1-Flight To Nome 3.09
2-Owolowa 3.58
3-Hypnosis 2.45
4-The Owl 2.53
5-Ashley 1.40
6-Completely Surreal 3.58
7-They're Not From Here 2.46
8-The Fourth Kind 2.45
9-Torn Apart 4.31
10-Abduction 4.27
11-Northern Lights 4.06
12-Conclusion 2.41

Musique  composée par:

Atli Örvarsson

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 995 2

Musique produite par:
Atli Örvarsson
Producteur exécutif:
Robert Townson
Programmation additionnelle:
Dave Fleming

Artwork and pictures (c) 2009 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: **
THE FOURTH KIND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Atli Örvarsson
« The Fourth Kind » (Le quatrième type) met en scène une sorte de faux documentaire à partir d’images d’archive filmées par le réalisateur Olatunde Osunsanmi, sur le sujet des enlèvements extra-terrestres - le tout réalisé avec un budget modeste de 10 millions de dollars. L’originalité du concept tient surtout dans le fait que le film juxtapose continuellement scènes de fiction et images d’archive dites « réelles » - bien que leur véracité ait été contestée à plusieurs reprises par de nombreux spectateurs. L’histoire débute avec l’interview du Dr. Abigail Tyler (Milla Jovovich), une psychologue qui souffre d’hallucinations et de visions angoissantes depuis la mort brutale de son mari. La psychologue reçoit alors plusieurs patients perturbés qui racontent tous la même histoire sous hypnose : ils ont été témoins de visions nocturnes terrifiantes qui les ont bouleversés à tout jamais. La vie du Dr. Tyler tourne au cauchemar le jour où elle comprend que ses patients ont tous été victimes d’enlèvements extra-terrestres. Après le suicide d’un de ses patients, le Dr. Tyler est accusé par le shérif local (Will Patton) de semer le trouble dans la ville et lui interdit formellement de pratiquer de nouvelles séances d’hypnose avec ses patients. Mais La psychologue veut connaître la vérité, souffrant elle-même de visions similaires à celles vécues par ses propres patients, et elle ira jusqu’au bout pour cela. Le film se déroule quasi entièrement dans un petit village de l’Alaska nommé Nome. L’introduction du film permet d’ailleurs à l’actrice Milla Jovovich de nous rappeler avec un ton théâtral que ce que nous allons voir est inspiré d’un fait divers et que certaines scènes du film vont être particulièrement « dérangeantes ». Le film se conclut d’ailleurs avec l’actrice et le réalisateur qui s’adressent alors aux spectateurs et leur expliquent qu’ils sont libres de croire ce qu’ils ont vus ou pas (encore heureux !).

Evidemment, les images d’archive sont fictives et le concept même d’une fausse « vraie » interview rappelle clairement le concept du film « Blair Witch Project » : faire croire absolument au public à quelque chose d’authentique ! Et ça marche ! Résultat : « The Fourth Kind » est une vraie claque dans la figure, un film terrifiant qui contient son lot de terreur, plus particulièrement lors des scènes d’hypnose (on n’est guère loin par moment du style de films tels que « Cloverfield » ou « Paranormal Activity »). Certes, la juxtaposition scènes d’archive/scènes fictives paraît parfois un peu surfaite, mais qu’importe, le concept reste intéressant et fonctionne parfaitement d’un point de vue cinématographique - avec une belle utilisation des split-screens, décidément très à la mode depuis ces 10 dernières années au cinéma américain ! Certes, on pourra toujours reprocher au réalisateur d’avoir fait croire aux spectateurs que son histoire était inspiré d’un fait réel, mais pour peu que l’on se laisse prendre au jeu (tout comme dans « Blair Witch Project »), « The Fourth Kind » devient vite immersif, très prenant et redoutablement terrifiant ! Dans la lignée de films tels que « Fire in The Sky », « The Fourth Kind » s’avère être une bien belle réussite et devrait rajouter de l’eau au moulin des ufologues et autres passionnés d’histoire d’enlèvements extra-terrestre !

La musique d’Atli Örvarsson apporte une tension et une noirceur indispensable au film d’Olatunde Osunsanmi. Le compositeur issu de l’écurie Media-Ventures/Remote Control utilise tout l’attirail électronique habituel et quelques touches orchestrales pour accompagner les images - terrifiantes - du film, en mettant plus particulièrement l’accent sur le suspense et les atmosphères mystérieuses, sombres et inquiétantes. Örvarsson introduit le thème principal de sa partition dès le début de l’histoire dans « Flight To Nome », thème dramatique aux notes descendantes confié à des voix féminines cristallines et élégiaques associées au personnage de Milla Jovovich dans le film. Le compositeur utilise ce thème à plusieurs reprises dans le film pour suggérer les événements terrifiants qui vont petit à petit détruire la vie du Dr. Tyler. La seconde partie du morceau dérive vers un style plus rythmé typique du son Media-Ventures habituel, avec rythmiques électros modernes, sonorités synthétiques atmosphériques diverses et rappel du thème principal partagé entre la voix féminine et les cordes du L.A. Strings - incluant le violoncelle soliste de Ryan Cross. Dans « Owolowa », Örvarsson développe un thème plus rythmé aux notes descendantes sur fond d’ostinato entêtant de cordes et de rythmiques électroniques traditionnelles. Ce genre de sonorités synthético-orchestrales finit par devenir extrêmement répétitives et lassantes dans l’écurie MV/Remote Control, preuve en est que certains faiseurs de la boîte à Hans Zimmer n’en sont encore qu’au stade du bidouillage sonore et ne savent décidément pas sortir de leur attirail électro/sound design atmosphérique habituel ! Néanmoins, la musique apporte une tension et un mystère assez prenant au film d’Olatunde Osunsanmi. « Owolowa » suggère d’ailleurs clairement le fait que l’enquête avance et que le Dr. Tyler continue ses hypnoses pour se rapprocher petit à petit de la vérité. Le morceau évoque parfaitement sa détermination et son entêtement à aller jusqu’au bout.

Les premières scènes d’hypnose (« Hypnosis ») sont accompagnées par un morceau plus sombre, lent et atmosphérique dans lequel dominent les sonorités électroniques brumeuses et les cordes mystérieuses. Le sound design apporte une certaine tension à ces scènes d’hypnose, même si l’on aurait aimé un peu plus d’audace et d’originalité dans le traitement des sons et des textures sonores. Le sursaut final de « Hypnosis » ramène le sentiment d’angoisse lors des révélations terrifiantes des scènes d’hypnose, mais reste bien souvent trop bref et assez peu développé pour apporter une quelconque consistance à la musique du film. On continue dans de l’atmosphérique sans grande originalité avec « The Owl » (évocation des visions de la chouette qui semble hanter la plupart des patients traumatisés du Dr. Tyler), où le thème mystérieux et ses notes descendantes revient encore une fois pour renforcer la tension ambiante. Le morceau contient d’ailleurs son lot de passages dissonants et chaotiques toujours associé aux passages de terreur du film - dommage cependant qu’un morceau atmosphérique comme « Ashley » paraisse plus cheap et limite « musique d’ambiance de série-TV à budget modeste » ! Les percussions synthétiques de « Completely Surreal » suggèrent une tension qui ne cesse d’aller crescendo, avec un passage atonal teinté de dissonances et de textures électroniques brumeuses mais sans grande originalité. Même chose pour l’inquiétant « They’re Not From Here », « Abduction » ou « The Fourth Kind » et son côté plus menaçant, atmosphérique et atonal.

« Torn Apart » reste de loin l’un des passages les plus impressionnants du score, reprenant le thème élégiaque du début avec la voix féminine sur fond de cordes agitées et de synthétiseurs atmosphériques. « Torn Apart » illustre parfaitement les tourments du Dr. Tyler, lorsque sa vie commence à s’écrouler autour d’elle, et que le shérif la suspecte d’être devenue folle et paranoïaque. Le thème de l’enquête revient lui aussi avec son ostinato de cordes entêtant repris de « Owolowa », sans oublier le dramatique « Conclusion » qui reprend une dernière fois le thème élégiaque du personnage de Milla Jovovich avec le mélange voix féminine/choeur repris de « Flight To Nome » et le thème plus rythmé de l’enquête (le compositeur superposant d’ailleurs de façon plus habile les deux mélodies pour la conclusion du film), la boucle étant alors bouclée. Rien de bien neuf à l’horizon donc pour le nouveau score d’Atli Örvarsson pour « The Fourth Kind », une partition atmosphérique largement dominée par un travail de sound design ordinaire et mollasson, et quelques parties orchestrales qui se limitent bien souvent à quelques cordes et quelques cuivres, sans oublier des instruments solistes discrets (violoncelle, duduk, etc.) et une voix féminine soliste. Hélas, et malgré la présence de deux thèmes bien distincts, on ne retiendra pas grand-chose de cette musique atmosphérique fonctionnelle mais sans grande envergure, qui apporte néanmoins une tension et une ambiance sombre assez efficace au film. Pour le moment, force est de constater qu’Atli Örvarsson n’a décidément ni le talent de son mentor Hans Zimmer ni même l’inspiration de ses collègues tels que Harry Gregson-Williams ou John Powell. Le compositeur se contente bien trop souvent d’appliquer les formules à la règle sans jamais utiliser la moindre idée qui lui soit personnelle ou un tant soi peu originale : dommage, car le sujet d’un film tel que « The Fourth Kind » aurait largement mérité une musique bien plus audacieuse et impressionnante, sur le fond comme dans la forme. Dans un genre similaire, on préfèrera mille fois plus le travail de Mark Isham sur « Fire In The Sky ». Décevant, donc !



---Quentin Billard