1-Let's Meet Our Contestants 1.46
2-A Very Special Reception 0.47
3-I'll Take The Stairs 0.23
4-The Chase Begins 3.29
5-Flights Cancelled 1.16
6-Roswell, New Mexico? 0.47
7-The Cabbie Dumps Owen 0.52
8-The Squirrel Lady 0.33
9-Helicopter Dance 2.18
10-Switch Keys and Should Have
Bought A Squirrel 0.56
11-Pollini Wakes And Owen
Gets Some Clothes 0.50
12-Wanna See A Heart? 1.12
13-Stealing Some Gas 0.32
14-Chase To The Balloons 0.59
15-I Lost My Heart To A Dog 0.41
16-Bike Dyke Attack 0.41
17-All Alone In The World 0.46
18-From A Rocket Car
To A Nut Bus 1.51
19-A Family On Drugs! 0.45
20-The Lucys Chase Owen And
Third Reich In The Parking Lot 1.36
21-Arrival At Silver City 3.47
22-Grisham Runs Off
With The Hooker 1.05
23-Tour Bus Crash 0.29
24-All The Little Children 3.20
25-La Habanera Loca 1.57
26-Before We Were Russian 1.46

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Beyond Records 398 578 216-2

Produit par:
John Powell
Musique additionnelle de:
James McKee Smith,
John Ashton Thomas

Assistant musical:
Joel J. Richard

Artwork and pictures (c) 2001 Paramount Pictures/Zucker Productions. All rights reserved.

Note: ****1/2
RAT RACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Comédie délirante et survoltée réalisée par un grand spécialiste du genre, Jerry Zucker (membre du trio ZAZ, qu’il a formé dans les années 80 avec son frère David Zucker et Jim Abrahams), « Rat Race » met en scène un groupe d’individus d’origines diverses qui se retrouvent un jour réunis dans un casino de Las Vegas par le propriétaire excentrique, Donald Sinclair (John Cleese). Ce dernier propose à 12 clients sélectionnés scrupuleusement de participer à un grand défi : une course au trésor sur plus de 2000 km jusqu’à la gare de Silver City au Mexique où se trouvent 2 millions de dollars cachés dans un sac d’une consigne de la gare. Sinclair est entouré de milliardaires venus des quatre coins du monde et pari sur celui ou celle qui atteindra le premier les 2 millions de dollars. Et c’est le début d’une course folle où tous les coups sont permis. « Rat Race » est une comédie totalement déjantée qui rend un hommage délibéré aux productions des excités du trio ZAZ, avec gags loufoques à la pelle, situations burlesques, et humour de camion douze tonnes. En clair, ici, plus on en fait, mieux c’est, et les situations délirantes - ou débiles - ne manquent pas : une montgolfière s’envole avec une vache accrochée à une corde, deux types essaient de rattraper un cœur humain volé par un chien et destiné à un don d’organe, une jeune femme trompée poursuit son mari en hélicoptère, deux frères imbéciles détruisent avec une voiture l’antenne d’un aéroport, une famille américaine modeste se retrouve embarquée à bord de la voiture personnelle d’Hitler suite à un quiproquo dans un musée peu recommandable, etc. On n’est guère loin par moment de l’humour absurde des Monty Python ou d’un Mel Brooks. Au casting, on retrouve une pléiade de stars de la comédie U.S./britannique, certains étant d’ailleurs des anciens membres des Monty Python comme John Cleese. On retrouve ainsi pêle-mêle Breckin Meyer (vu récemment dans « Garfield »), Cuba Gooding Jr, Seth Green, Whoopi Goldberg, Jon Lovitz, Kathy Najimy, Lanei Chapman, Vince Vieluf, Kathy Bates, Wayne Knight, Rowan Atkinson (alias « Mr. Bean »), Amy Smart, etc. A noter que l’intrigue de « Rat Race » est calquée sur celle du film « It’s a Mad, Mad, Mad, Mad World » de Stanley Kramer réalisé en 1963, avec Mickey Rooney, Buster Keaton et Jimmy Durante. Au final, « Rat Race » est un gros délire, au choix, gonflant ou délirant, pour ceux qui apprécient ce genre de grosse farce cinématographique lourdingue et balourde.

La musique de John Powell constitue sans aucun doute l’atout majeur du film de Jerry Zucker. Le compositeur en profite pour rappeler avec « Rat Race » son goût pour les orchestrations rafraîchissantes et inventives, et son savoir-faire orchestral qui rappelle ses meilleurs travaux pour les comédies ou les films animés (l’une de ses spécialités). Sa musique de « Rat Race » renforce tout au long du film l’idée d’une course au trésor délirante, avec des envolées orchestrales déjantées et débordantes d’énergie, où règne une bonne humeur et un fun constant. Visiblement, John Powell semble bien s’être amusé sur ce film, mélangeant avec une fraîcheur et une inventivité constante musique tzigane, rythmes brésiliens/jazzy et morceaux d’action survoltés. Le thème principal du score repose sur l’idée de la chasse au trésor effrénée à laquelle se livre les différents concurrents du défi organisé par l’excentrique milliardaire du casino de Las Vegas. La musique de John Powell reflète bien cette excentricité à son tour, avec un sens constant de la dérision et un humour certain. Dès « Let’s Meet Our Contestants », Powell dévoie son goût pour l’inventivité en mélangeant clarinette aux accents tziganes/percussions brésiliennes et une première allusion assez brève au thème principal. Comme souvent chez Powell, il y a une vraie richesse dans l’utilisation des instruments et un côté totalement débridé/survolté qui correspond parfaitement à l’esprit du film de Jerry Zucker. A noter l’utilisation de choeurs féminins dans « A Very Special Reception », les chœurs apportant un côté faussement grandiose assez inattendu à la musique du film - toujours placée sous le signe de la bonne humeur et de la dérision.

Dans « The Chase Begins », le thème principal est enfin développé pour le départ de la chasse au trésor. Powell libère toute l’énergie de son orchestre sous la forme d’une danse déchaînée aux rythmes effrénés, mélangeant les styles avec une grande inventivité : on commence ainsi sur ce qui pourrait ressembler à une danse tzigane, pour enchaîner sur un passage de type napolitain/italien (rappelant étrangement l’un des thèmes musicaux du film « La vita à bella » de Nicola Piovani) avant de se conclure sur une espèce de polka survoltée « à la russe ». Le « Rat Race Theme » est ainsi repris tout au long du film à travers de multiples variantes orchestrales, accompagnant cette gigantesque chasse au trésor avec une frénésie rarement entendue dans une musique de film hollywoodienne récente. « Flights Cancelled » évoque le côté malchanceux des participants dont les vols pour le Mexique sont tous annulés au dernier moment. Ici aussi, la pression de cette course poursuite est évoquée à travers les rythmes débridés de type polka et ces accents rythmiques très dansants (où tous les temps sont marqués) et ces orchestrations mélangeant tuba/clarinettes/flûtes/cuivres, etc.

L’inventivité de John Powell paraît même dans les passages plus légers comme « The Cabbie Drumps Owen » et l’étrange « The Squirrel Lady », qui évoque aussi des rythmes de danse, plus proche cette fois-ci de la musique sud-américaine. Mais c’est avec le superbe « Helicopter Chase » que la partition de « Rat Race » atteint l’un de ses premiers sommets, pour la scène où Tracy (Amy Smart) poursuit son fiancé en hélicoptère. Les choeurs féminins occupent ici une place plus importante, apportant un côté faussement épique aux images avec un sens de la dérision constant : la musique paraît plus survoltée que jamais, avec ses rythmes de danse débridés et une ouverture qui s’inspire de celle de la célèbre « chevauchée des Walkyries » de Richard Wagner (un peu comme au début de « Bike Dyke Attack »). Même chose pour « Switch Keys and Should Have Bought A Squirrel », sans oublier les touches italianisantes et humoristiques de « Pollini Wakes and Owen Get Some Clothes » pour une scène avec le personnage burlesque de Rowan Atkinson. Variant les idées avec un bonheur constant, Powell prolonge ses touches d’humour dans « Stealing Some Gas » où il introduit une guitare hawaïenne. N’oublions pas non plus la danse savoureuse de « Chase To The Balloons » pour la séquence (délirante) de la montgolfière. Un morceau comme « I Lost My Heart To A Dog » semble quand à lui plus proche du travail du compositeur sur des films animés tels que « Chicken Run » ou « Horton Hears A Woo ».

La partition prend le temps de se calmer temporairement lors d’une petite respiration musicale dans « All Alone In The World » où l’on retrouve le thème italien « à la Nino Rota » du personnage de Pollini interprété par des cordes plus nostalgiques tendance ‘dolce vita italienne’ des années 50/60. Un morceau comme « From A Rocket Car To A Nut Bus » est quand à lui très représentatif de l’inventivité extrême de John Powell sur la musique de « Rat Race » : ici, tout y passe avec un humour constant : rythmes de danse en tout genre, guitare hawaïenne, glissando de clarinette rappelant le début de la « Rhapsody in Blue » de Gershwin, etc. Le compositeur n’évite malheureusement pas le cliché habituel du mickey-mousing dans « The Lucys Chase Owen and Third Reich In The Parking Lot » mais en profite quand même pour développer ses orchestrations inventives et son sens assez unique de la dérision et de la fantaisie (qui rappellerait presque par moment les grandes heures du Danny Elfman de la fin des années 80). Le « Rat Race Theme » revient dans « Arrival At Silver City » pour l’arrivée survoltée des participants à Silver City à la fin du film. Les amateurs de polka tzigane débridée adoreront sans aucun doute un morceau comme « Grisham Runs Off With The Hooker », du fun à l’état pur pour tous les amateurs de musique survoltée : à noter ici le rôle primordial des musiciens qui s’en donnent à coeur joie, comme le clarinettiste et ses traits virtuoses, les choristes féminines ou le tromboniste soliste.

Evidemment, les délires doivent prendre fin un jour (dommage d'ailleurs que le score manque un peu de respiration et de pauses musicales), et cette fin, John Powell nous l’offre enfin dans le final de la partition de « Rat Race », « All The Little Children », pour la scène (délirante) où les concurrents de la chasse au trésor participent malgré eux au téléthon organisé à la fin du film et décident d’offrir leur fortune fraîchement acquise aux enfants handicapés et malades. Powell lâche une dernière fois son orchestre, alternante envolées héroïques naïves et passages plus intimes et chaleureux. Pour finir, le compositeur se fait plaisir et reprend son thème principal sous la forme d’une « Habanera Loca », alternant les instruments avec une légèreté et une inventivité constante. Et pour finir, « Before We Were Russian » développe ses accents de musique sud-américaine avec quelques vagues sonorités de musique russe en guise de conclusion. Au final, « Rat Race » demeure sans aucun doute la partition la plus drôle que l’on ait entendu depuis bien longtemps dans une musique de film américaine. John Powell nous rappelle avec brio qu’il est plus que jamais l’un des plus talentueux compositeurs hollywoodiens du moment, qui, même s’il ne révolutionne pas le genre, parvient à insuffler suffisamment de fantaisie et d’humour à sa musique pour la rendre réellement fraîche, originale, bourrée de trouvailles en tout genre et totalement irrésistible. Entre ses rythmes de polka débridée, ses touches d’humour et ses déchaînements orchestraux/choraux, « Rat Race » possède tous les ingrédients d’une partition solide et mémorable, un très grand John Powell en pleine forme, qui répond aux délires du film de Jerry Zucker par une musique en roue libre totale, interprétée de bout en bout par des musiciens déchaînés, à mille lieux des productions habituelles du studio Media-Ventures. Curieusement, « Rat Race » fait partie des scores oubliés du compositeur, que l’on cite assez peu souvent, et pourtant, cette BO reste à coup sûr l’une des meilleures partitions de John Powell : un grand moment d’humour et d’éclate pour cette partition survitaminée totalement déchaînée. Un pur régal, en somme !



---Quentin Billard