un très grand succès aux Etats-Unis et souhaitait ainsi réunir quelques uns des plus grands talents de l’animation japonaise de l’époque, avec entre autre Hayao Miyazaki et Isao Takahata (signalons d’ailleurs qu’à l’origine, Yutaka avait contacté George Lucas dès 1978 pour l’aider à produire son film aux Etats-Unis). Mais les deux hommes quittèrent finalement le projet pour cause de désaccord artistique. Après six mois de travail intense, le réalisateur Yoshifumi Kondô présentera un premier court-métrage de trois minutes en 1984, très fortement influencé des productions du studio Ghibli, censé redonner vie à un projet qui semblait traîner en longueur. Hélas, Kondô quittera la production à son tour l’année suivante. Les producteurs américains furent néanmoins convaincus par les grandes qualités du pilote de Yoshifumi Kondô et décidèrent finalement de rejoindre l’aventure « Little Nemo » à leur tour. Très vite, le film prit une tournure plus américanisée, et ce jusqu’à la version finale achevée en 1989 (à noter que le film ne sortira aux Etats-Unis qu’en 1992 seulement). Le film reprend l’histoire de la BD d’origine : Little Nemo rêve qu’il se retrouve dans le pays imaginaire de Slumberland, où le roi Morpheus fait de lui son nouveau prince, siégeant sur le trône aux côtés de la princesse Camille. Le roi confie alors à Nemo le précieux sceptre royal aux pouvoirs magiques ainsi qu’une mystérieuse clé d’or censée ouvrir une porte interdite. Nemo se laisse finalement entraîner par les bêtises du clown Flip et ouvre finalement la porte interdite, libérant ainsi le roi du monde des cauchemars : ce dernier kidnappe alors le roi Morpheus pendant la cérémonie de couronnement de Nemo. Désormais, ce dernier doit réparer son erreur et partir au pays des cauchemars afin d’affronter le maléfique roi de Nightmareland et sauver le roi Morpheus.

« Little Nemo : Adventures in Slumberland » fut donc un anime japonais au parcours particulièrement chaotique. Il fallut ainsi une décennie entière pour que le film de Masami Hata et William T. Hurtz voit enfin le jour. « Little Nemo » réunit ainsi plusieurs grands artistes d’horizons divers, qu’il s’agisse du scénario de Chris Colombus (« Home Alone », « Harry Potter 1 et 2 »), d’un concept crée par le célèbre auteur de science-fiction Ray Bradbury, ou d’une histoire conçue par Jean Giraud alias « Moebius », grand auteur de bande dessinée français (connu au cinéma pour son travail sur des films tels que « Alien », « Willow », « Tron » ou bien encore « Le Cinquième Elément »). Et n’oublions pas enfin la musique du film, qui se partage ainsi entre le score symphonique du duo Steve Rucker et Thomas Chase et les chansons originales de Richard M. Sherman et Robert B. Sherman, les célèbres frères auteurs/compositeurs qui créèrent la plupart des grandes chansons des films Disney (« The Jungle Book », « The Artistocats », etc.). C’est ainsi que, à l’instar du film lui-même, « Little Nemo » devient très vite une sorte d’émule des productions Walt Disney, à tel point que les frères Sherman furent ainsi contactés pour écrire les chansons du film (à la manière des productions Disney d’antan). Signalons d’ailleurs que c’était la première fois que les frères Sherman collaboraient à un anime japonais - qui devint finalement très « américanisé » dans sa version finale, ce qui lui fut d’ailleurs très vivement reproché étant donné que la BD d’origine de Winsor McCay n’avait absolument rien à voir avec l’esprit des dessins animés Disney.

La partition de « Little Nemo » se partage donc entre les chansons et le score. C’est la chanson-clé du générique de début « Little Nemo » qui nous permet de découvrir le très beau thème principal associé au jeune héros du film, chanson magnifique sur le pouvoir imaginaire des rêves du jeune Nemo brillamment interprétée par Melissa Manchester et accompagnée par le prestigieux London Symphony Orchestra. Cette très belle chanson - dans l’esprit des compositions d’Alan Menken pour les Disney des années 90 - servira de thème principal pour le score de Steve Rucker et Thomas Chase. Autre chanson clé du film, « Fun and Laughter », chanson-thème de Slumberland qui s’apparente à une joyeuse ballade sautillante enfantine enjouée et un peu niaise. « Slumberland Princess » est la chanson qu’interprète la princesse Camille avec sa harpe dans le film, très belle mélodie gracieuse et touchante sur le monde de Slumberland, et qui servira aussi de thème pour le score du film. Enfin, « Etiquette » accompagne la séquence où Nemo apprend à devenir un prince en haute société en compagnie de ses nouveaux professeurs - autre chanson hyper colorée et survitaminée, typiquement Disney d’esprit ! N’oublions pas non plus la chanson plus espiègle des goblins dans « Boomps Song and March ».

A ces chansons viennent alors se greffer le score symphonique de Steve Rucker et Thomas Chase, qui débute avec brio sur « Overture », qui développe les principaux thèmes de la partition : le thème enjoué de Slumberland et le très beau thème de valse de « Slumberland Princess ». Dès le début, on est frappé ici par la qualité et la richesse des orchestrations, ainsi que par l’élégance du classicisme d’écriture de la musique du tandem Rucker/Chase : impossible ici aussi de ne pas penser aux oeuvres d’Alan Menken sur un Disney tel que « The Little Mermaid » (1989). Avec « First Dream », les deux compositeurs nous invitent clairement à une belle et grande aventure pour une première envolée orchestrale majestueuse, magique et triomphante, développant de façon plus ample le thème de Nemo repris de la chanson des frères Sherman. « First Dream » accompagne ainsi la séquence introductive où Nemo vole au dessus de la ville sur son lit (séquence reprise en partie du court-métrage de Yoshifumi Kondô). Rucker et Chase se font plaisir et nous offrent une fanfare militaire joyeuse et énergique dans « Circus Parade », lorsque Nemo assiste à la parade du cirque au début du film (et qui lui inspirera en partie son rêve la nuit suivante). L’aventure est de nouveau au rendez-vous avec le majestueux et aérien « Dirigible Ride » qui développe la valse de Slumberland dans toute sa splendeur lors de l’envol du dirigeable du roi Morpheus. Avec « Flip’s Theme », les deux compositeurs nous offrent un morceau plus orienté vers le traditionnel mickey-mousing indissociable des musiques de dessin animé à la Disney. Le morceau fait la part belle aux orchestrations boisées et aux instruments plus sautillants, retranscrivant la roublardise et l’espièglerie du personnage de Flip (qui représente en fait la part négative de Nemo dans l’histoire). Ici aussi, on notera la richesse des orchestrations et la qualité de l’écriture orchestrale digne des plus grands maîtres.

Avec « Coronation Procession », la musique prend une tournure plus solennelle et cérémoniale inspirée d’Edwar Elgar pour la scène du couronnement de Nemo. Les compositeurs semblent s’être bien amusés, puisqu’après quelques morceaux particulièrement enjoués et fantaisistes retranscrivant les délires et la magie de Slumberland, la musique prend une tournure plus joyeuse et débridée dans la danse festive de « Hoedown », dominé par un violon frénétique et un orchestre totalement déchaîné, lors de la fête où dansent le roi et le professeur Genius. Ici aussi, Steve Rucker et Thomas Chase démontrent une maîtrise évidente de l’orchestre et des orchestrations qu’ils manipulent avec une aisance et une richesse incroyable. Même chose pour l’envol héroïque de « Off To Save The King », lorsque Nemo décide de partir sauver le roi (reprenant pour l’occasion le thème de Nemo repris ici dans toute sa splendeur). Enfin, la musique devient plus sombre pour la séquence dans le pays des cauchemars avec l’agité « Battle of Nightmareland » pour l’affrontement final contre le roi des cauchemars. La musique fait la part belle ici à des cuivres sombres et des percussions plus agressives synonymes de danger (le morceau fait parfois penser à un mélange entre John Williams et Robert Folk). Enfin, « Little Nemo Is Alive » reprend le thème de Nemo dominé ici par une écriture orchestrale plus lyrique, classique et élégante. A noter que le « Finale Medley » nous permettra de retrouver les principaux thèmes de la partition dans un medley détonnant de plus de 3 minutes.

La partition musicale de « Little Nemo : Adventures in Slumberland » s’avère donc être extrêmement réussie et exubérante de bout en bout : colorée, énergique, magique, rafraîchissante et débordante de vie, la musique des frères Sherman et du duo Steve Rucker/Thomas Chase apporte une magie indispensable au film de Masami Hata et William T. Hurtz, et ce même si l’ensemble n’a rien de follement original. Mais devant la beauté gracieuse de « Slumberland Princess » ou l’invitation aux rêves et à l’évasion dans « Little Nemo », impossible de résister à une partition d’une telle richesse qui égale sans problèmes les plus grandes partitions des productions Disney (et plus particulièrement celles d’Alan Menken). C’est pourquoi les amateurs des musiques à la Disney devraient se ruer sur la bande originale de « Little Nemo : Adventures in Slumberland » : succès garanti !


---Quentin Billard