1-Premonition 2.36
2-Linda and Jim 3.04
3-Severe Severing 9.52
4-Roommates and A Liar 10.26
5-Inconsistencies 8.37
6-Something's Really Wrong 4.54
7-If Tomorrow Is Wednesday 7.02
8-A New Life 2.09

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 808 2

Produit par:
Klaus Badelt
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Sony Pictures Entertainment:
Lia Vollack
Score co-produit par:
Christopher Brooks
Arrangements:
Ian Honeyman, Andrew Raiher,
John Ashton Thomas, Jeff Toyne,
Tobias Marberger

Arrangements additionnels:
Craig Eastman

Artwork and pictures (c) 2009 TriStar Pictures. All rights reserved.

Note: ***
PREMONITION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
Thriller dramatique réalisé par Mennan Yapo sorti en 2007, « Premonition » met en scène Sandra Bullock dans le rôle d’une mère de famille, Linda Hanson, qui mène une vie sereine avec son mari Jim (Julian McMahon) et ses deux petites filles. Tout bascule le jour où un policier vient annoncer à Linda que son mari est mort dans un accident de voiture. Pourtant, le lendemain matin, Linda se réveille avec Jim à ses côtés dans son lit. Ne comprenant pas la situation qu’elle est en train de vivre, Linda va tenter de résoudre l’énigme et de chercher à comprendre, à travers ses rêves étranges et ses prémonitions, les événements à venir, passant d’une dimension de la réalité où Jim est vivant à une autre où son mari n’est plus de ce monde. Naviguant mystérieusement entre passé, présent et futur, Linda va essayer de modifier le cours des événements avant qu’il ne soit trop tard. Le scénario de Bill Kelly s’avère être l’élément le plus intéressant du film de Mennan Yapo, avec une intrigue quelque peu alambiquée et fort complexe. Dommage d’ailleurs que l’on se perde un peu dans une construction narrative labyrinthique parfois brouillonne et pas vraiment maîtrisée. A force d’osciller entre flash-backs et présent, l’histoire finit par perdre de son intérêt. Dommage, car « Premonition » s’avère être un drame souvent émouvant et dur sur l’idée des prémonitions et de l’inexorabilité du destin, un film mené par une Sandra Bullock étonnante dans un rôle particulièrement dramatique (loin de ses rôles habituels de jeune nana rigolote) mais desservi par un scénario trop alambiqué et peu assez maîtrisé.

La musique de Klaus Badelt contribue à son tour à l’atmosphère à la fois sombre et dramatique du film de Mennan Yapo. Badelt utilise l’orchestre symphonique habituel, cordes et piano principalement, avec quelques touches électroniques habituelles apportent une atmosphère à la fois sombre et dramatique au film. Dès « Premonition » (première piste de l’album), la musique se veut à la fois mystérieuse et intime, avec son thème de cordes/piano aux notes répétées, associé dans le film à l’idée de prémonition et des visions de Linda. Klaus Badelt nous offre un Love Theme particulièrement sensible et poignant dans « Linda and Jim », avec son mélange piano/cordes et nappes synthétiques discrètes, un thème poignant de toute beauté, apportant une émotion discrète et sincère dans le film, tout en retenue, preuve que le compositeur possède une réelle sensibilité qu’il n’hésite pas à mettre en avant dès que l’occasion s’en présente. Le thème romantique de « Linda and Jim » résume à la fois la trame dramatique de l’histoire et le côté surnaturel de la chose (les nappes synthétiques en arrière-fond sonore associées aux visions de Linda). Le Love Theme de « Premonition » reste sans aucun doute l’atout majeur du travail de Klaus Badelt sur ce film, le reste étant hélas bien moins intéressant à écouter, sombrant dans un style plus souvent fonctionnel et sans grand intérêt en dehors des images. Néanmoins, on appréciera l’utilisation du marimba au début de « Severe Severing » ou l’atmosphère plus sombre de la partie centrale du morceau, avec son utilisation adroite des synthétiseurs qui renforcent la tension du film et contribuent ici à rendre l’atmosphère plus malsaine et inquiétante.

Badelt crée un suspense psychologique plus intense qu’il développe dans « Severe Severing » sur plus de 9 minutes, idéal pour laisser libre cours à son inspiration, sauf que le compositeur ne semble pas plus inspiré que ça par son sujet et se contente d’aligner quelques lignes de cordes sombres avec quelques notes de piano et quelques nappes synthétiques brumeuses. On se serait attendu à quelque chose d’un peu plus poussé étant donné la trame narrative complexe du film, mais qu’importe, la musique fonctionne malgré tout parfaitement à l’écran, renforçant le climat de malaise du film. Le morceau bascule même sur la fin dans de l’horrifique pur avec un cluster de cordes dissonantes plus intenses pour l’une des scènes d’angoisse du film. Dans « Roommates And A Liar », Klaus Badelt développe son Love Theme dans une version plus tourmentée, comme pour suggérer de façon plus habile que quelque chose semble ne plus fonctionner dans le couple Linda/Jim, et que l’adultère vient de se faufiler discrètement mais sûrement dans la vie du couple. Ici aussi, les cordes résonnent de façon sombre et froide, avec une pointe constante de mystère et d’intrigue. Dommage cependant que le morceau décolle rarement sur plus de 10 minutes, se contenant essentiellement de stagner dans un style atmosphérique parfois ennuyeux sur l’album mais en adéquation parfaite avec les images et l’ambiance du film de Mennan Yapo. « Inconsistencies » met quand à lui en valeur les rythmiques électroniques plus modernes avec des cordes déterminées, alors que Linda s’est mise en tête de chercher la vérité et de résoudre l’énigme qui s’offre à elle. La seconde partie du morceau bascule même dans un style plus action assez typique de Badelt.

On retourne ensuite à un style plus angoissant et inquiétant avec « Something’s Really Wrong », où le compositeur se montre plus expérimental en mariant sonorités électroniques stridentes distordues et atmosphères sonores étranges. Ici aussi, Badelt nous fait clairement comprendre que quelque chose ne va pas et que les choses sont en train de mal tourner dans l’existence tourmentée de la pauvre Linda, perdue entre le présent et le futur. La musique reste à la fois sombre, mystérieuse et amère dans « If Tomorrow Is Wednesday », alors que Linda continue de chercher la solution de l’énigme et se rapproche enfin de la vérité. Enfin, c’est l’occasion pour le compositeur de refermer la page en reprenant une dernière fois son magnifique Love Theme dans le poignant « A New Life », dans une très belle version pour piano et synthés new-age planants - du très beau travail qui rappelle le récent score d’Edward Shearmur pour le film « Passengers », dans un style un peu similaire par moment. Klaus Badelt signe donc un score atmosphérique à la fois sombre, mystérieux et intime pour « Premonition », une musique dans laquelle le compositeur révèle une certaine sensibilité en jouant sur la retenue, et ce bien que les parties plus sombres et atmosphériques ne laissent guère un grand souvenir à l’écoute, autant sur l’album que dans le film. Voilà en tout cas un score plutôt intéressant, qui dévoile une facette plus intime du style musical de Klaus Badelt, bien trop souvent cantonné aux films d’action/aventure alors qu’il est aussi capable d’écrire des musiques plus intimes et modestes, sans grandes envolées orchestrales pétaradantes à la Media-Ventures/Remote Control, un score à réserver en priorité aux fans du compositeur !



---Quentin Billard