1-A Journey Begins 2.18
2-The Morgue (5) 2.15
3-Body Parts 4.40
4-The Morgue (22) 2.15
5-Killing Field 1.34
6-Photos 1.10
7-A Family's Grief 3.10
8-Emily Provokes 2.53
9-Viewing 3.00
10-You're a Good Father 1.26
11-Bobby Ortiz 3.08
12-Bonner's Dead 2.33
13-A Murder 4.03
14-Torture 1.54
15-New Evidence 1.48
16-Apology 1.46
17-We Killed a Dog 3.02
18-Upside Down 3.21

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6853

Album produit par:
Mark Isham
Montage musique:
Jennifer Nash
Producteurs exécutifs:
Paul Haggis, Robert Townson
Directeurs de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Doug Frank, Gary LeMel
,Suzi Civita

Artwork and pictures (c) 2007 Warner Independent Pictures (WIP). All rights reserved.

Note: ***
IN THE VALLEY OF ELAH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Hollywood semble s’être laissé depuis quelques années dans la production de films engagés dénonçant le conflit en Irak. Parmi ces productions actuelles, on pourra citer « Grace is Gone » de James C. Strouse, « Redacted » de Brian De Palma ou bien encore « Stop Loss » de Kimberly Peirce. Le réalisateur Paul Haggis aborde avec « In The Valley of Elah » un drame poignant sur des jeunes soldats ordinaires traumatisés par un conflit qui les oblige à prendre de terribles décisions. Mais plutôt que de tout filmer du point de vue des soldats, le réalisateur a préféré orienter son récit sous la forme d’une enquête policière. Alors qu’il est de retour d’Irak, Mike Deerfield est porté disparu et signalé comme déserteur par l’armée américaine. Son père, Hank Deerfield (Tommy Lee Jones), un ancien membre de la Police Militaire, décide de mener sa propre enquête avec la collaboration de l’officier de police Emily Sanders (Charlize Theron), rattachée à la juridiction du Nouveau-Mexique, là où Mike a été aperçu pour la dernière fois. Curieusement, les autorités militaires semblent plutôt réservées sur cette enquête et ne comptent pas vraiment aider Hank et Emily. Très vite, ils comprennent que les choses s’avèrent être plus compliquées qu’ils ne le pensaient, et lorsque les indices s’accumulent, la vérité sur la disparition du jeune Mike aboutit à des révélations tragiques et bouleversantes. « In The Valley of Elah » tire ainsi son nom du lieu dans lequel David combattit le géant Goliath dans un épisode célèbre de la Bible. Ce mythe raconte ainsi l’histoire d’un homme ordinaire - David - qui combattit un géant - Goliath - avec seulement cinq pierres dans la vallée d’Elah. Il s’agit bien évidemment d’une métaphore sur la guerre en Irak, et le sacrifice de jeunes hommes et femmes envoyés dans une guerre devenue très impopulaire aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Paul Haggis exerce ainsi son devoir de mémoire en réalisant ce drame poignant tourné à la manière d’un thriller somme toute très conventionnel, mené par un Tommy Lee Jones toujours impeccable dans le rôle d’un père déterminé à découvrir la vérité sur le meurtre de son fils. Charlize Theron quitte quand à elle son image glamour et campe une policière solitaire qui s’efforce de mener à bien son enquête dans des conditions difficiles. A noter que le scénario de Paul Haggis (d’après un script de Mark Boal) s’inspire d’une histoire vraie survenue en 2003, le meurtre de Richard T. Davis, un vétéran de l’Irak assassiné lors de son retour au pays.

Le compositeur Mark Isham retrouve ainsi le réalisateur Paul Haggis après l’excellent « Crash » sorti en 2005. Le score de « In The Valley of Elah » n’apporte rien de nouveau au genre, le compositeur optant simplement pour une approche très minimaliste, avec synthétiseurs, petite formation à cordes et piano. La partition accompagne tout au long du film l’enquête difficile de Hank et Emily, en maintenant une atmosphère à la fois morose, sombre et mélancolique, reflétant les sentiments des personnages de Tommy Lee Jones et Charlize Theron. D’emblée, on est frappé par cette ambiance dramatique et amère qui règne dans la musique de Mark Isham. Le film s’ouvre ainsi au son de l’atmosphérique « A Journey Begins », qui mélange synthétiseurs typiques du compositeur, guitare, piano et quelques cordes. L’histoire commence mais rien ne laisse encore présager de ce qu’il va arriver par la suite. A contrario, « The Morgue » annonce clairement la couleur : Isham développe ici une ambiance plus dramatique et funèbre, lorsque les restes de Mike sont retrouvés brûlés et découpés en morceaux dans un champ. Le compositeur développe ici un motif de 4 notes de cordes qui apportent un souffle dramatique assez intense dans le film, tout en conservant une approche résolument minimaliste (on pourra le réentendre dans « Viewing »). On retrouve une ambiance similaire dans « Body Parts » avec des cordes toujours très sombres et quelques synthétiseurs renforçant le caractère noir et latent de la musique.

Les cordes véhiculent clairement tout au long du film ce sentiment de perte, de deuil douloureux et de quête obstinée pour la vérité comme le confirme le très sombre « Killing Field » et ses nappes synthétiques inquiétantes et mystérieuses. « Photos » utilise quelques percussions électroniques plus discrètes sur fond de cordes sombres lorsque Emily observe les photos de la scène du crime à la recherche d’un indice quelconque. Mark Isham maintient ici une certaine tension à travers tout un travail d’atmosphère musical très réussi, un style atmosphérique typique du compositeur. Avec « A Family’s Grief », Isham évoque la souffrance des Deerfield lorsqu’ils revoient les restes de leur fils à la morgue. Bien loin de sombrer dans un style mélodramatique, la musique opte encore une fois pour une certaine retenue et une pudeur poignante, avec une petite formation à cordes d’une très grande sobriété. L’enquête continue quand à elle d’avancer avec « Emily Provokes » et ses rythmes synthétiques pour illustrer la détermination d’Emily.

Mark Isham développe ainsi ce style atmosphérique lent, sombre et minimaliste tout au long du film, le seul passage véritablement rythmé intervenant dans « Bobby Ortiz », lorsque Hank et la police pourchassent un suspect potentiel dans les rues de la ville. Le compositeur met l’accent ici sur des cordes staccatos plus agitées, une guitare et quelques percussions électroniques, le tout accompagné par un tempo qui accélère progressivement afin de retranscrire la tension de la poursuite à l’écran. Mais dès « Bonner’s Dead », on retombe dans ce style atmosphérique plus sombre et pesant. Même chose pour « A Murder » et « Torture » qui développent une série de textures électroniques plutôt inquiétantes, personnifiant ici les désillusions de Hank qui découvre les faits d’arme peu glorieux de son fils en Irak à travers les vidéos retrouvées sur son téléphone portable. « We Killed A Dog » permet d’ailleurs à la partition de « In The Valley of Elah » d’atteindre un climax dramatique assez intense pour l’une des dernières scènes de flash-back en Irak, avant d’aboutir à un « Upside Down » plus lent, mélancolique et apaisé, alors que Hank hisse le drapeau américain à l’envers - symbole de détresse nationale aux Etats-Unis. Les amateurs de musiques atmosphériques lentes, sombres et mélancoliques devraient donc apprécier le nouveau travail de Mark Isham sur « In The Valley of Elah », car, bien moins recherché et abouti que « Crash », la musique d’Isham s’avère être très réussie dans le film bien que sans surprise. Le score reste typique du style atmosphérique et minimaliste cher au compositeur, qui ne cherche donc aucunement à se renouveler ici et applique toutes ses recettes habituelles à la lettre, apportant tension et mélancolie au film de Paul Haggis. Voilà donc un score atmosphérique assez fonctionnel, à réserver en priorité aux aficionados de Mark Isham !



---Quentin Billard