1-Stargate Overture 3.01
2-Giza, 1928* 2.10
3-Unstable 2.07
4-The Coverstones 0.58
5-Orion 1.29
6-The Stargate Opens 3.58
7-You're On The Team 1.55
8-Entering The Stargate 2.57
9-The Other Side 1.44
10-Mastadge Drag 0.56
11-The Mining Pit 1.34
12-King Of The Slaves 1.15
13-Caravan To Nagada* 2.16
14-Daniel And Shauri 1.53
15-Symbol Discovery 1.15
16-Sarcophagus Opens 0.55
17-Daniel's Mastadge 0.49
18-Leaving Nagada 4.09
19-Ra-The Sun God 3.22
20-The Destruction
of Nagada 2.08
21-Myth, Faith, Belief 2.18
22-Procession 1.43
23-Slave Rebellion 1.00
24-The Seventh Symbol 0.57
25-Quartz Shipment 1.27
26-Battle At The Pyramid 5.02
27-We Don't Want To Die 1.57
28-The Surrender 1.44
29-Kasuf Returns 3.06
30-Going Home 3.09

*Partie vocale de:
Natacha Atlas

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

Milan 74321 24901-2

Monteur de la musique:
Laurie Higgins
Supervison de l'album:
David Franco
Producteurs exécutifs de Milan:
E.Chamboredon, T.Pieniek

Artwork and pictures (c) 1994 Le Studio Canal+ (US)/Metro-Goldwyn-Mayer Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ***
STARGATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
Avec 'Stargate', le réalisateur allemand Roland Emmerich signait son premier gros succès commercial après le nullissime 'Universal Soldier'. En s'alliant avec son fidèle complice, le producteur Dean Devlin, Emmerich espérait bien toucher un très large public et corriger le tir après un premier essai médiocre en compagnie de Jean-Claude Van Damme. Pour cela, l'objectif était de remettre au goût du jour le style des grandes productions de science-fiction épiques hollywoodiennes à l'ancienne, comme on pouvait en voir à la pelle dans les années 70/80. Bien qu'à l'origine les producteurs du film craignaient pour l'avenir commercial de 'Stargate', le résultat ne s'est pas fait attendre, le film ayant reçu un certain succès (qui donnera même lieu à une série TV baptisée 'Stargate SG1'). Le concept de 'Stargate' était assez original pour l'époque. En s'inspirant d'une idée qu'il avait eu à la fin des années 70, Roland Emmerich décida de baser son film sur la mythologie et les mystères des pyramides égyptiennes, dont les secrets n'ont pas encore fini de faire fantasmer tous les archéologues et les égyptologues du monde entier. Le jeune égyptologue Daniel Jackson (James Spader) est contacté un jour par un groupe de chercheurs et de militaires pour résoudre l'énigme d'un mystérieux et gigantesque anneau en pierre et en acier découvert lors d'une fouille archéologique sur le site de la grande pyramide de Gizeh en 1928 en Egypte. Jackson comprend alors que les traductions des symboles inscrits sur l'anneau sont erronées et découvre qu'il s'agit en fait d'une sorte de carte indiquant des cordonnées dans une galaxie. Après avoir déchiffré les sept symboles de l'anneau, les militaires mettent en place un mécanisme et découvre que l'anneau n'est rien d'autre qu'une mystérieuse porte des étoiles qui conduit vers un autre monde, dans une autre galaxie située à des milliards d'années lumières de la terre. Une expédition militaire conduite par le colonel Jack O'Neil (Kurt Russell) est chargée de traverser la porte des étoiles et d'explorer le monde qui se trouve de l'autre côté. Jackson fait alors partie de l'expédition, O'Neil comptant sur lui pour l'aider à décoder les nouveaux symboles se trouvant sur la porte de sortie dans l'autre monde. Arrivé sur place, ils découvrent un univers fait de déserts, d'infinies étendues de sables et de pyramides gigantesques. C'est alors qu'ils font la connaissance d'un peuple de bédouins qui vivent en plein milieu du désert, gouverné par le tyrannique Ra (Jaye Davidson), un extra-terrestre venu sur cette planète pour survivre et assouvir les hommes à son pouvoir. O'Neil et ses compagnons décident finalement de prêter main forte aux bédouins et de les aider à lutter contre Ra et ses sbires.

Ce qui était au départ un film de science-fiction ambitieux et intéressant se transforme très vite en véritable foutoir hollywoodien dès lors que Roland Emmerich nous balance les recettes habituelles de ses films: pro-américanisme primaire, stéréotypes militaires usés jusqu'à la moelle, effets spéciaux colossaux, personnages creux et unilatéraux, humour maladroit et nunuche, etc. Si au départ, le film médite sur les racines de la civilisation égyptienne (beaucoup s'interrogent encore sur la façon dont les pyramides ont pu être construites), il prend très vite l'allure d'une grosse série-B d'action luxueuse dans laquelle les gentils héros américains s'opposent au méchant tyran venu d'un autre monde. Pour peu, on serait presque tenté de voir dans 'Stargate' une quelconque analogie à la guerre du Golfe ou au conflit contre Saddam Hussein, qui, bien que désuet en 1994, était toujours présent dans l'esprit des américains. Et que dire de l'image de la bombe atomique qu'utilise le colonel O'Neil dans le film, ayant reçu l'ordre de faire sauter la porte des étoiles en cas de danger? Evidemment, les américains démontrent ici toute la puissance de leur arsenal militaire, prétendant ainsi rivaliser avec Ra, le 'dieu' tout puissant qui possède lui aussi un arsenal similaire, tandis qu'entre eux deux se trouvent les bédouins, dont on devine sans mal qu'ils n'ont jamais vu une seule arme de leur vie (il faut d'ailleurs voir les jeunes enfants faire le salut militaire au colonel O'Neil à la fin du film!). Plusieurs critiques ont ainsi mentionné au sujet de 'Stargate' le terme de 'prosélytisme patriotique américain'. Il y a évidemment beaucoup de cela dans 'Stargate'. L'Amérique se réconforte dans son image de nation puissante qui apporte la 'civilisation' aux peuples incultes (Jackson fait découvrir au chef des bédouins les plaisirs des barres chocolatées!), idée une fois de plus démontrée dans un blockbuster massif pour public décérébré. Néanmoins, nul ne peut nier que Roland Emmerich est un spécialiste des grandes scènes d'action massives. A ce sujet, la confrontation finale dans la pyramide de Ra vaut son pesant de cacahuètes. Ainsi, si vous aimez les gros films de science-fiction massif et divertissant, avec son lot de héros, de gros méchants (les gardes en costume de 'chiens égyptiens' sont remarquables), d'effets spéciaux spectaculaires, de bons sentiments et d'action à répétition, 'Stargate' est fait pour vous! Voilà en tout cas un film qui annonce déjà le très critiqué 'Independence Day', qui, deux ans après 'Stargate', surenchérira au maximum dans les fanfaronnades patriotiques U.S. et les effets spéciaux à répétition!

Roland Emmerich a toujours eu comme credo de laisser sa chance à de jeunes artistes. C'est pourquoi il fit appel pour 'Stargate' à David Arnold, qui, un an auparavant, s'était fait remarquer en signant une excellente partition symphonique pour 'The Young Americans' de Danny Cannon. Après avoir entendu un enregistrement de la composition de David Arnold, Roland Emmerich pensa que le jeune musicien anglais était le choix idéal pour la musique de 'Stargate'. A l'écoute du résultat final, on se dit qu'il n'avait finalement pas tort du tout, bien que l'on soit très loin ici du statut de 'chef-d'oeuvre'. Le réalisateur et les producteurs du film souhaitaient ainsi renouer sur ce film avec une approche symphonique pure évoquant les grandes partitions du 'Golden Age' hollywoodien, assurant ainsi le style spectaculaire et épique de 'Stargate'. A l'écoute du score de 'Stargate', on a parfois l'impression de revenir à l'époque des grandes oeuvres orchestrales de John Williams ou de John Barry. A l'image du film, la musique d'Arnold oscille entre action, aventure épique et moments plus intimistes et romantiques qui apportent une certaine personnalité musicale très 'old fashion' au film. Arnold joue à fond la carte du symphonisme à l'ancienne et nous offre quelques beaux moments en perspective. Armé des talentueux musiciens du 'Sinfonia of London', David Arnold nous introduit au film avec une brillante ouverture, 'Stargate Overture', dans laquelle il dévoile son thème principal, mélodie majestueuse confié à des cuivres, des vents et des cordes amples et qui évoquent, avec quelques consonances orientales, les grandes étendues désertiques et cet univers de mythologie égyptienne renforcée par un côté épique très nettement mit en valeur par la qualité des orchestrations. A ce sujet, on ne pourra d'ailleurs qu'applaudir Nicholas Dodd et David Arnold pour leurs efforts communs concernant les orchestrations de cette partition symphonique, des orchestrations souvent denses et riches en couleur, comme on en entend rarement aujourd'hui à Hollywood. Si l'exposition du thème principal annonce clairement le début d'une grande aventure épique (on pense par moment au 'Lawrence of Arabia' de Maurice Jarre), la seconde partie se veut plus sombre mais toute aussi grandiose. L'orchestre se veut plus mystérieux, avec son motif menaçant de cordes descendantes renforcées par un choeur qui semble psalmodier un hymne maléfique adressé au tyrannique Ra. L'ouverture culmine sur un tutti orchestre/choeur particulièrement grandiose et épique, qui annonce très clairement le côté spectaculaire du film.

Avec 'Giza, 1928', David Arnold plante le décor lors de la scène de la découverte de l'anneau de pierre à Gizeh au début du film. Il met ici en avant les sonorités orientales à l'aide de percussions ethniques et de la voix de la célèbre chanteuse Natacha Atlas, qui marque ici sa première collaboration à une musique de film hollywoodienne. Dommage que cette trop timide incursion d'une touche vocale ethnique n'ait pas été plus mise en avant tout au long de la partition (la participation de la célèbre chanteuse à la musique de 'Stargate' se résume à deux minuscules petites pistes de quelques secondes). A noter ici l'utilisation d'un choeur féminin majestueux illustrant la scène de la découverte de l'immense anneau de pierre, Arnold en profitant pour développer son thème d'aventure aux hautbois au début du morceau (ce thème d'aventure est en fait dérivé de la tête du thème principal). Avec 'Orion', Arnold évoque l'arrivée des militaires avec un retour du thème d'aventure aux cuivres sur fond d'ostinato de cordes. On commence à ressentir ici l'excitation du départ à l'aventure, un sentiment qui persiste et se prolonge dans 'The Stargate Opens', où Arnold évoque le mystère lors de l'ouverture de la porte des étoiles, le morceau oscillant entre excitation et appréhension avec une grande habileté. Le rôle du choeur féminin n'en est pas moindre puisqu'il intervient ici pour évoquer majestueusement l'ouverture de la porte aux étoiles, apportant à la scène une certaine atmosphère d'émerveillement. Les choses deviennent alors plus sérieuse dans le sombre 'Entering The Stargate', pour la traversée de la porte des étoiles. Arnold accentue ici le travail autour du pupitre des cuivres et des cordes (avec un soupçon d'électronique atmosphérique plutôt discret), créant un certain suspense mystérieux à l'écran. Les glissendi de cordes dissonantes provoquent le malaise, le doute, l'inquiétude, alors que Jackson et O'Neil n'ont absolument aucune idée de ce qui les attend de l'autre côté.

C'est avec un plaisir non dissimulé qu'Arnold nous convie à une grande aventure avec le très entraînant 'Mastadge Drag', superbe morceau héroïque et cuivré souvent utilisé dans des bande-annonces de film, accompagnant fièrement la scène où Jackson se fait traîner par un animal s'apparentant à un yak. De la même façon, la découverte du village des bédouins est décrite fièrement avec une exposition majestueuse du thème principal dans toute sa splendeur dans 'The Mining Pit', où l'on retrouve quelques brèves touches orientales associées à l'orchestre et à un choeur d'hommes. 'King of The Slaves' confirme même plus explicitement la facette ethnique/arabisante de la musique de 'Stargate', bien que cette facette là soit finalement assez peu prédominante tout au long du film. Si le compositeur s'autorise un peu de légèreté au cours de 'Caravan to Nagada' (qui continue de développer le thème principal), il s'offre aussi une brève incursion dans un style plus intimiste et nostalgique dans 'Daniel and Shauri' qui évoque la relation entre le personnage de James Spader et celui de la très belle actrice israélienne Mili Avital, qui rappelle le thème légèrement mélancolique et romantique associé à Jackson et Shauri, déjà entendu dans 'You're On The Team'. La seconde partie du film, plus sombre et agitée, débute avec le menaçant 'Sarcophagus Open' pour l'arrivée de Ra. Arnold nous plonge alors dans une atmosphère atonale cafardeuse avec son lot de nuages sonores et de clusters dissonants de cuivres, qui rendent la présence du tyran particulièrement inquiétante. Cette ambiance sombre se prolonge dans 'Leaving Nagada' pour l'affrontement avec les gardes de Ra dans la pyramide. Arnold met l'accent ici sur les cuivres massifs, les cordes sombres et un pupitre de percussions assez imposantes. On découvre finalement un nouveau thème dans 'Ra - The Sun God', thème sombre associé à Ra et qui évoque tout le côté maléfique et puissant du personnage, que l'on entend ici durant la scène de l'exécution, nous permettant d'entendre l'un des premiers grands déchaînements orchestraux de la partition.

Si le tragique et sombre 'The Destruction of Nagada' évoque avec un lyrisme amer la destruction du village des bédouins par les vaisseaux de Ra, 'Myth, Faith, Belief' réaffirme le sombre thème de Ra tout en apportant un côté mystérieux et insaisissable au personnage. Idem pour le puissant 'Procession' où Arnold accentue le thème de Ra au cours d'une marche processionnelle du plus bel effet à l'aide d'un choeur psalmodiant qui nous renvoie à la dernière partie du 'Stargate Overture'. C'est donc logiquement que l'on en arrive à la dernière avec 'Slave Rebellion', qui évoque la rébellion des esclaves, menés par Jackson et O'Neil. Si 'Slave Rebellion' annonce un climat d'aventure très cuivré comme dans 'Mastadge Drag', l'excitant 'Battle At The Pyramid' confirme avec un superbe morceau d'action de près de cing minutes pour la confrontation finale dans la pyramide de Ra. Arnold maîtrisant parfaitement son écriture orchestrale et nous offre un nouveau déchaînement orchestral virtuose qui intensifie férocement l'action à l'écran, comme dans le massif 'The Surrender' et l'affrontement final dans 'Kasuf Returns', qui, après ses élans héroïques, se conclut sur une dernière reprise particulièrement puissante du choeur maléfique associé à Ra. 'Going Home' allège considérablement l'ambiance avec une dernière reprise du thème principal aux vents et aux cordes, marquant la fin de cette grande aventure.

'Stargate' a très largement contribué à faire connaître David Arnold auprès du public béophile qui, en 1994, après 'The Young Americans', découvrait un jeune talent prometteur qui s'affirmait à l'époque avec le classicisme de son style symphonique en digne successeur de John Williams (auquel on l'a d'ailleurs très souvent comparé, à tort ou à raison). Le score de 'Stargate' apporte son lot d'action et d'aventure au film de Roland Emmerich, bien que l'ensemble ne comporte rien d'original ou de particulier en soi. David Arnold se contente simplement d'appliquer les recettes orchestrales du genre, mais il le fait avec goût et nous offre une grande partition d'aventure épique dans la plus pure tradition du genre. La partition regorge aussi de différents thèmes que le compositeur développe parfaitement tout au long de son oeuvre, bien que l'on regrettera parfois le côté assez quelconque de ces thèmes. Il est donc parfaitement évident qu'avec 'Stargate', David Arnold ne révolutionne nullement le genre et livre un travail remarquable sans être doté de la touche de génie qu'on pouvait timidement deviner à l'écoute de certains passages de 'The Young Americans'. Il ne faudra finalement plus qu'attendre le monumental 'Independence Day' pour enfin entendre David Arnold au sommet de son art!


---Quentin Billard