1-Introduction 1.42
2-Finding Answers 1.48
3-Sanctuary 2.12
4-Winged Beast 4.28
5-Reunion/Searching for Two 2.12
6-The Machines 0.58
7-Out There 2.42
8-Twins 1.36
9-Slaying the Beast 1.21
10-Return of the Machines 2.37
11-Burial 1.24
12-Reawakening 3.10
13-The Aftermath 1.41
14-Confrontation 1.53
15-The Seamstress 2.05
16-Return to the Workshop 1.54
17-The Purpose 5.20
18-Release 4.00
19-Welcome Home 6.15*

*Ecrit par Claudio Sanchez,
Travis Stever, Josh Eppard
et Michael Todd
Interprété par
Coheed and Cambria.

Musique  composée par:

Deborah Lurie/Danny Elfman

Editeur:

Koch Records KOC-CD-4776

Album produit par:
Deborah Lurie
Thèmes musicaux de:
Danny Elfman
Montage musique:
Shie Rozow

Artwork and pictures (c) 2009 Focus Features. All rights reserved.

Note: ***
9
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Deborah Lurie/Danny Elfman
Premier long-métrage animé du réalisateur Shane Acker, « 9 » (Numéro 9) était à l’origine un court-métrage de 11 minutes réalisé par le même Shane Acker à la fin des années 90 et qui remporta même quelques prix. Remarqué par Tim Burton, « 9 » fut par la suite adapté en un long-métrage ambitieux dans lequel Shane Acker a pu recréer son propre univers visuel avec des moyens plus importants. A noter que parmi l’équipe de production du film, en plus de Tim Burton, on retrouve aussi Timur Bekmambetov, réalisateur russe de « Wanted » et « Night Watch ». « 9 » nous plonge dans un univers post-apocalyptique, alors que la terre a été ravagée par une guerre entre les hommes et les machines créées par les scientifiques humains. Alors que l’humanité est condamnée, un scientifique décide de créer avant de mourir neuf petites créatures à partir de divers objets ramassés dans les ruines, des créatures portant toute un numéro, et qui seront chargées de repeupler la terre. Ces créatures ont formé une petite communauté dirigée par un chef tyrannique. Mais c’est Numéro 9 qui se distingue des autres, par sa vaillance et son tempérament héroïque : 9 l’ignore encore, mais il possède la clé de la survie de son espèce et sait qu’il doit désormais s’aventurer à l’extérieur de leur refuge pour retrouver la trace de ses semblables qui ont été capturé par les machines au coeur de l’usine infernale qui abrite le puissant chef des machines. Face à la menace toujours grandissante des machines, 9 représente le dernier espoir de l’humanité. « 9 » s’avère donc être un film animé d’une beauté visuelle stupéfiante, frôlant par moment le stop-motion tant l’image et le graphisme semblent être d’un réalisme déconcertant. Les décors post-apocalyptiques évoquent clairement les villes européennes en ruine durant la Seconde Guerre Mondiale, tandis que les personnages à l’allure de poupée de chiffons possèdent une humanité et une expressivité impressionnante. Face à eux, Shane Acker évoque un enfer de machineries complexes et monstrueuses, totalement déshumanisées - l’une des machines du film, qui prend l’apparence d’un gigantesque serpent au visage à moitié humain, est tout bonnement terrifiante ! C’est grâce à la beauté des décors, le côté attachant des personnages et les scènes d’action démesurées que « 9 » prend véritablement son envol, et ce même si l’on regrettera vivement la faiblesse du scénario, Shane Acker ayant finalement tout misé sur l’aspect visuel au détriment d’une trame scénaristique réellement consistante. Finalement, le film ne raconte pas grand chose et se complait dans une virtuosité plastique et visuelle époustouflante. Dommage cependant que cette beauté visuelle n’ait pas été suffisamment mise à contribution pour nourrir un scénario réellement digne d’intérêt. A part cela, « 9 » reste un film animé de très haut niveau, tour à tour sombre, poétique, émouvant et terrifiant.

Qui dit Tim Burton à la production du film dit inévitablement Danny Elfman à la musique. Surprise, le compositeur ne signe que le thème principal du score de « 9 », le reste de la partition du film ayant été confiée à la jeune Deborah Lurie, plus connue pour avoir écrit récemment les musiques additionnelles de « Spider Man 3 » de Christopher Young ou la très belle musique du film « An Unfinished Life ». Lurie a déjà travaillé avec Danny Elfman sur les arrangements musicaux de « Hellboy II The Golden Army », « Wanted » ou bien encore « Charlotte’s Web ». Ce n’est donc certainement pas un hasard si la demoiselle a été choisie pour écrire la musique de « 9 ». Danny Elfman signe donc un thème principal attachant mais somme toute très banal - on se serait attendu à quelque chose de bien plus mémorable de la part du compositeur - thème que Deborah Lurie va développer tout au long du film en utilisant toutes les ressources habituelles de l’orchestre symphonique agrémenté d’un choeur et d’une bonne pléiade de sonorités électroniques pour le caractère sombre/post-apocalyptique du film. « Introduction » débute alors de façon sombre et atmosphérique, avec des nappes sonores de cordes et de synthétiseurs nous plongeant d’emblée dans l’ambiance de désolation et de ruines de l’univers du film. Dans « Finding Answers », le thème est énoncé par les cors sur fond d’harmonies sombres et de synthétiseurs atmosphériques. A noter l’utilisation de sonorités mécaniques froides et oppressantes associées aux redoutables machines dans le film.

Lurie amorce donc un style sombre et atmosphérique dans « Finding Answers » qu’elle prolonge ensuite dans « Sanctuary », où le caractère fonctionnel de la musique déçoit un peu sur album mais s’avère être assez prenant sur les images. A noter l’utilisation brève de choeurs dans « Sanctuary » qui renforcent le côté mystérieux de la musique à l’écran, tandis que « Winged Beast » s’impose comme le premier déchaînement orchestral en règle de la partition, accompagnant la scène de l’affrontement contre la machine ailée vers le début du film. Visiblement, Deborah Lurie semble assez à l’aise dans le domaine de l’action et continue de développer le thème principal associé à 9 dans le film, le tout sur fond de percussions métalliques endiablées, de cuivres massifs, de synthétiseurs sombres et de cordes agitées. Rien de bien neuf en soi, Lurie applique toutes les recettes du genre à la perfection sans petit « plus » particulier. « Winged Beast » apporte une certaine intensité à la scène de la créature ailée, même si l’on regrettera le côté impersonnel de ce genre de gros morceau d’action massif et enragé. Inversement, « Reunion/Searching for Two » apaise un peu le climat sombre de la musique avec l’utilisation plus intime d’un piano, de cordes et de vents. Puis, l’action reprend très vite le dessus dans « The Machines » et ses rythmes martiaux/métalliques déchaînés. Un morceau comme « Out There » s’impose par son alternance entre une émotion plus intime et des sursauts plus sombres et dramatiques, alors que nos héros s’aventurent dans le royaume des machines pour y retrouver les leurs.

« Twins » apporte un peu de fraîcheur à la partition de « 9 » avec quelques inévitables accents mickey-mousing avec son lot de bois sautillants et de cordes joyeuses pour la scène avec les jumeaux dans la grande bibliothèque. On appréciera aussi l’émotion du poignant « Burial » pour la scène de l’enterrement. Puis, l’action reprend de plus belle avec l’enragé « Slaying the Beast », sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action du score, Deborah Lurie allant même jusqu’à utiliser les sempiternels choeurs épiques afin de rendre l’affrontement contre la machine encore plus intense à l’écran. N’oublions pas non plus le massif « Return of the Machines » et le très long et menaçant « Reawakening » et ses percussions métalliques endiablées, pour la scène où les héros affrontent le chef des machines, affrontement qui se prolonge dans l’épique « The Aftermath » avec ses choeurs apocalyptiques grandioses (on croirait presque entendre une musique de bande-annonce de film !), « Confrontation » et le déchaîné « The Seamstress » et sa horde de cuivres massifs surpuissants. Enfin, nos héros découvrent la vérité sur leurs origines dans le sombre et massif « The Purpose » pour la défaite finale de la machine, aboutissant à une magnifique conclusion, « Release », qui reprend une dernière fois le thème principal de 9 et ses semblables avec des cordes plus apaisées et lyriques et un choeur quasi féérique et religieux, apportant un peu de lumière et d’espoir au bout du tunnel. Deborah Lurie signe d’ailleurs un morceau plutôt émouvant et apaisant pour le final du film, assez réussi dans son genre.

Sans être la grande partition symphonique que l’on aurait pu attendre de la part de Deborah Lurie (qui a travaillé à bon école, entre Danny Elfman et Christopher Young !), « 9 » reste un effort louable de la part de la jeune compositrice, bien qu’assez impersonnel et sans grande surprise particulière. On reste un peu surpris par le côté très anecdotique du thème principal de Danny Elfman, et le côté peu mémorable de la composition de Deborah Lurie. Mais qu’importe, la musique remplit néanmoins parfaitement son rôle dans le film et apporte à l’univers de Shane Acker une noirceur et une émotion réussie - mais sans surprise. Bref, on espère maintenant qu’avec « 9 », Deborah Lurie se verra confier d’autres projets encore plus ambitieux sur lesquels elle pourra gagner en maturité et affiner son style, qui reste encore trop impersonnel et soumis à diverses influences. Une compositrice à suivre, donc !



---Quentin Billard