1-Main Titles 4.41
2-The Homecoming 1.58
3-Welcoming 1.34
4-First Love 3.54
5-At Work 2.01
6-Alone 4.23
7-Return Montage 5.20
8-Mortal Sin 4.39
9-Homer 1.07
10-Going To Nashville 1.42
11-Baby 2.14
12-Tea Cups 1.44
13-Townsend's Tale 6.09
14-Death 2.12
15-Finale 4.05
16-End Credits 3.16

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Elektra Records
7559-61491-2

Album produit par:
Danny Elfman,
Ellen Segal, Richard Kraft

Monteurs de la musique:
Ellen Segal, Bob Badami
Assistante personnelle
de Danny Elfman:
Lisette Joslynn

Artwork and pictures (c) 1993 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
SOMMERSBY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
'Sommersby' est le remake américain du film 'Le retour de Martin Guerre' de Daniel Vigne (1982) avec Gérard Depardieu et Nathalie Baye. C'est Richard Gere qui reprend ici le rôle interprété à l'origine par Depardieu en renommant le personnage Jack Sommersby et en transposant l'époque et le lieu du film d'origine (qui se déroulait en France au 16ème siècle) dans le sud des Etats-Unis au 19ème siècle, quelques temps après la guerre de Sécession. Réalisé par le versatile Jon Amiel, 'Sommersby' est un drame romantique poignant qui a semble t'il été fait pour redonner du tonus à la carrière de Richard Gere qui battait dangereusement de l'aile à la fin des années 80, l'acteur ayant accumulé une série d'échecs critiques et commerciaux comme 'King David', 'No Mercy', 'Power' ou 'Miles From Home'. Gere se rattrapa en 1990 avec le succès (exagéré) du 'Pretty Woman' de Garry Marshall et alla plus loin en produisant son nouveau film, 'Sommersby', dans lequel il tient aussi le rôle clé. De retour de la guerre de Sécession, Jack Sommersby revient dans son village et retrouve sa femme Laurel (Jodie Foster) alors qu'elle le croyait mort. Considéré autrefois comme un personnage désagréable, hautain et violent, Jack apparaît aujourd'hui changé. Laurel ne reconnaît plus l'homme qu'elle connu autrefois mais garde néanmoins pour elle ses doutes, alors que Jack se montre tendre, passionné et attentionné avec elle, comme il ne l'a jamais été. Très vite, Sommersby décide de rendre service à son village en l'aidant à retrouver sa prospérité. Mais certains habitants du village ne peuvent s'empêcher de penser que cet individu n'est pas le Jack Sommersby qu'ils connurent autrefois et qu'il s'agirait en fait d'un imposteur qui se fait passer pour le mari de Laurel Sommersby. Jack s'attire ainsi les foudres de Orin Meecham (Bill Pullman), jaloux de Sommersby alors qu'il devait épouser Laurel avant son retour inattendu. Mais un jour, la police vient arrêter Jack pour un crime qu'il aurait autrefois commit lorsqu'il était saoul. La seule façon pour Sommersby de s'en sortir serait d'avouer qu'il est un imposteur et qu'il n'a donc pas pu commettre ce crime s'il n'est pas le vrai Sommersby, mais il refuse de l'avouer malgré les protestations de Laurel qui connaît la vérité depuis le début. Sommersby va donc témoigner devant la cours qu'il est bien celui qu'il prétend être, mais s'il persiste dans cette direction, il sera pendu. Très beau film empreint d'un romantisme langoureux, 'Sommersby' reste l'un des plus beaux films de Richard Gere au début des années 90 et une belle occasion pour l'acteur de se rattraper après une série d'échecs successifs. Jodie Foster reste quand à elle impeccable, nous prouvant une fois de plus qu'elle est une actrice pleine de charme et d'une sensibilité rare. Pour certains, le film de Jon Amiel n'apporte pas grand chose par rapport au 'Retour de Martin Guerre', même s'il est intéressant de voir la façon dont Hollywood transpose cette histoire d'amour tragique à la sauce U.S.

'Sommersby' est un projet vraiment différent pour Danny Elfman, qui était jusqu'ici habitué aux films fantastiques et autres productions d'aventure. Le compositeur fétiche de Tim Burton a toujours brillé pour son goût pour la fantaisie et les excentricités musicales, mais c'est un autre visage que nous montra le compositeur en 1993 avec le film de Jon Amiel, pour lequel Elfman allait nous offrir une partition dramatique et romantique très loin de ce que le compositeur a pu faire auparavant. Elfman nous dévoile sur 'Sommersby' une sensibilité rare que l'on avait déjà pu ressentir dans le très beau 'Edward Scissorhands' de Tim Burton en 1990 mais qu'il exploite ici pleinement pour les besoins de ce film. Elfman signe une partition symphonique teinté d'un classicisme d'écriture impeccable avec quelques sonorités 'americana' évoquant le sud des Etats-Unis à l'aide d'un fiddle, d'un whistle, de percussions ethniques et de quelques guitares. Dès le 'Main Titles', le compositeur met en place son très beau thème principal, mélodie ample qui évoque cette histoire d'amour dramatique avec une certaine sensibilité, Elfman évitant le côté mielleux en conférant une certaine densité orchestrale à son thème, privilégiant cuivres, cordes et vents dans une ouverture sombre et teintée d'une certaine ambiguïté. Effectivement, Elfman sème déjà le doute dans l'esprit de l'auditeur/spectateur en jouant sur les harmonies de son thème qui oscille entre accords majeurs et mineurs avec une très grande habileté, introduit par des trompettes sur fond de cordes graves et amples avec une guitare. On ressent même par moment l'influence de James Horner dans le passage entendu à 2.33 qui évoque par moment bon nombre de futures partitions romantiques du compositeur de 'Titanic' et 'Braveheart' (ces oeuvres ayant toutes été écrites après le 'Sommersby' de Elfman). Aucun doute possible, dès cette excellente ouverture vaguement dramatique et empreinte d'une certaine ambiguïté, on se retrouve face à un Elfman différent qui semble avoir bien mûrit depuis ses débuts au milieu des années 80. La qualité des orchestrations et de l'écriture orchestrale du compositeur jouant pour beaucoup dans la qualité de cette très belle partition.

Dès lors, Elfman s'attache à retranscrire un climat à la fois romantique, intimiste et dramatique, et ce tout au long du film. 'The Homecoming' accompagne ainsi la scène du retour de Sommersby de façon plus douce avec des cordes et des vents d'une infime tendresse, tandis que 'Welcoming' paraît plus festif et vivant pour l'accueil chaleureux que réservent les villageois au retour de Jack Sommersby. On retrouve ici un Elfman plus familier avec une écriture assez inventive du fiddle soliste rythmé et sautillant, avec les cordes qui conservent ce côté toujours très dense et chaleureux, accompagné ici par la guitare, symbolisant l'idylle renaissante entre Jack et Laurel. 'First Love' confirme ainsi l'orientation romantique de la partition de Danny Elfman en jouant une fois encore sur des orchestrations d'une grande douceur, avec cordes et vents au détour d'une reprise très intime du thème principal illustrant ici l'amour entre Jack et Laurel, Elfman ayant la bonne idée d'éviter les élans orchestraux mielleux pour conserver au contraire un ton plus intime et doux qui sied à merveille à l'ambiance du film de Jon Amiel.

'At Work' développe la partie plus 'americana' du score à l'aide d'un petit ostinato entraînant de percussions ethniques, des cordes, du fiddle, du whistle celtique et des guitares. Le morceau accompagne la scène où Sommersby et les villageois se mettent à l'oeuvre pour préparer les plantations de tabac et faire renaître la prospérité dans le village. Entraînant, 'At Work' évoque ainsi la solidarité entre les villageois et l'espoir d'un meilleur avenir sur un ton plutôt joyeux et entraînant. Mais c'est la partie plus intime/romantique qui domine ici l'essentiel de la partition de 'Sommersby', comme le confirme le mélancolique 'Alone' ou le très beau 'Return Montage' alors que Elfman nous propose une émouvante reprise du thème par une guitare intime empreinte d'une certaine tendresse (cf. 'Tea Cups'). 'Mortal Sin' se détache un peu du reste de la partition avec son côté plus sombre et dissonant lors de l'altercation brutale entre Sommersby et Orin, installant un certain malaise dans cette scène. C'est avec un certain plaisir que l'on retrouve le thème de façon ample et puissante dans 'Going to Nashville' avec une écriture orchestrale beaucoup plus rythmée, tandis que 'Baby' nous permet de retrouver le côté 'americana' enjoué de 'At Work' avec fiddle, guitare et guimbarde pour la scène de la naissance du bébé de Jack et Laurel. Mais c'est lors de la scène du procès que la musique prend une tournure réellement sombre et dramatique dans 'Townsend's Tale', lorsqu'un homme vient témoigner contre Sommersby. On pourra apprécier ici le sentiment de désolation et d'amertume qu'évoque la musique tout au long de cette séquence pendant plus de 6 minutes. Idem pour 'Death' lors de la scène de pendaison sur un ostinato rythmique quasi funèbre par dessus lequel on retrouve une variante du thème réexposé ici de façon tragique avant le poignant 'Finale' où le thème revient une dernière fois dans un élan orchestral puissant du plus bel effet pour conclure le film sur une touche de tristesse mélangé à un certain sentiment d'espoir d'un nouveau départ pour Laurel Sommersby et son enfant, avant un 'End Credits' qui résume parfaitement tout l'esprit de la composition de Elfman pour 'Sommersby'.

Partition dramatique et romantique de très grande qualité, 'Sommersby' est une véritable surprise qu'offrait Danny Elfman à ses fans qui ne s'attendaient pas à une partition aussi sensible, lyrique et romantique de la part du compositeur attitré de Tim Burton. Avec 'Sommersby', Elfman prouve qu'il a atteint une maturité d'écriture évidente et qu'il manie les harmonies et les orchestrations (assurées par son fidèle complice Steve Bartek) avec une aisance quasi insoupçonné. Si l'on sent par moment l'ombre de James Horner planer sur la musique (temp-track?), c'est bien au final le style de Danny Elfman qui transparaît ici à travers ses ambiguïtés harmoniques astucieuses, son thème principal ample et long évitant toute facilité mélodique et ses quelques moments plus sensibles et émouvants où l'on retrouve par moment le style romantique de certains passages de 'Edward Scissorhands'. La musique apporte son lot d'émotion au film de Jon Amiel, illustrant cette poignante histoire d'amour avec une certaine finesse appréciable même si au final la partition d'Elfman n'a rien de bien originale en soi. Reste que 'Sommersby' fait partie des plus belles partitions du Danny Elfman du début des années 90, un score à connaître, assurément!


---Quentin Billard