Disc 1

1-24 Hours Open 3.23
2-Pushing The Sky 4.05*
3-Time To Know/Be Waltz 3.49**
4-Clutch 5.15
5-Musawe 3.28***
6-Yo Pumpkin Head 4.04
7-Diggin' 5.06+
8-3.14 1.37++
9-What Planet Is This?! 4.31
10-7 Minutes 6.48
11-Fingers 4.24
12-Powder 1.30
13-Butterfly 4.59
14-No Reply 6.00+++
15-Dijurido 1.58
16-Gotta Knock A Little Harder 5.25#
17-No Money 1.21##
18-Rain (Demo) 3.23###

Disc 2

1-What Planet Is This! 2.45
2-Ask DNA 4.51°
3-Cosmic Dare
(Pretty with a Pistol) 4.27°°
4-Hamduche 1.54°°°
5-Is It Real? 4.40"
6-Goodnight Julia 1.56
7-Papa Plastic 4.11
8-Telephone Shopping 0.18
9-Kabutoga ni Kodai no Sakana 3.42
10-Slipper Sleaze 3.32
11-23 Hanashi 4.51

*Interprété par Mai Yamane
Ecrit par Yôko Kanno
**Interprété par Hideyuki Takahashi
***Interprété par Hassan Bohmide
Ecrit par Yôko Kanno
+Interprété par Steve Conte
Paroles de Tim Jensen
Musique de Yôko Kanno
++Interprété par Aoi Tada
+++Interprété par Steve Conte
Musique de Yôko Kanno
#Interprété par Mai Yamane
Paroles de Tim Jensen
Musique de Yôko Kanno
##Interprété par Hassan Bohmide
###Interprété par Mai Yamane
°Interprété par Raju Ramayya
Paroles de Tim Jensen
Musique de Yôko Kanno
°°Interprété par Reynada Hill
Paroles de Raju Ramayya
Musique de Yôko Kanno
°°°Interprété par Hassan Bohmide
"Interprété par Scott Matthew
Paroles de Tim Jensen
Musique de Yôko Kanno.

Musique  composée par:

Yôko Kanno

Editeur:

Victor VIZL-54

Album produit par:
Yôko Kanno

(c) 2001 Sunrise/Bandai Visual Company/Bones. All rights reserved.

Note: ****
COWBOY BEBOP THE MOVIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Yôko Kanno
Parmi les grands classiques de l’animation japonaise, « Cowboy Bebop » est sans aucun doute l’une des séries TV les plus populaires du monde des animes nippons. Créée en 1998 par le studio Sunrise et le réalisateur Shinichiro Watanabe, « Cowboy Bebop » connut un très grand succès au Japon mais aussi eu Europe et aux Etats-Unis. Shinichiro Watanabe réalisa alors « Cowboy Bebop The Movie » en 2001, adaptant ainsi sa propre série TV dans un long-métrage de 115 minutes. A noter que l’histoire se déroule entre les épisodes 22 et 23 de la série. L’histoire se déroule en 2071, dans la ville d’Alba City construite à l’intérieur de l’un des nombreux cratères de la planète Mars. Un camion-citerne explose en plein milieu d’une autoroute de la ville, causant ainsi la mort de nombreuses personnes. Mais ce n’est pas tant l’explosion qui s’est avérée dramatique dans cet attentat mais bien le contenu même du dit camion : l’explosion a permis de répandre un dangereux virus expérimental tuant des centaines de personnes. Cet attentat est l’oeuvre d’un mystérieux terroriste nommé Vincent Volaju, qui cherche alors à utiliser le virus pour semer le chaos dans Alba City. C’est alors que le gouvernement martien décide de faire appel aux chasseurs de prime du Cowboy Bebop, l’équipe de Spike Spiegel, Jet Black, Faye Valentine et Ed. Lorsque l’équipe du Bebop reçoit l’appel du gouvernement et l’énorme récompense offerte pour la capture du bioterroriste, Spike Spiegel et ses complices décident de saisir l’occasion d’empocher une belle fortune. « Cowboy Bebop The Movie » (aussi connu sous le titre « Knockin’ On Heaven’s Door », inspiré du titre d’une chanson de Bob Dylan) permet donc au réalisateur Shinichiro Watanabe de revisiter toute la mythologie qu’il a mis en place dans sa propre série TV d’origine, avec des héros toujours aussi cools, de l’humour, de l’action, de la violence, des héroïnes sexy et - fait le plus important - une réflexion émouvante sur le sens de l’existence humaine.

En ce sens, « Cowboy Bebop » rejoint par moment les réflexions existentialistes du « Ghost in the Shell » de Mamoru Oshii et apporte une profondeur psychologique saisissante pour un film animé de ce genre. On retrouve aussi toutes les allusions à la culture américaine indissociables de l’univers de « Cowboy Bebop » : les chasseurs de prime, les duels de type western, les cowboys du futur, mais aussi les chansons et ce jusqu’au titre même du film, emprunté à une chanson de Bob Dylan. « Cowboy Bebop » connaît depuis plus de deux décennies un immense succès un peu partout dans le monde, et le film de Shinichiro Watanabe tombe ainsi à point nommé. Visuellement très impressionnant, « Cowboy Bebop The Movie » s’avère même être un cran au dessus de la série d’origine, avec une animation irréprochable et des décors grandioses. Quand aux personnages, ils s’avèrent être toujours aussi attachants, qu’il s’agisse du cow-boy Spike Spiegel et son flegme légendaire, du paternaliste et colossal Jet Black ou de la très sensuelle Fay Valentine, sans aucun doute l’une des héroïnes les plus sexy du monde de l’animation japonaise. Le succès même du film et de la série ont déjà incité les artisans d’Hollywood à mettre sur pied une adaptation live prévue pour 2011 avec Keanu Reeves dans le rôle de Spike Spiegel. Au final, « Cowboy Bebop The Movie » s’avère être un anime japonais tout simplement indispensable à tout bon fan du genre - et aussi sans aucun doute l’une des plus belles réussites de l’animation japonaise de ces cinq dernières années !

La musique de la célèbre compositrice japonaise Yoko Kanno a toujours joué un rôle majeur dans la série d’origine. C’est pourquoi le réalisateur décida de confier à nouveau la musique de « Cowboy Bebop The Movie » à Yoko Kanno, qui reprend donc un style jazz/blues déjà mis en place dans la série TV et amplifié ici par le biais de son groupe The Seatbelts, formé pour les besoins du film et de la série. Le groupe est constitué de différents musiciens du monde du jazz et du blues venus des quatre coins du monde, qu’il s’agisse des musiciens japonais, new-yorkais (incluant Stanley Clarke, Peter Bernstein et le batteur Al Foster), parisiens et même d’Oslo (avec le célèbre saxophoniste norvégien Jan Garbarek et le guitariste Terje Rypdal). La musique de « Cowboy Bebop The Movie » permet ainsi à Yoko Kanno de varier les ambiances musicales avec un éclectisme cher à la compositrice, et ce tout au long du film. Le générique de début (très réussi !) s’ouvre au son de la chanson « Ask DNA », superbe morceau de blues/rock brillamment interprété par Raj Ramayya et le groupe The Seatbelts, et de loin l’une des meilleures chansons originales du score de « Cowboy Bebop The Movie ». Le générique de début de « Cowboy Bebop The Movie » est un pur modèle du genre, mélangeant humour et fun avec un style musical pêchu et irrésistible (à noter que la chanson « Ask DNA » ressortira un peu plus tard dans le mini-album éponyme de The Seatbelts enregistré en 2001). Parmi les chansons originales, on appréciera la chanson pop/électro « Cosmic Dare (Pretty With A Pistol) » interprétée par Raynada Hill, qu’écoute Fay Valentine au début du film dans son vaisseau (à noter que toutes les chansons sont écrites en anglais, afin de respecter les influences anglo-saxonnes du film de Shinichiro Watanabe). Parmi les chansons incontournables du film, « Diggin » s’avère être une autre pièce incontournable de l’oeuvre de Yoko Kanno, superbe chanson blues/country interprétée par Steve Conte, pour la scène où Spike part enquêter dans les rues d’Alpha City. Autre chanson de qualité, « Is It Real », chanson magnifique pour la scène du flashback de Vincent sur la planète Titan, chanson interprétée par Scott Matthew sur fond de cordes dramatiques, d’un piano mélancolique et de synthétiseurs atmosphériques et sombres évoquant le passé tragique du bioterroriste.

Et si vous n’avez jamais entendu du jazz oriental, la chanson « Hamduche » devrait vous ravir pleinement, interprétée avec brio par Hassan Bomhide. A noter d’ailleurs que Yoko Kanno a écrit quelques morceaux de style arabe/oriental pour les besoins du film, étant donné qu’une scène se déroule dans un quartier de type marocain dans lequel se rend Spike pour y mener son enquête. Ainsi, « No Money » accompagne la scène avec un solo vocal d’Hassan Bohmide mélangeant anglais et langue arabe, tandis que « MUSAWE » nous propose un autre chant avec saxophone jazzy et guitare arabe. Variant les ambiances et les styles musicaux à loisir, Yoko Kanno se fait plaisir et touche un peu à tout afin de retranscrire l’univers musical si particulier de « Cowboy Bebop ». Ainsi, la scène de combat entre Spike et la jolie Electra est entièrement accompagnée par du jazz bebop du plus bel effet, dans un style très proche de Dizzie Gillespie ou Charlie Parker (style musical apparu entre les années 40 et 50 aux Etats-Unis), brillamment interprété par les musiciens de The Seatbelts. Le jazz bebop et le blues sont d’ailleurs les deux genres musicaux indissociables de l’univers de « Cowboy Bebop ». Plus étonnant, « Time To Know-Be Waltz » permet à la compositrice de nous offrir du easy-listening/lounge évoquant les musiques de Michel Magne ou François de Roubaix dans les années 60, un morceau kitsch dans lequel les musiciens semblent s’être bien éclatés, encore une fois, avec solo de saxophone jazzy, vocalises féminines délicieusement kitsch et rythmes ternaires dansants (dans le film, « Time To Know-Be Waltz » accompagne la scène où Ed descend joyeusement dans les rues de la ville). A l’univers urbain du film de Shinichiro Watanabe, Yoko Kanno répond amplement par une musique rythmée, énergique et pêchue du plus bel effet, touchant à tous les styles musicaux. Avec « Powder », Kanno utilise par exemple des choeurs féminins étranges et quasi psychédéliques sur fond d’harmonies plus dissonantes (avec cordes/piano) pour la scène où Spike affronte Vincent dans le train et finit dans la rivière.

« 7 Minutes » s’avère être quand à lui l’un des morceaux majeurs du score de « Cowboy Bebop The Movie », un superbe morceau d’action avoisinant les 7 minutes, et accompagnant la scène où les héros et les policiers recherchent la bombe qu’a posé Vincent quelque part dans la ville. La musique verse ici dans un style hard-rock du plus bel effet, avec sonorités électro un brin expérimentales et même quelques touches orchestrales plus discrètes. Mais la bonne surprise de « 7 Minutes » vient surtout de l’utilisation d’un choeur religieux au cours de la scène de la descente policière dans les égouts, un choeur qui rappelle par moment bon nombre d’oeuvres religieuses baroques/classiques (on pense par exemple à certaines mesures du « Messie » de Haendel). Encore une fois, Yoko Kanno se montre incroyablement inventive et à l’aise dans tous les styles musicaux. Dans « What Planet Is This ? », on retrouve le style jazzy du début pour un morceau qui rappelle par moment certaines musiques d’animes japonais des années 70/80 avec ses sections de cuivres pêchues, une pièce entraînante et un brin kitsch accompagnant la scène de la bataille aérienne vers la fin du film. Kanno accompagne la scène du défilé d’Halloween avec « Yo Pumpkin Head », une marche jazzy festive et entraînante. Le combat final entre Spike et Vincent est accompagné par la chanson rock « Pushing The Sky », une idée assez brillante qui évite les sempiternels morceaux d’action orchestraux que l’on entend habituellement dans ce type de scène de combat. Le film se termine avec l’excellente chanson « Gotta Knock A Little Harder ».

Vous l’aurez donc compris, la bande originale de Yoko Kanno pour « Cowboy Bebop The Movie » est une partition assez originale et un peu à part du paysage de la musique d’anime japonaise. Mélangeant différents styles musicaux avec brio (jazz, blues, rock, chansons pop, easy-listening, musique arabe, choeurs religieux, etc.), Yoko Kanno accouche d’une oeuvre extrêmement surprenante et attachante, bien que manquant cruellement d’une thématique forte : à vrai dire, le score s’avère être un véritable four-de-tout manquant clairement d’unité, et l’absence totale d’un thème rend l’écoute peu cohérente, surtout dans le film, où les morceaux s’enchaînent sans jamais se ressembler. Dommage, car à trop vouloir jouer la carte de l’éclectisme, le score se perd en route et oublie qu’une oeuvre musicale repose avant sur une construction précise. Mais Yoko Kanno est une musicienne libre qui défie les conventions de la musique de film japonaise avec force et ténacité, et son nouvel opus musical pour « Cowboy Bebop The Movie » ressemble clairement à un vrai travail d’album conceptuel. La musique n’a rien d’innovante dans le fond mais plus sur la forme. Le problème, c’est qu’on a plus l’impression d’écouter dans le film un album collé sur les images plutôt qu’une véritable musique de film élaborée avec chaque grande séquence du film. Comprenons-nous bien : la musique colle parfaitement à l’univers particulier du film de Shinichiro Watanabe, mais sa construction libre entièrement athématique et sa compilation de genres musicaux différents l’empêchent de rejoindre le rang des grandes musiques de film de Yoko Kanno (comme « Escaflowne » par exemple). Qu’à cela ne tienne, la compositrice nous livre néanmoins un travail rafraîchissant et passionné pour « Cowboy Bebop », une musique indispensable pour tous les fans du film et de la série d’origine, et pour tous ceux qui s’intéressant aux travaux de Yoko Kanno et son groupe The Seatbelts. Une bien belle réussite, dans le genre !



---Quentin Billard