1-Chun-Li vs. Bison 4.08
2-Chun-Li Captured 1.42
3-Bison Takes Over 2.57
4-Opening Credits 2.41
5-The Montage 3.17
6-Arriving in Bangkok 1.23
7-The Break In 1.43
8-Mom Dies 1.18
9-Gen is Reborn 1.54
10-Running to Vega 1.43
11-Bison's Entrance 2.39
12-Gen Attacked 1.43
13-Impress Me 2.33
14-Following Balrog 1.06
15-Leaving Home 1.02
16-Bomb!!! 1.42
17-The Escape 1.23
18-Bathroom Fight 0.49
19-Vega Fight 1.15
20-Reunited With Father 2.17
21-Balrog Fight 2.02
22-Mother's Funeral 1.46
23-The White Rose 2.56
24-Chun-Li's Training 1.41
25-Bison's Meeting 2.23
26-Story of the Web 1.40
27-Going Home 2.57

Musique  composée par:

Stephen Endelman

Editeur:

Lakeshore Records LKS 34068

Produit par:
Stephen Endelman

Artwork and pictures (c) 2009 Legend Films/Hyde Park Entertainment/Capcom Company. All rights reserved.

Note: *
STREET FIGHTER :
THE LEGEND OF CHUN-LI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Stephen Endelman
Après un premier opus calamiteux qui s’en tirait à peine grâce à son côté nanar totalement assumé (et un JCVD en roue libre !), les producteurs de la 20th Century Fox, associés avec ceux de chez Capcom (célèbre label japonais de jeux vidéos), ont décidé d’offrir une suite à « Street Fighter », adaptation du jeu vidéo éponyme qui fit fureur dans les années 90 sur la Super Nintendo et qui continue encore aujourd’hui de sévir grâce à un numéro 4 et un cinquième jeu en préparation pour l’année à venir. « Street Fighter : The Legend of Chun-Li » n’a en commun avec le jeu que le titre, car l’histoire n’a quasiment rien à voir avec le jeu vidéo, à ceci près que l’on retrouve certains personnages du jeu, comme Chun-Li, Bison, Vega ou bien encore Balrog. Même le look des protagonistes est complètement différent de celui du jeu d’origine : le général Bison, transformé ici en homme d’affaire gentleman, sadique et arriviste ? On cherche toujours le rapport avec le jeu vidéo du même nom. Réalisé par un spécialiste de la série-B d’action bien burnée, Andrzej Bartkowiak, « Street Fighter : The Legend of Chun-Li » se concentre essentiellement autour de l’histoire de Chun-Li, interprétée ici par la très jolie et craquante Kristin Kreuk (actrice révélée par la série TV « Smallville »). Alors qu’elle vivait une enfance paisible en Chine avec son père et sa mère, la jeune Chun-Li vit débarquer un jour chez elle le sinistre Bison (Neal McDonough), qui s’empara de son père et brutalisa sa mère, qui décédera des années plus tard à l’hôpital. Afin de retrouver son père et de venger la mort de sa mère, Chun-Li va s’entraîner dur afin de maîtriser les arts martiaux et de retrouver la trace de Bison dans son QG de Shadaloo, à Bangkok. Elle sera aidée dans sa quête par deux policiers qui traqueront à leur tour le gang de Bison.

On pensait avoir tout vu en matière d’adaptations ratées de jeux vidéos, mais il n’en était rien : « Street Fighter : The Legend of Chun-Li » vient encore de repousser les limites du navet ! A quoi pouvait-t-on s’attendre de plus de la part d’un réalisateur qui nous a livré quelques magnifiques ‘perles’ du genre comme « Exit Wound » (un Steven Seagal, déjà atrocement has-been lorsqu’il tourna ce film !) ou « Doom » (autre adaptation foirée de jeu vidéo) ? Le premier film avait au moins le mérite de faire sourire face à son incommensurable bêtise, mais ce second opus irrite par son côté atrocement sérieux et son incapacité à rester un tant soi peu fidèle au jeu d’origine. Première ombre au tableau : un casting mollasson ! Kristin Kreuk reste convaincante en Chun-Li, mais Neal McDonough ne correspond absolument pas au personnage de Bison, et que dire d’acteurs fadasses tels que Chris Klein ou Moon Bloodgood ? Même Michael Clarke Duncan déçoit dans le rôle de Balrog, l’acteur nous ayant habitué à des prestations bien plus intéressantes et crédibles ! Second point négatif : la mise en scène catastrophique de Bartkowiak ! Le réalisateur sait tourner des scènes d’action à n’en point douter, mais il est incapable de raconter une histoire avec une quelconque substance. Même les enjeux dramatiques de ce récit de vengeance et d’accomplissement de soi paraissent incroyablement surfaits et vains au possible. Pire encore, le film tombe dans une réalisation « téléfilm d’action/série-B de M6 » assez insupportable, avec, cerise sur le gâteau, des scènes carrément cheap (le budget ne devait pas être très élevé, car même les séquences d’explosion sont visuellement foirées !). Et que dire des comédiens qui semblent ne pas y croire une seule seconde et s’ennuyer ferme ? Preuve en est qu’encore une fois, adapter un jeu vidéo en film n’est jamais chose aisée, surtout si l’on ne se donne pas les moyens à la base de faire quelque chose de réellement intéressant, avec une vraie histoire à raconter. Etait-il donc absolument nécessaire de tourner cette suite à « Street Fighter » ? A la vue du résultat final, on est en droit de se poser des questions - le film n’est même jamais sorti en salles en France, on a faillit frôler le direct-to-video !

Chose plus étonnante et assez inattendue, la musique de « Street Fighter : The Legend of Chun-Li » a été confiée au compositeur Stephen Endelman, un spécialiste des comédies et des drames tels que « Home of the Brave », « O Jerusalem » ou « The Englishman Who Went Up a Hill But Came Down a Mountain ». A priori, Endelman semblait donc être le compositeur le moins indiqué pour écrire la musique de ce nouveau « Street Fighter ». Et hélas, le résultat final est tout aussi calamiteux que le film lui-même : Stephen Endelman semble n’avoir eu aucune idée particulière sur ce film, aligne les clichés avec un manque d’inspiration assez grossier et déçoit complètement par son côté ‘musique de série-B d’action cheap’. « Opening Credits » introduit le thème principal associé dans le film à Chun-Li, soutenu par un ostinato rythmique de piano sur fond de cordes/cuivres dramatiques, et un accompagnement de percussions synthétiques cheap - échappées d’une banque de son commerciale bien connue. Endelman évoque les décors chinois du film et les origines de l’héroïne interprétée par Kristin Kreuk en utilisant l’erhu, ce fameux violon chinois indissociable de toutes les productions musicales asiatiques d’aujourd’hui (et utilisé récemment par Michael Giacchino dans un tout autre contexte pour la musique du film « Star Trek » de J.J. Abrams !). La seconde partie de « Opening Credits » développe un thème d’erhu plutôt solennel, lorsque l’on voit la jeune Chun-Li apprendre les arts martiaux en compagnie de son père, un thème plutôt agréable mais qui ne reviendra pas vraiment par la suite.

Dès lors, le ton est donné. Le score développe alors le thème de Chun-Li dans des passages comme « The Montage » (avec ses percussions asiatiques samplées qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu dans des centaines d’autres scores d’action du même genre !), « Running To Vega » ou le kitsch « Arriving in Bangkok » pour la scène où Chun-Li se rend à Bangkok, morceau accompagné d’une rythmique hip-hop bien à la mode avec une voix féminine et des sonorités électroniques bien cheap. L’action s’intensifie dans le combat final contre Bison (« Chun-Li Vs. Bison ») où Endelman développe ses percussions synthétiques et son mélange cordes/cuivres sans grande surprise, retranscrivant la violence de l’affrontement final. Même chose pour un morceau comme « The Break In » ou l’agressif « Gen Attacked ». Des passages plus explosifs comme « Bomb !!! », « Vega Fight », « Balrog Fight » ou « The Escape » permettent à Stephen Endelman de mettre en avant ses sonorités électroniques modernes (mais déjà très datées pour un film d’action de 2009 !) et ses percussions synthétiques/asiatiques cheap. A noter que les parties orchestrales se résument bien souvent à un mélange cordes/cuivres un peu faible et sans grande imagination. On appréciera néanmoins le fun d’un morceau comme « Bathroom Fight » qui, malgré son côté ‘démo musicale MIDI’ pas très crédible, arrive à donner un certain charme cheap à cette musique d’action un brin vieillotte.

Endelman tente de créer une atmosphère plus menaçante dans « Bison’s Meeting » ou « Bison’s Entrance » en ayant recours à des sonorités dissonantes atonales et lugubres, mais là aussi, à la vue des images, on n’y croit pas vraiment ! Certains passages plus intimes comme « Mothers Funeral », « Mom Dies » ou « Gen is Reborn » paraissent eux aussi pas toujours crédibles, notamment à cause de l’utilisation d’instruments samplées qui n’apportent aucun plus particulier aux images du film. Même « Mom Dies » (séquence du décès de la mère de Chun-Li) semble niais, naïf et pas vraiment crédible, avec sa petite mélodie de piano/cordes et son erhu synthétique omniprésent (le pire étant cette utilisation assez agaçante de cordes staccatos qui ne sont pas toujours judicieusement utilisées !). « Going Home » ramène le calme dans la partition pour la fin du film, lorsque Chun-Li revient chez elle après accomplit sa quête. On retrouve ici aussi l’erhu et les touches asiatiques associées dans le film à l’héroïne et sa famille, Endelman reprenant le thème solennel de la seconde partie de « Opening Credits » comme pour symboliser une sorte d’accomplissement personnel et de paix retrouvée.

Vous l’aurez donc compris, « Street Fighter : The Legend of Chun-Li » est au final une source de déceptions ininterrompues, de bout en bout. Même Stephen Endelman lui-même - que l’on a pourtant connu bien plus inspiré - semble ne pas y croire une seule seconde. Quand au côté irrémédiablement cheap de sa musique - qui ne parvient jamais à apporter le moindre « plus » aux images du long-métrage d’Andrzej Bartkowiak - est-ce le fruit d’une sorte de paresse musicale de la part du compositeur ou un manque de moyens d’une production apparemment fauchée ? Difficile à dire, mais on ne peut s’empêcher de noter la médiocrité ambiante du travail de tous les artisans ayant oeuvré sur ce film. La musique d’Endelman pour « Street Fighter » est-elle foncièrement mauvaise en soi ? Non, mais il existe néanmoins un véritable problème sur la forme comme sur le fond. La musique ne possède absolument aucun impact sur les images, ne laisse aucun souvenir et paraît avoir été écrite à la va-vite, avec quelques synthétiseurs et deux, trois banques de son et autres plug-ins MIDI. Difficile même de croire qu’il y a un vrai orchestre qui joue ici, tant l’ensemble paraît peu crédible, vieillot et incroyablement stéréotypé sur les images (comme sur l’album). La musique de Graeme Revell pour le premier opus de 1994 apportait au moins un certain charme au film, sans être d’une folle originalité. Le compositeur néo-zélandais avait néanmoins réussit à écrire une musique symphonique plutôt entraînante, percussive et crédible pour le film d’origine. Avec ce second opus, Stephen Endelman échoue de façon pathétique à créer un univers musical crédible et intéressant pour cette nouvelle adaptation cinématographique du célèbre jeu vidéo d’action de chez Capcom : grosse déception, donc !



---Quentin Billard