1-A Christmas Carol (Main Title) 4.21
2-Scrooge Counts Money 0.48
3-Marley's Ghost Visits Scrooge 6.12
4-The Ghost of Christmas Past 4.58
5-Let Us See Another Christmas 1.18
6-Flight To Fezziwigs 1.27
7-First Waltz 0.59
8-Another Idol Has Replaced Me 1.40
9-Touch My Robe 3.41
10-The Clock Tower 1.50
11-Carriage Chase 3.24
12-Old Joe and Mrs. Dilber 2.28
13-This Dark Chamber 1.56
14-None of Us Will Ever Forget 1.33
15-Who Was That Lying Dead? 3.08
16-I'm Still Here 1.26
17-Ride On My Good Man 1.04
18-God Bless Us Everyone 3.15*

*Ecrit et produit par
Glen Ballard et Alan Silvestri
Interprété par Andrea Bocelli.

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Walt Disney Records Digital Download

Score produit par:
Alan Silvestri
Coordinateur du score:
David Bifano

Artwork and pictures (c) 2009 Disney Enterprises Inc./ImageMovers Digital LLC. All rights reserved.

Note: ****
A CHRISTMAS CAROL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Enième adaptation du célèbre classique de la littérature signée Charles Dickens, publié dès le 19 décembre 1843, « A Christmas Carol » (Le drôle de Noël de Scrooge) est le nouveau film animé de Robert Zemeckis, qui rempile pour la troisième fois dans le film en motion-capture après « The Polar Express » en 2004 et « Bewoful » en 2007. Comme pour les deux films précédents, ce procédé innovant permet d’obtenir une animation extrêmement réaliste, malgré des conditions de tournage guère aisées (filmer les acteurs sur des écrans verts, avec des dizaines de caméras pointées sur le comédien). Le résultat est encore une fois splendide, tout simplement. Le film retrace l’histoire d’Ebenezer Scrooge (Jim Carrey), un riche marchand de Londres réputé pour être un individu avare et extrêmement pingre. Vieillard solitaire et associable, Scrooge vit dans ses livres de comptes et son obsession pour l’argent reste sa seule raison de vivre. Rien ne semble l’atteindre, pas même la misère dans laquelle vit son pauvre employé, Bob Cratchit, et encore moins le décès de son ancien associé, Marley. Encore pire : Scrooge est sans aucun doute le seul individu sur terre à détester Noël ! Gaspiller de l’argent pour offrir des cadeaux aux autres ? Ce n’est certainement pas fait pour lui, et que l’on ne vienne pas lui parler de générosité, ce mot est définitivement banni de son vocabulaire. C’est pourquoi Noël va se charger lui-même de remettre le vieux pingre sur le droit chemin, le soir même du 25 décembre. D’abord harcelé par le spectre de son ancien associé, Marley, Ebenezer Scrooge est en proie à d’étranges hallucinations. Et comme si cela ne suffisait pas, le vieillard va ensuite recevoir la visite de l’Esprit des Noëls passés, qui va le replonger dans son passé et l’obliger à revivre ses propres souvenirs, réveillant en lui ses sentiments et ses regrets. Cette étrange expérience le bouleversera définitivement et l’amènera à réviser sa vision étriquée de la vie.

« A Christmas Carol » a beau être une énième adaptation du classique de Charles Dickens, la réalisation de Robert Zemeckis et son utilisation splendide du motion-capture et de l’animation 3D l’amènent à signer un nouveau grand film, certes moralisateur dans le fond, mais splendide dans la forme. Le film s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants, et s’avère même être assez sombre pour un film destiné à un jeune public : autant dire que Zemeckis n’a aucune envie de prendre les enfants pour des imbéciles ! Tour à tour émouvant, drôle, étrange et effrayant, « A Christmas Carol » est avant tout une fable moralisatrice et une belle leçon de vie, transposée sous la forme d’une sorte de cauchemar fantasmagorique et hallucinée auréolé d’une magie macabre envoûtante et séduisante à la fois. Comme dans « The Polar Express » et « Beowulf », on devine aisément le jeu des acteurs à travers l’animation des différents personnages. Quand à la 3D, elle contribue parfaitement au caractère grandiose et spectaculaire des scènes d’aventure et des différentes péripéties que vit le personnage principal du film. Et comme souvent chez Robert Zemeckis, « A Christmas Carol » fonctionne à deux niveaux : « The Polar Express » était un joli conte hivernal doublé d’une satire grinçante sur la société de consommation à l’époque de Noël. Dans « A Christmas Carol », on assiste à une aventure à la fois sombre, spectaculaire et magique, qui prend malgré tout le temps de rappeler les vraies valeurs de la vie.

La musique de « A Christmas Carol » a de nouveau été confiée à Alan Silvestri, qui retrouve donc Robert Zemeckis pour la treizième fois après « Romancing the Stone » (1984), « Back to the Future » (1985), « Who Framed Roger Rabbit » (1988), « Back to the Future Part II » (1989), « Back to the Future Part III » (1990), « Death Becomes Her » (1992), « Forrest Gump » (1994), « Contact » (1997), « What Lies Beneath » (2000), « Cast Away » (2000), « The Polar Express » (2004) et « Beowulf » (2007). La partition musicale d’Alan Silvestri apporte au film de Zemeckis un soupçon de magie, d’émotion, de mystère et de frissons, une partition gouvernée par un classicisme d’écriture très soutenu, avec un thème principal solide et des allusions diverses aux incontournables et traditionnelles chansons de Noël. Le score de « A Christmas Carol » s’avère être bien plus sombre et intense que celui de « The Polar Express » : autre vision de Noël, autre musique. A travers les notes lugubres et magiques d’Alan Silvestri, c’est tout un monde de mystères et d’apparitions spectrales qui s’offre à nous dans le nouvel opus symphonique du compositeur américain. Dès « A Christmas Carol Main Title », Alan Silvestri dévoile son thème principal, thème enjoué et sautillant évoquant la magie et l’enthousiasme de Noël à la manière des grandes mélodies du genre (on pense par exemple au « Miracle on the 34th Street » de Bruce Broughton dans le style). Les orchestrations s’avèrent être extrêmement vivantes, riches et colorées. L’écriture orchestrale reste très classique d’esprit et très détaillée. Silvestri en profite pour glisser quelques allusions brèves à des airs célèbres de Noël dans son « Main Title », à grand renfort d’envolées de cuivres, de cordes dynamiques, de clochettes de Noël et de choeurs somptueux. Impossible de ne pas ressentir toute l’excitation de la magie des fêtes de Noël à l’écoute de ce « Main Title » riche, vif et coloré, dans lequel le superbe thème principal est développé et annonce déjà une partition haute en couleur. A noter que le morceau se conclut sur une touche plus sombre, annonçant déjà subtilement la suite. Dans « Scrooge Counts Money », Silvestri évoque le côté espiègle, méchant et pingre de Scrooge à grand renfort d’inévitables touches de mickey-mousing, avec son lot de cordes et de bois sautillants.

Plus impressionnant, « Marley’s Ghost Visits Scrooge » permet au compositeur de faire basculer la partition de « A Christmas Carol » dans un style plus sombre et horrifique avec un premier sursaut orchestral de terreur lorsque Scrooge reçoit la visite du fantôme de Marley, son ancien associé. On retrouve ici le Silvestri des partitions thriller habituelles, avec clusters de cordes dissonantes, effets électroniques fantomatiques et sursauts orchestraux rappelant beaucoup les passages mystérieux et inquiétants de « What Lies Beneath ». Silvestri arrive parfaitement à recréer la sensation d’une présence spectrale à l’aide d’un waterphone et de quelques effets orchestraux bien choisis et inquiétants. La longueur conséquente du morceau (plus de 6 minutes) permet au compositeur de développer pleinement son ambiance fantomatique sans basculer pour autant dans l’horreur pure. Son utilisation d’instruments solistes ponctuels (waterphone, violon, violoncelle, etc.) vient apporter quelques couleurs supplémentaires intéressantes à la partition. La musique devient même plus fantaisiste avec l’utilisation espiègle et plus inventive du violon soliste dans un style qui rappelle beaucoup l’humour noir de « Death Becomes Her » (1992). Les choeurs sont là pour renforcer la dimension fantastique/onirique de la musique à l’écran. Le morceau se conclut sous la forme d’une espèce de polka déjantée tout bonnement délicieuse, menée par un violon survolté et un orchestre virtuose - le tout enveloppé dans un classicisme d’écriture assez savoureux. Même chose pour « The Ghost of Christmas Past » lorsque Scrooge reçoit ensuite la visite du fantôme des noëls passés. On retrouve ici aussi l’atmosphère onirique/fantastique du morceau précédent à grand renfort de sonorités synthétiques cristallines, de choeurs mystérieux et de célesta ondulant. La musique évoque alors l’émotion d’un passé oublié et permet à Silvestri de glisser ici aussi quelques rappels à des airs célèbres de Noël avec, par exemple, une reprise poignante pour choeur et orchestre du célèbre « Ave Maria » de Charles Gounod. Le morceau rappelle ici aussi la magie de Noël, entre airs populaires, envolées orchestrales exubérantes et passages plus intimes, poétiques et nostalgiques.

Le thème est rappelé brièvement par un hautbois en introduction de « Let Us See Another Christmas », un morceau plus tendre et nostalgique typique du style plus intimiste d’Alan Silvestri. L’aventure est au rendez-vous dans « Flight to Fezziwigs » pour une scène où Scrooge survole une partie de la ville en compagnie du fantôme des noëls passés. Ici aussi, Silvestri fait preuve d’un savoir-faire évident dans le maniement de son orchestre et de ses différentes sonorités orchestrales, extrêmement riches, vivantes et colorées. Dans « First Waltz », Silvestri nous offre une valse nostalgique émouvante alors que Scrooge se souvient avec tristesse de son premier et unique amour - qu’il laissa filer par avarice et cupidité. La musique devient plus sombre et inquiétante dans « Another Idol Has Replaced Me » puis plus aventureuse et grandiose dans « Touch My Robe », lorsque Scrooge reçoit la visite du deuxième fantôme. Ici aussi, Silvestri nous offre de belles reprises de chants de Noël brillamment interprétés par le choeur et l’orchestre. « Touch My Robe » reste sans aucun doute l’un des plus beaux passages de la partition de « A Christmas Carol », de la pure magie musicale de Noël de A à Z, enjouée, exubérante, enivrante. On appréciera le suspense mystérieux des cordes virevoltantes et des voix fantomatiques de « The Clock Tower » (cf. le similaire « This Dark Chamber ») sans oublier l’indispensable « Carriage Chase » (scène de la poursuite avec la calèche fantôme), véritable tour-de-force orchestral de la partition d’Alan Silvestri, 3 minutes d’action pur et dur, dans un style épique et massif qui rappelle les grandes heures de « The Mummy Returns » ou « Judge Dredd ». Cela faisait depuis un certain temps que Silvestri ne nous avait pas fait entendre un déchaînement orchestral d’une telle virtuosité et d’une telle intensité (on en oublierait presque le décevant « G.I. Joe » !).

L’émotion devient plus palpable dans « None Of Us Will Ever Forget » sur lequel plane l’ombre des regrets et de l’amertume, aboutissant au gothique et ténébreux « Who Was That Lying Dead ? », lorsque Scrooge découvre un futur bien cauchemardesque. Le morceau s’impose par son côté résolument grandiose, ses rythmes quasi martiaux et ses choeurs spectaculaires dans un style qui rappelle par moment le caractère gothique du score de « Van Helsing ». On respire enfin avec « I’m Still Here » dans lequel on assiste à une sorte de renaissance à la vie, et au retour du thème principal réexposé ici sous forme de touches mickey-mousing sautillantes (cf. l’enthousiasmant « Ride On My Good Man »). Enfin, Alan Silvestri nous offre l’inévitable chanson du générique de fin, véritable hymne de Noël, « God Bless Us Everyone », un chant sur l’esprit de Noël et les valeurs du partage et de la générosité, superbe reprise du thème principal interprété par Andrea Bocelli et la chorale. Vous l’aurez donc compris, avec « A Christmas Carol », Alan Silvestri signe donc une nouvelle grande partition qui, sans atteindre les sommets de ses plus grands chef-d’oeuvres, n’en demeure pas moins un nouvel opus symphonique majeur dans la carrière du compositeur américain. Silvestri s’est montré particulièrement inspiré par son sujet et signe une partition riche, exubérante, magique et sombre à la fois, retranscrivant parfaitement à l’écran toute la magie poétique et noire du film de Robert Zemeckis. Voilà en tout cas un score que les fans d’Alan Silvestri ne doivent surtout pas rater sous peine de passer à côté de l’une de ses meilleures partitions de l’année 2009, idéal pour conclure les fêtes de fin d’année en beauté !



---Quentin Billard