1-Aurora Australis 1.47
2-The Soviet Plane 2.43
3-Base Camp 1.58
4-Carrie's Theme 1.40
5-How Not To Die 1.52
6-Popsicle 2.40
7-Examining Weiss 3.30
8-Vostok Attack 2.20
9-Camp Delta 1.44
10-The Discovery 4.33
11-Carrie's Suspicion 1.22
12-Frost Bite 1.17
13-The Storm Approaches 1.49
14-Delfy is Down 1.37
15-Last Plane Out 2.53
16-The Whiteout 2.57
17-The Clues 1.49
18-Carrie Searches 2.16
19-I'd Like To See It 2.17
20-Resolution 2.30
21-Whiteout Main on Ends 2.14

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 986 2

Score produit par:
John Frizzell
Producteur exécutif de l'album:
Andy Ross
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Direction musicale pour
Warner Bros Pictures:
Doug Frank, Carter Armstrong
Musique additionnelle de:
Frederick Weidman

Artwork and pictures (c) 2009 Warner Bros. Pictures. All rights reserved.

Note: ***
WHITEOUT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
« Whiteout » est l’adaptation cinématographique d’une mini-série de comics éponyme créé par Greg Rucka et Steve Lieber, et publiée en 1998. A l’origine, le projet était prévu depuis 2002 avec Reese Whiterspoon dans le rôle-clé, mais il faudra finalement attendre 2009 pour que le film se concrétise enfin, réalisé par Dominic Sena (« Swordfish », « Gone in 60 Seconds ») et produit par Joel Silver. C’est finalement la très belle Kate Beckinsale qui interprètera le rôle du marshal Carrie Stetko. Cette dernière doit mener une enquête difficile en Antarctique, après qu’un corps ait été retrouvé sur la glace : elle sera alors la première représentante de la loi à enquêter sur le tout premier homicide commis sur ce territoire. L’enquête s’avère extrêmement adure, étant donné les conditions climatiques périlleuses (-84°C. au minimum, et des vents à plus de 160km/h). Et comme si cela ne suffisait pas, au fur et à mesure qu’elle se rapproche de la vérité, Carrie se voit soudainement menacée par le mystérieux tueur qui semble bien déterminé à l’empêcher de découvrir la vérité. Un secret, enfoui dans la glace depuis 60 ans pourrait bien être à l’origine de cet homicide quelque peu énigmatique. Désormais, Carrie Stetko va entamer une course contre la montre pour tenter de démasquer le tueur avant que ce dernier ne réussisse à l’éliminer. « Whiteout » vaut avant tout par ses décors impressionnants - l’Antarctique sauvage et ses conditions climatiques apocalyptiques. Le « Whiteout » est le nom donné à une sorte de blizzard glacial et meurtrier qui sévit régulièrement sur ce territoire. Le réalisateur nous offre d’ailleurs une scène assez spectaculaire, au cours de laquelle l’héroïne et son complice affrontent ensemble le tueur en plein blizzard. Kate Beckinsale est toujours aussi sublime et charmante, le réalisateur n’hésitant pas à se rincer l’oeil puisqu’il introduit quasiment l’héroïne au début du film avec une scène sous la douche particulièrement sexy. Hélas, « Whiteout » ne parvient jamais à se hisser au dessus du rang de simple série-B à suspense, la faute à un script paresseux et à un manque de rebondissement : la fin est prévisible et la mise en scène plate et sans surprise.

La musique de « Whiteout » a été confiée à John Frizzell, un compositeur qui semble avoir bien du mal à décoller de l’univers des séries-B à suspense et autre production horrifique. Rappelons que le compositeur s’était révélé en 1997 grâce à sa somptueuse et gargantuesque partition pour « Alien Resurrection » de Jean-Pierre Jeunet, mais que ce succès lui a valut d’être catalogué spécialiste des musiques d’épouvante/suspense. Sa nouvelle partition symphonique pour « Whiteout » confirme encore une fois le goût du musicien pour les atmosphères sinistres et les ambiances froides et glauques. Dès le début du film (« Aurora Australis »), Frizzell introduit un premier motif de violoncelle et cordes associé dans le film aux paysages de l’Antarctique, un motif quelque peu mystérieux. A noter que le compositeur a recours à quelques touches électroniques apportant un côté résolument moderne à sa partition. Frizzell a crée un sound-design associé dans le film au décor glacial de l’Antarctique. L’action débute très vite avec « Soviet Plane », pour la séquence de la fusillade dans l’avion soviétique au début du film. On retrouve ici le John Frizzell des musiques d’action avec son lot de cuivres imposants, de cordes omniprésentes et de rythmiques électroniques modernes (qui feraient presque penser par moment à du Brian Tyler ou du Klaus Badelt). Le motif de violoncelle revient à la fin de « Soviet Plane », accompagné d’une guitare. Plus aérien, « Base Camp » développe un thème de cordes ample pour la découverte du camp base dans lequel travaille Carrie Stetko. A noter que le morceau introduit très discrètement un motif rythmique de cordes que l’on retrouvera par la suite, lors de certains passages d’action. « Base Camp » rappelle clairement dans ses harmonies amples et sombres certains passages de « Alien Resurrection ».

Le style Frizzell y est donc, mais l’on regrettera le recours à des facilités, comme l’emploi de ces percussions synthétiques qui pourraient provenir de n’importe quel opus de chez Media-Ventures. Quand au « Carrie’s Theme », il ne laissera aucun souvenir particulier et manque clairement d’un contour mélodique bien défini. Frizzell nous le fait entendre au début du film, lors de l’introduction du personnage de Kate Beckinsale, un morceau qui reste plutôt intime et déterminé à la fois, un peu différent du reste de la partition. Frizzell réutilise ensuite le violoncelle dans « How Not To Die » et continue de développer l’ambiance sombre et mystérieuse qu’il a introduite au début du film, une ambiance qui devient ici plus pesante, plus tendue. Même chose pour les atmosphériques « Popsicle » et « Examining Weiss » qui accompagnent les scènes d’enquête de l’héroïne au début du film, à grand renfort de cordes sombres et latentes, et de sonorités électroniques atmosphériques. L’action reprend ensuite le dessus dans l’excitant « Vostok Attack », sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action du score de « Whiteout ». Frizzell reprend ici les percussions électroniques de « Soviet Plane » et accentue les dissonances dans son morceau, qui bascule à plusieurs reprises dans de l’atonal chaotique pur. Le morceau accompagne la scène de l’affrontement contre Vostok, avec une reprise du motif de cordes « action » brièvement introduit dans « Base Camp ». Frizzell a toujours eu un goût certain pour les motifs d’action courts et incisifs, et « Whiteout » ne déroge pas à la règle. Le morceau reste particulièrement intense, même si l’utilisation des percussions synthétiques rappelle beaucoup John Powell ou Klaus Badelt par moment - c’est donc bien peu personnel de la part de John Frizzell.

On ressent la détermination de l’héroïne dans « Camp Delta » et ses rythmiques synthétiques toujours présentes, tandis que « Discovery » nous plonge dans un suspense plus lugubre et suffocant, lorsque Stetko découvre l’épave de l’avion enfouie sous la glace. Ici aussi, le morceau doit beaucoup au sound-design du compositeur, qui a parfaitement su retranscrire à travers ses sonorités électroniques l’univers glacial et hostile de l’Antarctique. « Discovery » est assez représentatif du style thriller/suspense habituel de John Frizzell, avec des sonorités glauques et inquiétantes et des sursauts orchestraux oppressants qui nous rapprochent ici aussi de « Alien Resurrection ». Frizzell s’autorise un petite pause plus intime avec un morceau plus touchant pour cordes et guitare dans « Frost Bite », une petite parenthèse de douceur qui permettra d’introduire « Storm Approaches » et son côté résolument déterminé. La tension monte d’un cran dans l’agressif « Last Plane Out », autre excellent morceau d’action de la partition de Frizzell, dans la lignée de « Vostok Attack » et « Soviet Plane ». L’action s’intensifie pour l’affrontement dans le blizzard avec l’excitant et intense « Whiteout » et ses développements survoltés du motif d’action. Le thème ample de « Base Camp » revient dans « I’d Like To See It », marquant la fin de l’enquête de Stetko et la révélation finale (l’apaisé « Resolution » pour cordes et piano, reprenant le « Carrie’s Theme »).

Avec « Whiteout », John Frizzell ne révolutionne en aucune façon le genre de la musique de thriller et se contente simplement d’appliquer toutes les formules à la règle, sans apporter le moindre soupçon d’originalité à sa partition. On a déjà connu un Frizzell bien plus audacieux et inspiré. Le compositeur qui aime travailler les sons et nous offrir de belles surprises musicales se retrouve ici à lorgner dangereusement du côté des musiques d’action/suspense à la Media-Ventures, un comble pour un compositeur qui a certainement beaucoup de choses à dire, mais qu’on muselle trop souvent sur des projets ultra calibrés et artistiquement trop étriqués. Exit ici la folie furieuse de « Alien Resurrection » ou les idées sonores de « Stay Alive ». Frizzell applique les recettes du genre en bon artisan soucieux de bien faire. Ainsi donc sa musique contribue grandement au climat froid et sombre du film de Dominic Sena, mais ne laisse aucun souvenir particulier après écoute. On regrettera, comme souvent de nos jours, la banalité des thèmes et la faiblesse des idées mélodiques, et ce même si les motifs sont bien présents dans le score de Frizzell, mais pas assez percutants pour pouvoir en retenir quelque chose. Les fans du compositeur devraient donc apprécier le score de « Whiteout », mais les autres risquent fort de s’ennuyer quelque peu, un score d’action/suspense assez réussi mais extrêmement fonctionnel, prévisible et sans surprise !



---Quentin Billard