1-Main Title 2.13
2-The Quickening/Off the Bridge 2.44
3-Discovering Number 5/Sunrise 4.32
4-Grasshopper/Joy(Less) Ride 4.43
5-The Attack/Coming To 3.47
6-Road Block/Bathtub/
Robot Battle 2.42
7-Getaway/Hello, Bozos 2.41
8-Night Scene/Joke Triumph 4.17
9-Danger, Nova/Escape Attempt/
Aftermath 3.48
10-Finale/End Title:
"Come and Follow Me" 5.04*

Source Music :

11-Rock 3.45
12-Bar 1.51
13-The Three Stooges 1.10

*Interprété par Max Carl
et Marcy Levy
Ecrit par David Shire,
Max Carl et Will Jennings.

Musique  composée par:

David Shire

Editeur:

Varèse Sarabande VCL 1108 1086

Album produit par:
Robert Townson, Mike Matessino
Production synthétiseur:
Craig Huxley
Montage musique:
Stant Witt

Edition limitée à 2000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1986/2008 PSO Presentations and TriStar Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
SHORT CIRCUIT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Shire
Grand classique du divertissement familial des années 80, « Short Circuit » est une comédie de science-fiction réalisée par John Badham en 1986, avec la mignonnette Ally Sheedy et Steve Guttenberg, un habitué des comédies (« Cocoon », « Police Academy », « Three Men and a Baby », etc.). Le film raconte l’histoire d’un robot de haute précision, Numéro 5, conçu par le professeur Newton Crosby (Guttenberg) et son assistant Benjamin Jahrvi (Fisher Stevens). A l’origine, Numéro 5 faisait partie d’une série de machines révolutionnaires et ultra sophistiquées conçues pour assurer la paix et la sécurité du pays. Mais un jour, la foudre s’est abattue sur la petite machine, la rendant alors capable de penser, de vivre et de ressentir des émotions. C’est alors que Numéro 5 réussit à prendre la poudre d’escampette, perdue en pleine nature. Traqué par l’armée et le professeur Newton Crosby, Numéro 5 échoue finalement chez la jeune Stephanie Speck (Ally Sheedy), une sympathique et ravissante militante écologiste qui décide finalement de recueillir le robot totalement déboussolé chez elle. La jeune femme se lie alors d’amitié avec Numéro 5 et se laisse séduire par son sens de l’humour à toute épreuve, sa soif de connaissance et sa joie de vivre. Mais hélas, les militaires l’ont rattrapé et notre sympathique robot doit de nouveau s’enfuir, s’il ne veut pas finir en pièces détachées. Stephanie retrouve alors son concepteur, Newton Crosby, et réussit à le convaincre que son robot n’est pas qu’une simple machine sophistiquée, mais qu’il est un individu vivant et doué de pensée. Ensemble, ils vont tout faire pour tenter d’empêcher la destruction programmée de Numéro 5.

Petite comédie sympathique et sans prétention, « Short Circuit » est très vite devenu un film culte aux Etats-Unis, donnant lieu à une suite sortie en 1988 et réalisée par Kenneth Johnson. Le film est sorti en pleine époque des divertissements familiaux « eighties » tels que « E.T. The Extra-Terrestrial », « The Goonies » ou bien encore « D.A.R.Y.L. » de Simon Wincer, sorti en 1985, et qui racontait déjà l’histoire d’un robot sous la forme d’un jeune enfant, s’échappant d’un centre scientifique avant d’être adopté par une famille, puis poursuivi par l’armée américaine. « Short Circuit » vaut surtout par son humour, sa tendresse et sa naïveté hollywoodienne qui sent bon le divertissement fun des années 80. Il s’agit du dernier film clôturant la trilogie du réalisateur John Badham sur ses long-métrages évoquant les dérives de la technologie militaire, après « Blue Thunder » (1983) et « Wargames » (1983). Mais à la différence des deux premiers opus, « Short Circuit » s’avère être bien plus léger et surtout davantage orienté vers la comédie (alors que le film devait prendre l’apparence d’un thriller technologie), probablement dans le but de prendre le contre-pied d’un « Terminator » constamment imité depuis sa sortie au cinéma en 1984. Quoiqu’on puisse en penser, ce « Short Circuit » reste un classique du divertissement hollywoodien des années 80, au charme indéniable !

La musique de David Shire contribue sans aucun doute à ce charme typiquement 80’s du film de John Badham. Fait étonnant avec le réalisateur : l’absence sur « Short Circuit » de son compositeur fétiche, Arthur B. Rubinstein, pourtant habitué à travailler sur la plupart des films de John Badham depuis « Whose Life is it Anyway ? » en 1981. Rubinstein a d’ailleurs signé la musique des deux premiers volets de la trilogie « dérives technologiques » du réalisateur, « Blue Thunder » et « Wargames ». Après avoir fait appel à Basil Poledouris sur « American Flyers » en 1985, John Badham décidera finalement de s’allouer les services du vétéran David Shire sur « Short Circuit », fameux compositeur des années 70/80 auteur de partitions telles que « 2010 », « The Conversation », « All The President’s Men », « The Taking of Pelham 1-2-3 », « The Hindenburg » ou bien encore le récent « Zodiac ».

La partition de David Shire pour « Short Circuit » permet au compositeur de prolonger ses expérimentations électroniques déjà tentées dans le « 2010 » de Peter Hyams (fameuse suite au monumental « 2001 » de Kubrick), avec un « Main Title » assez mémorable, entièrement bâti sur des sons et des sonorités électroniques aujourd’hui très datées mais assez modernes pour l’époque. C’est au cours de ce « Main Title » (ouverture du film) que le compositeur développe une série de sonorités synthétiques évoquant la construction de Numéro 5 et ses différents prototypes. Shire évoque l’univers robotique du film avec un mélange de synthétiseurs typiquement 80s mais néanmoins choisi avec habileté, idéal pour évoquer la technologie de l’espiègle et joyeux Numéro 5. Shire en profite d’ailleurs pour développer ici le thème du robot avec ses sonorités électroniques fines et mécaniques. A noter que la partie électronique a été réalisée en collaboration avec Craig Huxley, célèbre musicien du monde de la musique électronique et inventeur du fameux ‘Blaster Beam’ utilisé en par Jerry Goldsmith pour le film « Star Trek The Motion Picture » en 1979. L’orchestre apparaît quand à lui dans « The Quickening/Off the Bridge » et vient apporter un peu de chaleur à un ensemble toujours dominé par les synthétiseurs associés à Numéro 5 dans le film, tout en évoquant son âme vivante. On retrouve ici les orchestrations soignées et l’écriture orchestrale savante chère à David Shire, qui nous offre un passage plus léger, énergique et non dénué d’humour dans « Off the Bridge », lors de la scène où le robot s’échappe et traverse le pont - à noter que les orchestrations ont été assurées par le vétéran Jack Hayes, et, chose plus étonnante, Joel McNeely, compositeur plus connu pour ses musiques de films telles que « Soldier », « Virus », « The Avengers » ou bien encore « Star Wars Shadows of the Empire ». La musique renforce clairement le côté ‘comédie’ du film de John Badham avec une certaine bonne humeur.

Le thème principal associé au robot revient dans « Discovering Number 5/Sunrise » où Shire mélange orchestre et synthétiseurs avec une certaine inventivité. Le compositeur évoque ainsi les frasques du robot dans « Discovering Number 5 » avec humour, mélangeant jeu soliste et sonorités synthétiques sautillantes non sans dérision. Shire utilise même un harmonica à la fin de « Sunrise » lorsque le robot découvre le premier lever de soleil chez Stephanie. L’harmonica revient dans « Grasshoper/Joy(Less) Ride » et apporte une certaine fraîcheur aux aventures du robot en quête d’informations et de connaissance. La musique devient plus intime et retenue lorsque la jeune femme explique le concept de mort à Numéro 5. David Shire se montre encore une fois très inventif dans son mélange d’orchestrations colorées et de sonorités synthétiques choisies avec précision pour représenter les mésaventures du robot à l’écran. Dommage que les rythmiques synthétiques de « Grasshoper/Joy(Less) Ride » tombent un peu dans le kitsch 80’s pur, et ce même si l’on appréciera l’énergie et la bonne humeur qui se dégage de ce morceau dans le film - et comme toujours, une écriture orchestrale savante et très élaborée. Dans « The Attack/Coming To », les militaires arrivent pour stopper Numéro 5 et tenter de le détruire. Shire utilise alors des percussions martiales et développe les sonorités électroniques du robot avec un orchestre plus sombre et cuivré, illustrant la détermination de l’armée à détruire Numéro 5. Le motif de notre héros cybernétique est toujours présent, développé de façon astucieuse sous forme de motifs parfois longs, et parfois plus courts, alternant développements furtifs et conséquents avec une certaine aisance - un peu à l’image de l’esprit vif du jeune robot.

Les percussions militaires reviennent au début de « Road Block/Bathtub/Robot Battle », morceau d’action énergique et survitaminé dans lequel Shire développe le thème et les motifs électroniques du « Main Title » avec une fraîcheur et un humour constant, allant même jusqu’à nous offrir une belle envolée héroïque centrale illustrant les exploits de Numéro 5, pour se conclure lors de la bataille contre les robots. Le thème de Numéro 5 reste parfaitement flexible et malléable pour pouvoir permettre au compositeur de nous offrir une série de variations habiles et astucieuses, toute à l’image du robot lui-même. On appréciera ainsi les reprises cuivrées et énergiques du thème dans la course poursuite de « Getaway/Hello, Bozos » sans oublier l’intimité plus chaleureuse et douce de « Night Scene/Joke Triumph », lorsque Newton Crosby comprend que Numéro 5 est réellement vivant - morceau dans lequel Shire développe des harmonies quasi romantiques très 19èmistes, d’une grande beauté. Les percussions militaires reviennent encore une fois dans « Danger, Nova/Escape Attempt/Aftermath ». Les auditeurs plus attentifs constateront d’ailleurs que les percussions associées à l’armée dans la musique mélangent instruments électroniques et acoustiques avec une certaine aisance, avec un côté mécanique et froid typique des méchants militaires du film. Encore une fois, David Shire ne laisse rien au hasard et agit avec logique tout au long du film. L’évasion et la traque finale du robot permet au compositeur de développer le thème de Numéro 5 dans une version plus agité, dominée par un ostinato de synthétiseurs de plus en plus pressant, jusqu’au grand final, un « Aftermath » de cordes plus poignant, où le thème devient plus mélancolique et intime. Dommage cependant que le thème ait tendance à devenir un peu omniprésent et très répétitif au bout d’un moment, Shire réussissant néanmoins à contrecarrer cela par l’apport de ses multiples variantes protéiformes.

La partition se conclut sur le superbe « Finale/End Title » qui reprend le thème de Numéro 5 dans toute sa splendeur lors du happy-end final, marqué par le retour de l’harmonica de « Sunrise » et un orchestre énergique. On n’évite d’ailleurs pas les traditionnelles chansons pop pour le générique de fin, avec « Come and Follow Me » qui se trouve être une reprise du thème principal du jeune robot, chanson pop 80’s interprétée par Max Carl et Marcy Levy sur des paroles de David Shire, Will Jennings et Max Carl. « Come and Follow Me » résume bien par sa fraîcheur et sa bonne humeur assez nostalgique - et très années 80 - les aventures de Numéro 5. David Shire signe donc un score rafraîchissant et extrêmement sympathique pour « Short Circuit », une partition qui, à défaut de demeurer mémorable, laissera une bonne impression aux auditeurs et aux fans du compositeur - qui signe là l’un de ses meilleurs scores des années 80.



---Quentin Billard