1-Ayakashi no Izanai 1.44
2-Chidji no Tobira 1.49
3-Hashiru Watanuki 1.41
4-Himitsu no Heya 2.01
5-Houkai Suru Yakata 3.09
6-Ibitsunda Kao 2.23
7-Itsuwareru Eien 3.10
8-Itsuwareru Eien (Vocal Version) 3.10
9-Ittsuu no Shoutaijou 0.46
10-Kagi to Shoujo to
Hitsuzen to Irai 0.41
11-Kieta Collector 1.50
12-Kimyou na Kuukan 1.02
13-Kyouda na Seikaku 0.31
14-Mawaru Gurokken Shibiiru 1.19
15-Rakutenjou 0.53
16-Ruiran no Roukaku 1.19
17-Sawagashii Kairou 1.11
18-Shokkaku no Hyouhon Hako 1.17
19-Shoutaikyaku Tachi 1.13
20-Taiji suru Futari 2.09
21-Taika to Roudou 1.12
22-Yuuko to Suuta
no Ayakashitachi 4.10
23-Yuuko wa Horoyokigen 1.37

Musique  composée par:

Tsuneyoshi Saito

Editeur:

Pony Canyon PCCG-687

Album produit par:
Tsuneyoshi Saito

Artwork and pictures (c) 2005 Production I.G. All rights reserved.

Note: ***1/2
XXXHOLIC :
MANATSU NO YORU NO YUME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tsuneyoshi Saito
« xxxHolic » est à l’origine un manga japonais crée par Clamp en 2003. Il s’agit d’une équipe de quatre dessinatrices japonaises alternant les styles avec une inventivité constante, et qui sont aussi spécialisées dans les cross-overs (croisement entre deux histoires différentes), avec notamment l’exemple de « xxxHolic » et « Tsubasa - RESERVoir CHRoNiCLE », un autre manga connu de Clamp (on doit aussi à ce quatuor d’artistes féminines des mangas tels que « Card Captor Sakura », « X » ou bien encore « Tsubasa Chronicle »). « xxxHolic » a été adapté par la suite en une série animée sortie au Japon en 2006. Mais un an avant que la série ne soit lancée, le réalisateur Tsutomu Mizushima réalisa un premier long-métrage de 55 minutes produit par le prestigieux studio Production I.G. (à qui l’on doit quelques animes essentiels tels que « Jin-Roh », « Blood The Last Vampire », « Sakura Wars The Movie », « Ghost in the Shell » ou bien encore la série des « Patlabor »), un film plutôt idéal pour se familiariser doucement avec l’univers unique et déjanté de « xxxHolic ». Le film raconte les mésaventures de Watanuki, un jeune étudiant japonais qui se retrouve contraint de servir de domestique à la belle et énigmatique Yuko, une magicienne qui possède le pouvoir d’exaucer n’importe quel voeu en échange d’une contrepartie. Constamment harcelé par des esprits qu’il est le seul à voir, Watanuki sait qu’il n’y a que Yuko qui pourra mettre fin à son calvaire. Un matin, la magicienne reçoit un mystérieux carton d’invitation la conviant à une vente aux enchères privées. Yuko décide alors de se rendre dans l’étrange manoir où a lieu la vente aux enchères, accompagnée du très stressé Watanuki et de son camarade extrêmement flegmatique Dômeki. De nombreux collectionneurs japonais sont alors réunis dans cette étrange demeure, et ce alors que le maître des lieux ne s’est toujours pas présenté à eux. Très vite, Watanuki et les autres comprennent que la maison est hantée et qu’il y règne une étrange magie plutôt inquiétante.

« xxxHolic » s’avère être un anime quelque peu insolite, avec son graphisme décalé - les personnages aux proportions irréalistes et exagérées, avec des corps souvent extrêmement rallongés, des mains très longues et même des personnages quasiment désarticulés - et ses séquences aussi étranges qu’inquiétantes - la scène où Watanuki recherche les toilettes dans le manoir et doit traverser une série de couloirs bizarres. Tsutomu Mizushima a réussit à créer sur « xxxHolic » un univers assez unique en son genre, mélangeant ésotérisme, mystère, magie et humour avec une inventivité rare (le film verse parfois même dans le surréalisme pur pour certaines séquences à l’intérieur du manoir, rappelant bon nombre d’oeuvres picturales de Dali). Le caractère souvent étrange du film finit même par provoquer un certain malaise (le sentiment de claustrophobie qui se dégage de la scène où Watanuki recherche les toilettes dans le manoir et doit traverser des espaces exigus). Le film évoque le thème de la convoitise, l’obsession matériele et l’addiction aux collections en tout genre (où comme le résume un personnage du film, des « monomaniaques qui souffrent de névroses obsessionnelles »), un sujet étonnant pour un anime japonais, exploré ici avec brio par le réalisateur. Autre curiosité : la très coute durée du film, seulement 55 minutes. C’est évidemment bien trop court pour pouvoir s’immerger réellement dans l’univers de « xxxHolic », le film n’offrant qu’un bref aperçu de ce que sera la série TV animée qui sortira un an après au Japon. A noter pour finir que le film nous propose un bref cross-over à « Tsubasa Chronicle » vers la fin de l’histoire, les deux films ayant ainsi été crées en parallèle avec des liens communs entre les deux récits - un concept original et parfaitement suggéré dans le film. Au final, « xxxHolic » s’avère être une bien belle curiosité, une jolie découverte à réserver à ceux qui s’intéressent aux animes japonais plus atypiques.

La musique de Tsuneyoshi Saito apporte à son tour une ambiance plutôt particulière à l’anime de Tsutomu Mizushima. Le compositeur utilise toutes les ressources de l’orchestre symphonique traditionnel en apportant un mélange de magie, de lyrisme, de mystère et de fantaisie à sa musique. Mieux encore, Saito fait preuve d’un savoir-faire évident et démontre ici sa maîtrise étonnante et absolument rafraîchissante d’un classicisme d’écriture particulièrement savoureux et digne des grandes oeuvres symphoniques d’antan. A noter que certains passages utilisent des instruments synthétiques plus « cheap », apportant à leur tour un côté fantaisiste plutôt impressionnant à l’écran. Signalons d’ailleurs que certains passages ne sont pas sans rappeler par moment la fraîcheur mélodique des scores de la saga « Final Fantasy » de Nobuo Uematsu, et pour cause, le compositeur a déjà travaillé sur la saga en signant quelques arrangements orchestraux des musiques d’Uematsu - pour informations, Saito est aussi ex-membre du groupe de fusion japonais « Kryzler & Kompany », crée en 1990 mais dissout très rapidement en 1996. La partition de « xxxHolic » repose avant tout sur une pléiade de thèmes répétés tout au long du film à travers de multiples variantes et développements orchestraux. Pour commencer, le film s’ouvre sur un « Ayakashi no Izanai » assez prenant, une sorte de valse mystérieuse et envoûtante qui évoque un univers de magie et de sorcellerie - le monde des esprits. La valse est confiée à des cordes, des bois (ici, un hautbois) et des voix féminines fantaisistes associées à la magicienne Yuko dans le film, un excellent thème qui, curieusement, ne sera pas repris tout au long du film. On remarqua d’emblée ici le soin tout particulier apporté aux orchestrations, extrêmement soignées.

La musique devient alors plus légère et sautillante dans « Taika to Roudou », lorsque Yuko reçoit l’invitation pour le manoir. A noter ici l’utilisation des cordes avec les pizzicati sautillants à la limite du mickey-mousing, et le style mélodique plutôt enjoué et rafraîchissant. On retrouve d’ailleurs un style similaire dans le sautillant et amusant « Shoutaikyaku Tachi » et son caractère enjoué et ironique assez savoureux. Dans « Kagi to Shoujo to Hitsuzen to Irai », on découvre un premier thème, associé dans le film au mystérieux manoir, une sorte de valse lente dominé par des sonorités cristallines (harpe, chimes) et cordes envoûtantes. « Sawagashii Kairou » illustre l’intérieur du manoir et ses nombreux secrets en imposant un style musical plus sombre et mystérieux, à l’aide de bois dissonants, d’un piano aux notes intrigantes et d’une utilisation plutôt adroite d’un koto japonais. La musique lorgne ici vers un style plus atonal et mystérieux évoquant les secrets du manoir. Même chose pour « Ibitsunda Kao » qui évoque les esprits de la convoitise des collectionneurs obsessionnels - autre morceau faisant brillamment intervenir le koto sur fond d’orchestrations plus dissonantes et sombres - et une utilisation plus étrange d’un piano aux notes rapides. Le thème du manoir revient dans « Kimyou na Kuukan », dominé ici par le piano, les bois, les cordes et la harpe. L’ambiance devient plus intrigante et énigmatique dans « Keita Collector » alors que les collectionneurs commencent à disparaître mystérieusement les uns à la suite des autres. On notera ici l’écriture toujours assez sophistiqué et classique de Tsuneyoshi Saito, un morceau dominé ici par une excellente écriture des bois et des cordes. « Himitsu no Heya » nous permet quand à lui de découvrir le second thème majeur du score de « xxxHolic », le thème de la promesse, qui reviendra à deux reprises dans le film (à noter que le compositeur nous propose une magnifique version vocale de ce thème dans « Itsuwareru Eien - Vocal Version »). Dans « Himitsu no Heya », le thème est entendu durant la scène du rêve de Watanuki, qui aperçoit alors une fillette jouant avec d’étranges objets. Le thème se distingue par son côté mélancolique et poétique et son utilisation très réussie des voix féminines envoûtantes et quasi oniriques. A noter que, curieusement, certaines notes de la mélodie ne sont pas sans rappeler le « Love Theme » du « Star Wars Episode II » de John Williams (une coïncidence ?).

« Shokkaku no Hyouhon Hako » calme le jeu en développant un thème de piano plutôt intime et solitaire, alors que Watanuki découvre le couloir des collections. Ce thème est ensuite repris de nouveau au piano dans « Chidji no Tobira » où il devient plus énigmatique et mystérieux, mais cache néanmoins une certaine mélancolie sous-jacente. La scène où les héros tombent dans le piège est accompagnée par une musique plus sombre et terrifiante dans « Rakutenjou » avec des cordes agitées, dissonantes et une utilisation plutôt réussie des percussions. Plus étonnant encore, « Hashiru Watanuki » utilise des instruments synthétiques extrêmement cheap - le morceau ressemble à une démo MIDI - incorporés à de vraies cordes, alors que Watanuki et Doumeji tentent de sortir du manoir par tous les moyens. La musique devient alors plus dramatique et pesante dans « Taiji suru Futari », débouchant sur le combat final - totalement surréaliste et fantaisiste - avec le superbe « Yuuko to Suuta no Ayakashitachi », et son mélange choeurs féminins, orgue synthétique aux sonorités baroques/gothiques (on n’est guère loin par moment des ambiances musicales des jeux vidéos de « Castlevania »), percussions synthétiques endiablées et orchestre sombre. Mais ce sont ici l’utilisation fantaisiste des voix féminines et de l’orgue qui apportent un plus à la scène et renforcent le caractère totalement surréaliste de cet affrontement final. Enfin, « Houkai Suru Yakata » ramène le calme en développant une ambiance plus lyrique et mélancolique aux cordes et au piano, après la destruction du manoir. Tsuneyoshi Saito dévoile ici un savoir-faire évident pour une écriture lyrique/classique assez savoureuse, entre le caractère élégant des cordes et la virtuosité de la partie pianistique. Enfin, on retrouve le très beau thème de la promesse dans l’émouvant et conclusif « Itsuwareru Eien » et un « Yuuko wa Horogyokigen » plus léger, entièrement joué par le piano.

Avec « xxxHolic », Tsuneyoshi Saito signe une partition symphonique extrêmement rafraîchissante et agréable, parfaite pour l’ambiance si particulière du film. Certes, on se serait attendu à quelque chose d’un peu plus inventif et fantaisiste pour un anime aussi étrange, mais l’ensemble demeure néanmoins très convaincant et maîtrisé de bout en bout. Le compositeur alterne parfaitement tout au long du film entre mystère, suspense, lyrisme et poésie, une musique très attachante et aussi très plaisante, bien que sans grande surprise particulière. La partition vaut surtout par la qualité de ses thèmes et de ses orchestrations, mélangeant habilement l’orchestre symphonique habituel (dans une veine très classique d’esprit), une petite formation de chanteuses et quelques synthétiseurs utilisés discrètement - on pourra même entendre un koto utilisé brièvement dans quelques passages du score. Malgré la courte durée du film, Tsuneyoshi Saito arrive à développer parfaitement ses thèmes et ses différentes ambiances tout au long de l’histoire, et ce même si l’on regrettera le fait que son thème d’introduction (« Ayakashi no Izanai ») ne soit pas développé dans le film. Voilà en tout cas une très belle partition symphonique mystérieuse, poétique, envoûtante et rafraîchissante, à découvrir en même temps que le film animé et sa série TV dont il s’inspire !



---Quentin Billard