1-Wolf Suite Pt 1 4.12
2-Wolf Suite Pt 2 5.55
3-Prologue 2.57
4-Dear Mr. Talbot 1.45
5-Bad Moon Rising 0.59
6-Gypsy Massacre 2.24
7-Wake Up, Lawrence 5.17
8-The Funeral 4.13
9-The Healing Montage 2.50
10-First Transformation 3.30
11-You Must Go 3.46
12-The Antique Shop 3.32
13-Country Carnage 2.31
14-Be Strong 2.31
15-The Madhouse 5.32
16-Reflection/2nd Transformation 4.12
17-The Traveling Montage 4.27
18-The Finale 4.11
19-Wolf Wild #2 1.27

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 010 2

Produit par:
Danny Elfman
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteurs exécutifs album:
Joe Johnston, Scott Stuber
Direction musicale pour
Universal Pictures:
Harry Garfield
Supervision musicale:
Kathy Nelson

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2010 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE WOLFMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Remake d’un grand classique du cinéma d’épouvante datant de 1941 avec Bela Lugosi et Claude Rains, « The Wolfman » permet au réalisateur Joe Johnston de nous offrir une nouvelle version à la fois sombre, gothique, ténébreuse, violente et extrêmement impressionnante. Malgré une mise en scène impersonnelle signée d’un yes-man très actif à Hollywood depuis plus de deux décennies, « The Wolfman » est un spectacle total pour tous les fans des films de loup-garou et un véritable régal pour les sens : avec son atmosphère brumeuse, ses plans nocturnes envoûtants, ses scènes sanguinolentes et ses effets spéciaux à l’ancienne - cf. les maquillages du vétéran Rick Baker, excusez-du peu ! - « The Wolfman » est, osons-le dire, un véritable cadeau pour les amateurs de films de loup-garou, un genre qui connut son heure de gloire dans les années 80 et qui semble revenir à la mode ces derniers temps. Le film vaut avant tout par l’excellente performance de Benicio Del Toro entouré d’un Anthony Hopkins toujours aussi impeccable et de la charmante Emily Blunt, qui permet au réalisateur de créer une intrigue amoureuse au coeur même de l’histoire du film. « The Wolfman » contient ainsi son lot de scènes mémorables comme la transformation de Talbot en loup-garou dans l’asile psychiatrique, l’attaque dans le camp des gitans ou bien encore la très violente confrontation finale dans le manoir des Talbot. Le récit débute en Angleterre dans le petit village de Blackmoor vers la fin du 19ème siècle. Lawrence Talbot (Benicio Del Toro) est un aristocrate tourmenté qui décide un jour de revenir au domaine familial après la disparition tragique de son frère, et ce à la demande de sa fiancée Gwen Conliffe (Emily Blunt). Son corps est alors retrouvé dans un état de décomposition épouvantable, lacéré et atrocement mutilé. Pour les villageois, il ne fait aucun doute que ce meurtre horrible n’est autre que l’oeuvre d’une bête démoniaque. Lawrence décide alors de mener sa propre enquête et de découvrir ce qui est arrivé à son frère. Au même moment, l’inspecteur Aberline (Hugo Weaving), envoyé par Scotland Yard - et célèbre pour son enquête sur Jack l’éventreur - décide à son tour d’enquêter sur cette série de meurtres de plus en plus violents. Talbot découvre alors une malédiction ancestrale qui transforme ses victimes en loups-garous les nuits de pleine lune. Le jour où il est lui-même mordu par l’une de ces bêtes qui rôde dans les parages, Talbot devient à son tour un loup-garou et doit désormais se protéger de lui-même et éloigner de lui la femme dont il est tombé amoureux, la belle Gwen Conliffe.

La production du film ne s’est pas faite sans heurts. A l’origine, « The Wolfman » devait sortir en 2007 sous la direction de Mark Romanek (« One Hour Photo »), mais le réalisateur décida finalement de quitter le projet en raison de différends artistiques avec les producteurs d’Universal. Joe Johnston hérita plus tard du projet, mais ce fut ensuite au tour de la musique de connaître une série de bouleversements pour le moins surprenants : d’abord pressenti à l’origine, le compositeur Danny Elfman signa la musique du film, jusqu’à ce que la production décide d’opter pour une approche musicale plus moderne et électronique - le nom de Paul Haslinger fut alors cité et inscrit sur certaines affiches du film, 1 mois avant sa sortie officielle en salle - des rumeurs persistantes voulaient donc que la partition d’Elfman ait été rejetée et remplacée par un score plus moderne de Paul Haslinger, ce qui ne manqua pas de provoquer l’indignation des fans d’Elfman et de la musique de film en général. Rebondissement rare et inattendu : à quelques semaines de la sortie du film, Universal annonça finalement que Danny Elfman serait bel et bien le compositeur officiel de la musique de « The Wolfman » ! Et pour s’assurer que la musique soit complétée dans les délais les plus brefs, Elfman fut alors secondé à la musique additionnelle par l’un de ses orchestrateurs, Conrad Pope, ainsi qu’Edward Shearmur et Thomas Lindgren.

La musique d’Elfman pour « The Wolfman » nous permet enfin de retrouver le compositeur des partitions gothiques/ténébreuses à mi-chemin entre la poésie macabre d’un « Sleepy Hollow » ou le charme noir et violent d’un « Nightbreed ». Il est évident que « The Wolfman » se rapproche beaucoup dès la première écoute du style de « Sleepy Hollow » : Elfman y renoue ici avec une approche similaire sur le plan des orchestrations, de l’écriture symphonique et des idées thématiques, avec une bonne dose de noirceur en plus. Dès « The Wolfman Suite », Elfman y développe son thème principal confié à un violon soliste sur fond de cordes sombres et agitées, thème associé tout au long du film à la malédiction du loup-garou (et qui n’est pas sans rappeler, curieusement, un thème du « Dracula » de Wojciech Kilar - 1992). Elfman se fait plaisir et nous offre pour les besoins de l’album deux suites (une de plus de 4 minutes, et l’autre de plus de 5 minutes) dans lesquelles il développe son thème de façon intense et soutenue. Le générique de début est entendu dès les premières minutes du « The Wolfman Suite, Part 1 », avec ses cordes ascendantes, son crescendo de tension introductif typique du compositeur. Le thème est alors développé ici par un violoncelle soliste mystérieux aux accents tziganes, sur fond de cordes agitées et rythmées, une introduction qui n’est pas sans rappeler par moment les sonorités froides et sombres du générique de début de « Sleepy Hollow » ou « Planet of the Apes » (pour le martèlement de col legno des cordes).

« Prologue » annonce quand à lui la noirceur et la violence de l’histoire par son atmosphère sombre et oppressante, reposant essentiellement sur un travail de cordes assez impressionnant et quasi Herrmannien dans l’approche. L’utilisation des violons solistes reste associée dans le film aux gitans persécutés par les attaques mortelles du loup-garou, des individus qui semblent d’ailleurs en savoir long dans le film sur les mystères de cette sinistre malédiction. Même chose pour « Dear Mr. Talbot », lorsque Talbot, interprété par Benicio Del Toro dans le film, revient à la demeure familiale pour y apprendre le décès brutal de son frère. La tension pointe alors le bout de son nez dans « Bad Moon Rising », toujours dominé par l’utilisation obsédante des cordes, et plus particulièrement des solistes - ici, violoncelle et violon aux accents tziganes, sur fond de cordes agitées et tourmentées. Elfman nous offre ensuite le premier grand morceau d’action du score dans « Gypsy Massacre », un pur déchaînement orchestral de plus de 2 minutes pour la scène de l’attaque dans le camp des gitans - première grande séquence gore du film. Elfman y démontre encore une fois son don pour le rythme et les percussions - principal point fort de ses musiques d’action - tout en manipulant une écriture orchestrale toujours aussi dense, riche et soutenue.

Le compositeur n’oublie pas pour autant la partie plus romantique du film et l’histoire d’amour tourmentée entre Talbot et Gwen dans « Wake Up, Lawrence », où l’ambiance se fait plus intime, mélancolique et chaleureuse. Elfman utilise toujours les cordes auxquelles s’ajoutent les bois pour l’aspect plus intime de l’histoire. Le compositeur prolonge son atmosphère sombre dans « The Funeral », « You Must Go » et le mystérieux « The Healing Montage » avec une utilisation très réussie de chœurs féminins et de violon envoûtant. La première séquence de transformation en loup-garou (« First Transformation ») nous permet de retrouver un nouveau déchaînement orchestral gothique et agressif à souhait. Idem pour l’excellent « Country Carnage », illustrant l’un des méfaits les plus sanguinaires de la créature. Les fans du Danny Elfman des musiques d’action tonitruantes et virtuoses en auront pour leur argent avec ce nouveau déchaînement orchestral en règle, à base de cuivres hurleurs, de cordes dissonantes survoltées et de percussions frénétiques. La terreur se prolonge dans l’intense « The Madhouse », lorsque Talbot se transforme à l’intérieur de l’asile psychiatrique, un long morceau de plus de 5 minutes de noirceur absolue. L’histoire atteint son climax dans le sombre « The Finale » après la confrontation finale dans le manoir des Talbot. Le thème est toujours présent, largement dominé par des cordes sombres, dissonantes et lugubres, et des cuivres pesants.

Danny Elfman signe donc pour « The Wolfman » une nouvelle partition symphonique sombre, lugubre, barbare, mystérieuse et gothique à souhait. Les fans du Elfman sombre de « Sleepy Hollow » ou « Nightbreed » seront aux anges avec le nouvel opus symphonique du compositeur attitré de Tim Burton pour le nouveau film de Joe Johnston. Dans le film, la musique apporte une violence et une noirceur implacable aux images, avec ses thèmes envoûtants, son violon tzigane obsédant et ses déchaînements orchestraux d’une noirceur absolue. Comme toujours chez Elfman, on regrettera simplement le côté souvent trop dense de la musique et le manque de respiration, un phénomène récurrent chez le musicien et qui semble s’intensifier ici tout au long de la partition du film. Dommage, car le score aurait certainement gagné à être plus diversifié, mieux aéré, mieux développé. Encore une fois, c’est à cause de ce genre de défaut que l’on ne peut décemment pas qualifier « The Wolfman » de nouveau chef-d’oeuvre de Danny Elfman, mais si vous avez été déçu ou refroidi par les partitions plus récentes du compositeur, il ne fait nul doute que « The Wolfman » devrait vous réconcilier avec le musicien rouquin pour un bon bout de temps !



---Quentin Billard