1-War 4.06
2-Following Claire 2.00
3-Security Meeting 2.49
4-Split To Rome 2.30
5-Tully's Letter 1.52
6-The Ghost 2.48
7-Rome Hotel 1.38
8-Back To The Unit 1.44
9-Split To London 0.47
10-The Frame Up 2.27
11-Split To Miami 0.49
12-Miami Hotel 1.02
13-Share My Fire 1.27
14-Bench Mark 0.36
15-Safe House 2.19
16-Split To Cleveland 0.48
17-The Formula 5.50
18-San Diego Airport 1.24
19-A Cream Or A Lotion? 1.40
20-Airport Love 1.55
21-The Real Setup 3.12
22-Played 1.48
23-Duplicità a Due 2.05
24-Being Bad 3.00*

*Ecrit et interprété par Shana Halligan
et Kiran Shahani de "Bitter:Sweet"

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 955 2

Produit par:
James Newton Howard
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2009 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
DUPLICITY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Après le thriller politique « Michael Clayton » sorti en 2007, le réalisateur Tony Gilroy nous offre avec « Duplicity » une sympathique comédie d’espionnage dans laquelle Julia Roberts et Clive Owen interprètent respectivement l’agent de la CIA Claire Stenwick et l’agent du MI6 britannique Ray Koval, deux amants qui décident de quitter leurs fonctions gouvernementales pour rejoindre le monde des affaires en participant à une guerre d’espionnage qui sévit entre deux importantes multinationales américaines. Leur objectif consiste à récupérer une précieuse formule d’un produit révolutionnaire qui rapportera des milliards à l’entreprise concernée. Les deux hommes d’affaire Howard Tully (Tom Wilkinson) et Dick Garsik (Paul Giammati) organisent ainsi une importante mission d’espionnage industriel afin d’être les premiers à récupérer la formule. Claire et Ray nagent alors en eau trouble, entre manipulation, conspiration, espionnage et aussi romance : hélas, leur mission sera constamment parasitée par leur passion mutuelle qui leur mettra bien des bâtons dans les roues. Pour Clive Owen et Julia Roberts, « Duplicity » marque les retrouvailles des deux acteurs après « Closer » de Mike Nichols en 2005. Le film est entièrement porté par le charme de la pétillante Julia Roberts et l’élégance british de Clive Owen. L’histoire reste quand à elle assez captivante, sur fond de manipulation et d’espionnage industriel agrément d’un zeste de romance. Tony Gilroy a essayé de faire un « Thomas Crown Affair », mais sans parvenir à égaler le classique de Norman Jewison : si l’interprétation et la mise en scène rappelant la classe du « Ocean’s Eleven » de Soderbergh sont irréprochables (avec utilisation judicieuse de split screen), on regrettera le côté souvent très confus et alambiqué du scénario qui, à force de multiplier les flashbacks, les rebondissements et les fausses pistes, finit par nous perdre en chemin : pour tout comprendre dans l’histoire, il faut être extrêmement attentif du début jusqu’à la fin (curieusement, « Michael Clayton » s’avérait être tout aussi complexe dans sa trame narrative). Malgré tout, « Duplicity » s’avère être une bonne comédie d’espionnage tout à fait attachante !

La musique de James Newton Howard apporte un charme et un fun véritable au film de Tony Gilroy. Le compositeur délaisse son style orchestral habituel et nous livre une composition éclectique de style trip-hop/funky du plus bel effet, aussi entraînante qu’inventive, mélangeant les styles avec brio (qu’il s’agisse des rythmes funk du début ou des pièces latinos de la fin). On retrouve ici un JNH plus léger et rafraîchissant dans le style de « Big Trouble » ou « Unconditionnal Love ». Dès le générique de début du film, James Newton Howard donne immédiatement le ton avec « War », musique funky rétro 70’s mélangeant rythme cool, guitare, basse, section de cuivres jazzy, clavinet typiquement « seventies » (et dont la sonorité se rapproche parfois de celle d’un clavecin), synthétiseurs kitsch et solo de trompette jazzy qui n’est pas sans rappeler le « Out of Time » de Graeme Revell. Impossible de résister à l’énergie et au fun de cette superbe introduction qu’est « War », un délice pour tous les amateurs de musique funky de film d’espionnage tendance années 70, et très inspiré ici des compositions de David Holmes pour la série des « Ocean’s Eleven ». Dès lors, le ton est donné et la musique évoluera ainsi tout au long du film en multipliant les ambiances et les rythmes différents avec une certaine inventivité rafraîchissante. Un morceau comme « Following Claire » est assez caractéristique de cette ambiance d’espionnage avec son mélange cordes/percussions diverses/guitares ethniques du plus bel effet. Même chose pour « Security Meeting » qui accompagne la scène du meeting au début du film en maintenant une certaine tension et un rythme constant. A noter ici l’utilisation très réussie des synthétiseurs qui apportent un côté urbain/moderne très réussi à la musique, et une utilisation toujours très inventive des différents instruments. Certains passages s’avèrent être plus modestes comme « Split to Rome » et son thème de piano/cordes illustrant la rencontre entre Ray et Claire à Rome vers le début du film.

La musique sait aussi se faire plus minimaliste comme « Rome Hotel » où JNH utilise une guitare solo plus mélancolique pour évoquer les doutes de Ray et Claire quand à leur avenir commun. Un morceau comme « Back To The Unit » ramène un style atmosphérique synthético-orchestral plus conventionnel et sans grande surprise. Signalons le sympathique « Split To London » qui accompagne une scène d’opération à Londres avec le motif d’espionnage déjà entendu dans « Split To Rome » et qui revient régulièrement tout au long du film, maintenant un certain suspense tout au long de l’histoire. Les fans des musiques trip-hop/rétro funky de David Holmes apprécieront sans aucun doute une pièce comme « The Frame Up », avec ses rythmes très soutenu et une utilisation très réussi des cordes, des guitares, de pizzicati de contrebasses et d’un piano très « film d’espionnage 70s ». James Newton Howard n’hésite pas à utiliser quelques rythmes latino/sud-américains dans « Split To Miami » pour la scène où nos deux héros se rendent à Miami pour la suite de leur opération. Le motif d’espionnage est repris ici avec des accents de salsa tout à fait savoureux dans lequel intervient la trompette jazzy du début, qui rappelle ici aussi « Out of Time » de Graeme Revell. Plus étonnant encore, « Miami Hotel » mélange agréablement rythmes de bossa nova et quelques touches d’accordéon dans un style proche d’un tango (morceau repris dans « Played » sur fond de loop électro). JNH mélange ainsi différentes cultures musicales avec brio, afin de retranscrire à l’écran la richesse de l’intrigue du film et la complexité de cette vaste opération d’espionnage industriel.

La musique devient plus sombre et plus orientée vers le suspense dans « Share My Fire » ou « Safe House » avec ses allusions au motif d’espionnage et son utilisation toujours constante de rythmes modernes et de synthétiseurs divers. Le dit motif revient dans une version plus rock avec « Split To Cleveland », motif qui accompagne en réalité la plupart des séquences en split-screen du film, censées servir de transition d’un chapitre à un autre dans le film. La partition atteint d’ailleurs son climax avec le superbe « The Formula », morceau d’action/suspense plus moderne accompagnant la séquence où Ray et Claire coopèrent pour récupérer le papier de la formule et le photocopier dans les bureaux de la multinationale. JNH suggère clairement ici l’urgence et la tension en maintenant des rythmes à la fois électro/sud-américains du plus bel effet, sur fond de guitares latinos, synthés, cordes, cuivres et percussions en tout genre. Le morceau s’inspire clairement du style de « The Bourne Identity » de John Powell avec une certaine inventivité, un style qui rappelle aussi beaucoup le récent « The Italian Job » du même John Powell (on sait d’ailleurs à quel point James Newton Howard a toujours été très proche des musiciens du studio de Media-Ventures, et aussi un grand ami de Hans Zimmer !). Avec ses 5 minutes 50, « The Formula » s’avère être un morceau tout à fait prenant et extrêmement intense, une bien belle réussite dans le genre. On retrouve ensuite le motif d’espionnage dans « San Diego Airport » avec une version pour guitare latino du plus bel effet. JNH reprend cette guitare intime dans « Airport Love », lorsque Ray et Claire se déclarent enfin leur flamme à l’aéroport après avoir récupérer la formule chacun de leur côté - sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score de « Duplicity ». JNH conclut le film en reprenant le thème latino de « San Diego Airport » avec un très beau solo de guitare hispanisante d’une très grande beauté.

Vous l’aurez donc compris, la partition de « Duplicity » montre un autre visage du style musical de James Newton Howard, un style plus éclectique et plus inventif, mélangeant les styles avec brio et imagination. Certes, le compositeur ne révolutionne pas le genre de la musique d’espionnage mais nous livre un score plaisant et accrocheur dans la lignée du « Ocean’s Eleven » de David Holmes, « Out of Time » de Graeme Revell ou bien encore « The Italian Job » de John Powell. Les amateurs de rythmes modernes funky/électro/latinos apprécieront sans aucun doute le travail de JNH sur le film de Tony Gilroy, apportant ainsi une énergie revigorifiante indispensable à cette histoire d’espionnage industriel sur fond de romance. Variant les ambiances et les styles musicaux avec une aisance incroyable, James Newton Howard nous offre donc une partition de qualité pour « Duplicity », idéal pour tous ceux qui souhaiteraient entendre un JNH plus inventif, hors de ses scores d’action/aventure. Recommandé !


---Quentin Billard