1-Générique 2.23
2-Ouverture 2.22
3-Corbac 3.53
4-La Ville Endormie 2.44
5-Le Combat 4.12
6-Où sont les Parents ? 3.26
7-Timpelbach se Réveille 1.40
8-Terreur de Barnabé 3.00
9-La Ville est à Nous 1.59
10-Au Coin du Feu 1.45
11-Les Ecorchés 6.02
12-Relance du Générateur 1.45
13-Marianne et Thomas 0.47
14-Les Parents 3.49
15-Nocturne 1.53
16-Standardistes 0.49
17-Robert Espion 1.08
18-Barnabé et Charlotte 2.59
19-La Bataille 9.24
20-Le Procès 1.51
21-Retour des Parents 2.56
22-Une Nouvelle Vie 1.41

Musique  composée par:

Frédéric Talgorn

Editeur:

Milan Music 399264-2

Album produit par:
Frédéric Talgorn

Artwork and pictures (c) Chapter 2/Luxamination/Scope Pictures/Onyx Films/M6 Films. All rights reserved.

Note: ****
LES ENFANTS DE TIMPELBACH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frédéric Talgorn
A l’origine, « Les enfants de Timpelbach » est un grand classique de la littérature enfantine écrit par Henry Winterfeld en 1937. Le réalisateur Nicolas Bary nous propose aujourd’hui sa vision personnelle de l’œuvre d’origine à travers un film coloré et énergique baignant dans une atmosphère juvénile et délirante à mi-chemin entre la poésie burlesque d’un Tim Burton ou les envolées belliqueuses enfantines de « La guerre des boutons ». L’histoire se déroule dans le petit village fictif moyenâgeux de Timpelbach, logé au creux des montagnes. La vie semble suivre paisiblement son cours dans ce petit village en apparence idyllique. Mais en réalité, Timpelbach abrite un mal qui ne cesse de sévir de jour en jour : des enfants turbulents et rebelles, qui multiplient les farces et les mauvais coups et tentent d’imposer leur loi, à tel point que les parents se retrouvent complètement désarmés face à cette menace inattendue. Exaspérés, les adultes décident de se réunir en compagnie du maire et prennent finalement une décision capitale afin de punir leurs enfants de toutes leurs bêtises : ils décident ainsi de quitter le village toute une journée en prétextant partir à tout jamais. Hélas, les parents se font arrêter par des soldats étrangers en pleine forêt. Pendant ce temps, à Timpelbach, les enfants découvrent avec surprise le départ de leurs parents et décident finalement de s’organiser en créant eux-mêmes une toute nouvelle société : très vite, deux clans adverses se forment, avec d’un côté, la bande d’Oscar (Baptiste Bétoulaud), un gamin rebelle et violent qui multiplie les attaques, les fêtes et les excès, et de l’autre, la bande de Marianne (Adèle Exarchopoulos) et Manfred (Raphaël Katz), qui tentent d’imposer des règles plus morales et raisonnables. Les deux bandes vont s’affronter continuellement pour tenter de prendre le contrôle du village.

« Les Enfants de Timpelbach » s’adresse ainsi à un jeune public et séduira autant les petits que les grands par son côté coloré, sa mise en scène parfois inventive, et ses petites trouvailles sympathiques (le canon de pommes de terre, le petit oiseau mécanique, des effets de montage inventifs, des guest-stars de prestige comme Carole Bouquet ou Gérard Depardieu, etc.). Evidemment, ce sont les enfants qui dominent ici l’ensemble du film, les adultes étant quasi absents de l’histoire. Nicolas Bary a d’ailleurs eu la bonne idée de confier les rôles principaux à de jeunes acteurs en herbe néophytes, privilégiant un jeu plus naturel et spontané devant la caméra (les enfants semblent s’être bien amusés sur ce film !). Le résultat est plutôt séduisant, et on se prête rapidement au jeu, même si l’ensemble paraît parfois un peu niais et simplet, surtout dans la seconde partie du film, qui s’avère être plus décevante (le retour des adultes accompagnés d’un méchant soldat devenu tout à coup gentil ?). S’il est clair que « Les Enfants de Timpelbach » ne laissera pas un souvenir impérissable, le film de Nicolas Bary s’avère être néanmoins plutôt sympathique et attachant, idéal pour se replonger dans l’univers du livre d’Henry Winterfeld.

La musique de Frédéric Talgorn apporte à son tour une énergie indispensable au film de Nicolas Bary. Fidèle à son habitude, le compositeur toulousain nous livre un opus symphonique aux qualités d’écriture indéniables, encore une fois très inspiré des oeuvres de John Williams (une influence constante chez Talgorn : cf. « Les Aiguilles Rouges »). Dès le générique de début du film, la partition de Frédéric Talgorn fourmille d’idées musicales et d’orchestrations vives et colorées : cordes virevoltantes, piano sautillant, bois espiègles et facétieux, le tout accompagnant un thème vivant et malicieux associé tout au long du film aux enfants du village de Timpelbach (le tout servi par l'interprétation sans faille du London Philharmonia Orchestra). Le générique de début permet au compositeur de nous démontrer avec brio toute l’étendue de son savoir-faire orchestral et la qualité de son écriture et de ses orchestrations, extrêmement soignées - comme toujours chez le compositeur. Talgorn se lance dans une sorte de scherzo virevoltant où les instruments se succèdent les uns à la suite des autres avec une inventivité rafraîchissante : une excellente ouverture, à n’en point douter ! Certes, on pense à des oeuvres de John Williams telles que « Home Alone » ou « Harry Potter », mais qu’importe, le résultat est parfait autant à l’écran que sur le disque ! « Ouverture » décrit le village avec sérénité, les orchestrations étant comme toujours très colorées et extrêmement vivantes. Dans « Corbac », la musique devient légèrement plus sombre et ambiguë : les orchestrations reposent sur les cordes, les vents, le célesta et un piano toujours très présent. Talgorn s’essaie pour l’occasion aux joies du mickey-mousing avec des tics d’orchestration toujours inspirés de John Williams - mais typiques malgré tout du langage symphonique classique et raffiné de Frédéric Talgorn. La musique se veut même plus tendre et poétique dans « La Ville Endormie » où le compositeur fait preuve d’une certaine délicatesse très touchante dans son écriture pour solistes (clarinette, hautbois, etc.), le tout agrémenté d’harmonies raffinées de toute beauté.

Dans « Le Combat », la musique s’agite enfin et évoque l'affrontement entre Oscar et Thomas. On retrouve le motif introductif du générique de début sur fond d’orchestrations plus énergiques et musclées - cuivres massifs, cordes agitées, bois aigus. Ici aussi, le rapprochement avec John Williams est sans équivoque. Talgorn développe son thème principal sous forme d’ostinato rythmique et fait preuve d’une maestria rare dans le maniement des instruments, un superbe morceau d’action qui en dit long sur les qualités de la musique du film de Nicolas Bary. « Timpelbach se Réveille » évoque le réveil des enfants après le départ des parents, un morceau débordant de vitalité et de fraîcheur, avec une écriture orchestrale fourmillant d’une multitude de détails (violon soliste, piano sautillant, motifs développés avec subtilité, bois sautillants, etc.). Les passages sombres comme « Terreur de Barnabé » apportent un caractère plus sérieux au film mais conservent néanmoins une certaine espièglerie empêchant la musique de tomber dans quelque chose de trop sombre ou de trop agressif. A contrario, Frédéric Talgorn préfère opter pour une évocation plus nuancée de l’enfance, le bien comme le mal. Le compositeur se fait plaisir et nous offre même une superbe valse joviale dans « La Ville est à Nous » lorsque les enfants prennent le pouvoir à Timpelbach (on n’est guère loin par moment ici de l’inventivité du « Harry Potter & The Prisoner of Azkaban » de John Williams !). Plus sombre, « Les Ecorchés » nous fait clairement comprendre que les choses sont en train de s’aggraver dans le village, alors qu’Oscar commence à semer la terreur parmi le clan de Marianne - on est clairement ici dans un style plus suspense/atonal assez sombre pour le film (cf. le sombre « Robert Espion »).

La musique retrouve ce côté coloré et virevoltant dans « Relance du Générateur » avec des idées d’orchestration toujours aussi fraîches et inventives, comme dans « Standardistes ». Talgorn nous offre dans le film de beaux moments d’intimité avec « Nocturne » ou « Barnabé et Charlotte », morceau d’une délicatesse rare évoquant la relation entre le jeune enfant et la petite fille avec une poésie toute en retenue. Véritable climax de la partition, « La Bataille » nous offre 9 minutes d’action pure avec des envolées orchestrales musclées mais non dénuées d’une certaine espièglerie, un véritable tour de force orchestral apportant un punch et une énergie indispensable aux images de la bataille finale. Enfin, les choses s’arrangent enfin avec « Retour des Parents », Talgorn nous offrant une dernière reprise de son thème principal espiègle au piano et à l’orchestre dans « Une Nouvelle Vie ».

Vous l’aurez donc compris, Frédéric Talgorn ne révolutionne certes pas la musique de film avec « Les Enfants de Timpelbach » mais confirme son réel savoir-faire et démontre avec brio et inventivité toute l’étendue de ses talents de compositeur. Voilà un musicien qui sait réellement écrire pour l’orchestre symphonique à la manière des grands maîtres classiques d’antan. Sa partition souffre néanmoins de ressemblances trop flagrantes avec le style de John Williams, mais qu’importe, le résultat est là et reste très satisfaisant, apportant une énergie et une fraîcheur réelle aux images du film de Nicolas Bary. Talgorn a su trouver dans le récit du film toute l’énergie nécessaire pour évoquer le monde facétieux de l’enfance et des aventures de ces garnements qui s’affrontent pour prendre le pouvoir dans un village déserté par les parents. Partition symphonique au classicisme d’écriture soutenu, « Les Enfants de Timpelbach » est le nouveau grand score à ne pas manquer du décidément très doué Frédéric Talgorn, probablement l’un des meilleurs musiciens officiant à l’heure actuelle pour le cinéma français, et sans aucun doute l’un des derniers grands maîtres classiques de la musique de film symphonique en France !



---Quentin Billard