1-Title 2.22
2-Something Beauty 1.14
3-Their Daily Lives 2.10
4-Impatiants 1.08
5-Her Solitude 1.24
6-Darkness Besides Airport 1.16
7-WXIII 5.03
8-At The Institute 1.52
9-Invisible Uneasiness 2.05
10-The Self-Defense Forces 1.47
11-Detectives 2.35
12-The Other Side of Her 1.52
13-Serious Decision 5.38
14-Ryujin 2.40
15-Sonata für Klavier Nr.8 -
Pathetique Adagio Cantabile 5.40*
16-The Last Rain 1.40
17-Ending 5.16

*Composé par L.V. Beethoven.

Musique  composée par:

Kenji Kawai

Editeur:

Victor Entertainment VICL-60851

Album produit par:
Kenji Kawai

Artwork and pictures (c) 2002 Mad House/Headgear/Bandai. All rights reserved.

Note: ***
WXIII : PATLABOR THE MOVIE 3
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Kenji Kawai
Il faudra finalement attendre 2001 pour voir un troisième long-métrage animé inspiré de la série japonaise « Patlabor », après deux opus signés Mamoru Oshii en 1989 et 1993. Cette fois-ci, changement de cap avec un nouveau réalisateur placé à la tête du projet, Takuji Endo, le film ayant été produit par le prestigieux studio d’animation japonais Madhouse (« Perfect Blue », « Ninja Scroll », « Metropolis »). « WXIII : Patlabor The Movie 3 » se distingue pour commencer des deux films précédents par son style résolument plus sombre et dramatique - avec quelques brèves effusions de sang vers le milieu et la fin du film. L’histoire se déroule au Japon, dans les années 2000. Une série d’attaques mystérieuses frappent les Labors - des immenses robots mis au point par l’industrie de la construction japonaise. Lorsque la police retrouve des corps mutilés et ensanglantés près de la baie, l’enquête est immédiatement confiée à deux inspecteurs de la division spéciale Patrol Labor, Kuzumi et Hata. Au cours de son enquête, Hata croise la route de Saeko, une jeune et belle enseignante travaillant à l’université, et qui semble particulièrement intriguer Hata. Mais alors que leur enquête se poursuit, les deux inspecteurs découvrent avec horreur que ces attaques sont l’oeuvre d’une monstrueuse créature qui rôde près des dépôts d’ordure flottant de la baie de Tokyo. Mais alors qu’ils tentent d’arrêter le monstre avant qu’il ne soit trop tard, les deux inspecteurs découvrent que Saeko est directement impliquée dans la création de ce monstre, fruit de recherches scientifiques interdites réalisées à partir de cellules cancéreuses. Et lorsque la bataille finale semble inévitable, l’agence de Défense et la deuxième brigade des véhicules spéciaux (l’équipe des Labors policiers dirigés par le capitaine Goto, vus dans le premier et le second film) décident finalement d’intervenir. Tout comme « Patlabor 2 The Movie », ce troisième opus s’apparente plus à une longue enquête policière qu’à un film de mécha à proprement parler. A vrai dire, ceux qui s’attendaient à une déferlante d’action et à des scènes de batailles entre robots géants seront fort déçus, car « Patlabor 3 » ne contient rien de tout cela. Curieusement, les héros de la brigade des Labors n’apparaissent qu’à la toute fin du film, les deux véritables héros du film étant cette fois-ci les deux inspecteurs chargés d’enquêter sur les attaques du mystérieux monstre de la baie de Tokyo. Visuellement, le film est plutôt réussi, avec une animation mélangeant 2D et 3D moderne, incluant quelques plans magnifiques évoquant la ville de Tokyo, la nuit. Dommage cependant que le film n’ait finalement plus grand chose à voir avec l’univers des premiers « Patlabor » : le fait même que les Labors n’interviennent qu’à la toute fin de l’histoire montre clairement la volonté des concepteurs du film de renouveler la saga - de façon quelque peu maladroite. Signalons simplement une fin extrêmement sombre et tragique assez saisissante. Si vous êtes un fan de la saga des « Patlabor », ce troisième opus devrait vous séduire pleinement, tout en décontenançant ceux qui s’attendaient à y retrouver les Labors et les scènes de bataille habituelles.

Kenji Kawai continue son travail sur la saga des « Patlabor » après deux partitions musicales plutôt réussies pour les précédents opus de Mamoru Oshii. Pour « Patlabor 3 », Kawai retrouve ainsi un univers musical qu’il avait abordé 10 ans auparavant et réutilise ses traditionnels sonorités électroniques atmosphériques mélangées à quelques touches de musique japonaise traditionnelle - une marque de fabrique du compositeur - notamment dans l’utilisation des percussions ethniques/asiatiques. Un morceau comme « Title » (introduction du film) est assez représentatif de cette ambiance atmosphérique et lente voulu par le compositeur sur le film de Takuji Endo. Dans « Something Beauty », Kawai a eu la bonne idée de reprendre un morceau qu’il avait écrit pour « Patlabor 2 The Movie », et qu’il réadapte ici à ses nouvelles sonorités électroniques plus modernes - sur fond de cordes mystérieuses. On y retrouve ici ce même style contemplatif et éthéré que l’on avait déjà pu entendre dans la musique du second opus, et qui s’adapte parfaitement au ton plus lent du film. Kawai joue la carte de l’épure et ne conserve quasiment que les percussions dans « Their Daily Lives », sur fond de nappes sonores de synthés/cordes new-age. Ici aussi, on retrouve un style musical tout à fait typique du compositeur, encore une fois très proche de ses travaux plus atmosphériques sur les films de Mamoru Oshii.

Les percussions sont décidément très présentes, et plus particulièrement les percussions asiatiques diverses, qui évoquent ici le monde portuaire de la baie de Tokyo (« Impatients »), avec son ensemble de gongs, cymbales, lamellophones et tambours divers - parfois proche des gamelans ou des instruments utilisés dans les cultes bouddhistes/tibétains. On retrouve ces percussions dans le sombre « WXIII » et ses nappes sonores inquiétantes lorsque les héros affrontent la créature sanguinaire vers le milieu du film. Ici aussi, Kenji Kawai évite toute forme de surenchère musicale et préfère opter pour une économie de moyens, et ce même dans les passages d’action : un ensemble de percussions asiatiques/ethniques et quelques synthés/cordes, c’est tout. Le reste du score adopte très clairement un style atmosphérique parfois plus fonctionnel, comme « Her Solitude » ou « Darkness Besides Airport », qui créent une ambiance musicale lente et envoutante dans le film - bien que sans réelle surprise particulière. Idem pour un morceau comme « At The Institue » qui développe les harmonies brumeuses du début (« Something Beauty »), et qui évoque dans le film l’attirance que ressent Hata pour la belle et énigmatique Saeko. Les amateurs de musique ethnique du monde asiatique apprécieront sans aucun doute un morceau comme « Invisible Uneasiness » avec son utilisation très réussie d’un glass harmonica sur fond de percussions diverses, un morceau qui traduit clairement ici une réelle volonté d’épurer au maximum le matériau musical pour n’en conserver que l’essentiel pour les besoins du film.

Evidemment, l’action est au rendez-vous avec un morceau aux rythmes plus martiaux dans « The Self-Defense Forces », tandis que l’on retrouve le travail des percussions et autres sonorités synthétiques new-age dans « Detectives », pour accompagner l’enquête des deux inspecteurs tout au long du film. Même chose pour « The Other Side of Her », où les harmonies synthétiques mystérieuses associées à Saeko deviennent tout à fait coup plus inquiétantes et quasi menaçantes, alors que la jeune femme dévoile ses réelles intentions à la fin du film. L’action revient dans « Serious Decision », qui rappelle beaucoup le récent travail de Kenji Kawai sur le film « Seven Swords ». Même chose pour « Ryujin » et ses rythmiques synthétiques pressantes. A noter la très belle utilisation durant la confrontation finale de la célèbre « Sonate N°8 Pathétique » de Beethoven, diffusée sur des hauts parleurs pendant le combat (et associée à la fille de Saeko dans le film, devenue aujourd’hui le monstre que les héros combattent). L’aventure touche à sa fin dans le sombre et tragique « The Last Rain », où règne une tristesse poignante et résignée, sur fond de cordes et de synthétiseurs brumeux. Le générique de fin est accompagné d’un superbe et magnifique « Ending » dans lequel Kenji Kawai se fait plaisir et nous offre un morceau rythmé reprenant le travail de percussions du score, sur fond de choeurs quasi opératiques, avec cordes et rythmiques électroniques plus proche des deux précédents scores.

Avec « WXIII Patlabor The Movie 3 », Kenji Kawai nous rappelle qu’il maîtrise parfaitement l’univers musical des « Patlabor » et qu’il possède décidément plus d’un tour dans son sac. Evitant l’approche orchestrale habituelle, Kawai fait appel à son style atmosphérique habituel et fait la part belle ici aux percussions ethniques à connotation asiatique. On retrouve clairement ici des traces de la partition de « Ghost in the Shell » et même des accents de « Seven Swords » pour les quelques rares passages d’action du film (score que composera Kenji Kawai quatre ans après celui de « Patlabor 3 » !). Ceux qui s’attendent donc à un gros score épique d’action risquent fort d’être déçus, car « Patlabor 3 » joue au contraire sur une certaine forme de retenue et d’économie de moyens typique de Kenji Kawai, avec son goût habituel pour des motifs cycliques, des rythmes répétitifs et des atmosphères brumeuses et contemplatives. Ce nouveau score n’apporte rien de neuf au genre mais réussit néanmoins à faire sortir le compositeur du style kitsch un peu daté qui plombait certains passages de ses deux précédentes partitions pour les films de Mamoru Oshii. Encore une fois, comme pour les scores précédents, on regrettera ici l’absence d’un thème mémorable, Kawai se contentant uniquement de développer une série d’ambiances morcelées, plutôt fonctionnelles et pas toujours trépidantes à écouter sur CD. Voilà en tout cas un score atmosphérique plutôt fonctionnel mais néanmoins réussi dans le film, apportant un sentiment de mystère et de retenue à une histoire à la fois sombre et lente, un score qui devrait satisfaire les fans des atmosphères musicales particulières chères à Kenji Kawai !



---Quentin Billard