1-Main Title 2.12
2-The Introduction 1.27
3-Lullaby/Escape 4.05*
4-Introducing Charlotte 5.52
5-In The Mud 1.00
6-Templeton 2.29
7-The Plan Begins 2.57
8-"Some Pig" 1.29
9-The Word Spreads 2.55
10-The Fall Montage 0.49
11-The Dump 1.50
12-"Radiant" 1.43
13-The Big Day 0.54
14-"Humble" 2.52
15-"Terrific" 1.23
16-Farewell Charlotte 1.11
17-Wilbur's Homecoming 8.58
18-Ordinary Miracle 3.30**

*Interprété par Dakota Fanning
**Interprété par Sarah McLachlan.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 88697 02989-2

Produit par:
Danny Elfman
Co-produit par:
Jordan Kerner, Julia Pistor,
Gary Winick

Consultant musical:
John Houlihan
Monteurs musique:
Bill Abbot, Jay Richardson,
Denise Okimoto, Shie Rozow

Artwork and pictures (c) 2006 Paramount Pictures/Nickelodeon Movies. All rights reserved.

Note: ***1/2
CHARLOTTE'S WEB
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
« Charlotte’s Web » (Le petit monde de Charlotte) est à l’origine un roman pour enfants écrit par l’écrivain américain E.B. White et publié en 1952. Véritable classique de la littérature pour enfants, « Charlotte’s Web » a déjà été adapté à deux reprises au cinéma, avec la version produite par le tandem Hanna/Barbera en 1973 et une suite sortie directement en vidéo en 2003. Et c’est en 2006 que la Paramount produit une version live réalisée par Gary Winick, avec la petite Dakota Fanning dans le rôle de Fern Arable, l’héroïne de l’histoire. Tout commence dans une ferme du Maine. La petite Fern empêche alors de justesse son père de tuer un bébé cochon frêle et chétif et décide alors de le prendre sous sa protection. Baptisé Wilbur, le petit cochon grandit en compagnie de Fern et des autres animaux de la ferme, jusqu’au jour où, devenu trop grand, Wilbur est vendu aux voisins, des fermiers qui possèdent une grange plus grande capable d’accueillir le cochon. Wilbur fait alors la connaissance de ses nouveaux compagnons animaux et étonne tous les autres par son insouciance et sa grande naïveté. Cherchant un ami avec qui jouer, Wilbur lie une amitié improbable avec Charlotte, une araignée sympathique et compréhensive. C’est alors que les autres animaux révèlent à Wilbur son avenir bien funeste : il est condamné, comme tous les autres, à finir à l’abattoir pour devenir une tranche de jambon dans l’assiette de ses nouveaux propriétaires. C’est alors que Charlotte a une idée de génie : elle va tenter de sauver Wilbur en accomplissant un miracle : écrire un mot sur une toile d’araignée. La petite créature se met alors au travail et dévoile enfin son chef-d’oeuvre dès le lendemain, devant des fermiers ébahis et époustouflés. « Charlotte’s Web » s’avère être au final une très belle fable sur la tolérance, abordant des valeurs fondamentales telles que l’amitié, l’entraide et la famille. Prévu à l’origine pour Tim Burton, « Charlotte’s Web » fut finalement mis en scène par Gary Winick, réunissant un casting vocal quelque peu impressionnant pour les voix des animaux : Julia Roberts, Kathy Bates, Steve Buscemi, John Cleese, Oprah Winfrey, Robert Redford, etc. Le film s’avère être plutôt divertissant et parfois même très émouvant voire poignant (la mort de Charlotte), s’adressant autant aux enfants qu’aux adultes, qui apprécieront les thèmes abordés par le film et la qualité des effets spéciaux (les séquences magnifiques où Charlotte prépare ses toiles), sans oublier toutes les scènes avec les animaux qui parlent.

Danny Elfman renoue dans « Charlotte’s Web » avec un style musical plus léger, enfantin et fantaisiste qui rappelle par moment la poésie de « Black Beauty » ou la fraîcheur mélodique de « Family Man ». Dès le « Main Title », Danny Elfman nous dévoile un univers musical plus léger et sautillant avec des cordes sautillantes (mélangeant pizzicati et staccatos), petites percussions diverses et utilisation assez inventive des différents instruments. La bonne humeur et l’enthousiasme de cette ouverture agréable nous annonce clairement une bien belle aventure. La seconde partie du morceau dévoile l’univers de la campagne et de la ferme en utilisant des petites percussions diverses, des cordes, un violon fiddle, une flûte, une guitare et quelques choeurs féminins indissociables de la musique de « Charlotte’s Web » (et du style fantaisiste habituel de Danny Elfman), apportant une petite touche de magie à la musique du film. Comme toujours, Elfman reste LE compositeur des « Main Titles » par excellence, et l’ouverture de « Charlotte’s Web » ne déroge donc pas à la règle ! Les touches folkloriques/americana du morceau ne sont pas sans rappeler par moment les ambiances pastorales de la partition de « Sommersby » ou celles de « Black Beauty ». Elfman navigue donc ici en terrain connu et se fait plaisir. Son utilisation d’arpèges rapides de piano dans « The Introduction » et ses harmonies comme toujours assez complexes permettent au compositeur de créer une ambiance musicale à la fois rafraîchissante et rassurante - renforcée par la beauté des choeurs féminins typiques d’Elfman. Dans « Lullaby, Escape », le compositeur dévoile le thème principal, une très belle berceuse chantée ici par Dakota Fanning dans le film sous la forme d’une valse légère et intime. On n’est guère loin par moment ici de « Big Fish » ou de « Black Beauty », desquels Danny Elfman semble avoir hérité d’une certaine sensibilité et d’un goût sûr pour une poésie musicale fraîche et raffinée.

Dans « Introducing Charlotte », le très beau thème de la valse est repris pour évoquer l’amitié touchante entre Wilbur le cochon et Charlotte l’araignée. Comme souvent dans ce type de musique plus intime et poétique, Danny Elfman parvient à éviter toute ringardise en apportant un lyrisme chaleureux et dense à sa musique, avec des orchestrations très personnelles mais aussi toujours un peu trop denses et peu aérées- le défaut habituel des musiques d’Elfman ! Le compositeur met ici l’accent sur des développements du thème de la valse avec ses rythmes à trois temps développés autour d’orchestrations évoquant quasiment par moment le célèbre ballet du « Le Lac des Cygnes » de Tchaïkovski. La musique alterne ici entre une certaine retenue émouvante et un style plus jovial et enjoué du plus bel effet. La seconde partie reprend les rythmes à trois temps pour un passage plus pastoral évoquant l’univers de la ferme à l’aide de cordes, petites percussions (reprises du « Main Titles ») et guitares folkloriques inspirées de « Sommersby ». Elfman poursuit ensuite dans un style plus humoristique et sautillant dans « In The Mud » et « Templeton », où il évoque avec malice et espièglerie le rat Templeton. C’est l’occasion pour le compositeur de reprendre ici le thème principal tout au long du morceau, à travers toute une série d’instrumentations étoffées, incluant le piano, les cordes, les flûtes et le glockenspiel. Dans « The Plan Begins », c’est le début de l’aventure de Charlotte, et aussi l’un des premiers morceaux-clé du score de « Charlotte’s Web » : Elfman apporte une magie et une ambiance quasi féérique à la scène où Charlotte tisse sa toile, une musique pleine d’espoir et de détermination d’une grande beauté. Le thème de la valse est repris ici dans sa plus belle version, amplifié par des orchestrations cristallines et des choeurs féériques : un grand moment de poésie et de lyrisme à l’écran, créant une véritable chorégraphie musicale magique pour accompagner la création de la toile de l’araignée Charlotte.

Un morceau plus rythme et énergique comme « Some Pig » est assez représentatif de l’ambiance pastorale/campagnarde voulue par Elfman sur le film, avec les petites percussions, le fiddle et la guitare, et le retour des choeurs féériques pour la découverte du premier miracle, le mot « Some Pig » sur la toile de Charlotte. « The Word Spreads » évoque alors la popularité grandissante du miracle de Charlotte et du petit Wilbur. On retrouve ici un style rafraîchissant, nostalgique et joyeux proche de la partition de « Big Fish », une musique très colorée et agréable, respirant une certaine joie de vivre et un grand optimisme insouciant dans le film. Dans « The Dump », Elfman évoque à nouveau les péripéties du rat Templeton dans la séquence de la décharge et de la poursuite avec les deux corbeaux, un morceau fantaisiste et survolté, typique du style grinçant et inventif habituel du compositeur, mélangeant rythmes bondissants et touches d’humour noir indissociables du monde musical de Danny Elfman. Le compositeur fait preuve encore une fois d’une maîtrise totale de ses orchestrations et de rythmes bondissants qui rappellent parfois son compositeur fétiche : Nino Rota. L’optimisme et l’exubérance reviennent dans « The Big Day » et « Humble », qui suggère une certaine tendresse une ambiance plus joviale et pleine d’espoir. L’aventure revient dans « Terrific » où l’émotion est toujours présente, aboutissant au très poignant « Farewell Charlotte » pour la scène la plus émouvante du film, celle de la mort de Charlotte. Elfman reprend le thème principal dans une version extrêmement émouvante pour choeurs, piano et orchestre, tout en conservant une certaine retenue humaine et poignante, évitant tout accès mélodramatique. Avec le très long « Wilbur’s Homecoming » - avoisinant les 9 minutes - Elfman reprend l’essentiel de sa partition pour une conclusion absolument magnifique, un petit bijou de poésie, de lyrisme, de magie et aussi de touches plus humoristiques et ironiques. Le compositeur se fait plaisir et nous offre pour « Wilbur’s Homecoming » une utilisation assez exceptionnelle des choeurs dans une écriture contrapuntique quasi religieuse et extrêmement féérique, pour la scène des bébés araignées de Charlotte qui s’envolent dans les airs.

« Charlotte’s Web » s’impose au final comme une partition extrêmement attachante et agréable de bout en bout, servie par une inventivité à toute épreuve, des orchestrations toujours aussi complexes et élaborées, et bien sûr, une bonne dose de magie, d’émotion et de poésie. Sans être la partition mièvre à laquelle on se serait attendu, la musique de « Charlotte’s Web » rappelle encore une fois à quel point Danny Elfman est plus que jamais l’un des meilleurs compositeurs officiant à l’heure actuelle à Hollywood, un compositeur toujours aussi inventif, qui signe là une très belle partition rafraîchissante, légère et sans prétention, bien que peu originale en soi - on pense souvent ici à une sorte de croisement entre « Black Beauty », « Sommersby » et « Big Fish ». Certes, on pourra toujours reprocher au compositeur de recycler des formules musicales déjà mises en place dans certains de ses précédents travaux, mais on se laissera néanmoins porter par la qualité de cette musique et son charme incontestable, apportant une poésie et une émotion incontestable au film de Gary Winick. Voilà donc une très belle partition rafraîchissante à recommander vivement à tous les fans de Danny Elfman à tous ceux qui s’intéressent à ses travaux plus légers et « familiaux » : une belle réussite, en somme !



---Quentin Billard